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Les doutes de l’Inquisiteur. Philosophie naturelle, censure et théologie à l’époque moderne

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Maria Pia Donato*
Affiliation:
Université de Cagliari

Résumé

Depuis l’ouverture des archives de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 1998, de nombreuses études sont en passe de renouveler la perception de l’action du Saint-Office et de l’Index. Cependant, les recherches sur la censure de la philosophie naturelle privilégient encore en grande partie la relation entre auteurs et institution. L’on peut désormais préciser la dimension doctrinale de la censure grâce à des sources nouvelles en quantité et en qualité, mais cela ne semble pas pouvoir en englober tous les aspects et risque d’avoir pour conséquence d’accentuer la cohérence intellectuelle de l’Inquisition; au contraire, les sources montrent plutôt les glissements continus, dans l’action du Saint-Office et de l’Index, entre définitions dogmatiques, questions philosophiques et police idéologique.

Dans cet article, j’essaierai de croiser deux perspectives différentes: la première se concentre sur la définition de l’« erreur », qui déplace d’époque en époque les frontières entre dogme et spéculation d’une part, et entre théologie et philosophie de l’autre; la seconde replace la censure au cœur de l’institution, mais pour analyser davantage celle-ci dans sa complexité politique et culturelle et dans ses évolutions. L’article analyse donc d’abord le renouveau historiographique, puis il se concentre sur le dossier de l’atomisme au XVIIe siècle, qu’il est maintenant possible de reconstruire avec précision. L’enjeu d’une analyse plus rapprochée n’est pas seulement celui d’observer comment la censure participe de la configuration des savoirs, mais d’élargir le regard sur des interactions plus vastes, à l’intérieur et à l’extérieur des congrégations. Enfin, il esquissera l’évolution de la censure philosophique au XVIIIe siècle.

Abstract

Abstract

The opening of the archives of the Congregation for the Doctrine of the Faith in 1998 has fostered a critical reassessment of the history of the Inquisition and the Index. Yet, most of the studies on the censorship of natural philosophies still focus on the relation between the authors and the institution. It is now possible to have new insight into those doctrinal aspects, but they do not account for all of the Inquisition’s activities; moreover, they might lead to overemphasizing the intellectual coherence of the Inquisition, although new available sources rather show its continuous shifts between dogmatic stances, philosophical questions and ideological policing.

In this article, I shall intertwine two different perspectives: the first one focuses on the definition of ‘error’, and on the shifting borders between dogma and speculation on the one hand, and theology and philosophy on the other; the second perspective places censorship at the core of the Inquisition as an institution but aims at analysing the latter rather than the former, within its political and cultural history. Hence, the article first analyses recent trends in scholarship, than deals with atomism in the 17th century, the developments of which it is now possible to know in greater detail. Such a study opens the possibility to observe how censorship plays its part in shaping the disciplines and also to see broader interactions at work, both inside and outside the Roman congregations. The final part of the article sketches the evolution of the censorship of natural philosophies in the 18th century.

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Footnotes

*

Je tiens à remercier Federico Barbierato, Elena Brambilla, Marina Caffiero, Michele Camerota, Vincenzo Lavenia, Maria Antonietta Visceglia, et tout particulièrement Maxime Rovère et Luc Berlivet.

References

1 - Berggren, Lars et Lennart Sjöstedt, , L’ombra dei grandi monumenti e politica monumentale a Roma (1870-1895), Rome, Artemide Edizione, 1996 Google Scholar; Bertolucci, Franco (dir.), Galilei e Bruno nell’immaginario dei movimenti popolari fra Otto e Novecento, Pise, BFS, 2001 Google Scholar.

2 - La connaissance du procès resta cependant lacunaire avant la publication de Firpo, Luigi, Il processo di Giordano Bruno, éd. par Quaglioni, D., Rome, Salerno, [1949] 1993, p. 197 Google Scholar, déposition du 30 juillet 1592; Ricci, Saverio, Giordano Bruno nell’Europa del Cinquecento, Rome, Salerno, 2000 Google Scholar.

3 - Gilson, Étienne, «Autour de Pomponazzi. Problématique de l’immortalité de l’âme en Italie au début du XVIe siècle», Archives d’Histoire Doctrinale et Littéraire du Moyen Âge, 36, 1961, p. 163279 Google Scholar; Di Napoli, Giovanni, L’immortalità dell’anima nel Rinascimento, Turin, Società Editrice Internazionale, 1963 Google Scholar. Sur la condamnation des thèses averroïstes par l’évêque de Paris en 1270-1277, voir Bianchi, Luca, Censure et liberté intellectuelle à l’Université de Paris, XIIIe-XIVe siècles, Paris, Les Belles Lettres, 1999, p. 163230 Google Scholar. Le même auteur dans son récent Pour une histoire de la « double vérité », Paris, Vrin, 2008, invite opportunément à nuancer les positions théoriques des principaux protagonistes de la controverse, mais ne tranche pas à mon avis la question des rapports de pouvoir entre théologiens et philosophes, notemment après 1513.

4 - Sur le rôle de la confession dans le procès inquisitorial, Brambilla, Elena, Alle origini del Sant’Uffizio: penitenza, confessione e giustizia spirituale dal Medioevo al XVI secolo, Bologne, Il Mulino, 2000 Google Scholar.

