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Bois et déboisement dans la Méditerranée antique

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

William V. Harris*
Affiliation:
Columbia University

Résumé

L’accumulation rapide de données scientifiques (notamment palynologiques) permet aujourd’hui de faire l’histoire longue de la déforestation. Dans cet article portant sur le monde méditerranéen de 800 av. J.-C. à 600 ap. J.-C., le croisement de ces élément avec les sources textuelles nous permet de montrer que gestion des forêts a permis de limiter les déforestations sévères (menant à la pénurie de bois de chauffe) à des occurrences relativement isolées. Les données sur les grands arbres, toutefois, suggèrent que ces essences se dépeuplaient dans des proportions parfois aiguës dans les régions où la construction de navires ou de grands bâtiments était intense. En l’état actuel de nos connaissances, ni une lecture catastrophiste ni une vision trop optimiste ne se justifient, mais les données continuent de s’accumuler, et de sérieux problèmes de définition demeurent qui incitent à la prudence des conclusions.

Abstract

Abstract

The rapid accretion of scientific evidence has made the long-term history of deforestation more accessible. This article considers the case of the Mediterranean world, circa 800 BC to 600 AD. Neither historians nor scientists can do without each other here. Textual and scientific, especially palynological, evidence combine to show that, thanks in part to human management of timber resources, severe deforestation leading to shortages of fuel wood were relatively localized. The evidence about long timber suggests, however, that the taxa in question were often severely depleted in regions that constructed numerous ships and large buildings. At present, neither a catastrophist nor a highly optimistic reading of the evidence as a whole carries conviction. But new evidence continues to accumulate, and serious problems of definition remain.

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Footnotes

*

Je remercie chaleureusement Janet DeLaine (Oxford), Paolo Malanima (Naples), Don Melnick (Columbia) et Robyn Veal (Sydney) pour leur aide et leurs conseils.

References

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2- Sing Chew, C., World ecological degradation: Accumulation, urbanization, and deforestation 3000 B.C.-A.D. 2000, Walnut Creek, AltaMira Press, 2001, p. 93,Google Scholar qui reprend Thirgood, J. V., Man and the Mediterranean forest: A history of resource depletion, Londres, Academic Press, 1981,Google Scholar et plus particulièrement Hughes, J. Donald, Pan's travail: Environmental problems of the Ancient Greeks and Romans, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1994.Google Scholar A. Perry, David, Oren, Ram et C.Hart, Stephen, Forest ecosystems, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2008, p. 5,Google Scholar pensent que la déforestation de la Méditerranée moderne (qu’ils exagèrent implicitement) est une conséquence de celle de l’Antiquité. Örjan WIKANDER, « Sources of energy and exploitation of power », in Oleson, J. P. (dir.), Oxford handbook of engineering and technology in the Classical world, Oxford, Oxford University Press, 2008, p. 136-157, ici p. 139,Google Scholar dit qu’il y a « peu de doute que la Grèce et l’Italie furent sujettes à une importante déforestation au cours de la dernière moitié du millénaire avant J.-C. ».

3- A.Tainter, Joseph, « Archaeology of overshoot and collapse », Annual Review of Anthropology, 35, 2006, p. 5974.CrossRefGoogle Scholar

4- Pour cette distinction, voir Ulpien, Digeste, XXXII, 55 praefatio. Dans cet article, je devrais normalement utiliser le terme lignum dans son sens spécifique pour faire référence au bois combustible. La distinction entre xulon et hule en Grec est encore moins précise.

5- Pour une bibliographie essentielle, voir R. Sallares, « Ecology », art. cit., p. 26.

6- Andrieu-Ponel, Valérie et al., « Palaeoenvironments and cultural landscapes of the last 2000 years reconstructed from pollen and coleopteran records in the lower Rhône valley, Southern France », The Holocene, 10, 2000, p. 341355.CrossRefGoogle Scholar

7- Il serait vain de cataloguer les « faux-pas » historiques des écologistes scientifiques.

8- W. Butzer, Karl, « Environmental history in the Mediterranean world: Crossdisciplinary investigation of cause-and-effect for degradation and soil erosion », Journal of Archaeological Science, 32, 2005, p. 1773-1800.CrossRefGoogle Scholar

9- Giardina, Andrea, « Allevamento ed economia della selva in Italia meridionale: trasformazioni e continuità », in Giardina, A. et Schiavone, A. (dir.), Società romana e produzione schiavistica, Rome/Bari, Laterza, 1981, I, p. 87113,Google Scholar a également apporté une contribution précieuse.

10- Meiggs, Russell, Trees and timber in the Ancient Mediterranean world, Oxford, Oxford University Press, 1982, p. 379.Google Scholar

11- Thirgood, J. V., Man and the Mediterranean forest…, op. cit.Google Scholar

12- J.D.Hughes, Pan's travail…, op. cit., p. 89-90. Blondel, Jacques et Aronson, James, Biology and wildlife of the Mediterranean region, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 202,Google Scholar semblent proches de cette école de pensée, mais ils affirment aussi que « le déclin de chaque grande civilisation fut presque toujours suivi d’un reboisement à large échelle des zones touchées ».

13- Pour les « immenses ravages » des forêts entre le XVe et le XVIIIe siècle, voir Braudel, Fernand, Les structures du quotidien : le possible et l’impossible, Paris, Armand Colin, [1967] 1979, p. 318.Google Scholar Pour l’idée selon laquelle les effets les plus graves remontent aux 120-150 dernières années, avec quelques nuances tout de même, voir Horden, Peregrine et Purcell, Nicholas, The corrupting sea: A study of Mediterranean history, Oxford, Blackwell, 2000, p. 338.Google Scholar

14- On remarque le titre de la contribution d’Oliver Rackham, « Ecology and pseudoecology: The example of Ancient Greece », in Shipley, G. et Salmon, J. (dir.), Human landscapes in classical Antiquity: Environment and culture, Londres, Routledge, 1996, p. 1643.Google Scholar

15- Thomas Grove, Alfred et Rackham, Oliver, The nature of Mediterranean Europe: An ecological history, New Haven, Yale University Press, 2001, p. 174.Google Scholar En fait, l’Italie consomme beaucoup moins de bois de chauffage par habitant que la France ou les états-Unis. Les données détaillées peuvent être trouvées sur : http://rainforests. mongabay.com.

