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L'Église russe à l'aube du « Siècle des Lumières »

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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A l'avènement de Pierre, l'Église russe vient de vivre l'une des périodes les plus troublées mais aussi les plus fécondes de son histoire. Le « raskol », schisme provoqué par la révision des Livres Saints, a mis en lumière la nature violente et formaliste du sentiment religieux populaire, incarné par Awakum. En même temps, l'ambition du patriarche Nicon, hanté par des rêves de théocratie et, à l'opposé, la ferme détermination du tsar Alexis, désireux de sauvegarder l'indépendance du pouvoir temporel, ont posé le problème des rapports entre l'Église et l'État.

Enfin, l'apogée de la vie intellectuelle, dans une province au moins de l'Église orthodoxe, se situe probablement entre l'avènement d'Alexis et celui de Pierre : c'est alors la grande époque de l'Académie ecclésiastique de Kiev, foyer de culture occidentale, d'où un humanisme encore mal dégagé de la gangue scolastique, mais pourtant relativement novateur et hardi, rayonnera bientôt jusque dans la capitale, tirée ainsi malgré elle du « farouche isolement » qui lui apparaissait comme le gage le plus sûr de son orthodoxie.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1965 

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References

page 443 note 1. Cf. Ključevskij, , Pierre le Grand et son oeuvre, Paris, 1958, pp. 5255 Google Scholar et S. G. Runkevič, Arhieri petrovskoj epohi v ih perepiske s Petrom Velikim, S.P.B., 1906, p. 7. (Les archevêques de l'époque de Pierre et leur correspondance avec le Tsar.)

page 443 note 2. D'après Golikov, Dejanija Petra Velihogo (Actes de Pierre le Grand). Éd. 1843, t. XV, p. 211.

page 444 note 1. Cf. Oukaze de 1702, proclamant officiellement la tolérance en matière de religion. P.S.Z. (Recueil complet des lois), t. IV, n° 1919. Politique de Pierre (que prolonge celle d'Anna) vis-à-vis du raskol dans Titlinov, B. V., Pravitel'stvo imperatricy Anny v ego otnošenijah k delam pravoslavnoj čerkvi, Vilno 1905 Google Scholar (Le gouvernement d'Anna dans ses rapports avec l'Église orthodoxe), pp. 419-428.

page 444 note 2. Cette théorie de Tatiščev, diffuse à travers toute 1’ « Histoire » est bien analysée par P. Znamenski, « Istorija rossijskaïa V.N. Tatiščeva v otnosenjah k russkoj čerkovnoj istorii » (L' « Histoire de la Russie » de Tatiščeva dans ses rapports avec l'histoire de l'Église russe), dans les Travaux de l'Académie ecclésiastique de Kiev, 1851, t. I, pp. 197-8.22

page 445 note 1. Exposé très complet de cette question dans Titlinov, op. cit., pp. 327-855.

page 445 note 2. Sur le détail de ces réformes, V. Očerki istorii SSSB (Précis d'Histoire de l'U.R.S.S.), premier quart du XVIIIe, pp. 871-881. Le dépouillement du clergé au profit de l'État s'achèvera sous Catherine Il.

page 446 note 1. Vains efforts du gouvernement, sous Pierre et sous Anna, pour faire instruire les enfants des popes, d'après Titlinov, op. cit., pp. 873-400. Plaintes d'un Pope à qui on a arraché ses enfants. Page 899 : « Oh ! enfants de mon cŒur, on ne vous a pas pris « pour l'instruction, mais pour un tourment sans fin. J'aurais préféré vous enfouir « de mes propres mains dans la terre que vous livrer au séminaire, pour votre malheur. » Il faut préciser que les élèves, en cas d'incapacité ou de négligence, étaient transférés du séminaire au régiment.

Thèmes de sermons recommandés par la propagande officielle : Cf. Pekarskij, Nauka i literatura pri Petre Velikom, 1862, t. I. (La science et la littérature sous Pierre le Grand), p. 402 (Sermon d'un prédicateur « éclairé », Kohanovskij, sur la fainéantise et la lâcheté des moines.)

page 447 note 1. Sur toute cette affaire, V. B. Kafengauz, Posoškov, Moscou, 1951, chap. III, pp. 20-36 et N. A. Baklanova, t Tetrady starča Avraamija » (Les cahiers du starec Avraam), dans Istoričeskij Arhiv (Archives historiques), 1951, n° IV, p. 130. Sur l'entrée de Pierre dans sa capitale après la victoire d'Azov, cf. Ustrjalov, Histoire du règne de Pierre Ier , t. II, pp. 299-802.

