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Le sacre du roi : stratégie symbolique et doctrine politique de la monarchie française

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Marina Valensise*
Affiliation:
EHESS-Institut Raymond Aron Université di Roma

Extract

Parmi les nombreux thèmes qui permettent d'étudier la royauté comme système symbolique de représentation du pouvoir, le sacre est sans doute celui qui retient le plus la curiosité de l'historien. Réalité polymorphe et complexe, le sacre se prévaut d'une gamme d'attributs si riche qu'il apparaît comme un objet d'analyse idéal.

Repris au début de chaque règne tout au long de l'histoire plus que millénaire de la monarchie française, le rituel de l'onction et du couronnement paraît avoir défié le temps, tout en ne cessant de se modifier. Figure obligée dans la tradition immémoriale de la royauté dont il a fini par devenir synonyme, le sacre connaît pourtant et l'innovation et les transformations. Depuis les origines carolingiennes, il est considéré comme l'acte qui confère au roi la grâce divine, légitimant ainsi l'usurpation de Pépin le Bref. Pendant le Moyen Age, lorsque le rite de l'onction est associé à celui du couronnement, le sacre devient la synthèse d'une double légitimation, l'une transcendante, l'autre fondée sur la reconnaissance des hommes.

Summary

Summary

The unction and crowning ceremony—considered as a synonym of royalty and an ahistorical mystery of royalty's symbolic strenght—nonetheless has a history. Far from being a gesture which was always identical and faithful to itself, the coronation went through incessant transformation in its morphology. We can see in it the work of semantic erosion and continual change which allowed it to adapt to the legal and political evolution of the French monarchy.

A diachronic analysis of its transformations and the controversy it raised at the time of Louis the Sixteenth's coronation in 1775 show the last possible dynamism of this archaic representation of the power incarnated in the king, before the dissolution of the monarchy during the revolution. This analysis points out the inherent limits to the efforts mode to reconstruct an unequivocal and infallible history of the monarchy's political doctrine so as to rationally found the historical rights of kings.

Type
L'Idéologie Royale
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1986

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References

Notes

Cet article est la nouvelle version d'une étude parue dans les Annali délia Fondazione Luigi Einaudi, t. XVI, 1982, réflexion née au sein du séminaire à l'EHESS animé par François Furet et Mona Ozouf. A ma dette envers eux qui, depuis, n'a fait que croître, s'ajoute celle envers Jacques et Michèle Revel qui ont parfaitement traduit mon italien. Qu'ils trouvent ici le signe de ma reconnaissance.

1. Michelet, Jules, Histoire de la Révolution française, 2 vols, Paris, La Pléiade, Paris, 1952,Google Scholar livre IX, chap. vu, t. II, p. 95. Sur l'interprétation de la Révolution par Michelet, Lefort, Claude, « Permanence du théologico-politique ? », Le temps de la réflexion, t. II, 1981, pp. 13-60.Google Scholar

2. Kantorowicz, Ernest H., The King's Two Bodies. A Study in Mediaeval Political Theology, Princeton, 1957.Google Scholar Sur cet ouvrage, cf. Gauchet, Marcel, « Des deux corps du roi au pouvoir sans corps. Christianisme et politique », Le Débat, n° 14, 1981, pp. 133157,Google Scholar et n° 15, 1981, pp. 147-168.

3. Gierke, Otto Von, Johannes Althusius und die Entwicklung der naturrechtlichen Staatstheorien, Breslau, 1880.Google Scholar L'opus magnum du grand historien allemand, Das deutsche Genossenschaftsrecht, 4 vols, Berlin, 1868-1913, reste une référence indispensable.

4. Giesey, Ralph E., The Royal Funeral Ceremony in Renaissance France, Genève, 1960.Google Scholar Hanley, Sarah, The Lit de Justice of the Kings of France. Constitutional Ideology in Legend, Ritual and Discourse, Princeton, 1983.Google Scholar Jackson, Richard A., « Vivat Rex » : a History of the French Coronation Ceremony from Charles V to Charles X, Chapel Hill, 1984.Google Scholar Bryant, Lawrence M., The French Royal Entry Ceremony : Politics, Society and Art in Renaissance Paris, Ann Arbor, University Microfilm, 1978.Google Scholar

