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Pour une histoire régionale de l'eau : En Nivernais au XIXe Siècle

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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La pollution des eaux n'est pas un phénomène récent : jusqu'au début du xxe siècle, et même après, l'usage d'eaux malsaines était quasi général, et la rareté de l'eau — dans les campagnes comme dans les villes — avait des conséquences sociales et médicales non négligeables. Certes cette histoire de l'eau est difficile à écrire, et elle tente peu les historiens, précisément parce qu'elle touche à cet « invisible quotidien » qui laisse peu de traces. Pourtant elle engage toute l'histoire des conditions matérielles de vie, l'histoire démographique et même l'histoire des mentalités : la révolution de l'eau a été trop diffuse pour qu'on en puisse aisément saisir toute l'étendue . Ne peut-on, cependant, pour une région limitée, tenter de dégager à grands traits les conditions de cet « ancien régime » de l'eau ?

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1968

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References

page 49 note 1. Les travaux de la Commission nationale de Veau ont attiré l'attention sur l'importance des problèmes de l'eau, et notamment de la pollution de l'eau (Recueil des Travaux de la Commission de l'eau, juillet 1959-juin 1963, 1965 (323 pages) et Ve Plan, t. II, Annexes, 1965, pp. 415-430). Il n'existe point d'histoire de l'eau pour la France, quoique la littérature technique, juridique et médicale, soit assez riche sur le sujet (cf. Debauve, Distributions d'eau, Égouts (2 volumes, 1897), B. Buffet et R. Evrard, L'eau à travers les âges (Liège, 1951) et P. Gille, L'eau, in Histoire des techniques (t. II, 1964). Sur les aspects juridiques, cf. E. Copper-Royer, Des sociétés de distribution d'eau, 1896, et infra, p. 000.

page 49 note 2. P. Leuilliot, Défense et illustration de l'Histoire locale, préface à Aspects de l'économie nivernaise au XIXe siècle, 1966.

page 49 note 3. Les aspects psychologiques de cette révolution n'ont point été étudiés, sans doute parce qu'elle est trop récente. Même les témoignages littéraires sont très rares (en dehors de Jules Renard).

page 50 note 1. En 1930, 131 communes contre 163 possédant des sources, puits et citernes. Sur la structure géologique, cf. Annuaire statistique et descriptif des distributions d'eau 8e éd., t. I (1931), p. 651. R. Dion (Le Val de Loire, 1934) ne s'est pas intéressé à ce problème de la consommation » de l'eau de Loire, qui a posé des problèmes multiples, même à Nantes (cf. Historique du service des eaux de Nantes, 1945, dactyl.).

page 50 note 2. On ne possède pas de renseignements sur la construction des puits. au xixe siècle on tend à remplacer « la charpente en bois pour la manoeuvre du tour par des supports de fer qui représentent plus de durée et de solidité », à substituer aux cordes les chaînes en fer ; les margelles sont relevées, les puits sont couverts.

page 50 note 3. En hiver se posait le problème de la glace : ainsi lors de l'hiver de 1788 « les grandes rivières ont été gelées à une profondeur de cinq et même six pieds (…) les hommes et les bêtes ne pouvaient (…) trouver assez d'eau pour appaiser leur soif » (Guillaume Paillard, curé d'Ourouer, cité par Carre, Mém. Soc. Acad. Niv., 1919, p. 72).

page 50 note 4. On allait chercher l'eau avec des tonnes ou des chariots. L'eau de la Loire était souvent préférée à l'eau des puits, et on allait la chercher d'assez loin : ainsi en 1859, le maire de Pouilly déclare que « bon nombre de (ses) administrés l'été même vont prendre de l'eau à la Loire chaque jour… ; que ceux qui sont placés à une assez grande distance la font recueillir dans des vases en terre et la tiennent dans un lieu frais ». a noter que pour porter les seaux ou soilleaux, on utilisait des cercles de tonneau « que l'on tient de chaque main ou qui s'appuie contre les anses ou des courges, bâtons reposant sur les épaules et munis de courroies » (cf. Drouillet, Folklore nivernais, t. II, pp. 60-61). les seaux étaient en bois, en cuir, en fer blanc, en étain, plus rarement en cuivre ; les pompiers de Nevers, au XVIIIe siècle, avaient des seaux d'osier « doublés de peau et poissés en dedans ».