5 - L’apertura degli archivi del Sant’Uffizio romano, Rome, Accademia Nazionale dei Lincei, 1998 Google Scholar; L’Inquisizione e gli storici: un cantiere aperto, Rome, Accademia Nazionale dei Lincei, 2000 Google Scholar. Il n’est pas inutile de rappeler que les historiens disposaient déjà des archives périphériques de l’Inquisition, notamment celles de Modène, Venise, Naples, mais pas de celles de l’Index. Dans les pages qui suivent, je traiterai de la congrégation du Saint-Office (1542) et celle de l’Index (1571) ensemble, en dépit de profondes différences dans leur statut, prérogatives, fonctionnement et politique (qui les opposèrent parfois, toujours au détriment de l’Index).

6 - Bilans par Dedieu, Jean-Pierre et Carvacho, René Millar, «Entre histoire et mémoire. L’Inquisition à l’époque moderne: dix ans d’historiographie», Annales HSS, 57-2, 2002, p. 349372 Google Scholar; A dieci anni dall’apertura dell’archivio della Congregazione per la Dottrina della fede: storia e archivi dell’inquisizione, Rome, sous presse. Le renouvellement en acte avait déjà été analysé par l’un de ses protagonistes, Prosperi, Adriano, «L’Inquisizione: verso una nuova immagine?», Critica Storica, 25-1, 1988, p. 119145 Google Scholar.

7 - Neveu, Bruno, L’erreur et son juge: remarques sur les censures doctrinales à l’époque moderne, Naples, Bibliopolis, 1993 Google Scholar; Fragnito, Gigliola (dir.), Church, censorship and culture in early modern Italy, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2001 Google Scholar; Wolf, Hubert (dir.), Inquisition, Index, Zensur: Wissenskulturen der Neuzeit im Widerstreit, Paderborn, Schöningh, 2001 Google Scholar; Borromeo, Agostino (dir.), L’inquisizione, Cité du Vatican, Bibliotecai Apostolica Vaticana, 2003 Google Scholar; Audisio, Gabriel (dir.), Inquisition et pouvoir, Aix-en-Provence, Publications de l’université de Provence, 2004 CrossRefGoogle Scholar.

8 - Je fais ici référence à l’annulation de la visite de Benoît XVI à l’université de Rome La Sapienza en janvier 2008. Sur les débats suscités notamment par la Commission pontificale sur Galilée, créée par Jean-Paul II en 1981, voir la mise au point de Camerota, Michele, Galileo Galilei e la cultura scientifica nell’età della Controriforma, Rome, Salerno, 2004 Google Scholar; Segre, Michael, «Light on the Galileo case?», Isis, 88-3, 1997, p. 484504 Google Scholar.

9 - Tortarolo, Edoardo, «Zensur als Institution und Praxis im Europa der frühen Neuzeit», in Zedelmaier, H. et Mulsow, M. (dir.), Die Praktiken der Gelehrsamkeit in der frühen Neuzeit, Tübingen, Niemeyer, 2001, p. 277294 Google Scholar, ici p. 278.

10 - Boureau, Alain, «Dialogue avec Luca Bianchi», Annales HSS, 57-3, 2002, p. 745749 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 747; Id., Théologie, science et censure au XIIIe siècle: le cas de Jean Peckham, Paris, Les Belles Lettres, 1999.

11 - Ugo Baldini, «Le congregazioni romane dell’Inquisizione e dell’Indice e le scienze, dal 1542 al 1615 », in L’Inquisizione e gli storici..., op. cit., p. 29-364, ici p. 337, ma traduction.

12 - Baldini, Ugo, «The Roman Inquisition’s condemnation of astrology: Antecedents, reasons and consequences», in Fragnito, G. (dir.), Church, censorship..., op. cit., p. 79110 Google Scholar, suggère que la censure a concouru à la séparation de l’aspect descriptif du calcul astronomique de son usage prédictif, une distinction déjà en train de se profiler à la Renaissance tardive.

13 - Beretta, Francesco, «Orthodoxie philosophique et Inquisition romaine aux 16e et 17e siècles. Un essai d’interprétation», Historia philosophica, 3, 2005, p. 6796 Google Scholar.

14 - Fragnito, Gigliola, La Bibbia al rogo. La censura ecclesiastica e i volgarizzamenti della Scrittura, 1471-1605, Bologne, Il Mulino, 1997 Google Scholar; Id., Proibito capire: la chiesa e il volgare nella prima età moderna, Bologne, Il Mulino, 2005; Bonora, Elena, «L’archivio dell’Inquisizione e gli studi storici: primi bilanci e prospettive a dieci anni dall’apertura», Rivista Storica Italiana, à paraître, je remercie l’auteur de m’en avoir permis la lecture Google Scholar.

15 - Armogathe, Jean-Robert, La nature du monde. Science nouvelle et exégèse au XVIIe siècle, Paris, PUF, 2007 Google Scholar.

16 - Del Col, Andrea et Paolin, Giovanna (dir.), L’Inquisizione romana: metodologia delle fonti e storia istituzionale, Trieste, Edizioni Università di Trieste, 2000 Google Scholar.

17 - Ugo Baldini propose une classification différente dans son importante contribution « Die römischen Kongregationen der Inquisition und des Index und der wissenschaftliche Fortschritt im 16. bis 18. Jahrhundert: Anmerkungen zur Chronologie und zur Logik ihres Verhältnisses», in H. Wolf (dir.), Inquisition, Index, Zensur..., op. cit., p. 229-278. Je parle ici de « philosophes » en termes de définition sociale, des médecins, des mathématiciens, des astronomes, etc., ou bien en termes de position institutionnelle, des théologiens enseignant la physica et metaphysica.

