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Les comptes fantastiques de Gregory King

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Emmanuel Le Roy Ladurie*
Affiliation:

Extract

Le travail de J. C. Toutain sur « Le produit de l'agriculture française » à partir de 1700 constitue l'un des essais majeurs de quantification nationale, appliquée à l'Ancien Régime. Un historien des paysanneries traditionnelles se doit d'étudier cet ouvrage longuement, afin d'en tester les méthodes et d'en éprouver les résultats.

M. Toutain prend, comme source initiale, les supputations globales des contemporains (d'où l'immense intérêt de son livre, comme mine de références, et comme répertoire). Toutefois ces supputations peuvent être de simples intuitions de type « bergsonien » ; ou bien au contraire, elles résultent véritablement d'une enquête statistique. Dans les deux cas, J. C. Toutain leur fait bon accueil.

Type
Notes Critiques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1968

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References

page 1086 note1 J.-C. Toutain, « Le produit de l'agriculture française de 1700 à 1958. 1° Estimation du produit au x v m e siècle », dans J. Marozewski ; « Histoire quantitative de l'économie française », Cahiers de l'Institut de Science économique appliquée, n° 115, juillet 1961, pp. 1-216. .

page 1086 note2 En dépit des références initiales et empiriques à la Normandie (Vauban, éd. 1933, p. 39 sq.) et au Morvan (ibid., p. 127 sq.) la lieue carrée est bien dans son principe un modèle théorique au sens le plus positif du terme. Le seul tort de son inventeur est d'avoir estimé, pour des raisons partiellement valables, que ce modèle peut s'appliquer tel quel à l'ensemble du territoire national (ibid., p. 165 sq). La procédure employée est la suivante : l'auteur de la Dîme royale, imagine d'abord, à partir de sa riche expérience d'économiste rural, ce que peut bien contenir, en fait de cultures, et de pâturages, vignes, bois, etc, . une lieue carrée, représentative d'un terroir fictif, qui serait lui-même considéré comme typique du finage français moyen, sous Louis XIV. En cours de calcul, ce modèle est ensuite légèrement gauchi par son créateur à l'aide de quelques pichenettes utopiques, et coups de pouces ad usum delphini, (ibid. p. 169). Finalement, Vauban calcule le revenu agricole global de cette lieue carrée (35 000 livres tournois (ibid., p. 176). Il ne lui resteplus qu'à multiplier ce revenu par les trente mille lieues carrées qu'on attribuait généralement dans cette époque au territoire du royaume (cf. Mousnieb, La Dîme de Vauban, Paris, 1968, p. 80 sq.). Le Maréchal obtient alors le revenu d'ensemble de l'agriculture française (ibid. p. 176). Il n'est pas question, dans mon analyse, de nier l'admirable effort d'information entrepris à ce propos par Vauban (voir sur ce sujet Saint-Simon, Mémoires, Paris, éd. 1899, tome 14, pp. 324-325, référence aimablement fournie par P. Couperie). Simplement, j ‘ a i voulu souligner que cet effort n'était pas exclusif de certaines carences (cf. par exemple la méconnaissance de l'assolement biennal : Vauban, id. 1933, p. 176). J'ai tenu à rappeler avec force que la lieue carrée, dans sa forme achevée, se présente beaucoup plus comme un édifice logique, certes génial, que comme une reconstitution empirique : celle-ci, pour être mise en place, aurait nécessité l'élaboration préalable d'une série suffisante de modèles régionaux. Ce qui ne fut pas le cas .

page 1087 note1 J.-C. Toutain, op. cit., pp. 75-76 .

page 1087 note2 Cf. aussi dans le même esprit, à paraître dans les Cahiers des Annales, un passionnant ouvrage de M. Morineau sur la non-révolution agricole .

page 1087 note3 J. Goy, à paraître .

page 1088 note1 Sur cette chute du produit des dîmes céréalières entre 1690 et 1720, voir par exemple Laduhie, Le Roy, Les Paysans de Languedoc, vol. I, pp. 522 Google Scholar et suivantes .

page 1088 note2 Toutain, op. cit., pp. 80-85, notamment p. 82 .

page 1088 note3 Louis Henry, « The population of France in the 18th century », dans Population in History, 1965, pp. 445-448. Cf. aussi J. Dufaquier, « Sur l a population française aux x v n c et x v i n e siècles », Revue historique, janvier 1968, p. 62 sq .

page 1089 note1 Vauban, , Dîme royale, Paris, Alcan, éd. 1933, p. 169 Google Scholar .

page 1090 note1 L'application du système de la dîme royale eût exigé la construction d'un immense réseau de granges décimales (Vauban, éd. 1933, p. 47). Vauban, lorsqu'il propose cette procédure, est fasciné par les modèles archaïques, lointains ou utopiques (cf. les exemples tirés de la Bible, du Grand Mogol, et du «Roy de la Chine», ibid., p. 12 de l'éd. 1933). Cf. aussi Ganiage, J., Les origines du protectorat français en Tunisie, Paris, 1959, pp. 99100 Google Scholar. P. Bkaudel, Civilisation matérielle et Capitalisme, Paris, 1967, vol. I, pp. 422-423. Sur les sources chinoises de la pensée décimale de Vauban, cf. Mousniir, R., La Dîme de Vauban, Paris, Cdu, 1968, pp. 18 20 Google Scholar, citant le Père Lecomte, Nouveaux Mémoires sur l'état présent de la Chine, Paris, 1696) .

