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État de l'enquête

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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L'enquête ouverte en 1967 (par le Centre de Recherches historiques de la VIe section de l'École des Hautes Études) sur la France urbaine médiévale d'après l'implantation des ordres mendiants, s'est poursuivie selon les lignes de recherche alors définies.

Le dialogue avec les correspondants qui ont bien voulu nous écrire a révélé certains malentendus. D'abord un malentendu méthodologique. Le lien qui peut exister entre les Mendiants et les villes ne peut pas conduire par lui-même à une définition de la ville médiévale. Il ne peut tout au plus aboutir qu'à un repérage quantitatif et spatial du fait urbain au Moyen Age. Celui-ci devra être ensuite défini par une recherche plus complète et plus complexe.

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References

page 924 note 1. Cf. Annales E.S.C.. 1968, pp. 335-352 et 1969, p. 833.

page 924 note 2. Récent exposé clair et utile, par un médiéviste qui s'appuie surtout sur l'historiographie urbaine, mais dont les conclusions sont vagues : A. Joris, « La notion de ville » in Les catégories en histoire. Études publiées par C. Perelman. Travaux du Centre National de Recherches de Logique. Éditions de l'Institut de Sociologie, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 1969, pp. 87- 101. Exemple de définition riche mais trop analytique chez Y. Renouard. Les villes d'Italie de la fin du Xe siècle au début du XIVe siècle, nouvelle édition par Ph. Braunstein, Paris, tome I, 1969, p. 17. La définition pirennienne est bipolaire : la ville se caractérise d'un côté, par sa fonction économique (centre commercial) et de l'autre par ses institutions — d'ailleurs en grande partie déterminées par les facteurs d'ordre économique. C'est plus une hypothèse sur l'origine des villes médiévales qu'une définition de ces villes. La volonté délibérée d'écarter tout critère économique et de s'accrocher à une définition juridique a amené au bord de l'absurdité le Père C.-J. Joset, dans un intéressant ouvrage sur Les villes au Pays de Luxembourg (1196-1383), Bruxelles-Louvain, 1940.

page 925 note 1. Il est intéressant de remarquer que, si le modèle pirennien semble encore s'imposer à l'historiographie urbaine médiévale, Pirenne n'a jamais parlé de la ville, mais des villes du Moyen Age. La cité médiévale vient sans doute de l'influence du titre de l'oeuvre célèbre de Fustel de Coulanges, La Cité antique, 1885. Elle est employée communément depuis Max Weber, Die Stadt, in Archiv fur Sozialwissenschaft und Sozialpolitik. 47, 1921, pp. 621 sqq. (rééd. in Wirtschaft und Gessellchaft. Tubingen, 1956, vol. 2, pp., voir trad. anglaise The City, New York, 1958, avec une introduction de Don Martindale : The theory of the city. On la rencontre aussi bien chez des historiens comme Fritz Rorig, Die europàische Stadt in Mittelalter, Gôttingen, 1955, ou Cari Haase éd.. Die Stadt des Mittelalter, vol. I, Begriff, Entstehung und Ausbreitung, Darmstadt 1969, que chez des sociologues comme Lewis Mumford, La Cité à travers l'histoire, Paris, 1968. Elle a donné son titre à un livre de poche : J . H. Mundy et P. Riesenberg, The Médiéval Town, Princeton, 1958. Si l'on tient à un modèle de la ville médiévale, ce ne peut être, me semble-t-il, que dans la perspective de José Luis Romero, La revoluciôn burguesa en el mundo féodal, Buenos Aires, 1967. La caractéristique originale des villes médiévales, c'est leur situation dans la féodalité.

