Hostname: page-component-68945f75b7-qvshk Total loading time: 0 Render date: 2024-08-05T22:48:12.320Z Has data issue: false hasContentIssue false

La dédicace des livres dans l'islam médiéval

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Houari Touati*
Affiliation:
EHESS-CRH Centre d'histoire sociale de l'Islam méditerranéen

Extract

La dédicace s'introduit dans la culture arabo-islamique au tournant des 8e et 9e; siècles. Elle apparaît dans les livres au moment où ces derniers entrent en masse en Islam à la faveur de la révolution culturelle qui en a fait, après avoir été une religion du Livre, une civilisation des livres. Dans sa geste constitutive de la bibliothèque de l'Islam, elle s'est si largement acculturée au sein des pratiques lettrées que l'on s'étonne — sauf erreur — qu'aucune étude ne soit venue nous éclairer sur sa signification. Son intérêt n'est pas cependant que de nombre.

Summary

Summary

More than any other culture of its time, classical and medieval Islam was a great civilization of the written word and of the book. The dedication of books was an essential gesture In the formation of one's library. In spite of the great Importance which was given to It, no study so far has shed light on its role and function. The present article attempts to fill in this gap: it analyzes the “islamic” dedication as a ritualistic, socio-economic as well as “authorial” institution and compares it with its western counterpart.

Type
Texte et Paratexte au Moyen Age
Copyright
Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 2000

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1. Qui, rappelonsle, s'est constituée en héritière de la Bibliothèque d'Alexandrie.

2. Genette, Gérard, Seuil, Paris, Le Seuil, 1987, chapitre : « Les dédicaces », pp. 110133 Google Scholar. Dans la bibliographie occidentale concernant la dédicace on peut citer : Botfield, B., préfaces aux First Editions of the Greek and Roman Classics and of the Sacred Scripture, Londres, 1861 Google Scholar ; Wheatley, H. B., The Dedications of Books to Patron and Friend, a Chapter in literary History, Londres, 1887 Google Scholar ; Wolfgang, L., Der Widmungbrief in der franzôsischen Literatur (1580-1715), Heidelberg, CarlWinter, 1965 Google Scholar (on trouvera un résumé en français du point de vue de l'auteur dans l'article « Dédicace » qu'il signe dans le Dictionnaire International des Termes Littéraires, Berne, Éditions Francke, 1979, pp. 467-468) ; Z. Davis, Natalie, « Beyond the Market: Books as Gift in SixteenthCentury France », Transactions ofthe Royal Historical Society, 1983, 33, pp. 6988 Google Scholar ; Roger Chartier, «Le Prince, la bibliothèque, la dédicace », dans Baratin, Marc et Jacob, Christian, Le pouvoir des bibliothèques, Paris, Albin Michel, 1996, pg. 204221 Google Scholar et Piroux, Lorraine, Le livre en trompel'oeil ou le jeu de la dédicace, Paris, Éditions Kimé, 1998 Google Scholar.

3. Sur l'apparition de la préface dans la culture islamique médiévale, voir Aboubakre ChraÏBI, , « L'émergence du genre muqaddima dans la littérature arabe », dans Entrer en matière, Paris, Le Cerf, 1997, pp. 89101 Google Scholar.

4. Telle que définie par Michel Foucault comme caractéristique du « mode d'existence, de circulation et de fonctionnement de certains discours à l'intérieur de la société », Foucault, M., « Qu'estce qu'un auteur ? », Bulletin de la Société française de Philosophie, juil.sept. 1969. Lxiv, pp. 73104 Google Scholar.

5. Pour un commentaire de ce livre fictif de deux points de vue différents, voir G. Genette, op. cit., pp. 111-114 et R. Chartier, op. cit., pp. 219-220.

6. Suit un autre nom indéchiffrable.

7. MuqaddasÎ, Ahsan alTaqâsîm fi Ma'rifat alAqâlîm, trad. partielle A. Miquel, La meilleure répartition pour la connaissance des pays, p. 142.

8. II s'agit en l'occurrence d'un vizir samânide.

9. MuqaddasÎ, op. cit., chap. 10, 12.

10. De cette géographie composée autour de 903, il ne nous est parvenu qu'un abrégé, Vabrégé du livre des pays, trad. frse. H. Massé, Damas, Ifead, 1973.

