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L’événement Mai 68: Pour une sociohistoire du temps court

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Boris Gobille*
Affiliation:
Université de Lyon, ENS-LSH, CNRS-UMR Triangle

Résumé

La crise de mai-juin 1968 en France a fait l’objet de multiples interprétations qui tendent à en privilégier les conséquences supposées ou les origines. Contre ce double évitement de l’événement, il convient de revenir à la conjoncture elle-même et à ce qui en constitue l’énigme : la désectorisation et la synchronisation des mobilisations, notamment étudiantes et ouvrières. Les acquis de l’historiographie, des sciences sociales et de la sociologie des crises politiques invitent à reconsidérer le poids des logiques de situation dans les phénomènes de radicalisation et les effets qu’exerce un contexte instable et incertain sur les acteurs mobilisés. Il reste que l’événement n’est pas arraché à l’histoire et que le présent de la crise est aussi fait de réemplois du passé. Aussi une sociohistoire du temps court a-telle vocation à penser ensemble histoire événementielle et histoire structurelle. La désectorisation puis la normalisation du jeu politique apparaissent dès lors comme le produit complexe, advenu mais non nécessaire, de jeux d’échelle multiples liant propriétés de la fluidité politique et mutations antérieures, intrigue nationale et intrigues locales.

Abstract

Abstract

The crisis of May-June 1968 in France has been variously interpreted,but many analyses tend to focus upon its alleged causes or consequences. In contrast with this doubly evasive approach overshadowing the event itself,we aim to revert to the ‘conjunctural’ dimension of the crisis and its most puzzling aspect: the synchronization of students’ and workers’ mobilizations. Achievements in the fields of historiography,social sciences and the sociology of political crises,induce us to re-examine the weight of the logic of situations behind phases of radicalisation,and the effects of an unstable and uncertain context on the actors involved in the uprising. The fact remains that the event cannot be abstracted from its historical background and that the current state of a crisis may also be viewed – to some extent – as re-activation of the past. A sociohistorical account of short-term crises is therefore designed to help construe – and conceive as forming a united whole – the history of events and the history of structures. The synchronization of mobilizations as well as the political normalisation then appear to be the complex – actual though unnecessary – outcome of a multilayered interplay between political lability and previous structural changes,and of intermingled national and local intrigues.

Type
Mai 68
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2008

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13 - Sur le légitimisme consistant à analyser une révolte contre les institutions et l’ordre existant comme le produit d’une impossibilité à y réussir, à prêter aux « dominés » le désir d’être et d’avoir ce que les dominants sont et ont, et à lire toute hétérodoxie comme une orthodoxie contrariée, voir Boris Gobille, « Crise politique et incertitude : régimes de problématisation et logiques de mobilisation des écrivains en mai 1968 », thèse pour le doctorat de sciences sociales, EHESS, 2003, chap. 1.

14 - Raisonnement circulaire bien mis en évidence par la sociologie de l’action collective et qui consiste à « prouver » la frustration par le surgissement de la mobilisation et à expliquer en retour celle-ci par l’existence de frustrations préalables. Vois Érik Neveu, Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La Découverte, 2005, p. 43, et M. DOBRY, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 55-56.

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17 - B. Lepetit, « Le présent de l’histoire », art. cit., p. 273-298.

18 - Nous avons choisi de centrer l’analyse sur le seul cas français. On sait pourtant que, en mai-juin 1968 comme durant l’année 1968 elle-même, des manifestations ont lieu aussi aux États-Unis, en Belgique, en RFA, en Italie, en Grande-Bretagne, en Suède, aux Pays-Bas, etc. Celles-ci posent la question des interactions activistes et idéologiques internationales, centrale pour penser la structuration des espaces militants et des logiques de crise à cette autre échelle pertinente qu’est l’échelle occidentale. Mais nous manquons à ce jour d’études circonstanciées qui auraient permis d’en apercevoir les mécanismes concrets, empiriquement constatables et théoriquement problématisables. Le repérage des familiarités idéologiques et des voyages militants d’un territoire à l’autre, moins encore la simple juxtaposition panoramique, très courante, des luttes et des mouvements, ne sauraient suffire à éclairer le problème du comparatisme entre des contextes très différents, d’autant que celui-ci, déjà crucial en ce qui concerne l’Occident, se complexifie avec l’irruption de mobilisations au Japon, dans l’Espagne franquiste, en Yougoslavie, au Sénégal, en Europe de l’Est, au Brésil, au Mexique, dans toute l’Amérique latine. Le choix de la France se justifie aussi par sa spécificité : nous ne trouvons pas ailleurs une telle synchronisation des crises étudiante et ouvrière, une telle extension à l’ensemble du salariat, un tel vacillement du régime.