18 - L’un des plus vastes champs d’intervention de l’Inquisition, magie et sorcellerie, recoupe aussi l’un des arguments les plus débattus par l’historiographie et a servi de catalyseur à la réécriture de la « légende noire ». Il me paraît illusoire de discerner sorcellerie, magie naturelle, astrologie, divination, médecine populaire, trop souvent mélangées dans les pratiques. Cependant sur l’astrologie, voir U. Baldini, « The Roman Inquisition’s condemnation... », art. cit.; Ernst, Germana, Religione, ragione e natura: ricerche su Tommaso Campanella e il tardo Rinascimento, Milan, F. Angeli, 1991 Google Scholar. Valente, Michaela, «Della Porta e l’Inquisizione. Nuovi documenti dell’archivio del Sant’Uffizio», Bruniana & Campanelliana, 5-2, 1999, p. 415436 Google Scholar, soulève la question des entraves de l’Inquisition à la publication de textes, qui n’a pas encore fait l’objet d’études systématiques.

19 - Nardi, Bruno, Studi su Pietro Pomponazzi, Florence, Le Monnier, 1965 Google Scholar; Pine, Martin L., Pietro Pomponazzi: Radical philosopher of the Renaissance, Padoue, Antenore, 1986 Google Scholar; Riondato, Ezio et Poppi, Antonino (dir.), Cesare Cremonini: aspetti del pensiero e scritti, Padoue, Accademia Galileiana di scienze, lettere ed arti, 2000 Google Scholar. Par ailleurs, le néoplatonisme pose un problème spécifique, qui est toutefois inséparable de celui de la périodisation de la censure inquisitoriale, sur laquelle voir Firpo, Luigi, Filosofia italiana e Controriforma, Turin, Éd. di comunità, 1951 Google Scholar; Rotondò, Antonio, «La censura ecclesiastica e la cultura», in Romano, R. et Torino, Corrado V. (dir.), Storia d’Italia: I documenti, Turin, Einaudi, 1973, p. 13971492 Google Scholar.

20 - Michael, Emily, «Renaissance theories of body, soul and mind», in Wright, J. P. et Potter, P. (dir.), Psyche and soma: Physicians and metaphysicians on the mind-body problem from Antiquity to Enlightenment, Oxford/New York, Clarendon Press/Oxford University Press, 2000, p. 147172 Google Scholar, suggère que le concile de Latran, qui demandait aux philosophes de prouver rationnellement l’immortalité de l’âme, fut à l’origine, après la réfutation du thomisme par Pietro Pomponazzi, de l’exploration de « non-Thomistic Aristotelian approaches », qui constituèrent ensuite la base pour des nouvelles explications de la relation de l’âme et du corps. Dans les archives de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (ci-après ACDF), Index, Protocols OO, f. 459-460, je signale le cas de l’helmontien Sebastiano Bartoli, auteur d’un Astronomiae microcosmicae systema novum, Naples, 1664, dont l’archeus sembla aux censeurs romains une « âme partielle », et dans celles du Saint-Office (ci-après SO), Censurae librorum (ci-après CL), 1706-07, dr. 28, celui de Franciscus Mercurius van Helmont, De revolutione animarum humanorum, Amstelodamii, 1684, traduction de Two hundred queries moderately propounded concerning the doctrine of the revolution of humane souls, and its conformity to the truths of Christianity, Londres, R. Kettlemell, 1684.

21 - Comme l’avait suggéré Stolberg, Michael, «Particles of the soul: The medical and lutheran context of Daniel Sennert’s atomism», Medicina nei secoli, 15-2, 2003, p. 177203 Google ScholarPubMed, les Physica Hypomnemata de Daniel Sennert (1636) furent interdits en 1639 pour leur traducianisme modernisé en termes corpusculaires, voir ACDF, Index, Protocols EE f. 19-22. Sur la Lettera, nella quale si discorre da qual tempo probabilmente si infonde nel feto l’anima ragionevole de Bartolomeo CORTE, médecin de Pavie, voir ACDF, SO, CL, 1703, dr. 31.

22 - Armogathe, Jean-Robert, «The Roman censure of the Institutio Philosophiae of Antoine Le Grand (1629-99) according to the unpublished documents from the archives of the Holy Office», in Lennon, T. M. (dir.), Cartesian views: Papers presented to Richard A. Watson, Leyde/Boston, Brill, 2003, p. 193204 CrossRefGoogle Scholar. ACDF, SO, CL, 1711-1714, dr. 7: la censure contre le médecin cartésien Pascoli, Alessandro pour son pamphlet Sofilo Molossio pastore arcade perugino, e custode degli armenti automatici in Arcadia. Gli difende dallo Scrutinio, che ne fa nella sua critica il signor Pietro Angelo Papi medico, e filosofo sabinese, Rome, Zenobi, 1706 Google Scholar.

23 - ACDF, Index, Protocols, 1715-1721, f. 74r-78v, sur le Tractatus de natura substantiae energetica. Giglioni, Guido, «Anatomist atheist?: The ‘hylozoistic’ foundations of Francis Glisson’s anatomical research», in Grell, O. P. et Cunningham, A. (dir.), Religio medici: Medicine and religion in seventeenth-century England, Aldershot, Scolar Press, 1996, p. 115135 Google Scholar.