11. Ce même ouvrage, Muqaddasî l'a vu dans la bibliothèque de l'émir de Boukhara et dans celle du gouverneur de Nishapûr, chap. 12, 14.

12. MuqaddasÎ, op. cit., chap. 114, p. 144.

13. G. Genette, op. cit., p. 126.

14. Sur cet ouvrage, voir Anawati, G. C., Gaspard, R. et Alkodeiri, M., «Une somme inédite de théologie mu'tazilite : le Moghnî du cadi ‘Abd'lJabbâr», dans Mélanges del'Institut Dominicain d'Études Orientales du Caire, IV, 1957, pp. 281316 Google Scholar. Depuis, cette somme a été éditée. 15. ‘Abd'LjabbÂR, Fadl alI'tizâl wa Tabaqât alMu'tazila, FU'ÂD Sayyid (éd.), Tunis, 1986, p. 366.

16. On sait que c'est ce dernier qui l'a fait venir de Bagdad à Rayy, en 971, pour le nommer juge de la province, poste duquel il ne sera destitué qu'à la mort de son protecteur en 996, Laoust, H., Les schismes en Islam, Paris, Payot, 1983, p. 185 Google Scholar.

17. MaqarrÎ, Nafh alTîb, Muhî alDîn ‘AbdlhamÎD (éd.), Le Caire, 1369/1939, I, p. 780.

18. On ne peut pas, dans ces conditions, souscrire à une définition de la dédicace qui en fait, pour parler comme Roger Chartier, « une figure extrême de la souveraineté », op. cit., p. 220.

19. Viala, A., Naissance de l'écrivain, Paris, Editions de Minuit, 1985, p. 55 Google Scholar.

20. DhahabÎ, Siyar, Shu'ayb Alarnawut et Ibrahim Alzaybaq (éds), 1984, XIV, p. 270. Tabarî est le fondateur d'une école de droit dont il a énoncé la doctrine dans un ouvrage en quatrevingttrois tomes intitulé Latîf alQawl fi Ahkâm Sharâ'ï alhlâm que résume l'abrégé commandé par le vizir.

21. Ibn AlbazzÂz AlkurdarÎ, Manâqib alImâm alA'dham, Haydarabad, 1321/1903, I, p. 239.

22. Muwaffaq, , Manâqib Abî Hanîfa, Nadjaf, 1385/1965, II, p. 22 Google Scholar. Quand il autorise son principal disciple, Abu Yûsuf, à accepter la charge de cadi, il lui compose un « mandement » dans lequel il trace la politique à adopter à l'égard du prince comme, par exemple, de ne pas se rendre chez lui à n'importe quel moment ni de multiplier les visites. Reste ici à régler un problème de chronologie : il nous est dit que Abu Hanîfa est mort à l'époque d'alMansûr. Or c'est le successeur de ce dernier, alMahdî, qui le nomme cadi de BagdadEst. Les émoluments annuels d'Abû Yûsuf, en tant que grandjuge abbâside, sont estimés, sous le calife Hârûn alRashîd (786-809), à 130 000 dirhams. Rappelons que d'autres élèves d'Abû Hanîfa, comme Mujallid b. ‘Amrû, ont été persécutés pour avoir refusé la charge de juge.

23. SubkÎ, Tabaqât aShâfi'iyya, II, Mahmûd AltÂNJÎ et ‘Abd'lFattâh Alhulw (éds), Le Caire, 1383/1964, p. 247. C'est ainsi que le traditionniste ‘Affân b. Muslim, qui recevait mensuellement mille dirhams, est privé de son ‘ atâ'.

24. SubkÎ, op. cit., II, p. 247.

25. SubkÎ, op. cit., IV, p. 317.

26. Comme Sha'bî (m. 124/741) qui acceptait les jâ'izas du calife umayyade ‘Abd'lMalik (685705), Awza'î (m. 157/773) qui aurait reçu des califes umayyades puis ‘abbâsides quelque « 70 000 dinars », selon ses Manâqib, 76, ou Mâlik b. Anas (m. 179/795) qui s'était plaint au calife alRashîd d'une dette qu'il ne pouvait rembourser, Ibn ‘AbdRabbihi, ‘ Iqd, I, p. 274.