page 925 note 2. Exemple récent d'étude de typologie urbaine médiévale : K. Bosl, Typen der Stadt in Bayern, in Zeitschrift fur bayerische Landesgeschichte. 32, 1969, 23 pages. Pour la France l'ouvrage de E. Fournial, Les Villes et l'Économie d'échange en Forez au XIIIe et XIVe siècles, Paris, 1967, important par son traitement d'une riche documentation, néglige trop le problème urbain général. C'est probablement l'influence du célèbre article de Louis Wirth, « Urbanism as a way of life » in American Journal of Sociology, 1938, et le goût actuel pour l'histoire des mentalités qui a amené Roberto Lopez à paraphraser le mot célèbre de Renan sur la nation en déclarant : « Un ville est avant tout un état d'esprit » (una cittâ è prima di tutto uno stato d'animo, in Le città dell’ Europa post-carolingia. Settimane di studio de) Centro Italiano di studi sull'alto Medievo, II, Spolète, 1954, p. 551, cité par Y. Renouard, op. cit., vol. I, p. 16). Boutade, qui ne doit pas faire illusion, d'un brillant médiéviste, auteur d'un excellent article « The Crossroads within the wall » in The Historian and the City, éd. O. Handlin et J. Burchard. M.I.T. Press and Harvard University Press, 1963, pp. 27-43. S'il y a une mentalité urbaine, elle n'est pas la définition de la ville, ni son essence. Mais il est intéressant de noter que les hommes du XIIIe et du XIVe siècle ont repris les définitions de Cicéron, saint Augustin (Cité de Dieu, 8 : « civitas nihil aliud est quam hominum multitudo societatis vinculo adunata », Isidore de Séville (Etym., XV, 2 : « nam urbs ipsa moenia sunt, civitas autem non saxa sed habitatores vocantur ») répété mot pour mot par Raban Maur (De universo, XIV, 1) pour insister sur l'esprit communautaire des citadins. On trouvera d'excellentes citations de Brunetto Latini (Tesoro, IX, 2 : « Citté é uno radunamento di genti ad abitare in uno luogo, e vivere ad una legge ») et du dominicain Fra Giordano da Rivalto (Sermon 104 prononcé en 1304 à Santa Maria Novella de Florence, éd. Manni, Florence, 1930 : « cittâ (civitas) tanto suona corne amore (caritas), perocchè si dillettano le gente di stare insieme » dans le remarquable ouvrage de Braunfels, W., Mittelalterliche Stadtbaukunst in der Toskana, Berlin, 1953, pp. 2223 Google Scholar.

page 926 note 1. Notre définition est dans la ligne, précisée par la sociologie moderne, de Sombart : « Est ville, du point de vue économique, toute agglomération d'hommes qui dépendent pour leur subsistance des produits de l'agriculture extérieure » (cité par A. Joris, loc. cit., p. 93). Elle se sépare de la position de M. Castells qui, dans ses travaux cités plus loin dans ce numéro, fournit une excellente introduction à l'étude du pouvoir dans la ville, mais dilue la réalité de la ville et de l'urbanisation dans une notion d’ « appropriation sociale de l'espace » qui a peutêtre le mérite de dénoncer certains fondements idéologiques de l'opposition ville-campagne mais qui, plus sûrement encore, dissout la réalité et le problème.

page 926 note 2. Robert Holcot, Sap. lect. XCVI, éd. de Bâle, p. 326, cité par B. Smalley, Archivum Fratrum Praedicatorum, 1956, pp. 86-87.

page 927 note 1. Cet aspect a été bien mis en valeur par E. Babut, Saint Martin de Tours, Paris, s. d. (1912) et, à travers Babut, par Marc Bloch, « Saint Martin de Tours. A propos d'une polémique », in Revue d'histoire et de littérature religieuses, 1921, repris dans Mélanges Historiques, t. II, Paris, 1963, pp. 989-947.

page 927 note 2. Rappelons l'opuscule de saint François : De religiosa habitatione in eremo, éd. H. Boehmer, Analekten zur Geschichte des Franciscus von Assisi. Tùbingen-Leipzig, 1904, pp. 67-68.

page 927 note 3. Ire, vadere per mundum, en parlant des frères, se retrouve plusieurs fois dans les deux règles, |a non bullata et la bullata cf. H. Boehmer, op. cit.

page 927 note 4. Dans la Toscane des treizième et quatorzième, Charles Bourel De La Roncière (communication d'un travail inédit dont nous le remercions très vivement) a mis en évidence le rôle des routes dans l'implantation des couvents franciscains. Les distances entre deux couvents franciscains sont souvent celles d'une étape routière (homme ou âne). Sur ville, route, pèlerinage et couvent franciscain, cf. l'installation des franciscains dans le faubourg Saint- Jacques à Thann dans l'excellente étude de Christian Wilsdorf, « Dans la vallée de la Thur aux XIIIe et XIVe siècles : la transformation d'un paysage par la route », in Bulletin Philologique et Historique…, 1967 (1969), pp. 303-330 et notamment p. 320.