16- L.Lentz, David et Hockaday, Brian, « Tikal timbers and temples: Ancient Maya agroforestry and the end of time », Journal of Archaeological Science, 36, 2009, p. 1342- 1353.CrossRefGoogle Scholar

17- Voir Abulafa, David, « Mediterraneans », in Harris, W. V.(dir.), Rethinking the Mediterranean,Oxford, Oxford University Press, 2005, p. 6493;Google Scholar William V.Harris, « The Mediterranean and Ancient history », ibid., p. 1-42 ; Michael Herzfeld, « Practical Mediterraneanism: Excuses for everything from epistemology to eating », ibid., p. 45-63.

18- Horden, P. et Purcell, N., The corrupting sea…, op. cit., p. 184185.Google Scholar

19- La définition est plutôt rare ;D. A. Perry, R.Oren et S. C.Hart, Forest ecosystems…, op. cit., font souvent référence au phénomène, en 600 pages, sans le définir. Pour O.RACKHAM, « Ecology and pseudo-ecology… », art. cit., p. 28, « la déforestation est l’abattage d’arbres sans reboisement ». Mais cela doit être à une échelle significative.

20- Le flou autour du terme est très bien illustré par le New York Times du 20 août 2009 quand il parle de « déforestation sélective » après une tempête qui aurait détruit 100 des 24 130 arbres de Central Park (en fait, les dégâts furent bien plus importants).

21- Sander E. Van Der Leeuw et al., « Climate, hydrology, land use, and environmental degradation in the lower Rhone valley during the Roman period », Comptes Rendus. Geoscience, 337, 1-2, 2005, p. 9-27, avec allusion à la période romaine.

22- Le fait que le grec et le latin classique manquaient de mots pour différencier la forêt du bois ne me paraît pas significatif.

23- Livre de Josué, II, 17, 15-18.

24- Voir par exemple ératosthène sur Chypre in Strabon, Géographie, XIV, 684. Voir également le passage de Lucrèce cité en ouverture de cet article.

25- Sur les distinctions qui peuvent être établies entre ces termes, voir, par exemple, Blondel, J. et Aronson, J., Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 118 120.Google Scholar Phrygana en grec classique peut signifier bois pour le feu ou arbustes.

26- Ou lorsque les bois furent remplacés par de la vigne et des oliviers.

27- Björn E. Berglund, « Methods for quantifying prehistoric deforestation », in Frenzel, B. (dir.), Evaluation of land surfaces cleared from forests in the Roman Iron Age and the time of migrating German tribes based on regional pollen diagrams, Stuttgart, Gustav Fischer Verlag, 1994, p. 7-11, ici p. 7,Google Scholar dans un intéressant récit de l’histoire écologique de la région d’Ystad au sud de la Suède, distingue six paysages types, avec de 0 à 90% d’espaces défrichés.

28- Selon une définition simple, un karst est « une région calcaire qui [est] très fissurée à la suite de la dissolution calcaire » : Blondel, J. et Aronson, J., Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. XIX.Google Scholar

29- Voir, particulièrement sur ce problème, Florence Mazier et al., « Pollen productivity estimates and relevant source area for major taxa in a pasture woodland (Jura mountains, Switzerland) », Vegetation History and Archaeobotany, 17, 2008, p. 479-495.

30- Une tendance critiquée par Horden, P. et Purcell, N., The corrupting sea…, op. cit., p. 337.Google Scholar

31- O. Rackham, « Ecology and pseudo-ecology… », art. cit., p. 31. Il privilégie ainsi ce qu’il nomme à tort la « Grèce antique ».

32- R. Sallares, « Ecology », art. cit., p. 23.

33- Par conséquent l’existence de localités telle Lago di Pergusa en Sicile, où la palynologie nous dit que rien n’a changé depuis l’Antiquité (ibid., p. 25), ne permet en rien de traiter d’une question plus vaste.

34- Horden, P. et Purcell, N., The corrupting sea…, op. cit., p. 5377.Google Scholar

35- Reale, Oreste et Shukla, Jagadish, « Modeling the effects of vegetation on Mediterranean climate during the Roman classical period: Part II. Model simulation», Global and Planetary Change, 25, 2000, p. 185-214, ici p. 190.Google Scholar Les géographes ont essayé de faire ce genre de choses depuis longtemps : voir, par exemple, la citation de l’écrivain du Xe siècle, al-Muqadassi, dans Horden, P. et Purcell, N., The corrupting sea…, op. cit., p. 53.Google Scholar

36- B. E.Berglund, « Methods for quantifying prehistoric deforestation », art. cit., p. 6.

37- Thirgood, J. V., Man and the Mediterranean forest…, op. cit., p. 11 et 13 Google Scholar qualifie la végétation du monde pré-classique « d’originale », mais cette erreur semble avoir disparu.

38- Reille, Maurice et al., « The Holocene at lac de Creno, Corsica, France: A key site for the whole island», New Phytologist, 141, 1999, p. 291-307, ici p. 304.CrossRefGoogle Scholar Je mets ici de côté plusieurs problèmes, comme celui de savoir si la culture sur brûlis était pratiquée en Méditerranée préhistorique.

39- Gardiner, Alan, Egypt of the Pharaohs: An introduction, Oxford, Clarendon Press, 1961, p. 42;Google Scholar voir en outreMarvin W.Mikesell, « The deforestation of Mount Lebanon », Geographical Review, 59, 1969, p. 1-28, ici p. 12-13, sur les importations égyptiennes de cette région, et p. 14-17 sur le bois provenant de Mésopotamie. Voir également Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., chap. 3.Google Scholar

40- Voir, par exemple, Catherine Smith, Delano, «Where was the ‘wilderness’ in Roman times? », in Shipley, G. et Salmon, J. (dir.), Human landscapes in classical Antiquity: Environment and culture, Londres, Routledge, 1996, p. 154-179, ici p. 174177,Google Scholar concernant l’Italie. En ce qui concerne l’Espagne, voir A. C. Stevenson et R. J. Harrison, «Ancient forests in Spain: A model for land-use and dry-forest management in southwest Spain from 4000 BC to 1900 AD», Proceedings of the Prehistoric Society, 58, 1992, p. 227- 247 ; W. Butzer, Karl, compte rendu in Annals of the Association of American Geographers, 93, 2003, p. 494498, ici p. 496-497.CrossRefGoogle Scholar

41- Parker, Anthony John, Ancient shipwrecks of the Mediterranean and the Roman provinces, Oxford, Tempus Reparatum, 1992, p. 439.Google Scholar Pour la métallurgie en Méditerranée avant 1000 av. J.-C., voir P.HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea…, op. cit., p. 347-348, plus une grande quantité de littérature plus spécialisée.

