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L'Eglise et le « mépris du monde »

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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On ne pouvait pas espérer pénétrer la mentalité du Moyen Age tant que l'on écartait, sous l'étiquette « thème banal de sermon », les textes les plus volumineux qu'il nous a laissés, en latin et même en langues vulgaires. Cette masse même, qui paraissait cacher la réalité profonde des faits sociaux, ne pouvait être, en vérité, sans signification. Il fallait aborder franchement cette abondante littérature abstraite, et, renonçant aux subtils plaisirs que donne la recherche des symboles moraux dans la littérature narrative, il fallait se décider à chercher ce que les auteurs du Moyen Age disaient quand, directement et simplement, ils prétendaient parler morale. Il fallait surtout donner un sens à cette analyse en ne ramenant pas, comme l'ont fait trop de pieux érudits du XIXe siècle, les idées des auteurs médiévaux à des thèmes vagues qui nous paraissent sans originalité, mais au contraire en opposant les conceptions de nos ancêtres à celles de notre époque, en montrant ces différences avec nous dont la prise de conscience nous permet seule de comprendre une âme étrangère.

Type
Notes Critiques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1965

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References

page 1006 note 1. Robert Bultot, La doctrine du mépris du monde, de saint Ambroise à la fin du XIIe siècle, thèse de l'Université de Louvain, 1960, 8 volumes dactylographiés (un exemplaire peut être consulté à Paris, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes).

page 1007 note 1. Robert Bultot, Christianisme et valeurs humaines, A. La doctrine du mépris du monde en Occident, de saint Ambroise à Innocent III, tome IV, le XIe siècle, vol. 1 : Pierre Damien, 144 p., in-12° ; vol. 2 : Jean de Fécamp, Hermann Contract, Roger de Caen, Anselme de Canterbury, 148 p., in-12, 1964 (éd. Nauwelaerts, Louvain et Paris). Ces deux fascicules seront indiqués dans les notes suivantes par les références : IV-1 et IV-2.

page 1007 note 2. Cette incessante prétention à connaître « l'essence », le « sens profond » des choses (l'amour, l'enfance, etc.) paraît enfantine à première lecture, mais, à la réflexion, un refus aussi enthousiaste du scepticisme a quelque chose d'admirable.

page 1007 note 3. IV-2, pp. 50 à 72. Dans la note 1 de la p. 50, lire : Mozley (sans de).

page 1008 note 1. IV-l, pp. 31-33.

page 1008 note 2. IV-l, pp. 60-62, note 152.

page 1008 note 3. Par exemple M. Brezzi : voir IV-l, notes 66 et 193.

page 1008 note 4. IV-l, pp. 44, 51, 138. Le second fascicule paraît préférer le mot ambiguïté : progrès voulu ?

page 1008 note 5. Sans revenir à l'ancienne théorie de la « signification centrale du mot », la linguistique contemporaine aperçoit les dangers de la notion de « polysémie », au nom de laquelle on risque de définir arbitrairement des oppositions absentes du système formel de la langue : cf. par exemple (bien qu'il n'emploie pas jle terme) Benveniste, E., « Problèmes sémantiques de la reconstruction », dans Linguistics to-day, New-York 1954, pp. 131134 Google Scholar. Il y a souvent chez M. Bultot, selon la formule de M. Benveniste, ce transposition illégitime des valeurs d'un système sémantique dans un autre ».

page 1008 note 6. Thèse polycopiée, pp. 18-32. En fait, désigne toujours la même chose chez saint Paul : l'ensemble des hommes en tant qu'ils ne sont pas encore régénérés par la venue du Christ. Chez saint Jean aussi : M. Bultot (IV-l, p. 47, n° 94) introduit, à propos de I Jo, I I , 15-17, une distinction factice, absente du texte de l'épître. Notons du reste que ses exégèses s'appuient sur des théologiens de valeur inégale : l'ouvrage de l'abbé Daubercies, La condition charnelle, Tournai, 1959, est jugé sévèrement par Dom Botte, Bull, de Théol. anc. et médiév., 1963, t . IX, pp. 321-322.

page 1008 note 7. IV-l, p. 55.

page 1008 note 8. IV-l, p. 88 : « C'est typiquement une position de clercs, étrangers par état aux entreprises profanes » : « les entreprises profanes » dont il est question dans ce passage sont uniquement du domaine de la culture intellectuelle.

page 1009 note 1. Comme dit M. Bultot lui-même (IV-1, p. 74). Parler de paille et de poutre serait excessif, mais on sourit.

page 1009 note 2. IV-1, p. 100.

page 1009 note 3. L'ouvrage célèbre de Denis De Rougemont, L'amour et l'Occident, malgré certaines naïvetés, reste vrai pour ce fait capital.

page 1009 note 4. IV-2, p. 115. En fait, il pose rarement le problème.

page 1009 note 5. M. Bultot a bien vu lui-même cette notion d’ « hérésie par l'action » chez saint Bernard, dans son article sur « Saint Bernard, la Somme le Roi et le double idéal antique de la magnanimité » (Cíteaux, 1964, t . XV, fasc. 3, pp. 247-253). Saint Bernard, sur ce point, ne fait que dégager une idée latente chez les réformateurs grégoriens.

page 1009 note 6. On pourrait cependant en retrouver les prolongements chez les défenseurs de l'Empereur contre le Pape, dans les Libelli de Lite.