page 927 note 5. Le colloque Les routes de France depuis les origines jusqu'à nos fours, Paris, 1959 (” Les routes du Moyen Age », par Jean Hubert, pp. 25-56) et les communications présentées à divers congrès des Sociétés Savantes, et en particulier à celui de 1960, ne fournissent qu'un point de départ et quelques éléments particuliers.

page 927 note 6. Parmi les auteurs qui ont souligné le lien entre le mouvement urbain et l'installation des Mendiants, citons, pour les Dominicains, W. A. Hinnebusch, The History of the Dominican Order. I. Origins and Growth to 1500, Staten Island, 1965, pp. 260 sqq. Mais il faut surtout voir que les deux phénomènes sont deux aspects d'une même dynamique : c'est le relatif insuccès du clergé urbain traditionnel, séculiers et anciens ordres, qui suscite l'apostolat mendiant qui cherche à mieux s'adapter à la nouvelle société urbaine. De même l'installation des couvents mendiants est liée aux progrès de l'occupation du sol urbain (réduction des espaces verts ou non bâtis au centre, constructions en hauteur nées de l'enrichissement des terrains, extension du territoire urbain dans de nouvelles enceintes, et hors de la ville, dans les faubourgs, etc.). Enfin les Mendiants jouent un rôle important que nous tenterons de préciser dans les nouvelles formes d'organisation sociales, par le moyen des Confréries (on trouvera dans un prochain numéro des Annales un article de J.-CI. Schmitt sur une confrérie dominicaine du Rosaire à Colmar à la fin du Moyen Age) et surtout des Tiers Ordres, champ d'étude presque vierge, notamment pour la France, qui, dans les limites de la documentation, doit apporter une image nouvelle de la société urbaine du bas Moyen Age. Parmi les études récentes, mais pour l'Allemagne du XVe siècle, Brigitte Degler, « Drei Fassungen der Terziarenregel aus der Oberdeutschen Franziskanerprovinz », in Archivum Franciscanum Historicum, 1969, pp. 503-517.

page 928 note 1. La vague d'urbanisation semble générale dans la Chrétienté du XIIIe siècle. Aussi, dans des régions et des pays où les précédents mouvements monastiques (Clunisiens, Cisterciens notamment) ne s'étaient produits qu'avec un décalage chronologique notable sur les régions occidentales où ces mouvements avaient pris naissance, l'implantation des Ordres Mendiants se fait à peu près en mâme temps et au même rythme dans tous les pays chrétiens parce que l'urbanisation recouvre toute la chrétienté au XIIIe siècle. Cf. pour la Hongrie l'article de E. Fugedi dans ce numéro ; pour la Bohême et la Moravie J. Koudelka, «Zur Geschichte der Bôhmischen Dominikanerprovinz im Mittelalter, » in Archivum Fratrum Praedicatorum. 1956, pp. 127-60; pour la Pologne J. Kloczowski, « Les ordres mendiants en Pologne à la fin du Moyen Age » in Acta Poloniae Historica XV, 1967, pp. 5-38. Sur les rapports entre la vague d'urbanisation contemporaine et les nouvelles formes d'apostolat religieux, cf. E. Poulat, « La découverte de la ville par le catholicisme français contemporain », in Annales E.S.C., 1960, pp. 1168-1179.

page 928 note 2. E. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes. 1. Économie, parenté, société. Livre 3 : Les statuts sociaux, ch. 2. Les quatre cercles de l'appartenance sociale, pp. 311 sqq., Paris, 1969.

page 928 note 3. Cf. François de Sainte-Marie, Les plus vieux textes du Carme/, Paris, 1945. Henri Peltier, Histoire du Carme/, Paris, 1958, pp. 46 sqq.

page 928 note 4. H. Peltier, op. cit., p. 48.