42- Grove, A. T. et Rackham, O., The nature of Mediterranean Europe…, op. cit., p. 166.Google Scholar

43- Frank Neumann et al., « Holocene vegetation and climate history of the northern Golan Heights (Near East) », Vegetation History and Archaeobotany, 16-4, 2007, p. 329- 346, ici p. 342 : « pas de changements [de climat] distinctifs au cours des 6 000 dernières années » ; Dagfinn MOE et al., « Vegetational changes and human presence in the lowalpine and subalpine zone in Val Febbraro, upper Valle di Spluga (Italian central Alps), from the Neolithic to the Roman period », Vegetation History and Archaeobotany, 16, 2007, p. 431-451, ici p. 431 : « aucun changement climatique d’importance locale ne fut recensé au cours des 6 000 dernières années ». Une grande partie des recherches les plus récentes peut être suivie sur http://www.ngdc.noaa.gov/wdc/usa/paleo.html.

44- Giuseppe CURZI et al., « Millennial- to centennial-scale palaeoclimatic variations during Termination I and the Holocene in the central Mediterranean sea », Global and Planetary Change, 40-1, 2004, p. 201-217, ici p. 203. Voir cependant aussi Grove, A. T. et Rackham, O., The nature of Mediterranean Europe…, op. cit.,Google Scholar chap. 9. Dans certains domaines, par exemple la Tunisie entre 34 et 36o de latitude, il semble impossible de concilier l’histoire économique bien connue de l’époque romaine avec un climat comme celui qui prévaut aujourd’hui.

45- Je réutilise ici la méthode utilisée par O.REALE et J. SHUKLA, « Modeling the effects of vegetation on Mediterranean climate… », art. cit.

46- « Côtière » est à prendre dans son sens braudelien le plus large.

47- Au-dessus de 800 mètres (la limite approximative, dans les régions méditerranéennes, entre chênes et sapins). Pour les effets de l’altitude sur la répartition des essences méditerranéennes, voir Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., p. 4144,Google Scholar et Blondel, J. et Aronson, J., Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 9098.Google Scholar

48- De nombreuses recherches ont été faussées par un manque d’attention vis-à-vis de cette question…

49- Higounet, Charles, « Les forêts de l’Europe occidentale du Ve au XIe siècle », Settimane di Studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo 13. Agricoltura e mondo rurale in Occidente nell’alto Medioevo, Spolète, 1966, p. 343398 ;Google Scholar Maurice Lombard, « Un problème cartographié : le bois dans la Méditerranée musulmane (VIIe-XIe siècles) », Annales ESC, 14-2, 1959, p. 234-254. Pour un commentaire sur la carte d’Higounet, voir Chris Wickham, « European forests in the early Middle Ages: Landscape and land clearance », Settimane di Studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo 37. L’ambiente vegetale nell’alto medioevo, Spolète, 1990, p. 479-545, ici p. 479 et 499-500.

50- Malanima, Paolo, Pre-modern European economy, Leyde, Brill, 2009, p. 5758.CrossRefGoogle Scholar Pour certaines sources spécifiques concernant le VIe siècle en Italie, voir ci-dessous. A. T.Grove et O.Rackham, The nature of Mediterranean Europe…, op. cit., p. 174, n’auraient pas dû utiliser des sources du règne de Théodoric pour parvenir à des conclusions au sujet du Haut-Empire romain.

51- Voir William V.HARRIS, « Introduction », in Harris, W. V., Rome's imperial economy, Oxford, Oxford University Press, 2011.CrossRefGoogle Scholar

52- Gilgarciá, M. José et al., « Late Holocene environments in Las Tablas de Daimiel (south central Iberian Peninsula, Spain) », Vegetation History and Archaeobotany, 16, 2007, p. 241550,CrossRefGoogle Scholar datent son commencement à partir de 150 av. J.-C.

53- Walter Scheidel, « Demography », in Scheidel, W., Morris, I. et Saller, R. (dir.), The Cambridge economic history of the Greco-Roman worlds, op. cit., p. 47.Google Scholar

54- Corpus Inscriptionum Latinarum, VIII, 25903, 25943 = Fontes Iuris Romani Anteiustiniani I, no 101 (les lignes 6-7 font référence à la culture des vignes et des oliviers in silvestribus), ce fut l’Afrique du Nord dans laquelle TERTULLIEN, De anima, XXX, 3, a écrit que « des champs cultivés ont conquis les terres boisées ». Voir R.Meiggs, Trees and timber…, op. cit., p. 374.

55- Ces chiffres de population sont approximatifs ; ils suivent la conclusion de W. SCHEIDEL, « Demography », art. cit., p. 42, qui dit qu’« entre le XIIe siècle avant J.-C. et le IIe siècle après J.-C., la population de la partie de l’Europe, qui a finalement été reprise par l’empire romain, a quadruplé ». Selon P.Malanima, Pre-modern European economy, op. cit., p. 106, citant des sources diverses, « sur un terrain plat raisonnablement fertile, pour une famille de paysans (de cinq membres), il faudrait entre 5-10 hectares pour survivre », dans un système traditionnel européen de l’agriculture sèche (voir ibid., p. 110, pour le fait que beaucoup survécurent avec moins d’un hectare par personne).

56- J. E. Rehder, Selon, The mastery and uses of fire in Antiquity, Montréal, McGill- Queen's University Press, 2000, p. 154,Google Scholar le Domesday Book montre qu’une personne occupait en moyenne 2,6 ha de terres agricoles.

57- Beloch, Julius, Die Bevölkerung der griechisch-römischen Welt, Leipzig, Duncker & Humblot, 1886, p. 507.Google Scholar Blondel, J. et Aronson, J., Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 204 Google Scholar, ont calculé que la zone de « climat de type méditerranéen » était de 2 119 960 km2, mais certains de leurs chiffres pour certains pays semblent trop bas. Ils excluent, tout comme moi, certaines régions du Portugal et de la Bulgarie.

58- C. Wickham, « European forests in the early Middle Ages… », art. cit., p. 541.

