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L'histoire et la méthode en urbanisme

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Le mot urbanisme, créé dans la deuxième moitié du XIXe siècle, consacre l'apparition d'un discours spécifique sur l'urbain et d'une approche radicalement neuve de la ville comme objet : attitude instaurée par la grande coupure de la révolution industrielle, et dans laquelle il faut voir la répercussion des transformations technologiques, économiques et démographiques, qui ont fait surgir une nouvelle problématique de l'urbain et lire également la dimension critique qui désormais affectera les rapports de la société occidentale avec ses productions.

Le discours sur l'urbain prétendit d'emblée se constituer en science et construisit à cette fin des modèles sur lesquels fonder l'urbanisme qui en est l'application pratique.

Type
Problèmes
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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1970

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References

page 1143 note 1. Selon G. Bardet, il apparaît pour la première fois en français en 1910 dans le Bulletin de la Société géographique de Neufchâtel. Mais ses équivalents, Stàdtebau et city-planning (autres néologismes) sont alors en usage depuis plusieurs décennies et, surtout, Idelfonso Cerda a explicitement proposé dans sa Teoria gênerai de Urbanizaciôn, en 1867, la création d'« una palabra nueva », urbanizaciôn, et de ses dérivés urbanizar, urbanizador et ciencia urbanizadora pour désigner « una materia completamente nueva, intacta, virgen ».

page 1143 note 2. L'urbanisme, utopies et réalités, Le Seuil, Paris, 1965.

page 1144 note 1. 1844-1920, politicien, philosophe et journaliste espagnol qui fut aussi un théoricien des modes de communication et finit par se consacrer au problème du trafic urbain. Le Corbusier lui a emprunté, sans le nommer, une partie de ses idées et en particulier le concept de cité linéaire. Sur son oeuvre, jamais citée dans la littérature en langue française, voir George R. Collins, « Linear Planning Throughout the World », in Journal of the Society of Architectural Historians, octobre 1959, et surtout Collins, George R. et Flores, Carlos, « Arturio Soria y la Ciudad lineal », Revista de Occidente, Madrid, 1968 Google Scholar.

page 1144 note 2. Il enseigna même l'histoire de l'art. Il participa avec son maître R. Eitelberger à la rédaction des Quellenschriften (documents importants pour l'histoire du Moyen Age) et préparait à l'époque de sa mort une monumentale Histoire de l'art, marquée en particulier par l'influence de Richard Wagner.

page 1144 note 3. 1889. La traduction française publiée par Ch. Martin en 1902 est malheureusement complètement tronquée. G. R. et C. Collins ont publié la première traduction anglaise critique, assortie d'une remarquable étude sur Sitte : City Planning According to Artistic Principles, et Camillo Sitte and the Birth of Modem City Planning, Random House, New York, 1965.

page 1145 note 1. Voir Town-Planning in Practice, Londres, 1909 (édité par l'auteur).

page 1145 note 2. Williams and Norgate, Londres, 1915.

page 1145 note 3. Il parle de la « personnalité sociale » de la ville ou encore de son « âme ».

page 1145 note 4. Voir en particulier The Culture of Cities, Harcourt, Brace, New York, 1938, non traduit en français et cependant beaucoup plus incisif que The City in History (1962), remake traduit sous le titre La cité à travers l'histoire, Le Seuil, Paris, 1964

page 1146 note 1. Random House, New York.

page 1146 note 2. Random House, New York, 1969.

page 1146 note 3. Cf. Le droit à la ville, Anthropos, Paris, 1968. Sur ce concept-clé chez Lefebvre voir par exemple pp.120 et 147 ; s'il insiste sur le fait qu'il faut « ressusciter » la fête, nulle part il n'est en mesure d'en préciser le contenu. La fête n'est-elle pas exclue par la structure de notre économie, de notre temporalité, de notre mode d'habiter qui nous fait toujours davantage déserter l'extérieur au profit de l'intérieur ?

page 1146 note 4. Voir en particulier l'interprétation simpliste de l'urbanisme haussmannien (p. 17 sq.) à laquelle on pourra par exemple confronter les pages de Halbwachs, M. in La population et les tracés de voirie à Paris, Alcan, Paris, 1928 Google Scholar, ou celles de Giedion in Space, Time and Architecture, cf. infra.

page 1147 note 1. Cf. par exemple : « Les maîtres de jadis n'eurent pas besoin d'une théorie urbaine pour embellir leurs villes » (p. 25). « La ville est oeuvre à rapprocher de l'oeuvre d'art » (p. 53) ou encore : « Les créations urbaines les plus éminentes, les oeuvres les plus « belles » de la vie urbaine… datent des époques antérieures à l'industrialisation. »

page 1147 note 2. Nous avons souligné (op. cit.) l'identité de la terminologie. Ainsi Le Corbusier proclamant dans le premier numéro de sa revue l'Esprit nouveau (octobre 1920) : « Une grande époque vient de commencer, il existe un esprit nouveau » fait écho à Owen : « une ère nouvelle doit commencer » (Courte exposition d'un système social rationnel, Paris, 1848. Libelle adressé à Thiers).