page 929 note 1. Le Père F. Durieux, dans une communication orale, nous a indiqué que le Père Ephraïm Longpré, à la fin de sa vie, doutait de l'authenticité bonaventurienne de ce texte. Mais le texte émane certainement des milieux franciscains dans le troisième quart du XIIIe siècle et c'est pour nous l'essentiel.

page 929 note 2. Saint Bonaventure, Determinationes quaestionum circa régulant fratrum minorum. Pars I. Quaestio V, m Opéra Omnia, t. VIII. Quaracchi, 1898, pp. 340 sqq. Cf. chez les Dominicains G. Meersseman, « L'architecture dominicaine au XIIIe siècle. Législation et pratique », in Archivum Fratrum Praedicatorum, 1946, pp. 136-190 (article de grande portée).

page 929 note 3. Humbert De Romans, De eruditione Praedicatorum, livre II, De modo prompte cudendi sermones circa omne hominum genus. Je remercie M. J.-CI. Schmitt de m'avoir indiqué ce texte capital.

page 929 note 4. « Notandum, quod Dominus mittens prophetas in mundum, frequentius misit eos in civitatem, quam ad alia loca minora, ut Hierusalem, Ninive, Babiloniam, sicut patet ex Scripturis. Item ipsemet veniens, frequentius praedicabat in civitatibus, quam alibi, sicut patet consideranti Historiam evangelicam… Item apostoli et discipuli frequentius praedicabant in civitatibus quam in aliis locis, sicut patet ex historia et ex legendis sanctorum. » Ce texte prend le contrepied des interprétations anti-urbaines de la Bible, fréquentes au XIIe siècle, face à l'affirmation de l'essorurbain, par exemple chez Rupert de Deutz, Guillaume de Saint-Thierry, et l'auteur du Liber de diversis ordinibus, dans un passage qui montre bien l'opposition ville-désert : « Domorum ergo aedificandarum cura eremitis summa non convenit, ne dicatur de eis, quia eremum non incolunt, sed in eremo domos civitatum invethere gestiunt » (P. L. 203, c. 810 D — Texte communiqué par M. 6. Metz que je remercie). La référence anti-urbaine est toujours Caïn, bâtisseur de la première ville.

page 930 note 1. Le texte montre bien qu'il s'agit d'immoralité, de mépris pour les préceptes de la pratique religieuse, et non d'hérésie.

page 930 note 2. Voir Mollat, G., Études et Documents sur l'histoire de Bretagne, XIIIe-XVIe siècles. Paris, 1907, pp. 173174 Google Scholar. Je remercie vivement M. Henri Martin, assistant à l'Université de Rennes de m'avoir indiqué ce texte. M. H. Martin prépare une thèse sur les ordres mendiants en Bretagne au Moyen Age.

page 931 note 1. « Gravis ad aures meas querela prioris et fratrum conventus Duacensis provincie Franciae pervertit, quod oppidum Duacense in quo situatus est conventus predictus, in comparatione ad alia adjacentia oppida in quibus ordinis conventus situati sunt, nobilitate, mercatoribus ac divitiis (correction qui s'impose pour dunciis) longe minus abundat et quod modicam portionem terminorum a solo sibi conventu vicino Atrebatensi ab initio sue fundationis recepit… » Cité par Chapotin, M. D., Histoire des Dominicains de la province de France. Le siècle des fondations, Rouen, 1898, p. 382 Google Scholar (renseignement aimablement communiqué par M. André Vauchez).

page 931 note 2. Les chroniques de la ville de Metz, éd. J. F. Huguenin, Metz, 1838, p. 148. La lieue messine est la lieue d'Empire (Meile) = 7 500 m (cf. J. Schneider, La ville de Metz aux XIIIe et XIVe siècles, Nancy, 1950, p. XXVI).

page 931 note 3. Douais, C., Acta capitulorum provincialium O.F.P. Première province de Provence. Province romaine. Province d'Espagne, Toulouse, 1894 Google Scholar. Introduction. Les fondations des couvents, pp. XLIV-L.

page 932 note 1. Sbaralea, Bullarium Franciscanum, III, p. 158, et Thripoll, Bullarium ordinis fratrum Praedicatorum. I, p. 495.

page 932 note 2. Ibid. Sbarelea, p. 60; Ripoll p. 466.