59- Caton, De l’agriculture, 1 fin, 3 début.

60- Voir particulièrement Robin LANE FOX, « Ancient hunting: From Homer to Polybius », in G. Shipley, et Salmon, J. (dir.), Human landscapes in classical Antiquity…, op. cit., p. 119153.Google Scholar

61- Sauf peut-être pour les temps archaïques où la production et la consommation étaient si limitées qu’elles ne pesaient pas sur les approvisionnements.

62- Rehder, J. E., The mastery and uses of fire in Antiquity, op. cit., p. 152.Google Scholar

63- Barker, Graeme, Gilbertson, David et Mattingly, David (dir.), Archaeology and desertification: The Wadi Faynan landscape survey, southern Jordan, Oxford, Oxbow Books, 2007.Google Scholar

64- Le nombre 82 500 a été suggéré par F.Healy, John, Mining and metallurgy in the Greek and Roman world, Londres, Thames and Hudson, 1978, p. 196,Google Scholar scientifique très érudit de la métallurgie antique, et est souvent repris. Il se fonde sur une estimation de la consommation par habitant (14,5 kg). Les tentatives pour calculer le chiffre exact en estimant la taille d’anciens terrils doivent être considérées avec réserve.

65- Malanima, P., Pre-modern European economy, op. cit., p. 234.Google Scholar

66- Ibid., p. 234, renvoie à A.Wertime, Theodore et D.Muhly, James, The coming of the Age of Iron, New Haven, Yale University Press, 1980,Google Scholar p. XVIII, pour les chiffres romains, mais ceux-ci n’expliquent pas comment ils sont parvenus à ces chiffres.

67- Voir Sim, David et Ridge, Isabella, Iron for the eagles: The iron industry of Roman Britain, Stroud, Tempus, 2002, p. 43.Google Scholar

68- Voir Healy, J. F., Mining and metallurgy…, op. cit. ;Google Scholar Paul T.Craddock, « Mining and metallurgy », in Oleson, J. (dir.), Oxford handbook of engineering and technology…, op. cit., p. 93-120, ici p. 107109,Google Scholar et la bibliographie fournie par ce dernier.

69- Braudel, F., Les structures du quotidien…, op. cit., p. 321;Google Scholar P.T. Craddock, « Mining and metallurgy », art. cit., p. 105.

70- Horden, P. et Purcell, N., The corrupting sea…, op. cit., p. 184.Google Scholar Un ratio similaire de bois pour le fer est possible pour l’Angleterre en 1550, selon Oliver RACKHAM, Woodlands, Londres, Collins, 2006, p. 125. Juan HELGUERA QUIJADA, « Los problemas energéticos de la industria española a finales del siglo XVIII: entre el agotamiento de las energías tradicionales y el fracaso de las nuevas fuentes de energía », in Cavaciocchi, S. (dir.), Economia e energia secc. XIII-XVIII, Florence, Istituto internazionale di storia economica « F. Datini », Prato, 2003, p. 381406,Google Scholar ici p. 382, dit qu’au XIXe siècle en Espagne, il fallait environ 4,5 kg de charbon de bois pour produire 1 kg de fer ; et le charbon de bois nécessitait 20-25 kg de bois.

71- Le poids de cette quantité de bois varie considérablement bien sûr. Je me suis basé sur une estimation de F. Votruba, Gregory, « Imported building materials of Sebastos harbour, Israel », International Journal of Nautical Archaeology, 36, 2007, p. 325335,CrossRefGoogle Scholar et une estimation plus élevée (pour les résineux) sur www.engineeringtoolbox.com. La quantité de bois nécessaire pour produire une quantité donnée de charbon de bois est assez variable : pour une proportion de 10/1, voir P.Horden et N. Purcell, The corrupting sea…, op. cit., p. 334; J.E. Rehder, The mastery and uses of fire in Antiquity, op. cit., p. 56, suggère un rendement moyen pour l’Antiquité de 10 à 15%.

72- Je remercie Paolo Malanima pour cette estimation probable du rendement.

73- Rehder, J. E., The mastery and uses of fire in Antiquity, op. cit., p. 149152.Google Scholar

74- Voir Williams, Michael, Deforesting the earth, Chicago, The University of Chicago Press, 2003, p. 91,Google Scholar pour certains calculs complémentaires.

75- Voir Janet Delaine, « The supply of building materials to the city of Rome: Some economic implications », in Christie, N. (dir.), Settlement and economy in Italy, Oxford, Oxbow Books, 1995, p. 555562,Google Scholar ici p. 557-558. Le chiffre de 150 m3 de bois de chauffage par m3 de briques cuites, proposé par Williams, M., Deforesting the earth, op. cit., p. 3 et 90,Google Scholar est incompréhensible.

76- Braudel, F., Les structures du quotidien…, op. cit., p. 321.Google Scholar

77- Henry Noël LE HOUéROU, « Impact of man and his animals on Mediterranean vegetation », in Di Castri, F., Goodall, D.W. et Specht, R. L. (dir.), Mediterranean-type shrublands, Amsterdam, Elsevier Scientific Pub. Co., 1981, p. 479521,Google Scholar ici p. 514. Vernet, Jean- Louis, L’homme et la forêt méditerranéenne de la Préhistoire à nos jours, Paris, éd. Errance, 1997, p. 61,Google Scholar affirme que les gens pauvres de Bangui utilisaient environ 500 kg par personne et par an (en 1987).

78- Horden, P. et Purcell, N., The corrupting sea…, op. cit., p. 185,Google Scholar appliquent ce chiffre à la Méditerranée antique et médiévale ; il correspond à leur point de vue, qui a ten- dance à minimiser la déforestation pour ces périodes.

79- Williams, M., Deforesting the earth…, op. cit., p. 91.Google Scholar

80- Le chiffre provient de V.Reynolds, Robert et H. Pierson, Albert, Fuel wood used in the United States 1630-1830, Washington DC, US Department of Agriculture Circular 641, 1942, p. 811,Google Scholar mais il est fondé sur des conjectures sur la consommation par habitant (ibid., p. 9, où la taille d’une corde de bois prête à confusion), qui pourraient occasionner une erreur d’un ordre de quatre. Les conditions climatiques dans les deux régions étaient en tout cas très différentes, de même que les traditions de construction de logements (utilisation intensive de bois en Amérique du Nord).