5. Je pense notamment à la légitimation des enfants naturels de Louis XIV et à leur élévation à la succession à la couronne en cas d'extinction de la race régnante. Ces dispositions royales révèlent le point extrême et en même temps la crise de l'absolutisme en matière de droit public. Elles méritent une analyse systématique que j'espère, un jour, pouvoir publier. Pour un inventaire des pièces concernant ce sujet, Saguez-Lovisi, Claire, Les lois fondamentales au XVIIIe siècle. Recherches sur la loi de dévolution de la couronne, Paris, 1983.Google Scholar

6. Menin, Nicolas, Traité historique et chronologique du Sacre et couronnement des rois et reines de France, Paris, 1723, p. 175.Google Scholar Sur le problème de la légitimité de la succession dans la monarchie française : Goesey, R. E., « The Juristic Basis of Dynastie Right to the French Throne », Transactions of the American Philosophical Society, LI, 1961, n° 5, pp. 344.Google Scholar

7. Sur la conception médiévale de la transmission du pouvoir royal, Holtzmann, Robert, Franzôsische Verfassungsgeschichte, Munich-Berlin, 1910;Google Scholar Kern, Fritz, Gottesgnadentum und Widerstandrecht im Frùhren Mittelalter : zur Entwicklungsgeschichte der Monarchie, Leipzig, 1914;Google Scholar Post, Gaines, Studies in Mediaeval Légal Thought : Public Law and the State, 1100-1322, Princeton, 1964;Google Scholar Schneidmuller, Berndt, Karolingische Tradition und frtihes franzôsisches Kônigtum, Wiesbaden, 1979.Google Scholar Sur l'interaction des différents ordines du rite du couronnement au Moyen Age, Schramm, Percy E., Der Kônig von Frankreich : Das Wesen der Monarchie vom 9. zum 16. Jahrundert, 2 vols, Weimar, 1939;Google Scholar Bouman, Cornélius A., Sacring and Crowning : The Development of the Latin Ritualfor the Anointing of Kings and the Coronation of an Emperor before the Eleventh Century, Groningen, 1957.Google Scholar

8. Toutefois, dans les actes de la chancellerie royale, c'est à partir de 1142 que l'usage de prendre pour date le jour de la mort du précédent roi devient normal et presque exclusif. Je dois ce renseignement à la courtoisie de Jacques Le Goff.

9. Je suis la datation du traité de Terre Rouge proposée par Lemaire, André, Les lois fondamentales de la monarchie française d'après les théoriciens de l'Ancien Régime, Paris, 1907, pp. 5462.Google Scholar Sur la doctrine juridique de cet auteur, R. E. Giesey, « The French Estâtes and the Corpus Mysticum Regni », dans Maud Cam, Album Helen, Études présentées à la Commission internationale pour l'Histoire des Assemblées d'État, XXIII, 1960, pp. 153171;Google Scholar et aussi Barbey, Jean, La fonction royale. Essence et légitimité d'après les Tractât us de Jean de Terrevermeille, Paris, 1983.Google Scholar

10. Terre Rouge, Jean De, Contra Rebelles suorum regum, Lyon, 1526,Google Scholar Tractatus I, Art. I, Conclusio XV, ff.XVr-v (pp. 88-89 de l'édition de 1585 publiée par François Hotman en appendice à la Diputatio de controversia successionis Regiaé). Sur la légende d'Hincmar, Bloch, Marc, Les rois thaumaturges. Études sur le caractère surnaturel attribué à la puissance royale, particulièrement en France et en Angleterre, Strasbourg, 1924, pp. 224227.Google Scholar Oppenheimer, Francis, The Legend of the Sainte Ampoule, Londres, 1956, pp. 2737.Google Scholar Dévisse, Jean, Hincmar, archevêquede Reims, 842-882, 3 vols, Genève 1976, t. II, pp. 10081054.Google Scholar

