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Le premier livre de “La Sorcière”

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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“Je me sens profondément le fils de la femme”

Michelet

L'emploi de la psychanalyse dans l'explication de textes, tel que je le proposais dernièrement dans les Annales, consistait pour l'historien à porter, en cours de lecture, une attention raisonnée et continue aux mouvements de son propre cœur. En cela je me plaçais dans une ancienne conception de l'histoire, poétique ou philosophique, selon laquelle, pour reprendre un mot de Jean Brun, elle est une réaction de l'homme moins à sa situation qu'à sa condition.

Le texte que je voudrais ainsi expliquer est le premier livre de la Sorcière. J'invite instamment le lecteur à relire l'oeuvre de Michelet, facilement accessible dans l'édition procurée par Villaneix (Garnier-Flammarion) pour y comparer mon commentaire. Faute de quoi celui-ci, qui ne possède pas de preuves internes, paraîtra arbitraire et simplement illisible.

Type
Inter-Sciences
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971

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References

page 186 note 1. Annales E.S.C., 1969, n° 4 et n° 5 : « Vers une histoire psychanalytique ».

page 187 note 1. Je remercie très vivement Mme Chasseguet Smirgel pour cette relecture et ses remarques si amicales et pertinentes.

page 187 note 2. Au cours de l'année 1968, dans un séminaire tenu à l'E.P.H.E. avec Georges Devereux, Michel Crouzet et Léon Poliakov, nous avons lu ce texte en nous entre-communiquant les échos variés qu'il suscitait en nous. J'introduisais la lecture et tenais les minutes de la discussion. En remettant en ordre ces notes et en rédigeant le présent article, il me semble que ma part a grossi comme si, décidément, ce qui n'avait pas été filtré et retenu par ma propre psyché avait été éliminé ou était resté pour moi dénué de sens. Ce n'est certes pas pour tirer à moi la couverture que je rapporte ces circonstances, ni même pour endosser seul la responsabilité des insuffisances de cet article, mais pour signaler la difficulté d'une tentative de travail collectif en psychanalyse. Derrière le patient, ou devant le texte, on reste seul.

page 188 note 1. Les divisions sont celles de la Sorcière et les titres sont ceux de Michelet. Les citations de Michelet sont en italiques. Quand elles se trouvent dans le chapitre indiqué, je n'en donne pas la référence.

page 188 note 2. Il est notable que le secret de la femme soit pour Michelet moins celui de la génération que celui des menstruations. La féminité, pour lui, c'est la blessure saignante, originelle, l'absence de pénis. C'est ce qui permet à Michelet de s'identifier à la femme, le fantasme homosexuel se réduisant à une érotisation de la castration.

page 188 note 3. A rapprocher de la devise de Michelet, qu'il avait lue sur une épée médiévale : penetrabit.

page 190 note 1. Barthes, R., Michelet par lui-même, Paris, 1954, p. 28 Google Scholar.

page 193 note 1. Freud, S., « Une névrose démoniaque au XVIIe siècle ». dans Essais de psychanalyse appliquée, Paris, p. 230 Google Scholar.

page 194 note 1. Ibid., p. 238. La comparaison avec le président Schreber est parlante. Schreber lui aussi veut avoir des enfants. Lui aussi connaît une expérience de fin du monde, au sortir de laquelle le monde lui apparaît changé. Lui aussi connaît un délire ou le soleil, les arbres, les oiseaux parlent une langue à lui connue. Cf. Freud, , Cinq psychanalyses, Paris, 1966, pp. 269 Google Scholar, 304, 314.

page 195 note 1. « Comme les premières imagos constituées (par la première introjection orale des objets) sont dotées de tous les attributs du violent sadisme qui distingue ce stade de développement, et comme elles doivent être projetées de nouveau sur les objets du monde extérieur, le petit enfant est dominé par la peur de subir de la part de ses objets réels et de la part de son surmoi des attaques d'une cruauté inimaginable. Son angoisse servira à renforcer ses tendances sadiques en le poussant à détruire les objets hostiles pour échapper à leur agression. L'angoisse de l'enfant le pousse donc à détruire son objet, ce qui aboutit à un accroissement de l'angoisse, et celle-ci le presse d'attaquer de nouveau son objet ; ce mécanisme psychologique en forme de cercle vicieux constitue à mon avis la base des tendances asociales et criminelles de l'individu. » Klein, Mélanie, « Le développement précoce de la conscience chez l'enfant », dans Essais de psychanalyse, Paris, 1967, p. 299 Google Scholar.

page 199 note 1. Stéphane, André, l'Univers contestationnaire, Paris, 1968, p. 239 Google Scholar. Tout le chapitre 14 sur la narcissisme cosmique du contestataire me paraît extraordinairement topique et éclairant.

page 199 note 2. Ici se place un long passage qui tend à rationnaliser l'inceste en excusant le fait par l'injustice de la loi. Le prêtre défend d'épouser la cousine, le seigneur, l'étrangère. Ils interdisent l'épouse : reste la mère.

page 200 note 1. Avis de la seconde édition.

page 201 note 1. Proust, Contre Sainte-Beuve, ch. VIII.

page 202 note 1. Histoire de France, éd. 1869, t. XII, p. 158.

page 202 note 2. Barthes, , Michelet par lui-même, p. 49 Google Scholar.

page 203 note 1. Histoire de France, t. VI, p. 306.

page 203 note 2. Ibid., p. 309.

page 203 note 3. Histoire de la Révolution, Paris, Pléiade, t. I, p. 42.

page 203 note 4. Ibid., p. 28.

page 203 note 5. « Mais la Justice fuit devant lui (Montesquieu) ; elle reste mobile et relative ; la Loi, pour lui, c'est un rapport, la loi abstraite et non vivante. Elle ne guérira pas la vie. » Ibid., p. 56.

page 204 note 1. Ibid., p. 76.

page 204 note 2. Pouchkine, La Fille du capitaine ; Dostoïevski, Les Démons. Cf. A. Besançon, le Tsarévitch immolé, Paris, 1967, ch. 3.