81- Malanima, P., Pre-modern European economy, op. cit., p. 56.Google Scholar

82- Enric Tello, « Nuovi problemi, approcci e metodi per la storia economica ambientale delle società preindustriali », Studi Storici, 50, 2009, p. 607-631, ici p. 622, cite une recherche qui implique la consommation d’environ 2,5 kg par personne et par jour au XVIIIe siècle à Madrid.

83- Roger B.Ulrich, « Woodworking », in oleson, J., Oxford handbook of engineering and technology…, op. cit., p. 439-464, ici p. 449 Google Scholar, fournit une liste sommaire mais pratique de l’utilisation d’espèces différentes. Pour la grande variété des bois utilisés dans la construction navale, voir en particulier G.GIACHI et al., « The wood of ‘C’ and ‘F’ Roman ships found in the ancient harbour of Pisa (Tuscany, Italy): The utilisation of different timbers and the probable geographical area which supplied them », Journal of Cultural Heritage, 4, 2003, p. 269-283.

84- Robert C. Allen, « Was there a timber crisis in early modern Europe? », in Cavaciocchi, S (dir.), Economia e energia secc. XIII-XVIII, op. cit., p. 469482.Google Scholar

85- Maneschi, Andrea, Comparative advantage in international trade: A historical perspective, Cheltenham, E. Elgar Publ., 1998,Google Scholar fournit une histoire de ce concept et de sa critique.

86- Bresson, Alain, L’économie de la Grèce des cités, Paris, Armand Colin, 2008, t. I, p. 82 Google Scholar, affirme que le prix (prétendument) élevé du carburant a eu cet effet sur l’économie grecque.

87- Braudel, F., Les structures du quotidien…, op. cit., p. 320.Google Scholar

88- Voir Veal, Robyn et Thompson, Gill, «Fuel supplies for Pompeii: Pre-Roman and Roman charcoals from the Casa delle Vestali », in Fiorentino, G. et Magri, D. (dir.), Charcoals from the past: Cultural and palaeoenvironmental implications, Oxford, Archaeo- press, 2008, p. 287-297, ici p. 293:Google Scholar le bois provenait probablement des terres situées au dessus de 800 m. Pour une gestion similaire à l’époque romaine dans le Languedoc, voir Lucie CHABAL, Forêts et sociétés en Languedoc (Néolithique final, Antiquité tardive), Paris, éd. de la MSH, 1997, p. 136.

89- À proprement parler, ce que nous savons, c’est qu’un homme d’Athènes a commandé une grande quantité de bois de chauffage à une personne de Torone, voir la lettre écrite sur plomb reproduite dans Supplementum Epigraphicum Graecum, 43, 1993, no 488. Malgré le fait que Torone soit tombée sous le joug de Philippe II de Macédoine en 349, les épigraphistes semblent confiants quant à la datation de la lettre. Il n’est guère surprenant qu’Athènes ait dû importer du bois à un moment où elle pouvait avoir quelque 47 000 rames de trière : Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., p. 131.Google Scholar

90- C’est aussi à la même époque qu’un résident d’Athènes a écrit qu’un bon gouvernement doit imposer la nomination de protecteurs des bois (huloroi): Aristote, Politique, VI, 8, 1321b30.

91- Tite-Live, Histoire romaine, XXXV, 41, 10.

92- Cette vision est confortée par les conclusions de Pier LuigiTUCCI, « Eight fragments of the marble plan of Rome shedding new light on the Transtiberim », Papers of the British School at Rome, 72, 2004, p. 185-202, ici p. 199. Le Pons Sublicius (et donc selon toute vraisemblance la Porta Trigemina) était situé plus bas sur la rivière qu’on le pensait auparavant.

93- De Sicile, Diodore, Bibliothèque historique, V, 13;Google Scholar Strabon, Géographie, V, 223. Il est possible, bien entendu, que Diodore ait été mal informé ; possible aussi que l’île d’Elbe ait été longtemps tributaire du carburant provenant du continent.

94- PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XXXIV, 95-96 : « in multis partibus provinciisque Italiae ». R.MEIGGS, Trees and timber…, op. cit., p. 380, trouve ce témoignage difficile à croire parce que « la plupart des régions de la Gaule resta densément boisée », mais même si cela était vrai, ce ne serait pas pertinent en raison du problème de transport ; en fait, la raison pour laquelle les forgerons en question utilisaient du charbon de bois au lieu du bois était que le premier était plus léger et donc moins coûteux à transporter. Il y a aussi des sources montrant que les fours à poterie étaient approvisionnés en carburant locaux dans divers endroits : P.HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea…, op. cit., p. 335.

95- Pline Le Jeune, Lettres, X, 41.

96- Pour la datation de la mosaïque, voir Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., p.339.Google Scholar

97- ULPIEN, Digeste, XXXII, 55, 5 : « in Aegypto, ubi harundine pro ligno utuntur… ».

98- Bernard P.GRENFELL et Arthur S.HUNT (dir.), The Tebtunis Papyri, Londres, Egypt Exploration Society, 1907, II, no 686 (IIe ou IIIe siècle). C’est sans doute un autre cas d’« avantage comparatif », auquel s’ajoute peut-être la nécessité de remplir les navires céréaliers de retour d’Ostie vers Alexandrie. Mais tout dans la configuration des échanges ne s’explique pas facilement : que devons-nous penser par exemple de la mosaïque provenant d’un tombeau de Sousse qui représente apparemment l’importation par voie maritime du lignum ? Le cabotage peut-être ? Voir, entre autres, Katherine M. D. DUNBABIN, The mosaics of Roman North Africa, Oxford, Clarendon Press, 1978, pl. 48. L’identification correcte de la cargaison a été faite par R.MEIGGS, Trees and timber…, op. cit., p. 529-530. La possibilité que la pénurie en combustible soit liée à une baisse de la production de briques en Italie après Alexandre Sévère (il y a eu une reprise sous la tétrarchie) ou au passage à grande échelle de l’incinération à l’inhumation fait encore débat : R.MEIGGS, ibid., p. 504, n. 119 et 257, défend la première hypothèse et réfute la seconde ; pour ma part, je penche pour l’inverse.