11. Le protocole observé aux XVIIe et XVIIIe siècles avait été établi en 1610 lors du sacre de Louis XIII. On peut le lire, sous le titre de Formulaire moderne qui s'obserue au Sacre et couronnement des roys de France… Recueilly exprès pour seruir au Sacre du Roy Louis XIII, dans le grand recueil in-folio de documents sur les cérémonies royales par Théodore et Godefroy, Denys, Le cérémonial français, 2 vols, Paris, 1649.Google Scholar Sur la rationalisation de ces codes de civilisation, Elias, Norbert, Uber den Prozess der Zivilisation : Soziogenetische und Psychogenetische Untersuchungen, 2 vols, Francfort-sur-le-Main, 1977 Google Scholar (trad. frse, La civilisation des moeurs, Paris, 1973 ; La dynamique de l'Occident, 1976) ; Id., Die hôfische Gesellschaft : Untersuchungen zur Sociologie des Kônigtums und der hôfischen Aristokratie mit einer Einleitung. Soziologie und Geschichtswissenschaft, Neuwied-Berlin, 1969 (trad. frse, La société de cour, Paris, 1975) ; et Ranum, Orest, « Courtesy, Absolutism and the Rise of the French State (1630-1660) », Journal of Modem History, LU, 1980, n° 3, pp. 426451.Google Scholar Au XVIIIe siècle un nouveau recueil de documents par Dumont, Jean, Le cérémonial diplomatique des cours de l'Europe, Amsterdam, 1739,Google Scholar continue l'oeuvre des Godefroy, tout en lui donnant une dimension cosmopolite. Ces deux recueils ont été utilisés pour établir le protocole du Sacre de Louis XVI en 1775 que je suis ici d'après l'Ordre de la marche et des cérémonies qui seront observés au Sacre et couronnement de Sa Majesté Louis XVI, par Moreau LE Jeune, Paris, 1775 (B.N., Lb 39 181), et d'après Pons Alletz, Augustin, Cérémonial du Sacre des rois de France, Paris, 1775.Google Scholar

12. Comme le montre le premier traité sur le sacre des rois de France écrit au xrve siècle par le moine carmélite Jean Golein, OÙ l'on trouve une explication détaillée du triple passage dans la consigne de l'épée : « L'espée mise dedens le fourrel la quele a IL taillans signifie quie prent de Dieu auctorité pour deffendre les bons et pour chastier les mauvais. Le fourrel signifie meurtre de conseil et bonne deliberacion en faiz de guerre. Le pommel signifie la retraite que len doit faire a la foiz par miséricorde et pour ce y est la croix en remembrance de la pitié que le filz de Dieu Roy des Roys et de ses amis et de ses enemis en la croix. La pointe de l'espée signifie que on doit les obstinez anemis estoquer et poindre », édition établie par R. A. Jackson, Proceedings of the American Philosophical Society, CXIII, 1969, n° 4, pp. 305-324 (p. 314 pour le passage cité).

13. R. A. Jackson, op. cit., chap. x, pp. 156-171.

14. Édit portant règlement pour les duchés et les pairies de France, Marly, mai 1711, dans Isambert, F. A., Recueil général des anciennes lois françaises, t. XX, pp. 565569.Google Scholar Trois ans après cet édit, Louis XIV déclare les princes légitimés, le duc de Maine et le comte de Toulouse, capables d'accéder à la couronne en cas d'absence de princes légitimes. En 1717 un nouvel édit de Louis XV annule les dispositions de Louis XIV en faveur de ses enfants naturels, tout en reconnaissant à la nation le droit de choisir un successeur au trône en cas d'extinction de la branche régnante (cf. Isambert, op. cit., t. XXI, pp. 144-148). L'année suivante un édit fixe le rang des princes légitimés selon la date d'érection de leurs pairies : ce qui signifie les placer après les princes du sang en matière de préséances (ibid., pp. 163-166).

15. P. A. Alletz, op. cit., p. 38.

16. Sacre et couronnement de Louis XVI… précédé de recherches sur le Sacre des rois de France et suivi d'un journal historique de ce qui s'est passé à cette auguste cérémonie, Paris, 1775, pp. 95-96.

17. Kantorowicz, E. H., Oriens Augusti - Lever du Roi, Dumbarton Oaks Papers, XVII, 1963, pp. 119177.Google Scholar R. A. Jackson, op. cit., chap. ix, pp. 131-154.

18. Le rituel des funérailles royales montre au xvne siècle la même substitution dans les dispositifs symboliques qui représentent le passage du pouvoir immédiat d'un roi à l'autre : la métaphore du soleil et l'image du phénix remplacent l'effigie du roi mort. E. H. Kantorowicz, op. cit., pp. 395 ss ; R. E. Giesey, op. cit., pp. 177-183.