page 932 note 3. Cf. H. Stoob, « Minderstâdte. Formen der Stadtentwicklung im Spâtmittelalter », in Vierteljahrschrift fur Sozial-und Wirtschaftsgeschichte, 1959, pp. 1-28. Pour une période plus récente, intéressantes études de M. Agulhon pour la Provence : « La notion de village en basse Provence vers la fin de l'ancien régime, » in Bulletin Philologique et Historique…, 1965, et « La fin des petites villes dans le Var intérieur au XIXe siècle », in Villes de l'Europe méditeranéenne et de l'Europe occidentale du Moyen Age au XIXe siècle (Colloque de Nice, 1969), 1969, pp. 323- 326. D'un point de vue général, mais à dominante démographique et géographique, et surtout pour la France contemporaine : Grandes villes et petites villes (Colloque du CNRS, Lyon, SaintÉtienne, Grenoble, 1968), Paris, 1970.

page 932 note 4. Notamment Fra Salimbene De Parme : « cumque interrogassem eum, quare in Vienna fratres Praedicatores locum non habebant dixit michi quod potius volebant Lugduni unum bonum conventum habere quam vellent habere tantam locorum multitudinem » (Cronica, éd. F. Bernini, 1942, p. 333) et encore : « Fratres Praedicatores ibi (Hyères) locum non habent, quia delectantur et consolantur in magnis conventibus habitare potius quam in parvis ». Textes indiqués par A. Vauchez et signalé par W. A. Hinnebusch, The History of the Dominican Order op. cit., pp. 279-281 et pp. 260 sqq. où est cité le dicton (postérieur) : « Bernardus valles montes Benedictus amabat, oppida Franciscus, célèbres Dominicus urbes. » W. A. Hinnebusch parle de carefui planning, expression qui me semble s'appliquer à l'ensemble de l'implantation des mendiants et d'abord à leur choix urbain.

page 936 note 1. Modèle qui est sans doute aussi le modèle provençal. M. Noël Cou Let avait noté (Annales E.S.C., p. 351 ) les divergences entre le critère mendiant et le critère démographique tiré du beau livre d'E. Baratier dans le repérage des villes provençales. Pourtant l'utilisation du critère mendiant permet de fixer nettement un seuil démographique urbain dans la Provence médiévale : 300 feux, c'est-à-dire environ 1 500 à 1 800 habitants au début du XIVe siècle. Voilà repérée empiriquement la petite ville caractéristique de la Provence pré-industrielle selon G. Duby et M. Agulhon.

page 936 note 2. p. 927 note 4. Ch. Bourel De La Roncière fonde son étude sur l'onomastique d'une part les donations et les testaments de l'autre.

page 936 note 3. Dans son étude exemplaire de l'expansion messine dans la campagne, J. Schneider, La ville de Metz aux XIIIe et XIVe siècles, op. cit., fixe aux années 1275-1281 et « en rapport avec la crise qui commence vers cette date » une accélération décisive dans la conquête de la campagne par les bourgeois messins (p. 373) et note que « les grands domaines ruraux des patriciens se formèrent entre 1275 et 1325 ». Il ne s'agit pas de suggérer que le patriciat urbain ait amené avec lui les Mendiants dans les campagnes mais que la conjoncture commerciale et monétaire pèse également sur le patriciat et les Mendiants dont la subsistance dépend non de la terre mais de la monnaie, par l'intermédiaire de la quête. Répétons que le point fondamental quant à l'insertion des Mendiants dans l'économie et la société et la base de leur rôle de baromètre de l'économie monétaire est leur dépendance par rapport à la circulation monétaire.

page 937 note 1. Cf. note précédente et rappelons la série des grèves et émeutes urbaines pendant cette période. Cf. E. Coornaert, Les Corporations en France avant 1789. 2” éd. Paris, 1968, p. 74, où il est question de « la fatidique année 1280 ».

page 937 note 2. Sur la « praedicatio », territoire propre à un couvent donné, et les termini, villages réservés à un couvent (en vue de la prédication et de la quête), cf. notamment l'ouvrage cité plus haut du P. Chapotin et l'article du Père G. Meersseman, « Les débuts de l'ordre des Frères Prêcheurs dans le comté de Flandre (1224-1280) », in Archivum Fratrum Praedicatorum, 1947, pp. 5-40.