99- Codex Theodosianus, 13.5.10, 14.5.1. Voir l’analyse de R.Meiggs, Trees and timber…, op. cit., p. 258-259 (discutable à certains égards). L’affirmation dans l’Historia Augusta, Vie d’Alexandre Sévère, XXIV, 5, selon laquelle ce souverain serait lui-même concerné par cette question est probablement fausse, comme beaucoup d’autres passages de la biographie – mais elle nous permet de savoir ce que l’on pensait des devoirs d’un empereur à la fin du IVesiècle.

100- Symmaque, Relatio, XXXX, 3.

101- Vera, Ainsi Domenico, Commento storico alle Relationes di Quinto Aurelio Simmaco, Pise, Giardini, 1981.Google Scholar

102- Codex Theodosianus, 11.16.15 et 18 (où la réquisition de charbon de bois pour la fabrication d’armes est appelée une « coutume ancienne »), délivrée aux préfets du prétoire en 382 et 390.

103- Horden, P. et Purcell, N., The corrupting sea…, op. cit., p. 336. Google Scholar

104- Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., p. 110113.Google Scholar

105- Ibid., p. 126-130. Les remous que firent les Athéniens pour un simple cyprès envoyé de Carpathos au cours de la période 445-430 (IG I3.1454) suggèrent une pénurie.

106- THéOPHRASTE, Histoire des plantes, V, 7, 1. Il y a de nombreuses complications dans ce domaine : par exemple, les jeunes arbres donnaient les meilleures rames (en raison de leur souplesse) : R.MEIGGS, Trees and timber…, op. cit., p. 119.

107- Platon, Critias, 111c. : « Mais, en ce temps-là, le pays [l’Attique] était encore intact… il y avait sur les montagnes de grandes forêts, dont il reste encore aujourd’hui des témoignages visibles. Si, en effet, parmi les montagnes, il en est qui ne nourrissent plus que des abeilles, il n’y a pas bien longtemps qu’on y coupait des arbres propres à couvrir les plus vastes constructions, dont les poutres existent encore. Il y avait aussi beaucoup de grands arbres (hemera) à fruits et le sol produisait du fourrage à l’infini pour le bétail. » Inutile de préciser que la description que Platon fait des montagnes de l’Attique à son époque ne suffit pas à elle seule pour confirmer ou au contraire invalider les autres sources témoignant de la présence d’arbres et même de forêts entières en Attique à la période classique.

108- R. MEIGGS, Trees and timber…, op. cit., p. 188-189 ; M.WILLIAMS, Deforesting the earth…, op. cit., p. 96 ; Joachim RADKAU, Nature and power: A global history of the environment, Washington/Cambridge, German Historical Institute/Cambridge University Press, [2002] 2008, p. 132-133 (qui invente aussi une citation d’Eratosthène). A. T. GROVE et O.RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe…, op. cit., p. 288, accusent à tort Platon d’avoir écrit ici « une Attique fictionnelle ». Son histoire est une fiction, mais il est erroné de traiter le récit de l’Attique contemporaine en ces termes : voir William V.HARRIS, « Plato and the deforestation of Attica », Athenaeum, à paraître. Les sangliers et les ours sur le mont Parnasse, mentionnés par PAUSANIAS, Description de la Grèce, I, 32, 1, et évoqués par R.MEIGGS, Trees and timber…, op. cit., p. 381, appartiennent à une période tout à fait différente.

109- Même dans les temps mythiques, l’Attique ne fut jamais riche en bois de construction navale, dit PLATON, Lois, IV, 706b, ce qui tend à confirmer le passage du Critias, comme le fait PSEUDO-DEMOSTHèNE, Sur le traité avec Alexandre, XVII, 28.

110- THéOphraste, Histoire des plantes. L’« Italie » pour Théophraste signifie encore la Calabre, il sous-estime les ressources du reste de la péninsule qu’il n’avait apparemment pas visitée : William V.HARRIS, « Quando e come l’Italia divenne per la prima volta Italia? Un saggio sulla politica dell’identità », Studi Storici, 48, 2007, p. 301-322.

111- R.Meiggs, Comme, Trees and timber…, op. cit., p. 139,Google Scholar le remarque.

112- THéOphraste, Histoire des plantes, V, 2, 1. Mais il évalue la qualité, pas le prix ou la disponibilité.

113- Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., p. 423457 Google Scholar, examine cette source en détail, mais je ne partage pas l’idée selon laquelle l’origine géographique du vendeur révèle la provenance de son bois (il y avait un trop grand nombre de Corinthiens). Le témoignage le plus intéressant de notre point de vue vient de Delphes : il montre notamment que les promoteurs en charge de la reconstruction du temple d’Apollon pouvaient obtenir 17 cyprès de Sicyone en 335, mais à des prix « exceptionnellement élevés » (ibid., p. 431).

114- Diodore De Sicile, Bibliothèque historique, XIX, 58.

115- Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., p. 133135.Google Scholar

116- Voir Hélène CADELL, «P. Genève 60, B.G.U. II 456 et le problème du bois en égypte », Chronique d’égypte, 51, 1976, p. 331-348, ici p. 346, et Bärbel KRAMER, « Arborikultur und Holzwirtschaft im griechischen, römischen und byzantinischen Ägypten », Archiv für Papyrusforschung, 41, 1995, p. 217-231, ici p. 218-222. Le gouvernement s’intéressait à la question des arbres en partie à cause de leur importance pour la sécurité des digues :Marie DREW-BEAR, « Le bois en égypte d’après les papyrus d’époque romaine », in J.-C. BéAL (dir.), L’arbre et la forêt : le bois dans l’Antiquité, Paris, De Boccard, 1995, p. 3-9, ici p. 3-4 ; Arthur S.HUNT et J. Gilbart SMYLY (dir.), The Tebtunis Papyri, Londres, Egypt Exploration Society, 1933, III, no 703 (seconde moitié du IIIe siècle avant J.-C.)

117- Select Papyri, II.210 = Lenger, Marie-Thérèse (dir.), Corpus des ordonnances des Ptolémées, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1964, no 53, lignes 200206.Google Scholar Cela dépend si les « plantations » faisaient allusion aux arbres.

118- Strabon, Géographie, XIV, 669 : « Depuis qu’il a été adapté à la construction de flottes. » Il est assez vague quant à l’étendue de la région en question. Ce fut aussi sans doute la façon dont elle a obtenu la Cilicie (ibid., 670).