19. P. A. Alletz, op. cit., p. 54. Dans l'Ordre de la marche des cérémonies, op. cit., p. 9, on ne trouve aucune trace de la demande des évêques. Sur le témoignage du duc de Croy, un des invités au sacre de Louis XVI, d'après lequel cette demande ne figurait plus dans les instructions aux évêques, Haueter, Anton, Die Krônungen der franzôsischen Kônige im Zeitalter des Absolutismus, und in der Restauration, Zurich, 1975, p. 149.Google Scholar

20. Nicolas Sainctot, « Cérémonies du sacre et couronnement du roi Louis XIV à Rheims le 7 juin 1654 », dans J. Dumont, op. cit., t. I, pp. 212-220 : « …les Évêques de Laon et de Beauvais le soulevèrent de sa chaise lorsqu'il fut debout ils demandèrent aux seigneurs assistans et à tout le peuple s'ils l'acceptaient pour Roy. Le silence universel aiant esté un témoignage certain du consentement de tout le monde, il s'assit et se couvrit, et l'officiant luy fit mettre les mains sur les saints Évangiles et luy fit prononcer le serment du Royaume » (p. 214). Pour le sacre de Louis XIII, cf. les « Particularitez obmises aux précédentes relations tirées d'un discours manuscrit », dans Th. et D. Godefroy, op. cit., t. I, pp. 437-458 : « et l'ayant tous unanimement approuvé par leur paisible consentement » (p. 449).

21. « L'ordre observé au Sacre et couronnement du Roy Henri II à Rheims le 28 Iulliet de l'an 1547 », dans Th. et D. Godefroy, op. cit., t. I, pp. 279-293 : « Et après que le dit Seigneur eut fait le serment de Promitto, il fut subslevé de sa chaire par lesdits Euesques de Langres, & de Beauuais. Lesquels estant ains debout, firent contenance de demander au peuple & circonstance s'ils l'acceptoient pour Roy. Et comme ayans receu le consentement du dit peuple, mondit Sieur de Rheims luy fit faire serment du Royaume » (p. 287). Sur ce problème, R. A. Jackson, op. cit., chap. Amsterdam, pp. 115-127.

22. Nicolas DE Thou, « L'ordre observé au Sacre et Couronnement de Henri le Grand, l'an 1594 », dans Th. et D. Godefroy, op. cit., t. I, pp. 346-383 (p. 361). Sur l'utilisation de la thèse de l'électivité de la royauté par les ligueurs, Baumgartner, Friedrich J., Radical Reactionaires : the Political Thought of the French Catholic League, Genève, 1975, pp. 173199 Google Scholar. Le distinguo de de Thou suivait celui du greffier au Parlement de Paris, Jean DU Tillet, Les Mémoires et les recherches, Rouen, 1578, pp. 143-145. Sur cet auteur, Kelley, Donald R., Foundations of Modem Historical Scholarship : Language, Law and History in French Renaissance France, New York, 1970, pp. 215238,Google Scholar et aussi S. Hanley, op. cit., pp. 102-125. La réfutation de la thèse de l'électivité figure aussi chez Le Bret, Cardin, De la souveraineté du Roy, Paris, 1632 Google Scholar (liv. I, chap. IV, p. 27) qui cristallise le sacre dans la dimension purement religieuse, efface le caractère constitutionnel de la confirmation des devoirs réciproques entre le roi et le peuple, et prépare ainsi le passage intellectuel à la doctrine du droit divin. Sur cet auteur, Picot, Georges, Cardin Le Bret (1558-1665) et la doctrine de la souveraineté, Nancy, 1948,Google Scholar et Church, William F., Richelieu and Reason of State, Princeton, 1972, pp. 268286.Google Scholar Dans cette archéologie du droit divin on doit accorder une place essentielle à la propagande des politiques. Si le sacre n'est plus utile à la transmission du pouvoir, ni à la déclaration des principes constitutifs de la monarchie, il aide néanmoins à garder le pouvoir, en le rendant vénérable ; c'est ce qu'on note dans la Satyre Ménipée de la vertu du catholicon d'Espagne et de la tenue des Estatz de Paris, s.l., 1593. Ainsi la mystique ancienne de la royauté théocratique se plie à la politique moderne. Le sacre se transforme en instrumentum regni qui permet au prince d'être craint et aimé par ses sujets.