page 1147 note 3. Voir l'analyse du palais social, et du palais corbusien par K. Frampton in « The Humanist Versus the Utilitarian », in Architectural Design, mars 1968. Pour Frampton ce rôle « monumental » ne peut en fait être joué aujourd'hui que par des « totally secular megastructures or infrastructures ».

page 1147 note 4. Fondé en 1961 par Peter Cook, Archigram vise à mettre en place un urbanisme nouveau, sans s'attaquer directement à la pratique, mais par la seule puissance du dessin et de la publicité graphique.

page 1147 note 5. Voir « Potteries Thinkbelt », Architectural Design, octobre 1966. En fait l'histoire s'est réintroduite dans ces groupes par le canal de l'architecte-critique Rayner Banham dont le dernier ouvrage : The Architecture of the Well-tempered Environment, the Architectural Press, Londres, 1969, justifie leur attitude en la liant à la révolution technologique opérée au xrxe siècle par les techniques de conditionnement du milieu intérieur. Voir infra.

page 1148 note 1. Remarquable par la largeur de ses voies (jamais inférieure à 20 m et atteignant 60 m) et sa conception des îlots d'habitation, il a été critiqué, notamment par H. Lavedan ﹛Histoire de l'urbanisme, tome III, Laurens, Paris, 1952) pour son raccordement insuffisant avec la vieille ville et la région.

page 1148 note 2. Dans des termes aussi incisifs que ceux de Charles Morazé cent ans plus tard, il décrit dans le chemin de fer le facteur décisif d'une transformation globale des structures sociales. Le chemin de fer va changer notre relation à l'espace et au temps. Cerda entreverra aussi le rôle du télégraphe. Cf. « Je compris que l'application de la vapeur en tant que force motrice marquait pour l'humanité la fin d'une époque et le commencement d'une autre (tome I, p. 6)… Ce moyen de transport [le train] rapide, économique, facile, commode, démocratisé, caractérise une véritable époque différente de toutes les précédentes » (idem, p. 809).

page 1148 note 3. Cf. Walter Gropius, Crès, Paris, 1931 ; Le Corbusier et l'architecture contemporaine, Cahiers d'art, Paris, 1930 ; Walter Gropius, Neuenschwander, Zurich, 1954 et surtout, Bauen in Frankreich, Klinkhardt et Biermann, Leipzig, Berlin, 1928, qui contient entièrement en germe Space, Time and Architecture.

page 1149 note 1. Space, Time and Architecture, Harvard University Press, Cambridge, Mass. 1941 ; Mechanizatian Takes Command, Oxford University Press, 1948.

page 1149 note 2. « Only through simultaneous perception of various periods and various flelds within a period can there be insight into the inner growth » ﹛Mechanization, p. 11).

page 1149 note 3. « The Gothic roots did nor perish altogether… the Gothic way of life still survives, often beneath our consciousness » (Idem, p. 39).

page 1149 note 4. Mechanization est l'ouvrage où Giedion pousse le plus loin l'analyse d'une nouvelle constellation (que depuis les années 1920 il cherche dans une tradition anonyme, pratique, déesthétisée, en marge du « goût du jour »), de la coupure et des résistances. Ses exemples sont fournis par des inventions en apparence triviales et anodines (telles la clé de sûreté, le bain moderne, l'aspirateur, le sleeping-car) dont il montre comment en réalité elles transforment l'ensemble de notre rapport à l'espace.

page 1149 note 5. F. Choay, « Urbanisme et sémiologie », in l'Architecture d'aujourd'hui, juin-juillet 1967, et « Urbanism and Semiology », in Meaning in Architecture, edited by C. Jencks et G. Bavid, the Cresset Press-Braziller, Londres, New York, 1970.

page 1150 note 1. Nous citons également à l'appui de ce renversement méthodologique les travaux sur l'espace grec de J.-P. Vernant, Mythes et pensée chez les Grecs, Maspéro, Paris, 1965, de P. Lévêque et P. Vidal-Naquet, Clisthène l'Athénien, Les Belles-lettres, 1964, et encore l'étude des répercussions de l'organisation différentielle de l'espace chez les habitants des villages du Sud Algérien dans P. Bourdieu, Le déracinement, éd. Minuit, Paris, 1965.

page 1150 note 2. Voir surtout The Hidden Dimension, Doubleday, New York, 1966, qui contient en particulier une analyse de « l'espace vital ».

page 1150 note 3. Ch. Abrams, Squatter Settlements : The Problems and Opportunities, Washington DC, 1961 ; Man's Struggle for Shelter in an Urbanizing World, Cambridge Mass., 1964.

page 1150 note 4. J. Turner, Uncontrolled Urban Settlements : Problems and Policies, Pittsburg, Pennsylvania, 1966. Rapport préparé par le Centre de l'habitation, de la construction et de la planification de l'Organisation des Nations Unies. Voir aussi in Architectural Design, « Architecture of Democracy », août 1968.

page 1150 note 5. On peut résumer la pensée de Turner en quelques citations :