27. Qiftî, , Târikh alHukamâ', J. Lippert, Leipzig, 1903, p. 170 Google Scholar.

28. Gigandet, Susanne, « AlRisâla alHârûniyya de Masîh b. alHakam alDimashqî. Un traité médical composé aux Iii7IXe siècles», Studia islamica, 82, 1995, p. 138 Google Scholar.

29. Alnadim, Ibn, Fihrist, AL-MÂZindÂNÎ, Rida (éd.), Beyrouth, 1988, p. 325 Google Scholar.

30. Sabra, Selon A. I., « La contribution de l'Islam au développement scientifique », dans B. Lewis, (éd.), L'Islam, Paris, 1976, p. 211 Google Scholar. Apparemment, il s'agit de deux tables différentes : dans le Fihrist, le Zîj alMa'mûnî est donné pour être l'oeuvre de Habash b. ‘Abd'Allah, qui est l'auteur d'un Zîj alDimashqî. Le Zîj alMumtahan est attribué à Yahiâ b. Abî Mansûr qui lui aussi faisait partie des astronomes d'alMa'mûn. Sabra, qui ne cite pas sa source, se réfère sans doute à ce passage de Sa'îd alAndalûsî qui présente ce travail comme une oeuvre collective : «La mort du calife (alMa'mûn), en 218/833, empêcha ses savants d'accomplir entièrement ce qu'ils avaient projeté mais ils consignèrent les résultats auxquels ils étaient arrivés dans un traité intitulé Alrasad alMa'mûnî (l'Observation ma'mûnide) […]. Chacun de [ces astrologues] composa une table astronomique qui porte son nom et qui est entre les mains de tout le monde, aujourd'hui encore (= 460/1068) », SA'ID|Alandalusi, Ibn, alUmam, Tabaqât, Blachère, R. trad.) : Livre des catégories des nations, Paris, 1935, pp. 103104 Google Scholar.

31. Mas'ÛDÎ, Murûj alDhahab, Meynard, Barbier DE et Courtelles, Pavet DE (éds et trad.), Les Prairies d'or, Paris, 1861-1877 (édition revue et corrigée par C. Pellat, Paris, 1962-1971, IV, pp. 11321133)Google Scholar.

32. La ‘ Utbiyya est un traité de droit mâlikite ; sur les deux autres anthologies poétiques, qui sont éditées aujourd'hui, voir BlachÈre, Régis, Histoire de la littérature arabe, Paris, 1980, I, pp. 148150 Google Scholar.

33. Hodgson, M. G. S., The Venture of Islam, I, Chicago, University of Chicago Press, p. 453 Google Scholar.

34. ‘AnbarÎ, , Nuzha, AlsamarrÂÎ, Ibrahim (éd.), Paris, 1959, p. 120 Google Scholar.

35. Régis BlachÈRE le décrit dans son Histoire de la littérature arabe, op. cit., 1, p. 117, comme « un compilateur d'une exceptionnelle valeur ».

36. IsfahÂNI, , Kitâb alAghâni, Tunis, 1983, I, p. 166 Google Scholar.

37. SuyÛtÎ, Bughya, Muhammad A. Ibrahim (éd.), Le Caire, 1384/1984, II, p. 113. YÂqÛt, Irshâd, Ihsân ‘AbbÂs (éd.), Beyrouth, 1987, VI, p. 1969 donne une variante du récit dans laquelle ce sont des Bédouins qui, en s'attaquant à une caravane de Maghrébins, se sont emparés des livres de l'un de ses passagers : parmi ceux vendus par eux à Basra, il y avait le livre incriminé.

38. KhallikÂN, Ibn Wafayât, ‘AbbÂS, Ihsân (éd.), Beyrouth, s. d., IV, pp. 6566 Google Scholar.

39. JÂHiz, Hayawân, ‘ Abd'lSalâm M. HÂRÛN (éd.), Le Caire, 13571364/19381945, trad. partielle, Souami, Lakhdar, Le Cadi et la mouche, Paris, 1988, p. 61 Google Scholar.

40. Le calife a décidé de prendre ce scribe pour vizir après que ce dernier a composé pour lui un livre magnifiant sa victoire sur l'hérétique Bâbik, Ibn AlabbÂR, l'tâb alKuttâb, Sâlih Alashtar (éd.), Damas, 1380/1961, p. 134.