page 1009 note 7. Je prends ce mot dans un sens très large : la « simonie », pour les moralistes médiévaux, est le fait caractéristique autour duquel se groupent les autres vices du clergé, sa vie « more laicorum ».

page 1010 note 1. IV-l, p. 98, n° 240 et p. 119 ; IV-2, p. 20. La notion de «profit légitime » qui paraît l'inspirer rappelle l'idéal bourgeois du XVIIIe siècle : la façon dont il oppose (IV-l, p. 56) les « préoccupations d'ordre économique » des riches à leurs « manifestations répréhensibles de l'orgueil de classe » ferait sourire le moins marxiste des historiens d'aujourd'hui.

page 1010 note 2. IV-l, p. 54, n° 129.

page 1010 note 3. IV-l, p. 42, n° 74.

page 1010 note 4. IV-l, p. 58.

page 1010 note 5. IV-2, p. 98.

page 1010 note 6. IV-2, p. 120. Il faut lire Gunhild et non Mathilde à la ligne 4.

page 1010 note 7. IV-2, p. 124.

page 1010 note 8. Historia Ecclesiastica, livre IV, passim.

page 1011 note 1. Texte cité dans IV-1, p. 108.

page 1011 note 2. IV-2, pp. 113-114.

page 1011 note 3. IV-2, pp. 126-127.

page 1011 note 4. IV-2, p. 123, note 148. M. Bultot souligne très honnêtement qu'il ne s'agit pas des Croisades.

page 1011 note 5. Cf. mon article : « Des « trois fonctions » aux « trois états » ? », dans les Annales E.S.C., septembre 1963, pp. 933-938, en particulier p. 934.

page 1011 note 6. Il voit bien pourtant que « le mépris du monde, loin d'être un thème scolaire, un lieu commun dépourvu de prise sur les existences, était une réalité vivante, un principe d'action » (IV-2, p. 74).

page 1011 note 7. IV-2, p. 87.

page 1012 note 1. Les vues présentées ici sur l'érémitisme du XIe siècle se sont dégagées au sémi naire d'études de MM. J. Le Goff et R. Philippe en 1961-1962 (École Pratique des Hautes Études, 6e section).

page 1012 note 2. Sacrorum Conciliorum Nova et Amplissima Collectio, t. XIX, col. 425 D. Sur l'hérésie d'Arras, voir en dernier lieu Russel, J. B., « A propos du synode d'Arras en 1025 », Revue d'Histoire Ecclésiastique, LVII, 1962, pp. 6687 Google Scholar. Mais peut-être lui donne-t-on trop facilement l'étiquette « cathare ». La plupart des hérésies du XIe siècle ont sans doute subi une influence orientale, mais ici l'essentiel du manichéisme n'apparaît pas ; et les hérétiques de cette époque devaient être souvent difficiles à distinguer des ermites et des réformateurs grégoriens.

page 1012 note 3. Cf. Werner, Ernst, Pauperes Christi, Leipzig, 1956.Google Scholar

page 1012 note 4. Car, lorsque ces auteurs parlent du « monde », ils pensent essentiellement aux rois, aux comtes, aux évêques « charnels a. Voir les textes cités : IV-2, pp. 19 et 100.

page 1013 note 1. IV-l, p. 76, n° 189.

page 1013 note 2. IV-l, pp. 71 et 141.

page 1013 note 3. C'était le nom fréquemment donné à la vie contemplative à l'époque considérée. Certes, M. Bultot paraît admettre la vie contemplative, mais d'assez mauvais gré, comme une sorte de vocation anormale réservée à une minorité qui n'est même pas pour lui une élite.

page 1013 note 4. Il est piquant de voir M. Bultot dire qu’ « il n'est pas honnête de répondre sur le plan des principes » à celui qui critique sur la base des faits (IV-l, p. 10), et, deux pages plus loin, qu'il ne faut pas « raisonner dans l'abstrait ». On pourrait lui demander (puisqu'il aime bien lui-même lancer des flèches empoisonnées de venin freudien) s'il ne transfère pas sur autrui une auto-critique inconsciente.

page 1013 note 5. Ils n'auraient pas pu concevoir l'idée d'une « Église idéale » réalisée sur terre, idée fondant une des objections de M. Bultot (IV-2, p . 88).

page 1013 note 6. IV-2, p. 30.

page 1013 note 7. IV-l, pp. 95-96.

page 1013 note 8. IV-2, pp. 45-46.

page 1014 note 1. IV-l, p. 7.

page 1014 note 2. En pensant à ces chrétiens qui croient devoir mettre leur foi au second rang, derrière une certaine « vérité objective de l'homme » qu'ils trouvent dans l'état de la pensée et de la science à leur époque. Voir IV-l, pp. 9-10 : « la vérité de l'homme, dont les droits sont absolus », opposée à « la « vérité » du Christianisme » (celle-ci entre guillemets) ; p. 66 : « Situation qui s'impose antérieurement à toute prise jde position » (comme si la « situation de l'homme dans le monde » pouvait être perçue sans prise de position) ; p. 71 : « vérités naturelles objectives » (à opposer aux « résidus d'une pensée mythique », p. 114, n° 285 : si la pensée mythique ne correspond à aucune réalité profonde, les religions ont-elles un sens ?)