page 937 note 3. E. Keyser, Stëdtegrùndungen und Stâdtebau in Nordwestdeutschland im Mittelalter. Der Stadtgrundriss als Geschichtsquelle, 2 vol. Remagen, 1958, cité par A. Joris, loc. cit., p. 92.

page 937 note 4. Ibid. pp. 92-93.

page 937 note 5. Études utiles de W. Schlesinger, Stadt undBurg im Lichte der Wortgeschichte, art. de 1963, repris dans C. Haase, éd.. Die Stadt des Mittelalters, op. cit., I, pp. 95-121 et de H. Van Werveke. « Burgus » : versterking of nederzetting », in Verhandelingen van de Kon. VI. Académie voor Wetensh., lett. en schone kunsten van België, Kl. der lett., XXVII, 1965, n. 59, 103 pages.

page 937 note 6. Les articles de Ch. H. Taylor concernant les assemblées royales françaises au début du XVIe siècle ont paru dans Spéculum en 1938, 1939, 1954, et 1968. Les deux articles les plus importants de notre point de vue sont ceux de 1939 et 1968. Il faut y ajouter Strayer, J.R. et Taylor, Ch. H., Studies in Early French Taxation, Cambridge, 1939, pp. 109200 Google Scholar.

page 938 note 1. On trouvera l'essentiel de la bilbiographie concernant les chartes de franchise dans l'article de Ch. Ed. Perrin : « Les chartes de franchise de la France. État des recherches : Le Dauphiné et la Savoie », in Revue Historique, t. CCXXXI, 1964, pp. 27-54, à propos de l'ouvrage de P. Vaillant, Catalogue des chartes de franchise du Dauphiné, 1951.

page 938 note 2. Rappelons que si Philippe le Bel convoque des assemblées de représentants des villes dès 1302, c'est en 1314 que pour la première fois les villes sont Invitées à envoyer des députés à une assemblée des trois « ordres ».

page 939 note 1. Voir Joinville, éd. de Wailly, p. 494, cité par Marc Bloch, La France sous les derniers Capétiens, p. 78.

page 939 note 2. Ch. H. Taylor, « Assemblies of French Towns in 1316 », in Spéculum, 1939, p. 283.

page 939 note 3. Rappelons que nous avons écarté du monde mendiant, et par conséquent de notre enquête les Mercédaires et les Trinitaires et que le second concile de Lyon (1274) a supprimé les « petits » ordres mendiants — dont l'un, celui des Frères de la Pénitence de Jésus-Christ (en langue populaire les Sachets), comprenait alors au moins 66 couvents sur le territoire de la France actuelle (cf. sur tout cela les travaux de R. W. Emery cités dans son excellent catalogue The Friars in Médiéval France. New York-Londres, 1962). Les Servîtes n'ont pas mordu sur la France et les Minimes n'apparaissent qu'à la fin du XVe siècle. Restent donc les « quatre grands » : Augustins, Carmes, Dominicains, Franciscains. A une époque que nous n'avons pas encore précisée, mais probablement vers la fin du XIVe siècle, le fait de posséder un couvent de chacun des quatre ordres mendiants devient un des éléments du stéréotype de la « grande » ville. Le tétragramme mendiant devient le symbole urbain par excellence.

page 941 note 1. L'ouvrage mentionné est évidemment E. Baratier, La Démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle. Paris, 1961.

page 941 note 2. Annoncé dans Le XIIIe Siècle européen, Paris, 1968, p. 300. Léopold GÉNicot nous a récemment précisé qu'il préparait toujours la publication de ce travail retardé par diverses circonstances. Le problème du seuil numérique urbain préoccupe tous les spécialistes des villes. Les auteurs de la très utile Bibliographie d'Histoire des Villes de France, Paris, 1967 (Ph. Dollinger et Ph. Wolff avec la collaboration de S. Guenée) ont rejeté le critère très arbitraire des 2 000 habitants retenu par la Commission Internationale d'Histoire Urbaine et plus ou moins observé un critère de 15 000 habitants en 1962. Dans un précieux manuel récent. Le Fait urbain en France, Paris, 1963, Françoise Carrière et Philippe Pinchemel ont choisi « les villes de plus de 20 000 habitants». Jusqu'où la manie de la classification quantitative a pu entraîner un excellent historien des villes médiévales, le regretté H. Ammann, on en aura la preuve dans son essai « Wie gross war die mittelalterliche Stadt ? », in Studium Générale, 1956, pp. 503-506.