24 - Par exemple, ACDF, SO, St. st. O1g, dr. 8 et 12; SO, CL, 1704-1705, dr. 4. Sur l’hétérodoxie populaire en matière d’âme, les sources de l’Inquisition de Venise ont été explorées par Barbierato, Federico, Politici e ateisti: percorsi della miscredenza a Venezia fra Sei e settecento, Milan, Unicopli, 2006 Google Scholar.

25 - Insistent sur ce point Firpo, Massimo, Inquisizione romana e controriforma: studi sul cardinal Giovanni Morone (1509-1580) e il suo processo d’eresia, Brescia, Morcelliana, [1992]2005 Google Scholar, et, dans la perspective de l’histoire politique de la papauté, Prosperi, Adriano, Tribunali della coscienza: inquisitori, confessori, missionari, Turin, G. Einaudi, 1996 Google Scholar, et Tallon, Alain, La France et le Concile de Trente, 1518-1563, Rome, École française de Rome, 1997 Google Scholar.

26 - ACDF, Index, Protocols, H f. 412-22, V f. 479, BB f. 532-533; voir aussi Bogner, Ralf Georg, «Paracelsus auf dem Index. Zur kirchlichen Kommunikationskontrolle in der frühen Neuzeit», in Telle, J. (dir.), Analecta paracelsica. Studien zum Nachleben Theophrast von Hohenheims im deutschen Kulturgebiet der frühen Neuzeit, Stuttgart, Steiner, 1994, p. 490503 Google Scholar. On peut évoquer, plus tardivement, Harvey, Gideon, Ars curandi Morbos Expectatione; item De Vanitatibus Dolis et Mendaciis Medicorum. Accedunt his praecipue supposita, et phoenomena, quibus veterum recentiorumque dogmata de febribus, tussi,. .. apoplexia,. .. et passione hysterica convelluntur; aliaque verisimiliora traduntur, Londres, Freeman, 1696 Google Scholar (la version originale en anglais date de 1689), dans ACDF, SO, CL, 1679, dr. 9.

27 - Fattori, Marta, «‘Vafer Baconus’: la storia della censura del De augmentis scientiarum », Nouvelles de la République des Lettres, 2, 2000, p. 97130 Google Scholar.

28 - ACDF, Index, Protocols NNN, 1701-01, f. 372r; Protocols SSS, 1704-05, f. 395-398v et f. 402-403v. Sur cette collection, voir Gilly, Carlos, «On the genesis of L. Zetzner’s Theatrum Chemicum in Strasbourg», in Gilly, C. et van Heertum, F. (dir.), Magia, alchimia, scienza dal ‘400 al ‘s700. L’influsso di Ermete Trismegisto, Florence, Centro Di, 2005 Google Scholar, t. 1, p. 451-468.

29 - B. Neveu, L’erreur..., op. cit.

30 - Armogathe, Jean-Robert et Carraud, Vincent, «La première condamnation des œuvres de Descartes, d’après des documents inédits aux Archives du Saint-Office», Nouvelles de la République des Lettres, 2, 2001, p. 103138 Google Scholar, ici p. 116. Et aussi dans cette même perspective Costa, Gustavo, Malebranche e Roma: documenti dell’archivio della congregazione per la dottrina della fede, Florence, Olschki, 2003 Google Scholar.

31 - Je fais allusion à l’interdiction par le roi d’enseigner la philosophie cartésienne à la Sorbonne en 1671: Bouillier, Francisque, Histoire de la philosophie cartésienne, Paris, C. Delagrave, [1842] 1868 Google Scholar; Ariew, Roger, Descartes and the late scholastics, Ithaca/Londres, Cornell University Press, 1999 Google Scholar; Schmaltz, Tad M., Radical cartesianism: The French reception of Descartes, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2002 CrossRefGoogle Scholar; van Damme, Stéphane, Descartes: essai d’histoire culturelle d’une grandeur philosophique, Paris, Presses de Sciences Po, 2002 Google Scholar; J.-R. Armogathe, La nature..., op. cit., p. 129-173.

32 - L. Firpo, Filosofia italiana..., op. cit.; Gregory, Tullio, «L’Apologia e le Declarationes di Francesco Patrizi», in Medioevo e Rinascimento. Studi in onore di Bruno Nardi, Florence, Sansoni, 1955, p. 385424 Google Scholar; Vasoli, Cesare, Francesco Patrizi da Cherso, Rome, Bulzoni, 1989 Google Scholar; Id., « Nuovi documenti sulla condanna all’indice e la censura delle opere di Francesco Giorgio Veneto», in C. Stango (dir.), Censura ecclesiastica e cultura politica in Italia tra cinquecento e seicento, Florence, L. S. Olschki, 2001, p. 55-78; Ricci, Saverio, Inquisitori, censori, filosofi sullo scenario della Controriforma, Rome, Salerno, 2008 Google Scholar.

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42 - C’est précisément ce que réclame E. Maignan en 1673, dans «Appendix de speciebus eucharisticis», Cursus Philosophicus..., op. cit., 2e éd., p. 583-586.

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45 - Ce qui est bien illustré par la nouvelle approche du tribunal concernant la doctrine des species intentionales élaborée par Giuseppe Ballo dans les années 1620; un cas signalé déjà par P. Redondi, Galilée hérétique, op. cit., p. 307-311, dont les documents furent résumés en 1671 suite à une dénonciation contre les « théologiens cartésiens », qui donna lieu à une enquête sur l’étendue de cette théologie cartésienne: ACDF, SO, St. st. O3f, dr. 5, partiellement publiés par Armogathe, Jean-Robert, «Physique cartésienne et Eucharistie dans les documents du Saint-Office et de l’Index Romain (1671-1676)», Nouvelles de la République des Lettres, 2, 2005, p. 724 Google Scholar.