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22 - Voir « Présentation », in D. CEFAÏ et D. Trom (dir.), Les formes de l’action collective. Mobilisations dans des arènes publiques, Paris, Éd. de l’EHESS, 2001, p. 12. Voir aussi Daniel CEFAÏ, « Les cadres de l’action collective. Définitions et problèmes », ibid., p. 51-97.

23 - D. CefaÏ, « Les cadres de l’action collective… », art. cit., p. 56 et 60.

24 - Dewerpe, Alain, Charonne 8février 1962. Anthropologie d’un massacre d’État, Paris, Gallimard, 2006 Google Scholar, montre ainsi que l’attention à « la textualité de l’archive, à l’énonciation et à la narration » appartient au travail propre de l’historien (p. 19).

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29 - T. Tackett, « Par la volonté du peuple »…, op. cit., p. 20. Sur le poids respectif des facteurs structurels et situationnels, comme l’idéologie, l’antagonisme social, l’apprentissage politique et la dynamique de groupe chez les députés des États généraux et de l’Assemblée constituante en 1789, voir aussi Tackett, Timothy, « Le processus de radicalisation au début de la Révolution française », in Collovald, A. et Gaïti, B. (dir.), La démocratie aux extrêmes. Sur la radicalisation politique, Paris, La Dispute, 2006, p. 4766 Google Scholar.

30 - Annie Collovald et Brigitte GaÏti, « Questions sur la radicalisation politique », in A. Collovald et B. GAÏTI (dir.), La démocratie aux extrêmes…, op. cit., p. 30.

31 - Sur la relativisation du poids de l’idéologie dans la radicalisation révolutionnaire des députés des États généraux en 1789, voir T. Tackett, « Le processus de radicalisation… », art. cit.

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38 - Sur la « synchronisation », voir P. Bourdieu, Homo Academicus, op. cit., p. 226-233.

39 - M.Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 100.

40 - Ibid., p. 198-201.

41 - Gilcher-Holtey, Ingrid, « ‘La nuit des barricades’ », Sociétés & Représentations, 4, 1997, p. 165184 Google Scholar.

42 - Sur la « crise de sensibilité » et la « sensibilité de crise » des étudiants dans les années 1960, inséparables des mutations de l’appareil scolaire, voir Bernard PUDAL, « Ordre symbolique et système scolaire dans les années 1960 », in D. Damamme et al. (dir.), Mai-juin 68, op. cit., p. 62-74.

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44 - M.Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 168.

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47 - A. Bensa et É. Fassin, « Les sciences sociales face à l’événement », art. cit., p. 8.

48 - Duby, Georges, Le dimanche de Bouvines, 27 juillet 1214, Paris, Gallimard, [1973] 1985, p. 9 Google Scholar, rappelait déjà que la valeur de l’événement historique tient à ce que « brusquement, il éclaire. Par ses effets de résonance, par tout ce dont son explosion provoque la remontée depuis les profondeurs du non-dit, par ce qu’il révèle à l’historien des latences ».

49 - A. Bensa et É. Fassin, « Les sciences sociales face à l’événement », art. cit., p. 15.

50 - Notion proposée par les historiens du temps présent : G. Dreyfus-Armand et al. (dir.), Les années 68…, op. cit.

51 - Jean-Louis Violeau, « Les architectes et le mythe de mai 1968 », in G. Dreyfusarmand et al. (dir.), Les années 68…, op. cit., p. 239-258.

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57 - I. Gilcher-Holtey, « ‘La nuit des barricades’ », art. cit., p. 177.

58 - Cité par X. Vigna, L’insubordination ouvrière dans les années 68…, op. cit., p. 29.

59 - Ibid., p. 128.

60 - Ibid., p. 28 et 56.

61 - Guin, Yannick, La Commune de Nantes, Paris, Maspero, 1969 Google Scholar. Le point reste cependant discuté : René Bourrigaud, « Les paysans et mai 1968 : l’exemple nantais », in R. Mouriaux et al. (dir.), 1968. Exploration du Mai français, t. 1, Terrains, op. cit., p. 237, conteste le terme de « Commune », dans la mesure où il n’y a pas eu d’élections d’institutions révolutionnaires.

62 - Sur tous ces éléments, ibid., p. 238-239.

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68 - Sur ces différents types de grève, S. Dassa, « Le mouvement de mai et le système de relations professionnelles », art. cit.

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72 - X. Vigna, «La figure ouvrière à Flins (1968-1973) », art. cit., p. 330, et Nicolas Hatzfeld, « Les ouvriers de l’automobile : des vitrines sociales à la condition des OS, le changement des regards », in G. Dreyfus-Armand et al. (dir.), Les années 68…, op. cit., p. 346.