page 941 note 3. On pourrait ajouter pour certaines régions au XVe siècle un critère fiscal. Certaines agglomérations considérées comme « villes » paient un impôt spécial. Ainsi en Bretagne où 31 « villes » paient non pas le fouage mais des aides (renseignement aimablement communiqué par M. J. Leguay, auteur de La ville de Rennes au XVe siècle d'après les comptes des miseurs. Rennes, 1969).

page 941 note 4. Sur le phénomène général de l'Observance, cf. Histoire de l'Église fondée par A. Fliche et V. Martin, t. 14 : E. Delaruelle, E.-R. Labande, P. Ourliac, L'Église au temps du Grand Schisme et de la crise conciliaire (1378-1449). Paris, 1964, t. Il, 6e partie, ch. VI/2. La réforme des ordres religieux. Les mendiants, pp. 1065 sqq. Sur l'Observance chez les Franciscains en France des études introductives partielles : F. Gratien, « La fondation des Clarisses de l'Ave Maria et l'établissement des Frères Mineurs de l'Observance à Paris », in Études Franciscaines, 1912, pp. 607-613 ; ld., « Les débuts de la réforme des Cordeliers en France et Guillaume Josseaume (1390-1436) ». Ibid., 1914, pp. 415-439. R. Pratesi, « L'introduzione délia Regolare Osservanza nella Francia méridionale», in Archivum Fratrum Historicum, 1957, pp. 178- 194. F. Gratien, « Le Grand Schisme et la réforme des Cordeliers à Saint-Omer (1408-1409). Notes et documents », in Neerlandia Franciscana, 5 (1912).

page 942 note 1. Sur les liens entre Spirituels et Observants, cf. F. Ehrle, « Das Verhàltnis der Spiritualen zu den Anhângern der Observanz », in Archiv fur Literatur und Kulturgeschichte, IV, 1888, pp. 181-190. L. Oliger, « De relatione inter Observantium querimonias Constantinienses (1415) et Ubertini Casalensis quoddam scriptum », in Archivum Franciscanum Historicum, 1916, pp. 3-41. E. Blondeel D'Isegem, « L'influence d'Ubertin de Casale sur les écrits de S. Bernardin de Sienne », in Collectana Franciscana, 1935, pp. 5-44. Les textes d'Ubertin de Casale se trouvent dans le tome III de l'Archiv fur Literatur und Kulturgeschischte.

page 942 note 2. Voir infra l'étude de M. A. Guerreau sur les rentes et les ordres mendiants.

page 942 note 3. Loc. cit.. III. p. 116.

page 942 note 4. Epistola recollectorum ad Patres et Dominos in sacro concilio Constantiniensi, in Yves Magistri, Ocularia et Manipulus fratrum minorum, Paris, 1582, fol 149 sqq.

page 942 note 5. Ibid.. fol 193 v.

page 942 note 6. lbid.,io\ 195.

page 942 note 7. Renseignements aimablement communiqués par M. H. Martin. Ici l'excellent catalogue d'Emery n'est pas assez précis dans la localisation.

page 943 note 1. K. Eubel, Bullarium Franciscanum t. VII, p. 499.

page 943 note 2. Les textes se trouvent dans J.-F. Huguenin, Les Chroniques de la ville de Metz, Metz, 1838, aux pages 143, 147, 154, sqq, 170-175, 270, 272. Sur cette édition médiocre et quelques documents d'archives se sont fondées des études superficielles : J. B. Kaiser, « Die Anfange der Observanz in Metz », in Franziskanische Studien, 4, 1917. H. Tribout de Morembert, « Les frères Baudes et le complot contre la cité de Metz (1425-1433), in Archivum Franciscanum Historicum, 1962, pp. 501 -520. ID, « Les derniers jours des frères Baudes à Metz (février 1555) », Ibid., 1958, pp. 265-272. La passionnante histoire des frères Baudes reste à écrire, en même temps que la suite de la belle thèse de J. Schneider qui éclaire les conditions de l'intrusion des Franciscains Observants dans la société messine. Une bonne édition de La chronique de Philippe de Vigneulles a été procurée par Charles Bruneau, 4 vol., Metz-Nancy, 1927-1933.