page 447 note 2. Cf. Očerki (op. cit.), premier quart du XVIIIe siècle, p. 422.

page 449 note 1. Sur Avramov, voir l'intéressant article de l'historien de la littérature A. N. Pypin, « Pervoe vremja posle Petra Velikogo » (Au lendemain du règne de Pierre : Théophane, Avramov, Kantémir, Tatiscev) dans Vestnik Evropy (Messager de l'Europe), 1895, t. I, pp. 282-287. (Abondants extraits de la « Confession » d'Avramov) ; et Čistovič, Theophan Prokopovič i ego vremja, Moscou, 1868, (Théophane Prokopovič et son temps), pp. 261-268.

page 450 note 1. Documentation abondante sur l'hérésie et Tveritinov dans l'article, d'ailleurs inachevé, de N. S. Tihonbavov, « Moskovskie volnodum'cy v načale XVIII veka » (Les libres penseurs à Moscou au début du XVIIIe siècle), dans Sočinenija (œuvres), Moscou, 1898, vol. II, pp. 157-805 ; et l'article du Dictionnaire biographique russe, 1912 (tome Suvorov-Tkačev).

page 451 note 1. Sur Théophane et ses rapports avec les Markovič et Goličyn, V. Čistovič, Moscou, 1868, pp. 21-28. Texte de Bayer cité, ibid., p. 617.

page 452 note 1. Sur l'importance et la nature de cette renaissance kiévienne et son influence à Moscou, v. l'œuvre essentielle de Platonov, Moskva i zapad (Moscou et l'Occident), Berlin, 1986, pp. 138-146, et le premier chapitre du livre de Pekarskij déjà cité. Très utile aussi Rajkov, B. E., Očerki pogeliosentričeskogo mirovozzrenija v Rossii (Essai sur la conception héliocentrique du monde en Russie), Moscou, 1947, pp. 118181.Google Scholar

page 452 note 2. Sur les conflits « grecs-latins », cf. I. E. Zabelin, « Pervoe vdovorenie v Moskve grecolatinskoj i evropejskoj nauki » (Première implantation à Moscou de la culture gréco-latine et européenne). Discours prononcé à la session de la Société Impériale d'Histoire le 19 avril 1886 ; ainsi que Pekarskij et Platonov, op. cit.

page 454 note 1. Les deux académies deviennent, sous Pierre et surtout sous Anna, des pépinières de spécialistes et les recteurs se plaignent qu'on leur enlève avant la fin des études (classe de théologie) leurs meilleurs élèves. Cf. Rajkov, op. cit., p. 136. Sur les carrières des « anciens » de l'Académie de Moscou (parmi eux le mathématicien Magnickij, le géographe et explorateur KraSeninnikov), Smirnov, V., Istorija slavjano-greco-latinskoj akademii (Histoire de l'Académie slavo-gréco-latine), Moscou, 1885, p. 244 sq.Google Scholar

page 455 note 1. Sur Stéphane, outre l'article de Tihonravov déjà cité, Serech, V. J., « Stephan Iavorskij and the conflicts of ideologies in the age of Peter I », dans Slavonic and East-European Review, déc. 1951, pp. 4062 Google Scholar, et l'œuvre capitale pour toutes ces questions : N. Morozov, « Theophan Prokopovič kak pisatel' » (Théophane Prokopovic comme écrivain), série d'articles dans la revue Journal (Žurnal) du Ministère de l'Education Nationale, 1880, n08 II, III, V, VI, VII, IX. (Sur Iavorskij en particulier, VI, p. 263, et VII, p. 83 sq.) Sur les influences catholiques à Kiev, op. cit., p. 34.