73 - B. Pudal et J.-N. Retière, « Les grèves ouvrières de 68… », art. cit.

74 - X. Vigna, L’insubordination ouvrière dans les années 68…, op. cit., p. 49.

75 - Ibid., p. 48.

76 - Bruno Muel et Francine Muel-Dreyfus, « Week-ends à Sochaux (1968-1974) », in D. Damamme et al. (dir.), Mai-juin 68, op. cit., p. 329-343.

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80 - Rémond, René, Notre siècle. 1918-1991, Paris, Fayard, 1991, p. 689 Google Scholar, écrit ainsi : « De cette intervention l’effet est foudroyant. Rarement renversement de situation s’est accompli en si peu de temps. Jean Lacouture a excellement exprimé le ressaisissement de l’initiative : ‘En l’espace de cinq minutes, la France changea de maître, de régime et de siècle. Avant 16 h 30, on était à Cuba. Après 16 h 35, c’était presque la Restauration’. »

81 - X. Vigna, L’insubordination ouvrière dans les années 68…, op. cit., p. 32.

82 - M.Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 151.

83 - Danielle Tartakowsky, « Les manifestations de mai-juin 68 en province », in R. Mouriaux et al. (dir.), 1968. Exploration du Mai français, t. 1, Terrains, op. cit., p. 148-150.

84 - X. Vigna, L’insubordination ouvrière dans les années 68…, op. cit., p. 32 et 58.

85 - Voir, pour de nombreux exemples, ibid., p. 38-39.

86 - Ibid., p. 39-40.

87 - Patrick Hassenteufel, « Citroën-Paris : Une ‘grève d’émancipation’ », in R.Mouriaux et al. (dir.), 1968. Exploration du Mai français, t. 1, Terrains, op. cit., p. 35-50.

88 - X. Vigna, L’insubordination ouvrière dans les années 68…, op. cit., p. 33-34.

89 - Ibid., p. 35.

90 - Ibid.

91 - P. Bruneteaux, « Les enseignements de mai 1968 », Maintenir l’ordre…, op. cit., p. 197-244.

92 - Nicolas Hatzfeld, « Peugeot-Sochaux : de l’entreprise dans la crise à la crise dans l’entreprise », in R. Mouriaux et al. (dir.), 1968. Exploration du Mai français, t. 1, Terrains, op. cit., p. 51-72.

93 - B. Pudal et J.-N. Retière, « Les grèves ouvrières de 68… », art. cit., p. 218.

94 - Bourdieu, Pierre, « La grève et l’action politique », Questions de sociologie, Paris, Éd. de Minuit, 1984, p. 253 Google Scholar, désigne par le terme « usinisation », sur le modèle du concept d’asilisation d’Erving Goffman, « le processus par lequel les travailleurs s’approprient leur entreprise, et sont appropriés par elle, s’approprient leur instrument de travail et sont appropriés par lui, s’approprient leurs traditions ouvrières et sont appropriés par elles, s’approprient leur syndicat et sont appropriés par lui, etc. ».

95 - N.Hatzfeld, « Peugeot-Sochaux : de l’entreprise dans la crise à la crise dans l’entreprise », art. cit., p. 63.

96 - Ibid., p. 59-60.

97 - Xavier Vigna, « L’insubordination ouvrière dans l’après-68 », in D. Damamme et al. (dir.), Mai-juin 68, op. cit., p. 320.

98 - Ouvrier de Citroën, syndiqué depuis 20 ans à la CGT, cité par X. VIGNA, L’insubordination ouvrière dans les années 68…, op. cit., p. 65.

99 - X. Vigna, « L’insubordination ouvrière dans l’après-68 », art. cit., p. 319-328.

100 - M.Dobry, Sociologie des crises politiques…, op. cit., p. 245.

101 - Ibid., p. 250.

102 - P. Bourdieu, Homo Academicus, op. cit., p. 235 : « la crise tend à substituer la division en camps clairement distincts […] à la distribution continue entre deux pôles et à toutes les appartenances multiples, partiellement contradictoires, que la séparation des espaces et des temps permet de concilier ». Voir aussi les remarques d’A. Collovald et B. GAÏTI, « Questions sur la radicalisation politique », art. cit., p. 26-28.

103 - Brigitte GAÏTI, « Le charisme en partage : mai-juin 68 chez les gaullistes », in D. Damamme et al. (dir.), Mai-juin 68, op. cit., p. 259-273.

104 - B. Lepetit, « Le présent de l’histoire », art. cit., p. 296.

105 - Ibid., p. 290.