41. TanÛkhÎ, AlFaraj Ba'd alShidda, ‘ Abbûd AlshÂljÎ (éd.), s. 1., I, 79 ; Ibn AlabbÂR, l'tâb alKuttâb, pp. 154-155.

42. Fihrist, p. 212.

43. « L'être raisonnable, écrit Jâhiz, dispose de moyens, grâce auxquels il peut trouver les divers modes de raisonnement ainsi que les multiples conclusions auxquelles il peut parvenir grâce à sa réflexion. On a appelé cela le bayân », Hayawân, 6, I.

44. Fihrist, p. 210.

45. Ibn AbbÂR, / ‘ tâb alKuttâb, p. 146.

46. II est significatif qu'un auteur persan du 13e siècle parle de son oeuvre comme d'une jeune fille « vierge » (l'auteur utilise le terme arabe bikr) pour signifier qu'elle n'est pas encore dédicacée et qu'elle attend donc un fiancé ou un mari digne d'elle, Beelaert, A. L. F. A., «The Fonction of the mamdûhs… », Manuscript of Middle East, 3, 1988, pp. 1622 Google Scholar.

47. AldÎNawarÎ, AlAkhbâr alTiwâl, V. Guirgass (éd.), Leyde, 1888, p. 349.

48. BalÂDhurÎ, Ansâb alAshrâf, S. D. F. Goiten (éd.), Jérusalem, 1936, IV, p. 214.

49. En 403/1013, on voit le calife alHâkim réunir les ulémas, les philologues, les astronomes et les médecins de la « Maison de la sagesse » qu'il avait fondée en 395/1005 et leur distribuer des silas et des khil'as, MaqrizÎ, Khitat, G. Wiet (éd.), Le Caire, 1911-1927, I, p. 458.

50. L'historien du Prophète, Wâqidî (m. 151/768), qui avait fait faillite dans une affaire commerciale, voit, par exemple, ses dettes épongées par le vizir barmécide Yahiâ b. Khâlid, AlkhatÎB AlbaghdÂDÎ, Târîkh Baghdâd, Le Caire, 1931, III, pp. 45.

51. Ibn Hajar, Manâqib alImâm alLayth b. Sa'd, Bûlâq, 1301, p. 4. Avant lui, Abu Hanîfa (m. 150/767), riche marchand, a pratiqué cette générosité obligée avec ses disciples et ses compagnons : les plus proches recevaient mensuellement des « gages » (jirâya) ; Muwaffaq, Manâqib Abî Hanîfa, op. cit., I, p. 259. Cette générosité a ruiné son contemporain, alRabî'b. ‘Abd'lRahmân, un éminent juriste médinois.

52. Fihrist, op. cit., p. 214.

53. JÂHiz, op. cit., p. 184.

54. Avant lui, son compatriote de Basra, Abân alLâhiqî (m. 200/815), avait reçu, pour la versification des fables de Bidpai, des barmécides Yahiâ b. Khâlid 10 000 dinars et 5 000 de son fils alFadl b. Yahiâ, le vizir de Hârûn alRashîd. Homme de piété, il distribua le tiers de ses gratifications en aumônes, AlsÛLÎ, AlAwrâq, J. Heyworthjdunne (éd.), Londres, 1934, p. 6 ; IsfahÂNÎ, Kitâb alAghânî, op. cit., XX, p. 73.

55. AlkhatÎB AlbaghdÂDÎ, op. cit., p. 407 ; QiftÎ, Inbâh alRuwwât, III, p. 16.

56. Fihrist, op. cit., p. 78.

57. Le médecin chrétien, Jibrîl Bukhtishû’ (m. 396/1005) aimait souvent répéter: «J'ai composé deux cents feuillets pour lesquels j'ai obtenu 1 000 dinars ». Il parlait de la gratification dont le vizir buyide éclairé, alSâhib b. ‘Abbâd, l'avait honoré après qu'il lui eut dédié son Pandecte, QiftÎ, op. cit., p. 149. Et bien sûr, quand les sommes reçues ne sont pas quantitativement chiffrées, elles le sont rhétoriquement. On sait, par exemple, que le poète de Bagdad, Ibn alHabâriyya (m. 490 7/1096 ?), qui avait composé une version versifiée des fables de Bidpai et envoyé une copie, par l'intermédiaire de son fils, à l'émir saljuqîde Abû'lHasan Sadaqa (m. 479/1086), avait reçu, en retour, une « importante sila » et de « nombreuses jawâ ‘iz », Ibn KhallikÂN, op. cit., IV, p. 463.