119- S.Hunt, Arthur (dir.), The Oxyrhynchus PapyriIX, Londres, Egyptian Exploration Society, 1912, no 1188. Voir B.Kramer, « Arborikultur und Holzwirtschaft… », art. cit., p. 230.Google Scholar

120- Il est symptomatique qu’à une date si précoce l’état prenne le titre de propriété de toutes les forêts côtières : CICéRON, De Republica, II, 58, attribue la mesure au roi Ancus Marcius.

121- Denys D’Halicarnasse, Antiquités romaines, I, 37, 4, pris au sens littéral par Marcus Nenninger, , Die Römer und der Wald, Stuttgart, Steiner, 2001, p. 200.Google Scholar Il est tout à fait faux, par exemple, que l’Italie possédait « des mines de toutes sortes », I, 37, 5 : voir A. Brunt, Peter, Italian manpower, 225 B.C.-A.D. 14, Oxford, Oxford University Press,1971, p. 128129.Google Scholar Et il a également tort quand il affirme (XX, 15) que la Sila suffisait aux besoins de l’Italie.

122- Stephan T. A. M. Mols, « Identification of the woods used in the furniture at Herculaneum », in W. Jashemski, F. et Meyer, F. G. (dir.), The natural history of Pompeii, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 225-234, ici p. 230.Google Scholar 39 sur 51 des échantillons du mobilier d’Herculaneum était faits de ce matériau.

123- Peter I.Kuniholm, « Dendrochronological investigations at Herculaneum and Pompeii », in W. F. JASHEMSKI et F. G.MEYER (dir.), The natural history of Pompeii, op. cit., p. 235-239, ici p. 235.

124- Pour le commerce de ce bois, voir S. T. A. M. MOLS, « Identification of the woods used in the furniture at Herculaneum », art. cit., p. 226.

125- Je laisse de côté la question de tableaux luxueux en bois d’agrumes (Callitris quadrivalvis) importés de Mauritanie, qui conduisirent à la déforestation de la « Mons Ancorarius »: Pline L’Ancien, Histoire naturelle, XIII, 95.

126- Strabon, Géographie, V, 223, un passage mal traduit par J. D. Hughes, Pan's travail…, op. cit., p. 3, et A. T. GROVE et O.RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe…, op. cit., p. 173 n.

127- Strabon, Géographie, V, 222. C’était peut-être une affirmation anachronique.

128- P. I.KUNIHOLM, «Dendrochronological investigations at Herculaneum and Pompeii », art. cit., p. 236-237 (source dendrochronologique). Il est dommage que les chercheurs en question n’aient pas vérifié les échantillons de Ligurie.

129- Pline L’Ancien, Histoire naturelle, XXI, 53.

130- Hughes, J. Donald, «How the Ancients viewed deforestation », Journal of Field Archaeology, 10, 1983, p. 437-445, ici p. 437,CrossRefGoogle Scholar sur la base de Pline L’Ancien, Histoire naturelle, XIII, 65 (avec TITE-LIVE, Histoire romaine, 9, 36), mais il semble qu’il ne répète pas cette affirmation dans J. D. HUGHES, Pan's travail…, op. cit.

131- Rhétie (sects. 66, 190), Istrie (66), Corse (71, 197). Les autres endroits qu’il mentionne sont la Macédoine, les Pyrénées, certaines zones spécifiques de l’Asie Mineure et en Gaule, de la côte tyrrhénienne de l’Italie (Ligurie), les Alpes et les Apennins, la Crête, l’Afrique, la Syrie et la terre des Vaccaei en Espagne.

132- Pline L’Ancien, Histoire naturelle, III, 53, 74. On se demande si le silence de l’Expositio totius mundi sur le bois en Lucanie (sect. 54) revêt une quelconque signification à cet égard. Du temps du pape Grégoire, dans tous les cas, le bois calabrais était visiblement de retour (voir GRéGOIRE, Lettres, IX, 125-128, éd. Norberg).

133- On constate qu’un résident d’Italie comme Hermas, Le Pasteur, paraboles 9, 1 et 9, 19-29 (au Ier ou au IIe siècle), semble connaître bien des montagnes sans arbres.

134- B.Ulrich, Roger, Roman woodworking, New Haven, Yale University Press, 2007, p. 121.Google Scholar Une question intéressante, que nous ne sommes pas (ou pas encore) en mesure de développer, est de savoir pourquoi certains endroits, Gadès par exemple, sont devenus des centres de construction navale à certaines périodes.

135- Voir Inscriptions grecques et latines de la Syrie, VIII, 3, édité par J.-F. Breton ; au moins 187 de ces inscriptions ont été enregistrées. Il y en a maintenant des dizaines d’autres : Année épigraphique, 2006, 1572f.

136- M.W.Mikesell, « The deforestation of Mount Lebanon », art. cit., p. 20.

137- Ibid., citant PROCOPE DE CéSARéE, Traité des édifices, V, 6.

138- Voir M. W.MIKESELL, « The deforestation of Mount Lebanon », art. cit., pour plus de détails sur l’exploitation post-romaine de cette zone.

139- L’édit de Dioclétien sur les prix nous fournit des indices sur les limites de prix imposées sur sept essences de bois : voir en particulier R.MEIGGS, Trees and timber…, op. cit., p. 365-369, et M.NENNINGER, Die Römer und der Wald, op. cit., p. 39-41. La principale difficulté est de savoir quelles régions les rédacteurs de l’édit avaient à l’esprit, mais de nouvelles recherches sur ce sujet pourraient être bénéfiques.

140- Ammienmarcellin, Rerum gestarum libri, XIV, 8, 14.

141- CAssiodore, Variarum libri, V, 16.

142- GRéGOIRE, Lettres, VI, 61, VIII, 28, IX, 176 et X, 21, éd. Norberg.

143- Mais pour prendre un peu de recul, voir D. SIM et I.RIDGE, Iron for the eagles…, op. cit., p. 40.

144- C’est en tout cas l’argument de S. E. VAN DER LEEUW et al., « Climate, hydrology, land use… », art. cit., p. 25.

145- ThéOphraste, Histoire des plantes, V, 9.

146- C’est à mon avis la signification du mot kolobon : ibid., V, 9, 2.

147- Ibid., II, 7, 1.

148- Caton, , De l’agriculture, 9, 28, 151.Google ScholarVoir en outre Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., p. 262263.Google Scholar D’autres références à la gestion des bois dans les chapitres 6, 7, 17, 37 (à la fin), 38 (à la fin), 55.

