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Les barricades de la Fronde parisienne. Une lecture sociologique

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Robert Descimon
Robert Descimon*
Affiliation:
CNRS — Centre de Recherches Historiques
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Extract

La Fronde des actes est aussi une « Fronde des mots ». L'action puise dans un « répertoire de contestation », elle use d'« un langage de gestes convenus » , d'« un langage qui s'élabore au coeur de l'événement » ; elle sert « un texte que les acteurs improvisent tout en se conformant à d'anciens canevas»… Manifester dans la grande salle du Palais, crier sur le passage de la reine ou d'un prince, fermer les boutiques, tendre les chaînes, élever des barricades, tirer des escopades durant la nuit, sonner le tocsin…, ce sont là expressions courantes dans l'idiome parisien de la révolte. Cette langue naturelle est-elle en usage sur le « théâtre » où Gabriel Naudé proposait d'exercer « les meilleurs coups d'État par le moyen de la populace»? Ou bien ce théâtre des esprits forts, qui est rituel et violence symbolique, se voit-il opposer un « contre-théâtre » démystificateur où ce qu'on appelle le «peuple” partirait en quête d'une balbutiante autonomie ?

On ne peut pas douter du caractère politique de la langue que firent parler les Parisiens contre le ministère, lors des barricades d'août 1648. « Logiques de la foule ». « Révoltes logiques ». Le logos séditieux se déploie en marge de l'historicité. Ses lois ne font pas appel à un développement historique, regrès ou progrès, elles dérivent des relations qu'entretiennent les divers foyers producteurs de représentations communes, de modèles de pensée et de comportement civiques.

Summary

Summary

Our differences in approach were agreed upon already at that time. The barricades built by the Fronde demonstrate the persistence of institutionalized communitarian structures (chains, the bourgeois militia, and so on) within the Parisian populace when confronted with the fiscal offensive mounted by the Regency of Anne d'Autriche. Councillor Broussel symbolized these contestatory potentialities as much because of his own life story as because of the stances he adopted in Parliament. The conjunctural confrontation between bourgeois privilege and the monarchy in search of absolutism high-lighted an antagonism between two coherent Systems of political representation. But its aftermath and the lesson to be learned from the barricades crisis can be found in the rapid vanishing of any political stakes whatsoever.

Type
La Contestation Urbaine
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 45 , Issue 2 , April 1990 , pp. 397 - 422
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1990

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References

Notes

Pour diminuer le nombre de notes, on a simplement mentionné entre parenthèses les auteurs des citations tirées des Mémoires les plus connus : Cardinal De Retz, Mémoires, t. 1, 1613-1649, Simone Bertière éd., Paris, Garnier, 1987, pp. 299-324. Mémoires de Joly, Guy, Collection des Mémoires relatifs à l'Histoire de France, Petitot, M. éd., t. XLVII, Paris, Foucault, 1826, pp. 7–36.Google Scholar Mémoires de Madame De Motte Ville, ibid., t. XXXVIII, 1824, pp. 4-28. « Relation véritable de ce qui s'est passé de plus remarquable en la sédition arrivée à Paris, le 26 août 1648 » par Marie Dubois, Alphonse Feillet éds, Revuedes Sociétés Savantes des Départements, 4e série, t. II, 1865, pp. 324-337. Journal des Guerres civiles de Dubuisson-Aubenay, 1648-1652, Gustave Saige éd., Paris, H. Champion, t. 1, 1883, pp. 49-57. Journal de Jean Vallier, Henri Courtéault et Pierre De Vaissière éds, Paris, t. 1, 1902, pp. 86-99. Journal d'Olivier Lefevre d'Ormesson, Adolphe CHéruel éd., Paris, Imprimerie Nationale, t. 1, 1860, pp. 555-570. Mémoires d'Orner Talon, A. Petitot et Monmerqué éds, Collection des Mémoires…, seconde série, t. LXI (2), Paris, 1827, pp. 243-260. Journal contenant ce qui s'est passé en la cour du Parlement de Paris, toutes les chambres assemblées, BN, Lb 374, Paris, 1649, pp. 65-75. Registres de l'Hôtel de Ville de Paris pendant la Fronde, Le Roux De Lincy et Douët D'Arcq éds, Paris, Renouard, t. 1, 1846, pp. 13-38.

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19. AN, R2 56, papiers du duc de Bouillon.

20. Pierre Petit, op. cit., note 12, pp. 13-14.

21. Quelques exemples, AN, ZIH 385, 20 juin 1631, la dizaine de la place Royale compte 400 bourgeois environ; ZIH 388, 7 mai 1643, ancien faubourg Saint-Honoré enclos, 350 hommes; Ibid., 15 juillet 1645, les dizaines du faubourg Saint-Germain, «les moindres estant de plus de deux cens bourgeois » ; ZIH 389, 17 septembre 1647, rôle des bourgeois et habitants de la dizaine de Moreau le jeune au faubourg Saint-Antoine, 428 cotisés ; Registres de l'Hôtel de Ville…, t. 2, p. 389, 16 juin 1652, une compagnie du quartier des Halles, 99 bourgeois «propriétaires et locataires », H2 1905 ‘, 4 juin 1652, une compagnie des faubourgs Saint-Jacques et Saint-Michel, « sept à huit cents hommes pour le moins»; H2 19052, 7 avril 1653, compagnie de d'Aligre au quartier Saint-Honoré (rue de l'Arbre sec…), « près de cinq cents habitants » ; Ibid., compagnie de Langlois (rue Saint-Honoré), « s'estant trouvé plusieurs fois plus de cinq cents bourgeois en garde » ; ZIH 390, 27 novembre 1654, la compagnie du Marché Neuf et de la rue Neuve Saint-Louis est divisée en deux parce qu'elle compte plus de 600 familles…

22. Un point de vue différent dans Jean-Louis Bourgeon, « L'île de la Cité pendant la Fronde. Étude sociale », Mémoires. Paris et Ile-de-France, t. XIII, 1962, pp. 66 et suivantes. L'interprétation ici développée s'appuie en particulier sur la jurisprudence de la juridiction de l'Hôtel de Ville, AN, ZIH 155, 157, 158, pour la Fronde ; ZIH 86 à 96 pour la période 1587-1598 ; ZIH 117 (1615) et 142(1636)…

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24. BN, f. fr. 20 290 f° 334.

25. Ibid., f° 333 (énumération la plus complète). Voir aussi Archives des Affaires Étrangères, Mémoires et Documents, France, 860 (papiers de Chavigny), « Relation de partie de ce qui s'est passé à la sédition des barricades de Paris », f° 130-133. BN, f. fr. 20 155 f° 348-349 « Relation de tout ce qui s'est passé à Paris depuis midi du 26 août jusqu'à minuit du 28 ». Indications aussi dans les Mémoires publiés.

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