46 - Comme le firent l’augustinien Conti, Pietro, Summa phylosophica, septem partibus comprehensa, in qua vniversae philosophiae quaestiones ad folius veritatis trutinam, nullius emancipatae arbitrio, breuiter & dilucide pertractantur, Anconae, Typographia Camerali, 1671 Google Scholar, et le capucin de Toulouse, Casimir, Atomi peripateticae, sive tum veterum, tum recentiorum atomistarum placita ad neotericae peripateticae scholae methodum redacta, Biarritz, 1674 Google Scholar: deux « peripatetic atomisms », selon l’expression de R. Ariew, Descartes..., op. cit., p. 125, mis à l’Index en 1673 et 1680: respectivement ACDF, Index, Protocols QQ, f. 198-210 et Protocols RR, f. 487-488 et 489-493. Les difficultés venaient du fait que, dans l’intervalle, la notion d’espèces s’était métamorphosée. La diffusion de nouvelles théories psychologiques et physiologiques insistant sur le rôle des corpuscules dans la sensation/perception vida l’ancienne notion d’espèces de la dimension finaliste qu’elle gardait encore au début du XVIIe siècle: voir Spruit, Leen, Species intelligibilis: From perception to knowledge, Leyde, Brill, 1994-1995Google Scholar. Ainsi, pour éviter l’erreur de l’« impanation » luthérienne, les novatores accentuèrent souvent le sens – présent dans la tradition médiévale, mais très ambigu après Calvin – de simulacro et imago, au moment même où ils les inséraient dans des systèmes philosophiques atomistes ou corpusculaires, tandis que les scolastiques eurent beau jeu de souligner les contradictions entre la physique eucharistique et les théories de la matière et des sensations des modernes.

47 - C’est notamment le cas des « théologiens cartésiens » dénoncés en 1671. Il serait difficile de comprendre pourquoi la congrégation hésita sur les démarches à entreprendre et notamment la prudence des dominicains si l’on oubliait que cette affaire eut son origine dans la théologie morale, autour de la querelle du probabilisme. Le dénonciateur, le jésuite Honoré Fabri, était à l’époque sur la sellette pour son ouvrage Apologeticus doctrinae moralis ejusdem Societatis... in duas partes... sectus... nunc primum in lucem, prodit..., Lyon, L. Anisson, 1670, dénoncé par les dominicains et les capucins. Les votes des cardinaux, conservés dans ACDF, SO, CL, 1669-1672, dr. 39, révèlent également leurs profondes divisions: voir Donato, Maria Pia, «Scienza e teologia nelle congregazioni romane: la questione atomista, 1626-1727», in Giard, L. et Romano, A. (dir.), Rome et la science moderne: de la Renaissance aux Lumières, Rome, École française de Rome, 2008, p. 595634 Google Scholar.

48 - « Composita substantialia non componi ex materia, et forma, sed ex corpusculis seu atomis »: M. Cioni, I documenti galileiani..., op. cit., p. 63-64; j’ai analysé sa genèse dans: Donato, Maria Pia, «L’onere della prova. Il Sant’Uffizio, l’atomismo e i medici romani», Nuncius. Annali di storia della scienza, 18-1, 2003, p. 6987 Google Scholar.

49 - Stella, Pietro, Il giansenismo in Italia. I preludi tra Seicento e primo Settecento, Rome, Ed. di storia e letteratura, 2006, p. 3992 Google Scholar; en général, voir Donati, Claudio, «La Chiesa di Roma tra antico regime e riforme settecentesche (1675-1766)», in Chittolini, G. et Miccoli, G. (dir.), La Chiesa e il potere politico dal Medioevo all’età contemporanea, Turin, Einaudi, 1986, p. 721766 Google Scholar.

50 - On ne dispose actuellement que de Schwedt, Herman H., Prosopographie von römischer Inquisition und Indexkongregation: 1814-1917, Paderborn/Munich, Schoningh, 2005 Google Scholar; on peut toutefois consulter Weber, Christoph, Die ältesten päpstlichen Staatshandbücher: 1629-1714, Elenchus congregationum, tribunalium et collegiorum Urbis, Rome, Herder, 1991 Google Scholar.

51 - ACDF, SO, UV 16, f. 12-19.

52 - Ibid., f. 21.

53 - Ibid., f. 23.

54 - Quantin, Jean-Louis, «Le Saint-Office et le probabilisme (1677-1679). Contribution à l’histoire de la théologie morale à l’époque moderne», Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, 114-2, 2002, p. 875960 CrossRefGoogle Scholar.

55 - B. Neveu, Érudition... op. cit., p. 333-363; Barzazi, Antonella, Gli affanni dell’erudizione: studi e organizzazione culturale degli ordini religiosi a Venezia tra Sei e Settecento, Venise, Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, 2004 Google Scholar.

56 - Cela en dépit du fait que la Compagnie était elle-même agitée par de fortes tensions concernant le renouvellement de l’aristotélisme, ce qui conduisit à une prise de position officielle de la part du généralat: Hellyer, Markus, «The construction of the Ordinatio pro Studis Superioribus of 1651», Archivum historicum Societatis Iesu, 143, 2003, p. 343 Google Scholar.