149- Caton, , De l’agriculture, 45.Google Scholar

150- Ibid., 6 et 7.

151- Varron, économie rurale, I, 15. Williams, M., Deforesting the earth…, op. cit., p. 97 Google Scholar, se trompe lorsqu’il prétend qu’il n’y avait pas d’« exemples d’efforts faits pour planter des arbres autres que des oliviers ». Strictement parlant, cependant, il est vrai, comme l’écrit Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., p. 270,Google Scholar qu’il n’y a « aucune preuve de plantation d’arbres pour produire du bois pour le marché ». Sur la vision romaine de la valeur relative de terre boisée et non-boisée, voir A.GIARDINA, « Allevamento ed economia della selva in Italia meridionale… », art. cit., p. 102-103.

152- Le sapin blanc ne serait pas pris en compte dans ses calculs, parce que la propriété idéale, selon Varron, n’est pas située à une altitude très élevée.

153- Columelle, De re rustica, III, 3, 1.

154- Ibid., V, et De arboribus.

155- Meiggs, R., Trees and timber…, op. cit., p. 268.Google Scholar

156- Pline L’Ancien, Histoire naturelle, XVI, 141. Ils sont connus comme étant « la dot d’une fille », dit-il, 12 ans étant son idée de l’âge auquel une fille doit se marier.

157- Ibid., XVII, 151.

158- Ibid., XVII, 65-78.

159- R. Sallares, « Ecology », art. cit., p. 24.

160- Voir les commentaires de Hans-Rudolf. Bork et Andreas Lang, « Quantification of past soil erosion and land use/land cover changes inGermany », in Lang, A., Hennrich, K. et Dikau, R. (dir.), Long term hillslope and fluvial system modelling: Concepts and case studies from the Rhine river catchment, New York, Springer, 2003, p. 231-239, ici p. 231232.CrossRefGoogle Scholar

161- Il y a d’autres difficultés : certains taxons « classiquement utilisés comme des signes de présence humaine », comme les céréales et les châtaignes, « ont été trouvés bien avant la transition néolithique » : Elda Russo ERMOLLI et Gaetano DI PASQUALE, «Vegetation dynamics of south-western Italy in the last 28 kyr inferred from pollen analysis of a Tyrrhenian Sea core », Vegetation History and Archaeobotany, 11-3, 2002, p. 211-220, ici p. 217.

162- José S.CarriÓN et al., « Abrupt vegetation changes in the Segura Mountains of southern Spain throughout the Holocene », Journal of Ecology, 89-5, 2001, p. 783-797, ici p. 783 : « Les échantillons de pollen de l’Holocène [de l’Espagne méditerranéenne] sont troublants et sont susceptibles d’être interprétés différemment. »

163- Et inversement, un paysage érodé n’est pas nécessairement dépourvu d’arbres. Il peut même être en terrasse et être productif : voir K. W. BUTZER, « Environmental history in the Mediterranean world… », art. cit., p. 179.

164- Ibid.

165- Sheldon Judson, « Erosion rates near Rome, Italy », Science, 160, 1968, p. 1444- 1446.

166- Pline L’Ancien, Histoire naturelle, XXXI, 53 : « plerumque ». Il envisage l’Empire dans sa totalité.

167- Des cartes des zones karstiques de l’Empire romain, zones notamment à risque d’érosion, se trouvent dans Gunn, John (dir.), Encyclopedia of caves and karst science, New York, Fitzroy Dearborn, 2004.Google Scholar On note, par exemple, combien elles sont étendues dans les Apennins centraux (p. 325).

168- C. Delano Smith, « Where was the ‘wilderness’ in Roman times? », art. cit., p. 159-161. Pour les travaux récents sur la modélisation de l’érosion en Méditerranée, et notamment sur l’Espagne, voir Joris Devente et al., « Spatially distributed modelling of soil erosion and sediment yield at regional scales in Spain », Global and Planetary Change, 60, 2008, p. 393-415.

169- A .T. Grove et O.Rackham, The nature of Mediterranean Europe…, op. cit., particulièrement chap. 15 (qui fournit une carte des mauvaises terres en Europe méditerranéenne). Une fois de plus, la définition est une difficulté majeure.

170- V.Harris, William, « The Via Cassia and the Via Traiana Nova between Bolsena and Chiusi », Papers of the British School at Rome, 33, 1965, p. 113-133, ici p. 121123.CrossRefGoogle Scholar

171- N. Douglas avait tendance à prédire l’érosion, mais il rapporte un grand nombre de glissements de terrain : voir par exemple Douglas, Norman, Old Calabria, New York, Harcourt/Brace, [1915] 1956, p. 227.Google Scholar

172- Roberts, Neil, « Human-induced landscape change in South and Southwest Turkey during the later Holocene », in Bottema, S., Entjes-Nieborg, G. et Van Zeist, W. (dir.), Man's role in the shaping of the Eastern Mediterranean landscape, Rotterdam/ Brookfield, A. A. Balkema, 1990, p. 53-67, ici p. 63.Google Scholar L’auteur fournit beaucoup d’autres détails : « Il est important de noter que l’érosion s’est produite différemment en fonction de l’érodibilité des sols, et donc du relief et de la géologie. Un bon exemple de ce processus, et de son influence possible sur la composition de la végétation, se trouve dans le Toros lycien entre Burdur et Elmali… Cette région a des mauvaises terres en abondance, qui recouvrent des roches tertiaires, en particulier le très érosif flysch et les marnes du Néogène… La croissance des arbres n’est plus possible… Alors que la chronologie de l’érosion des sols néogènes et des flyschs reste incertaine, il est raisonnable de croire que cela a coïncidé en grande partie avec une phase d’occupation de Beys¸ehir, enregistrée très clairement par les diagrammes de pollen provenant de cette région. »

173- Blondel, J. et Aronson, J., Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 205.Google Scholar

174- Par exemple, le chêne vert (Quercus ilex) est relativement adapté aux sols érodés : M.Reille et al., « The Holocene at lac de Creno, Corsica, France… », art. cit., p. 295.

175- De Sicile, Diodore, Bibliothèque historique,Google Scholar XIV, 42 (399 av. J.-C.).

176- Comme J. DeLaine me l’a suggéré, un système de routes en mauvais état peut avoir contribué au problème.