23. « Les cérémonies du Sacre du Très Chrestien Roy de France et de Nauarre Louis XIII par le Cardinal de Ioyeuse à Rheims le 17 octobre 1610 », dans Th. et D. Godefroy, op. cit., t. I, pp. 404-419 (p. 410).

24. « Formulaire moderne qui s'obserue au Sacre et couronnement des roys de France. Auec toutes les cérémonies, prières, et oraisons… recuilly exprès pour seruir au Sacre du Roy Louis Xiii », dans Th. et D. Godefroy, op. cit., t. I, pp. 52-76 (p. 59) ; pour le deuxième texte, cf. les Particularitez obmises, cités à la note 20 ci-dessus.

25. N. DE Thou, op. cit., p. 369. Pour le sacre de Louis XIII, Th. et D. Godefroy, op. cit., t. I, p. 412. Pour le sacre de Louis XIV et pour celui de Louis XV, J. Dumont, op. cit., t. I, pp. 216 et 226. Dans l'oraison qui accompagne la consigne de l'anneau demeure la signification médiévale de l'emblème : « Recevez cet anneau, qui est le signe de la foi, & de votre dignité royale, la marque de votre puissance, afin que par son secours vous triomphiez de vos ennemis, vous détruisiez l'hérésie, vous teniez vos sujets dans l'union & demeuriez perséveremment attaché à la foi catholique » (P. A. Alletz, op. cit., p. 105). Voir aussi P. E. Schramm, op. cit., p. 239 et E. H. Kantorowicz, op. cit., pp. 212-223.

26. D'après S. Hanley, op. cit., p. 83, la métaphore du mariage entre le roi et son royaume paraît pour la première fois en 1527, dans le discours du président du Parlement de Paris, Jean de Selves, lors du débat sur l'annulation du Traité de Madrid, qui prévoyait la cession de la Bourgogne et d'autres territoires français aux Habsbourg.

27. P. A. Alletz, op. cit., p. 126. Pour le sacre de Louis XIII, Th. et D. Godefroy, op. cit., t. I, p. 414. Pour le sacre de Louis XIV, J. Dumont, op. cit., p. 35. Le 25 octobre 1722, lors du sacre de Louis XV, l'entrée du peuple dans la cathédrale eut apparemment lieu après l'intronisation du roi, ibid, p. 226.

28. Je fais allusion au duc de Saint Simon, dont on peut lire le « Mémoire succint sur les formalités desquelles la renonciation du roy d'Espagne tant pour luy que pour sa postérité doit être revêtue en France pour y être justement et stablement validée », dans Écrits inédits, édition établie par Paul Faugère, 8 vols, Paris, 1880, t. II, pp. 181-408.

29. Selon Turgot, la promesse à l'Église de Louis XVI aurait pu se réduire à cette phrase : « Toutes les Églises de mon Royaume doivent compter sur ma protection. » La formule du serment du royaume aurait dû être : « Je promets à Dieu et à mes peuples de gouverner mon royaume par la justice et par les loix ; de ne jamais faire la guerre que pour une cause juste et indispensable ; d'employer toute mon autorité à maintenir les droits de chacun de mes sujets ; de les défendre contre toute oppression, et de travailler toute ma vie à les rendre aussi heureux qu'il dépendra de moi. » Turgot, A. R. J., OEuvres…, 9 vols, Paris, 1808-1911, t. VII, pp. 314315.Google Scholar La formule traditionnelle du serment du royaume était la suivante : Haec populo Christiano, et mihi subdito, in Christo promitto nomine : In primis, ut Ecclesiae Dei omnis populus Christianus veram pacem, nostro arbitrio, in omni tempore servet. Item, ut omnes rapacitates, et omnes iniquitates, omnibus gradibus interdicam. Item, ut in omnibus iudiciis aequitatem et misericordiam praecipiam, ut mihi et vobis indulgeat suam misericordiam clemens et misericors Deus. Item, de terra mea, ac iurisdictione mihi subdita, universos haereticos ab Ecclesia denotatos pro viribus bonafide exterminare studebo. Haec omnia dicta firmo iuramento : sic me Deus adiuvet, et haec sancta Dei Evangelia. (P. A. Alletz, op. cit., p. 55). Les termes traditionnels de la promesse à l'Église auxquels Louis XVI s'en tint à son sacre étaient : Promitto vobis et perdono, quod unicuique de vobis, et Ecclesiis vobis commissis, canonicum privilegium, et debitam legem, atque iustitiam servabo, et defensionem, quantum potero, adiuvante Deo exhibeo, sicut Rex in suo regno unicuique episcopo, et Ecclesiae sibi commissae, per rectum exhibere débet. (Ibid, p. 53). Sur les tentatives de réforme par Turgot, cf. Pierre Foncin, Essai sur le ministère Turgot, Paris, 1877, et Hermann Weber, « Das Sacre Ludwigs XVI von 11. Juni 1775 und die Krise des “Ancien Régime” », dans Vom « Ancien Régime » zur franzôsischen Révolution, textes édités par E. Hinrichs, R. Vierhaus, E. Schmitt, Gôttingen, 1978, pp. 536-565.