57 - Comme le montre bien le procès contre un moine olivétain, Pissini, Andrea, auteur d’une Naturalium doctrina... qua funditus eversis materiei primae, formaeque substantialis et accidentalis..., Augustae Vindelicorum, Koppmayrianis, 1675 Google Scholar. Réfutation des formes substantielles sur la base d’un corpuscularisme éclectique, le livre fut l’objet d’une longue confrontation. Une assertion sur les espèces eucharistiques fut jugée hérétique par un jésuite et un théatin (qui s’engagea dans la démonstration que même les Docteurs avant le XIIe siècle pensaient aux espèces comme accidents), mais « philosophique » et légitime par Michalangelo Ricci, quoique « l’auteur insère maintes opinions de Platon et des Nominalistes dans la doctrine de Démocrite, mais en les explicant de manière très obscure et maladroite, et je le trouverais digne de censure pour cela plus que pour autre chose ». Tandis que les franciscains furent sévères à l’égard du ton offensif de l’ouvrage, les dominicains ne voulurent pas le déclarer hérétique faute d’un clair jugement conciliaire, mais prônèrent l’interdiction du livre parce que le moine avait éludé l’imprimatur (qu’il n’avait pas obtenu à cause de la circulaire de 1673): ACDF, SO, St. st., O3f, dr. 7, citation f. 452v; Ritrattazione fatta dal P. Andrea Pissini... nel convento di Santa Maria sopra Minerva... li 2 decembre 1676... della materia degli atomi, Rome, Rev. Cam. apost., 1677.

58 - Phénomène difficile à détecter et mesurer, il peut néanmoins être appréhendé à travers quelques cas documentés, comme celui de Donato Rossetti, lecteur à Pise: Lopez, Susan Gomez, Le passioni degli atomi. Montanari e Rossetti: una polemica tra galileiani, Florence, L. S. Olschki, 1997 Google Scholar.

59 - Osbat, Luciano, L’inquisizione a Napoli. Il processo agli ateisti 1688-1697, Rome, Ed. di storia e letteratura, 1974 Google Scholar; Fattori, Marta, «Censura e filosofia moderna: Napoli, Roma, e l’affaire di Capua (1692-1694)», Nouvelles de la République des Lettres, 1-2, 2004, p. 1744 Google Scholar.

60 - ACDF, SO, Decreta, 1705, f. 388v.

61 - M. P. Donato, « L’onere della prova... », art. cit.; Id., « Scienza e teologia... », art. cit.

62 - Fabroni, Angelo, Historia Academiae Pisanae, Pise, Forni, [1791-1795] 1971, p. 104116 Google Scholar; Reusch, Franz H., Der Index der verbotenen Bücher. Ein Beitrag zur Kirchen- und Literaturgeschichte, Bonn, Cohen & Sohn, 1883-1885, p. 430431 Google Scholar, mais les documents in ACDF, SO, St. st., O1g, dr. 9, permettent de préciser l’étendue des accusations et le déroulement de l’affaire.

63 - Dal Pino, Andrea M., «Il p. Gerardo Capassi: 1653-1737 e la sua corrispondenza con Schelstrate i bollandisti e i maurini», Studi Storici O.S.M, 1958, p. 8384 Google Scholar. Parmi les thèses prohibées, Gerardo Capassi avait soutenu les idées d’Emmanuel Schelstrate et de Christian Lupus sur l’utilisation du pain azyme par l’Église primitive et sur le concile de Constance.

64 - ACDF, SO, St. st., O3g, f. 317.

65 - Ibid, f. 430-446, ici 438v. Inspirée par la modération et l’humilité fut également sa défense de la proposition sur les espèces eucharistiques, melius hoc altissimum Eucharistiae mysterium ixte SS. P. placita absque accidentibus a peripateticis scholis explicatis defendendum suscipimus (f. 437v-438): « ayant remarqué à quel point les auteurs divergent à propos de la nature et de l’essence des accidents... et de l’autre côté ayant noté que les conciles ont défini que dans le sacrement de l’Eucharistie restent les espèces du pain et du vin sans déclarer ce qu’elles sont... il m’a semblé pouvoir affirmer dans des thèses, que l’on pouvait mieux défendre ce mystère si l’on se bornait dans les termes dans lesquels les conciles et les Pères ont parlé des espèces sacramentales, en disant qu’il restent les espèces sans dire ce qu’elles sont ».

66 - ACDF, SO, Decreta, 1688, f. 142v, 154v, 169r, 203r. Encore une fois, on notera l’absence de la qualification d’hérétique.

67 - ACDF, SO, CL, 1708-1710, dr. 12. Voir également Barzazi, Antonella, «Una cultura per gli ordini religiosi: l’erudizione», Quaderni storici, 119-2, 2005, p. 485517 Google Scholar.

68 - Sur Emmanuel Maignan, généralement compté parmi les cartésiens, Romano, Antonella, «Mathematics and philosophy at Trinità dei Monti: Emmanuel Maignan and his legacy between Rome and France», in P.|Donato, M. et Kraye, J. (dir.), Conflicting duties: Science, medicine and religion in Rome, 1550-1750, Londres, Warburg Institute, à paraître Google Scholar.

69 - Henri Poirier, Projet pour l’histoire du R.P. Maignan, et apologie de la doctrine de ce philosophe en forme de lettre à tous les sçavans, particulièrement à ceux de l’ordre des Minimes, s. l., 1703, cité par Julien, Pascal, «Anamorphoses et visions miraculeuses du père Mai-gnan (1062-1676)», Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, 117-1, 2005, p. 4571 CrossRefGoogle Scholar.