58. Ce livre porte aussi le titre de « al'Àdudî », du nom de ‘Adud alDawla, Fihrist, 149 ; Voir aussi QiftÎ, op. cit., p. 76.

59. Ibn KhallikÂN, op. cit., Iii, p. 463.

60. Fihrist, op. cit., p. 322.

61. Eche, Y., Les bibliothèques arabes, Damas, 1967, p. 276 Google Scholar. De ce calife éclairé, Sâ'id alAndalusî (m. 462/1070) a lu un livre copié de sa main, Tabaqât alUmam, p. 276.

62. MaqarrÎ, , Nafh alTîb, op. cit., I, p. 250 Google Scholar. Cet auteur a aussi composé pour lui un traité généalogique de ses ancêtres.

63. Y. Eche, op. cit., p. 276.

64. Il s'agit en fait de nabîdh, une boisson fermentée à base de dattes, de raisins secs ou de grains mélangée à du miel dont l'école juridique irakienne d'Abû Hanîfa (m. 150/767) rendait la consommation licite, IsfahÂNÎ, , Kitâb alAghânî, op. cit., Xxii, p. 438 Google Scholar.

65. Sur ce philologue, voir SuyÛTÎ, , Bughya, II, pp. 316317 Google Scholar ; KhallikÂN, Ibn, Wafayât, op. cit., V, p. 403 Google Scholar.

66. Des écrivains ont procédé comme Muqaddasî ; le prosateur hellénisant Abu Hayyân alTawhîdî (m. 414/1023), contemporain de notre géographe, fait précéder son maître ouvrage AlImtâ’ wa'lMu'ânasa, d'une épître dédicatoire. Il juge nécessaire d'ouvrir le troisième et dernier tome par une autre épître placée en fait à la fin du deuxième. Dans les deux cas, le nom du dédicataire n'apparaît pas. Seule une lecture attentive de l'ouvrage a permis à l'éditeur scientifique, Ahmad Amîn, de savoir qu'il était dédié à Abû'1Wafâ’ le Géomètre (m. 387/ 997). Au 13e siècle, le biobibliographe syrien Ibn alQiftî pensait que le livre pouvait être dédié au maître de Tawhîdî en philosophie, Abu Sulaymân le Logicien.

* Des pouvoirs de l'image, Paris, Le Seuil, 1993, pp. 25-26.

67. Nous pensons ici à la fresque des « Six Rois » de Qusayr Amrah, datant de la première moitié du 7e siècle, et qui a admirablement été commentée par O. Grabar dans sa Formation de l'art islamique au chapitre Iii intitulé : « Appropriation symbolique de la terre », pp. 67-100.

68. Dans sa très courte notice, Ibn alNadîm (m. 385/995) laisse un blanc après « Il a (écrit] comme livres […] », Fihrist, 355. Sâ'id alAndalusî (m. 462/1070) parle de lui comme l'auteur de « Pandectes célèbres », Tabaqât alUmam, 37. Il faut attendre Qiftî (m. 646/1248) pour qu'un biographe nous dise que ce médecin vivait bien à l'époque de Hârûn alRashîd et qu'il est mort en 225/839, op. cit., pp. 249-250.

69. Il n'est pas impossible qu'on ait dédié à Hârûn alRashîd un livre puisqu'on nous dit que Sahl b. Hârûn (m. 215/830), qui avait été secrétaire de ce calife, avait dédié son Livre de l'avarice à Hasan b. Sahl (m. 236/850), le futur vizir du calife alMa'mûn, fils et successeur d'alRashîd, HusrÎ, Zahr alAdab, ‘ Alî M. AlbojÂwÎ (éd.), Le Caire, 1372/1953, II, p. 577.

70. S. Gigandet, op. cit., pp. 137-138.

71. ‘ASÂKir, Ibn, Târîkh Dimashq, Beyrouth, 1995, XV, p. 16 Google Scholar ; Abu NU'Aym, Hilya, Le Caire, 1351-1357/1932-1938, IX, p. 142 ; DhahabÎ, Siyar, X, 41. Les juristes et les théologiens ont souvent fait recours à lui. Plus tard, on le rencontrera sous la plume d'un Ghazâlî (m. 505/1111), par exemple.