page 1090 note2 Sous le Second Empire (1858) (d'après la Statistique de la France, (Paris, 1860), le rendement français moyen n'est que de 17 hl/ha.

page 1090 note3 Cité supra, fin du premier paragraphe .

page 1091 note1 Sur les défrichements de la Révolution française, cf. notamment l'article de François Ckouzet concernant l'évolution de l'économie française pendant la Révolution, d'après le mémoire de Sir Francis d'IvErnois, Ann. hist. de la Révol. française, 1962, pp. 336 et suivantes (2e partie de l'article) .

page 1091 note2 Toutain, p. 33 .

page 1091 note3 Gueuvin DE Rademont, Nouveau traité sur la dîme royale, 1715, notamment pp. 146-148 .

page 1091 note4 Jonnès, Mokeau De (État économiquedelaFrance… jusqu'en 1715, Paris, 1867 Google Scholar), fixe en effet, d'après Vauban, le produit des bois au 1/20 de celui des céréales .

page 1092 note1 Devèze, Michel, La vie de la forêt française au Xvie siècle, Paris, 1961, tome I, p. 267 Google Scholar .

page 1093 note1 Studenski, L'analyse de Paul, The income of nations, New York, 1958, pp. 2640 Google Scholar. nous a été précieuse à ce propos .

page 1093 note2 G. King, An estimate of the comparative strength of Great Britain and France…, 1696. Nous avons généralement utilisé l'édition de Baltimore de 1936, p. 56 .

page 1093 note3 M. O. Piquet-Marchal, « Gregory King, précurseur de la comptabilité nationale », Revue Economique, 1965, pp. 212-245 .

page 1094 note1 Ibid., pp. 241 et 245 .

page 1094 note2 Dupaquiek, art. cit., 1968, pp. 47, 48, 49 .

page 1094 note3 Cette affirmation, de la part du professeur Glass, est un modèle d'understatement. .

page 1094 note4 Voici le texte complet de la lettre de D. V. Glass : « I can give you no real indication of the way in which King arrived at his calculations for France. Having gone through a good many of Gregory King's manuscripts, I am convinced that there must be some basis of fact to his estimâtes. Though he often went beyond the factual basis, he almost always had some data, whatever might be the reliability of the data. Unfortunately, however, none of the manuscripts I hâve seen contains any clue to his sources of information on France. The difficulty is that only a small fraction of King's manuscripts has survived. For example the extremely important Journal now in Muniment Room of the Greater London Council is labelled G.K. N° 51 — at least suggesting that there must hâve been a large number of other journals, some ofwhich presumably contained a variety of calculations in the field of political arithmetic. None of thèse other journals has so far turned up. Nor is there any clue in the manuscriptnow at the Australian Common wealth Library at Canberra, containing Harley'squeries and King's replies to Harley, for unfortunately the queries stopped short about half way through the text and do not include any références to France. ».

page 1095 note1 King, d'après un calcul que nous évoquerons par la suite, comptait 14 millions d'habitants en 1688, et 13, 5 millions en 1695 à cause des pertes provoquées par la guerre et par la misère .

page 1096 note1 Two tracts by Gregory King, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1936 .

page 1096 note2 Cf. King, éd. 1936, p. 49; et sur les bases géographiques du calcul, cf. p. 35 .

page 1097 note3 King, ibid., p. 49 et, pour des chiffres plus exacts, Vauban, édit. 1933, p. 159, ainsi que Dupaquier, 1968, p. 54, notamment â la note 3 .

page 1097 note1 King, ibid., p. 50 .

page 1097 note2 Toutain, op. cit., p. 193 .

page 1097 note3 Ibid., p. 187 .

page 1098 note1 Toutain, p. 176 .

page 1098 note2 Toutain, p. 189 .

page 1098 note3 Ibid., p. 176 .

page 1098 note4 Toutain, op. cit., p. 176 .

page 1098 note5 Toujours d'après M. Toutain .

page 1099 note1 Cité par D. V. Glass, « Two papers on Gregory King », in Population in History, Londres 1965, p. 164 .

page 1100 note2 Art. cité supra, (p. 1088, n. 3) .

page 1100 note1 D'après D. V. Glass, art. cité .

page 1100 note2 Cf. Toutain, op. cit., tableau 53 .

page 1101 note1 Toutain, op. cit., p. 191 .

page 1101 note2 Cf. supra, p. 1086, n. 2 .

page 1102 note1 F. Croxjzet, « Croissances comparées de l'Angleterre et de la France au xvme siècle », Annales, mars-avril 1966 .

page 1102 note2 D'après F. Crouzet, art. cité, p. 270 .

page 1102 note3 J. Marczewski, « Histoire quantitative, buts et méthodes », Cahiers de l'I.S.E.A., n° 115, -juillet 1961, p. Xli. C'est précisément pour le xix e siècle, et à la rigueur pour la fin du xvme , où les travaux de M. Toutain s'appuient sur des statistiques véritables, qu'ils deviennent précieux et valables pour les historiens .