30. De Mairobert, M. F. Pidansat, L'Espion Anglois, ou Correspondance secrète entre Milord All'Eye et Milord All'Ear, 4 vols, Londres, 1779, t. I, p. 343.Google Scholar

31. Flammermont, Jules, Le Chancelier Maupeou et les Parlements, Paris, 1885;Google Scholar Diaz, Furio, Filosofia e politica nel Settecento francese, Turin, 1962, pp. 455 ss ;Google Scholar Egret, Jean, Louis XV et l'opposition parlementaire, Paris, 1970;Google Scholar Doyle, William, « The Parlements of France and the Breakdown of the Old Régime », French Historical Studies, n° 6, 1970, pp. 415458.Google Scholar

32. M. F. Pidansat DE Mairobert, op. cit., p. 351. L'Ami des Lois, Paris, 1775 (BN Lb 38 1071), attribué à l'avocat parisien Claude Martin DE Mariveau, est une tentative de concilier le droit abstrait avec la tradition historique nationale. Il reprend la thèse de l'origine élective de la monarchie en termes semblables à ceux de l'Inauguration de Pharamond, pamphlet anti-Maupeou paru en 1772 par le même auteur du Sacre Royal. Mais il radicalise son propos par un emprunt dogmatique des principes abstraits de la souveraineté populaire. Le Catéchisme du citoyen ou Elemens du droit public français par demandes et réponses, Genève, 1775, par l'avocat bordelais Guillaume-Joseph Saige, inscrit la constitution historique de la monarchie française dans le moule de la théorie politique de Rousseau. Sur ces deux ouvrages, Baker, Keith M., « French Political Thought at the Accession of Louis XVI », Journal of Modem History, L, 1978, nc 2, pp. 279303;CrossRefGoogle Scholar Id., « The Language of Liberty in Eighteenth-Century Bordeaux : Early Writings of Guillaume- Joseph Saige », dans L'Età dei Lumi. Studi storici sul Settecento Europeo in onore di Franco Venturi, 2 vols, Naples, 1985, t. I, pp. 331-370. Sur l'Inauguration de Pharamond et les poursuites judiciaires auxquelles ce pamphlet fut soumis avec les Maximes du droit public de Claude Mey, cf. la première version de cet article, « Rappresentazione dei potere e ideologia délia regalità nella Francia moderna : il Sacre di Luigi XVI », Annali délia Fondazione Luigi Einaudi, t. XVI, 1982, pp. 141-192 (pp. 178 ss).

33. Je discute l'identification de l'auteur du Sacre Royal à Martin Morizot dans la première version de cet article, op. cit., note 60, pp. 177-178.

34. Le Sacre Royal ou les droits de la nation reconnus et confirmés par cette cérémonie, 2 vols, Amsterdam, 1776, t. I, première partie, chap. i, pp. 9-128 : « De la réalité et de la nature du pacte social ». Sur cet ouvrage, Carcassonne, Ëlie, Montesquieu et le problème de la constitution française au XVIIIe siècle, Paris, s.d. (192'7), pp. 471477;Google Scholar A. Lemaire, op. cit., pp. 243-245 ; Echeverria, D., « The Pre-revolutionary Influence of Rousseau's Contrat Social », Journal of the History of Ideas, XXXIII, 1972, pp. 543560.Google Scholar

35. Le Sacre Royal, op. cit., t. I, deuxième partie, chap. I, pp. 1-40 : « La disposition des trônes, et la succession qui y appelle, ne sont autre chose qu'une suite du pacte social qui en fixe les règles » ; t. I, deuxième partie, chap. II, pp. 76-84 : « Le droit de naissance n'est rien autre chose que la promesse de l'élection nationale » ; t. II, troisième partie, chap. IV, pp. 1-75 : «Le droit d'élection intéresse la constitution de la monarchie française ». Sur la compatibilité des notions d'hérédité et d'élection dans la culture juridique du Moyen Age, Bloch, Marc, La société féodale, Paris, 1968, pp. 529537;Google Scholar R. Holtzmann, op. cit., pp. 107 ss. B. Schneidmùller, op. cit., p. 84 et suiv.