1° The mass-designed, mass produced environments for an increasingly homogenized market of mass-consumers, are no more than assemblies of material good devoid of existential meaning (Arch. Design, op. cit.) ;

2° Freedom to manipulate one's own Iiving space… (must be) extended to the community as a whole (idem) ;

3° The task of transforming incipiently industrial cities with huge low income populations into fully equiped modem cities far in advance of the necessary ressource development, is clearly hopeless. [Governments must be] persuaded to abandon this thankless task, and to centrate on the provision of land and the control of its values and uses (” Uncontrolled Urban Settlements », in Ekistics, n° 135, février 1967). Sur le problème de l'urbanisation du Maghreb, voir J. Dethier, L'évolution des idées d'urbanisme et d'habitat au Maroc de 1906 à 1970, rapport présenté au Colloque sur l'urbanisme et la planification urbaine dans les pays d'Afrique et du Moyen-Orient, par le Program of Eastern Studies de l'Université de Princeton.

page 1150 note 6. Cf. F. Choay, articles cités.

page 1150 note 7. Voir surtout : G. Dorfles, « Valore semantici degli ‘ elementi di architettura e degli caracteri distributivi », in Domus, 1959 ; Simbolo, communicazione, consuma, Einaudi, Turin, 1967 ; C. K. Koenino, « El linguaggio dell’ architettura », in Criteri, 9-10, 1960 ; Analisi del linguaggio architettonico, Florence, 1964 ; De Fusco, R., Architettura corne mass médium, Dedalo libri, Bari, 1967 Google Scholar ; 77 codice dell’ architettura, Edizioni scientifiche italiane, Naples, 1968.

page 1150 note 8. Cf. Ch. Norberg-Schulz, Intentions in Architecture, Oslo, 1963, et dans Meaning in Architecture (cité supra) les contributions de G. Baird et Ch. Jencks.

page 1151 note 1. E. Kaufmann ne s'y est d'ailleurs pas trompé qui a consacré un volume à l'analyse sémiologique de l'Architettura delV Illuminismo (Turin, 1966).

page 1151 note 2. L'histoire de H. Lavedan (cf. supra) demeure fermée, linéaire et factuelle.

page 1151 note 3. Panofsky, E., Gothic Architecture and Scholasticism, Latrobe (Penn.), The Archabbey Press, 1951 Google Scholar ; Wittkower, R., Architectural Principles in the Age of Humanism, London The Warburg Institute, 1949 Google Scholar ; Art and Architecture in Italy : 1600-1750, London, Penguin Books, 1958

page 1151 note 4. F. Choay, Espacements, I.P.C. éd., Paris, 1969.

page 1152 note 1. F. Choay, The Modem City : City-Planning in the XIXth Century, Braziller, 1969. Voir aussi l'étude dans laquelle K. Frampton utilise, dans son analyse de la révolution sémantique de l'espace urbain au XK° siècle, une batterie de concepts empruntés à Hannah Arendt : l'opposition work-labour (avec les oppositions parallèles de public-privé, communication-consommation, pérennité-précarité) s'y révèle particulièrement intéressante dans son application aux éléments de l'espace urbain (” Labor, work and architecture », in Meaning in Architecture).

page 1152 note 2. Coing, Tel H., Rénovation urbaine et changement social, Éd. ouvrières, , Paris, 1967 Google Scholar.

page 1152 note 3. Daedalus, été 1967.

page 1153 note 1. Les mots et les choses, Gallimard, Paris, 1966. Livre à l'égard duquel nous signalons au pas sage l'importance de notre dette.

page 1153 note 2. Cf. J. Sttrling, « Functionnal Tradition and Expression », Perspecta, 6, ou encore A. van Eyck, in Meaning in Architecture, Yale, 1960.

page 1153 note 3. Dans son monumental et dernier ouvrage, The Etemal Présent, dont la publication posthume n'est pas encore achevée. (2 volumes parus : The Origins of Art et The Origins of Architecture, publié par the Bollingen Foundation, dist. par Panthéon Books, New York, 1964. Traduction française, La naissance de l'art et La naissance de l'architecture, Édition de la Connaissance, Bruxelles, 1968.) Le fait qu'il soit consacré à la préhistoire et aux civilisations de la Haute Antiquité n'a pas laissé de surprendre de la part d'un historien des XK’ et xxe siècles. Pourtant ce livre correspond aux préoccupations de Giedion et à des recherches qu'il a poursuivies sa vie durant.

page 1153 note 4. Bachelard, Gaston, La terre et les rêveries du repos, Corti, Paris Google Scholar.

page 1153 note 5. , Cf. Seulement Archeology, edited by Chen, E., National Press Book, Pala Alta, California, 1968 Google Scholar.

page 1153 note 6. Leçon inaugurale au Collège de France, 1950. Voir les textes recueillis dans Écrits sur l'histoire, Paris, Flammarion, 1969.

page 1154 note 1. Rykwert, J., The Sitting Position, Arena, Londres, 1967 Google Scholar. Cette approche de l'histoire des théories de l'espace est longuement développée dans La maison d'Adam au Paradis, à paraître aux Éditions du Seuil.