70 - Saguens, R. P. Joanne, Philosophia Maignani scholastica, sive in formam concinniorem et auctiorem scholasticam digesta et coordinata, complectens ex opinionibus veteris ac recentioris philosophiae notabiliores disquisitiones, quae ad usum scholae, pro juventute instituenda deside-rantur... Tolosae, A. Pech (J. Vialar), 1703 Google Scholar.

71 - Saguens, R. P. Joanne, De vita, moribus et scriptis R. P. Emanuelis Maignani,... elogium, Tolosae, Pech, 1697 Google Scholar, et Id., Accidentia profligata, species instauratae, sive De speciebus panis ac vini post consecrationem eucharisticam duntaxat manentibus. Opus philosophico theologicum, Mediolani, Lecadet, 1700.

72 - Saguens, Joanne, Systema eucharisticum P. Maignani vindicatum ab impugnationibus contentis in opusculo dogmatico, quod scripsit nuper R. P. Gennarus,. .. adversus atomos redivivas..., Tolosae, Vialar, 1705 Google Scholar.

73 - ACDF, SO, CL, 1703, dr. 13: Conclusiones polemico-scholasticae divo Francisco de Paula dicata, Romae, Caetani, 1703. L’épisode est relaté par Gravina, Gian Vincenzo, Carteggio politico (1690-1712), éd. par Sarubbi, A., Naples, La buona stampa, 1971 Google Scholar.

74 - ACDF, Index, Diaria XII, f. 1391; XIII, f. 1444, 1456, 1531, 1549, 1575, 1605; Protocols SSS, 1704-05, f. 295r, 389-390, 399r; Protocols TTT, 1705-06, f. 291-301, 659-671.

75 - ACDF, Index, Protocols VVV, f. 421-423v, et 407-409v; Grabmann, Martin, «Die Philosophie des Cartesius und die Eucharistielehre des Emmanuel Maignan O. Min», in Cartesio nel terzo centenario del Discorso del metodo, Milan, Vita e Pensiero, 1937, p. 425436 Google Scholar.

76 - Une proposition fut notamment signalée comme dangereuse pour la foi, «que tout est engendré par le concours aléatoire et fortuit des atomes, par [leur] différente place, position et configuration, et en outre que le principe immatériel, la dimension, le repos, le mouvement, la position et la forme sont dans la matière depuis le commancement des choses »: ACDF, SO, St. st. 01n, dr. 10, f. 295v-296r. Sur ces événements et leur contexte (la répression du quiétisme), voir M. P. Donato, « L’onere... », art. cit.

77 - « Del modo di filosofar nell’Arte medica, e si prova che per la medicina razionale è meglio servirsi della filosofia sperimentale che di qualunque altra», La galleria di Minerva, 1700, t. IV-3, p. 33-36. L’essai fut adressé à l’académie des Fisiocritici de Sienne fondée par P. M. Gabbrielli, qui avait lui-même été mis en examen par l’Inquisition en 1690 pour sa «moderna philosophia ».

78 - Arrighi, Gino et al. (dir.), La scuola galileiana. Prospettive di ricerca, Florence, La Nuova Italia, 1979 Google Scholar.

79 - ACDF, Index, Protocols OOO, 1701-1702, f. 457-62r, ici p. 459r.

80 - ACDF, SO, CL, 1722-1723, dr. 16.

81 - U. Baldini, « Die römischen Kongregationen... » art. cit.

82 - de Bujanda, Jésus M., Index librorum prohibitorum 1600-1966, Sherbrooke, Centre d’études de la Renaissance, 2002 Google Scholar.

83 - Aristotélisme dont il fallait désormais défendre jusqu’à la valeur historique, voir par exemple ACDF, Index, Protocols, 1735-1737, f. 507-589, la censure par G. F. Baldini des Discussioni istoriche, teologiche e filosofiche de Costantino Grimaldi, Naples, 1725.

84 - Costa, Gustavo, Thomas Burnet e la censura pontificia, Florence, L. S. Olschki, 2006 Google Scholar.

85 - Rosa, Mario, «Encyclopédie, ‘Lumières’ et tradition au 18e siècle en Italie», Dix-huitième Siècle, 4, 1972, p. 109168 Google Scholar; Delpiano, Patrizia, Il governo della lettura: Chiesa e libri nell’Italia del Settecento, Bologne, Il Mulino, 2007 Google Scholar. Mais à côté d’Helvetius, d’Holbach et de La Mettrie, pour le propos de cet article, il faut rappeler les interdictions de la Zoonomie d’Erasmus Darwin et de P.-J.-G. Cabanis, Rapport du physique et du moral, Paris, Caille et Ravier, 1815, lequel « si adopté, abattrait dès les fondements et détruit complètement le système de notre sainte réligion catholique et de toute autre [réligion], car il prétend montrer que l’homme est incapable car formé par la seule matière »: ACDF, Index, Protocols, 1808-1818, f. 401-405; Protocols, 1818-1820, f. 6-8v.