72. Qui, de Amîn et Ma'mûn, les deux fils de Hârûn alRashîd, jusqu'à Mutawakkil, a servi six califes successifs.

73. Sadek, M. M., The Arabie Materia of Discoride, Québec, Les Éditions du Sphinx, 1983 Google Scholar. Relevons qu'en 990, Alnâtilî qui semble avoir été le maître d'Avicenne en philosophie entreprend de « réviser » et de « polir » la Materia pour le compte de l'émir de Samarkand, il ajoute à l'ouvrage une intéressante épître de son cru que nous ne pouvons, faute de place, étudier ici.

74. LibÉRA, Alain de, La philosophie médiévale, Paris, Presses Universitaires de France, 1993, p. 76 Google Scholar. Sur l'oeuvre traduite en arabe de ce commentateur d'Aristote, voir Ibn AlnadÎM, Fihrist, op. cit., p. 373.

75. JÂHiz, « Comment se conduire, comment mener les hommes et comment les traiter », dans AI.GÂHiz, , Quatre essais, trad. frse, Charles Vial, Damas, Ifao, 1976, pp. 3637 Google Scholar.

76. Abu Bakr Muhammad B. Abi DÂWud, Kitâb alZahra, Ibrâhîm AlsamarrÂ'Î (éd.), AlZarqâ’ (Jordanie), 2 vols, 1985 (2e édition). Le titre de cet ouvrage peut aussi se lire le Livre de la fleur. Rappelons que l'auteur, fils du fondateur d'une école de droit qui prône le « littéralisme », est luimême un éminent juriste. L'épître dédicatoire ne mentionne pas le nom du dédicataire, c'est par l'historien AlkhatÎB AlbaghdÂDÎ, op. cit., V, p. 356, qu'on sait qu'il s'agit de lui. La pratique de dédier un ouvrage à quelqu'un d'autre qu'un prince est attestée, au 10e siècle, par le médecin et patriarche d'Alexandrie, Sa'îd b. alBitrîq (m. 328/939), qui compose, pour son frère ‘Isa, son Kitâb Nadm alJawhar, un ouvrage historique, SA'ÎD B. AI.BitrÎQ, Kitâb alTârîkh, L. Cheikho (éd.), 1909, 88 et Ibn ABÎ Usaybla, ‘ Uyûn alAnbâ', Nichâr Rida (éd.), Beyrouth, 1965, p. 545.

77. ABÛ ALÎ AlqÂLÎ, AlAmâlî, I, p. 3.

78. Miskawayh, , Tajârib alUmam, DE Goeje, M. J. (éd.), Leyde, 1871, I, p. 3 Google Scholar.

79. Manuscrit arabe n° 1507 de la Bibliothèque nationale, Paris, 189 f. ; manuscrit incomplet s'arrêtant à la dynastie fâtimide.

80. ‘Abd'LrahmÂN B. Nasr, Nahj alMaslûk fi Siyâsat alMulûk, BN, Paris, Manuscrit arabe n° 2438, f. 3a.

81. La dédicace en forme de lettre n'était en fait de règle que «dans un certain genre d'ouvrage où seul le style des préfaces était travaillé avec soin, dans des compilations, des lexiques, des ouvrages scientifiques » (W. Leiner, art. « Dédicace », op. cit., p. 467). Dans le reste des ouvrages, les auteurs se contentaient le plus souvent de mentionner le nom du dédicataire soit dans le titre de l'ouvrage dédié, soit à l'intérieur du texte. De ce point de vue, la dédicace araboislamique n'est pas très éloignée du modèle grécoromain qu'elle connaissait directement grâce à la traduction.

82. G. Genette, op. cit., p. 116.

83. Kitâb Alzahra, op. cit., pp. 4243.

84. Un exemple emprunté à l'Andalousie du 11e siècle montre qu'elle est possible : ayant appris qu'un éminent linguiste de Cordoue venait d'achever la composition de son grand traité de la langue arabe, le roitelet de Dâniya lui envoie « mille dinars, une monture et une robe d'honneur » afin que l'auteur lui dédie son ouvrage en ajoutant à la fin : « Ceci est un livre composé par X pour Y », MaqarrÎ, Nafh alTîb, II, p. 780.