Rapports de Pierre et de la Sorbonne et question de la réunion des Églises : Morozov, pp. 298-298, et VII, pp. 47-49. Voir les brochures très orientées mais bien documentées des Pères jésuites : Pierling, , La Sorbonne et la Russie, Paris, 1882 Google Scholar ; et Gagarin, , L'Impératrice Anne et les catholiques en Russie, Lyon, 1878.Google Scholar

page 455 note 2. Serech, op. cit., pp. 55-56. Extraits des sermons.

page 456 note 1. Toute la documentation sur le conflit à propos de Tveritinov se trouve dans Tihonravov, op. cit., dont Serech conteste les thèses.

page 456 note 2. Sur Prokopovič, outre Čistovič (op. cit.) et Morozov, il existe un essai de Plehanov dans Istorija russkoj obščstvennoj mysli (Histoire de la pensée sociale russe), t. XXI des « œuvres », et un très pénétrant article de Franco Venturi, « Feofan Prokopovič », Cagliari, 1953.

page 457 note 1. Débuts de la carrière de Théophane, premiers sermons en l'honneur de Pierre dans Morozov, op. cit., III, pp. 127-132 ; Venturi, pp. 1-10 ; Pekarskij, op. cit., p. 484. Cours de théologie longuement analysé dans Morozov, voir pp. 107, 159. Texte du poème sur Galilée, ib., p. 141. Texte sur l'héliocentrisme, voir p. 124. Sur Lomonosov et Théophane, voir Pekarskij, op. cit., p. 490.

page 458 note 1. Cf. le traité Rotsysk istoričeskij… o pontifikse (montrant comment et dans quel sens les Empereurs romains, païens puis chrétiens, se proclamaient pontifes, c'est-àdire prêtres suprêmes de toutes les religions et dans quelle mesure les souverains (gocudary) chrétiens peuvent s'attribuer ce titre… Morozov, VII, p. 29.

page 458 note 2. Cf. Lettre à Markovič de 1720 (Čistovič, op. cit., pp. 47-48) et Introduction au « Règlement ecclésiastique » dans Morozov, VII, p. 334.

page 458 note 3. Cf. L'ensemble du « Règlement » (voir Morozov, pp. 7-11. Sur les reliques, ibid., voir pp. 132-133. Sur le monachisme, voir Morozov, VII, pp. 25-26. On sait que Pierre fit tout pour limiter le recrutement monastique et voulut même à un moment le tarir complètement (Ukaz de 1723 interdisant les prises d'habit). Devant l'échec de cette mesure, contraire à la lettre même de la religion orthodoxe (tout Pope devenu veuf rentrant en théorie en religion), du moins essaya-t-il d'utiliser les monastères, envahis, sous son règne, par les malades, les invalides qui y introduisaient des manières de soudards. Cf. Titlinov, op. cit., pp. 272-827.

page 459 note 1. Cf. Morozov, op. cit., VI, p. 298 et VII, pp. 47-49.

page 459 note 2. Cf. Venturi, op. cit., p. 13.

page 460 note 1. Cf. Introduction à la Pravda ; citée par Morozov, VIII, p. 319.

page 461 note 1. Pour l'apologie de l'autocratie, voir outre la Pravda, le Slovo o vlasti i lesti carskoj (Discours sur le pouvoir et la gloire du Tsar) et, postérieur au règne de Pierre, le Discours pour le jour du couronnement de 1731. Extraits et commentaires dans Morozov, op. cit., VIII, pp. 31-32 et IX, pp. 20-30. Voir aussi Lappo-Danilevskij, Ideja gocudarstva v Rossii (La notion d'État en Russie), 1914, pp. 28-30. Enfin analyse très détaillée — mais purement juridique — de la Pravda dans G. Gurvič, Pravda voli monaršej u ejo zapadno-eoropeiskie istočniki (Le « droit de la volonté du Monarque » et ses sources occidentales).

page 461 note 2. Venturi, op. cit., p. 10.

page 462 note 1. Čistovič (op. cit.) parle, à propos de cette terreur, dont il décrit le déroulement, de « Théophanovščina ». Prokopovič y recourut contre ses adversaires traditionalistes et même contre ses anciens condisciples de Kiev pour défendre l'œuvre religieuse de Pierre, menacée par la réaction.

page 463 note 1. Sur cette « période synodale » de l'histoire de l'Église russe et le refuge de la vie spirituelle et mystique dans les monastères (ex. de Saint-Tyhon au XVIIIe siècle), cf. Meyendorff, L'Eglise orthodoxe hier et aujourd'hui, Paris, 1960.

page 464 note 1. Nicolas Berdiaev développe cette idée, d'ailleurs classique, dans Les sources et le sens du communisme russe, édité en français dans la Collection « Idées », 1963, p. 82 sq.

page 464 note 2. Sur ce renouveau à fondement intellectuel, à la fois esthétique et philosophique, cf. Pascal, P., « Les grands courants de la pensée russe contemporaine », dans Cahiers du Monde russe et soviétique, janvier 1962, pp. 3138.Google Scholar