86 - Voir en particulier ACDF, Index, Protocols, 1757-59, f. 180-183 pour la censure par G. L. Mingarelli du premier tome de l’Encyclopédie; Macé, Laurence, «Les Lumières françaisesautribunaldel’IndexetduSaint-Office», Dix-Huitième Siècle, 34, 2002, p. 1325 CrossRefGoogle Scholar; Maire, Catherine, «L’entrée des ‘Lumières’ à l’Index: le tournant de la double censure de l’Encyclopédie en 1759», Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 42, 2007, p. 107140 Google Scholar. Mais dans ACDF, Index, Protocols, 1808-1818, dr. 7, on peut aussi voir la réaction de l’Index à l’ouvrage de Lomonaco, Francesco, Vite degli eccellenti italiani, Italia, 1802-1803 Google Scholar, notamment à la biographie de Galilée.

87 - ACDF, Index, Protocols, 1830-35, f. 425-427. En 1834, l’interdiction du livre de Raspail, François-Vincent, Nouveau système de chimie organique, fondé sur des méthodes nouvelles d’observation, Paris/Londres, J. B. Baillière, 1833 Google Scholar, dont le consulteur R. M. Fornari écrit qu’il était l’auteur des « observations les plus exactes » et « d’heureuses conclusions », fut prônée à cause de son matérialisme car « il a le défaut de tous ceux qui professent sa science, c’est-à-dire que, puisqu’ils examinent les corps et tous leurs organes, ils ne considèrent guère les substances qui ne retombent pas sous leurs instruments... et ils n’admettent rien sauf des êtres matériaux ou organiques... ils ignorent l’essence métaphysique de ces êtres par laquelle est constituée la différence substantielle... des uns et des autres »; de surcroît, « plus il est correct [scientifiquement], plus il est dangereux, car ses lecteurs seront facilement induits en erreur, puisque ils admireront la rigueur de ses arguments physiques et chimiques et... ils prendront comme vérité les erreurs qu’il enseigne ».

88 - Betta, Emmanuel, Animare la vita: disciplina della nascita tra medicina e morale nell’Ottocento, Bologne, Il Mulino, 2006 Google Scholar; Wolf, Hubert, Index: der Vatikan und die verbotenen Bücher, Munich, Beck, 2006 CrossRefGoogle Scholar.

89 - ACDF Index, Protocols SSS, 1704-1705, f. 375, je souligne. Le livre fut prohibé en 1709.

90 - ACDF, SO, CL, 1722-23, dr. 18. Sur l’évolution de la science jésuite au XVIIIe siècle, Baldini, Ugo, Saggi sulla cultura della Compagnia di Gesù (secoli XVI-XVIII), Padoue, cleup, 2000, p. 239279 Google Scholar.

91 - ACDF, Index, Protocols, 1737-40, f. 217, selon le somasque Baldini, G. F. à propos de l’ouvrage de Algarotti, Francesco, Newtonianesimo per le dame, ovvero Dialoghi sopra la luce, i colori e l’attrazione, Naples, Giambattista Pasquali libraro e stampatore di Venezia, 1739 Google Scholar.

92 - L’historiographie propose des nouvelles interprétations sur ce pape: voir au moins Rosa, Mario, Settecento religioso: politica della ragione e religione del cuore, Venise, Marsilio, 1999 Google Scholar; Caffiero, Marina, Battesimi forzati: storie di ebrei, cristiani e convertiti nella Roma dei papi, Rome, Viella, 2004 Google Scholar.

93 - P. Delpiano, Il governo della lettura... op. cit., p. 80-92. Sur sa « réforme » du Saint-Office, Maria Pia Donato et Irace, Erminia, «Benedetto XIV», in Prosperi, A. et Tedeschi, J. (dir.), Dizionario storico dell’Inquisizione, Pise, SNS, 2009 Google Scholar, à paraître.

94 - Mead, Richard, Medica Sacra sive de morbis insignioris qui in Biblis memorantur commen-tarius, Amstelodami, Apud P. Mortier, 1749 Google Scholar, p. X.

95 - ACDF, Index, Protocols, 1753-1754, f. 47-48; la controverse dont il est question fut relancée par le Congresso notturno delle lammie de Tartarotti, Girolamo, Del congresso notturno delle lammie libri tre di Girolamo Tartarotti roveretano. S’aggiungano due dissertazioni epistolari sopra l’arte magica..., Rovereto, Giambatista Pasquali, 1749 Google Scholar: voir Venturi, Franco, Settecento riformatore: Da Muratori a Beccaria, Turin, Einaudi, 1969 Google Scholar, et aussi Lavenia, Vincenzo, «Tenere i malefici per cosa vera. Esorcismi e censura nell’Italia moderna», in Bonani, V. (dir.), Dal torchio alle fiamme. Inquisizione e censura, Salerne, Biblioteca Provinciale di Salerno, 2005, p. 129172 Google Scholar.

96 - ACDF, Index, Protocols, 1753-1754, f. 367r-376v, ici f. 373r, et 374r.

97 - Ibid., liste complète, f. 375v-376v.

98 - John L. Heilbron, «Censorship of astronomy in Italy after Galileo», in E. McMullin (dir.), The Church..., op. cit., p. 279-322.

99 - U. Baldini, Saggi..., op. cit., p. 281-347, ici p. 308 et 327, qui corrige Mayaud, Pierre-Noël, La condamnation des livres coperniciens et sa révocation à la lumière de documents inédits des Congrégations de l’Index et de l’Inquisition, Rome, Edizione Pontificia università gregoriana, 1997 Google Scholar, sur le rôle de Benoît XIV.

100 - Ibid., p. 323 et 328.

101 - Index librorum prohibitorum sanctissimi domini nostri Benedicti XIV pontificis maximi jussu recognitus, atque editus, Rome, ex. typographia Revenderae Camerae apostolicae, 1758.