36. Le Sacre Royal, op. cit., t. I, deuxième partie, chap. i, pp. 12-13.

37. « Agathias, qui étoit contemporain de Clovis & de ses fils, ne dit pas que dans le Royaume de Francs, les enfans légitimes succèdent à leurs pères par le droit de naissance, mais que les enfans ont l'espérance de recevoir la Royauté ensuite des pères, ou successivement aux pères. Ailleurs il s'est servi du terme de dévolution & jusqu'à deux fois de celui de vocation légale. Conformément à ces idées raisonnables, un autre jureconsulte moderne a dit que tous les Royaumes descendent & sont dévolus par une espèce particulière de succession propre à la Royauté, & qui n'est point fondée sur un droit héréditaire, mais sur le droit du sang (adopté par la nation) en conséquence d'une disposition de la loi ou de la coutume », op. cit., t. I, deuxième partie, chap. i, pp. 27-28.

38. Le Sacre Royal, op. cit., t. II, quatrième partie, chap. V, pp. 57-90 : « Antiquité des fonctions des pairs ». Sur le problème de l'origine de la pairie, Ferdinand Lot, « Quelques mots sur l'origine des pairs de France », Revue historique, LIV, 1893, pp. 3-28 ; Georges DE Manteyer, « L'origine des douze pairs de France », Études du Moyen Age dédiées à Gabriel Monalt, Paris, 1896, pp. 187-200 ; P. E. Schramm, Der Kônig von Frankreich, op. cit., pp. 163-176 ; R. Holtzmann, op. cit., pp. 233 ss.

39. Encyclopédie, art. Sacre (Hist. Mod.), t. XIV, Neufchâtel, 1765, pp. 475-476. Pour une interprétation du Sacre symétriquement inverse à celle examinée, fondée sur la neutralisation de la portée légale du rite, cf. les Essais historiques sur le Sacre et couronnement des rois de France, Paris, 1775, par Louis-Valentin GOËZmann, conseiller du Parlement Maupeou, défini dans Y Espion Anglais (op. cit., p. 354) : « par essence vil esclave du despotisme ».

40. Le Sacre Royal, op. cit., t. II, quatrième partie, chap. v, pp. 169-235 : « Des obligations que le Prince contracte lors de son Sacre, et des sermens dont il les confirme. » Sur l'histoire des serments au Moyen Age, David, Marcel, Le serment du Sacre du IXe au XVe siècle. Contribution à l'étude des limites juridiques de la souveraineté, Paris, 1958.Google Scholar Pour l'époque moderne, De Viguerie, Jean, « Les serments du sacre des rois de France (XVIe, XVIIC, XVIIIe siècles) », dans Clientèles et fidélités en Europe à l'époque moderne, textes édités par Yves Durand, Paris, 1981, pp. 5770.Google Scholar

41. Cocatre-Zilgien, André, « Les doctrines politiques des milieux parlementaires dans la seconde moitié du XVIIIe siècle », Annales de la Faculté de Droit et de Sciences économiques de Lille, II, 1963, pp. 29154.Google Scholar

42. Le Sacre Royal, op. cit., t. I, deuxième partie, chap. I, p. 35. Cette citation, tirée d'une lettre de saint Justin aux Orthodoxes du ne siècle, réapparaît dans la prédication de Fulbert de Chartres, et aussi dans une Ordonnance de la Cour des Aides en novembre 1774, afin d'exprimer l'idée de l'unanimité des volontés qui, seule, garantit la stabilité des États. Ces trois passages ne manquent pas d'être dûment cités.

43. « Précis historique de ce qui s'est passé depuis l'arrivée du roi à Reims jusqu'au jour de son départ ; adressé aux auteurs de ce journal par M.Jlp », Journal Encyclopédique, t. V, août 1775, p. 512.