page 945 note 1. Elle se compose de Mme M. de Fontette (cf. infra un aperçu de son étude sur les Cordeliers de Pontoise à paraître dans la Revue Historique de Droit) et de Mme G. Lagarde (cf. infra sa présentation des sources pour l'histoire des couvents mendiants parisiens aux Archives nationales), de Mlle Cl. Ambroselli, qui a quitté l'enquête mais en publiera le dossier cartographique comme mémoire des Hautes Études et de Mlle C. Ribaucourt qui a repris l'élaboration du dossier cartographique et assure le secrétariat scientifique de l'enquête. Sans les conseils éclairés et l'attention fidèle de Jacques Bertin, directeur du Laboratoire de Cartographie de la VI8 Section de l'E.P.H.E., cette enquête n'aboutirait pas.

page 945 note 2. Préparé sous la direction de M. M. Mollat, professeur à la Sorbonne, qui voudra bien trouver ici nos vifs remerciements.

page 945 note 3. Qu'on me permette de citer le P. A. Amargier, O. P. (Couvent des Prêcheurs de Marseille), Dom Jean Becquet (Abbaye de Ligugé), le Rev. Conrad M. Borntrager, O.S.M. (Lake Bluff, Illinois) qui prépare une importante étude sur les Servrr.es, H. Bresc (École Française de Rome), le Père F. Durieux, O.F.M. (Couvent des Mineurs de Béziers), R. W. Emery (The City University of New York). Th. Evergates (The Johns Hopkins University), J. de Font-Réaulx, R. Fossier (Université de Nancy), P. Gâche (Montargis), Ch. Higounet (Université de Bordeaux), B. Kùrbisôwna (Université de Poznan), Lester K. Little (Université de Chicago), J. Paul (Université d'Aix), F. Russell (The Johns Hopkins University), le P. P. Stainier, O. P. (Studium du Saulchoir et Université de Louvain), K. Schib (Schaffhouse), le P. Vallin, S. J . (Studium de Fourvières), le P. Wilibrord, O.F.M.C. (Couvent des Capucins de Paris, rue Boissonade). Notre gratitude va particulièrement aux Directeurs de Services d'Archives (et à certains de leurs collaborateurs) qui ont bien voulu nous répondre et nous donner souvent de très précieux renseignements. Ce sont ceux de l'Aisne, de l'Allier, des Basses-Alpes, des Hautes-Alpes, des Alpes-Martitimes, des Ardennes, de l'Ariège, de l'Aude, des Bouches-du-Rhône, du Cantal, du Cher, de la Corrèze, de la Côte-d'Or, des Côtes-du-Nord, de la Creuse, de la Dordogne, de la Drôme, de l'Eure-et-Loir, du Finistère, du Gard, du Gers, de la Gironde, de l'Ille-et-Vilaine, de l'Indre-et-Loire, de l'Isère, du Jura, du Loir-et-Cher, de la Loire, de la Loire-Atlantique, du Lot-et-Garonne, du Maine-et-Loire, de la Manche, de la Marne, de Meurthe-et-Moselle, de la Moselle, de la Nièvre, du Nord, de l'Orne, du Pas-de-Calais, des Pyrénées-Orientales, du Haut- Rhin, de la Haute-Saône, de la Saône-et-Loire, de la Sarthe, de la Savoie, de la Haute-Savoie, de la Seine, de la Seine-Maritime, de la Somme, du Tarn, du Tarn et-Garonne, du Var, du Vaucluse de la Vendée de la Haute-Vienne, des Vosges, de l'Yonne et des Yvelines.

page 946 note 1. Leurs lettres, comme l'ensemble du fichier et des dossiers de l'enquête, peuvent être consultées en s'adressant à Mlle C. Ribaucourt, Centre de Recherches Historiques de la VIe Section de l'École Pratique des Hautes Études, Maison des Sciences de l'Homme, 54, boulevard Raspail, Paris-VIe.