page 50 note 5. Nevers disposait de 13 puits publics, Clamecy de 5 (cf. L. Gueneau, L'organisation du travail à Nevers aux XVIIe et au XVIIIe siècles, 1919, pp. 8-9 et V. Gueneau, Recherches sur les rues de Nevers, Mémoires Soc. Acad. Niv., 1927-1929). C'est seulement sous la Restauration qu'on en munit certains de pompes (dès l'an X, Clamecy réclamait une pompe sur un puits public : A. D. Nièvre, O, Clamecy).

page 50 note 6. Les inventaires après décès mentionnent les « pots à l'eau », les fontaines de faïence (avec leur cuvette), les jarres ou pots de grès ou de terre appelés coquasse ou coquassons dans le Morvan, les casses, récipients de cuivre pour puiser dans les seaux (cf. Drouillet, ouv. cité).

page 51 note 1. Conseil municipal, 28 décembre 1800. Il faudrait multiplier les sondages dans les registres de conseils municipaux pour suivre la situation des fontaines et puits publics (cf., à titre d'exemples, A. Massé, Le canton de Pougues, 1912, Le canton de Nevers, 1913, passim).

page 51 note 2. Mablièhe, Statistique de l'arrondissement de Clamecy, 1859, p. 121. Ailleurs existent des fontaines couvertes (ainsi à Corvol-l'Orgueilleux) qui « offrent l'inconvénient d'être basses, de ne point être aérées, de conserver les eaux qui y croupissent et font souffler les pavés » (Delamarre, Statistique de l'arrondissement de Clamecy, 1882, p. 58).

page 51 note 3. Les femmes trempent leurs seaux malpropres dans la fontaine ou encore établissent tout près des barrages pour retenir l'eau et laver, si bien que les eaux sales remontent jusqu'à la fontaine (cf. Dr Fichot, rapport du 15 mai 1888, Conseil d'hygiène, 1889).

page 51 note 4. Delamarre, ouv. cité, p. 33. Sur ces fumiers multipliés dans tous les villages, l'enquête sur les logements insalubres, 1853, Arch. Dép. Nièvre, M.

page 51 note 6. Sur l'insalubrité de Nevers au xviiie , cf. L. Gueneatj. ouv. cité, pp. 8-9, et au xix«, Rapports du Comité départemental d'hygiène créé en 1850 (Rapports annuels et dossiers, Arch. Dép. Nièvre, M). les rapports du médecin des épidémies, le Dr Fichot, sur les épidémies de fièvre typhoïde, permettent de prendre conscience de la situation déplorable de certaines petites villes à la fin du siècle : ainsi à Moulins-Engilbert, en 1889, la source Coulon est « couverte par une petite cour qui renferme un amas de fumier, une écurie, un toit à porcs et des lieux d'aisances » et la rivière est infectée par les latrines : « dès que les premières chaleurs se font sentir et que l'eau devient rare, les matières fécales forment une bouillie noire qui répand une odeur infecte et qui doit se mélanger à l'eau de quelques puits » (Conseil, 1889, pp. 15-22). a Fourchambault, les puits d'une caserne d'ouvriers (250 habitants) reçoivent les infiltrations de fosses d'aisances situées tout près, et de dépôt d'immondices et de fumiers provenant des très nombreux « toits à lapins » (Conseil, 1894, p. 75). a Saint-Saulge, la Fontaine d'Argent qui alimente la ville est corrompue par des fosses d'aisances ﹛Conseil, 1893, p. 28). Dans les villages, la situation est pire encore…

page 52 note 1. Infra, p. 62, n. 5.

page 52 note 2. « Dans une proportion tellement considérable qu'elles nuisent aux fonctions digestives » (Marlière, ouv. cité, p. 138).

page 52 note 3. On sait très peu de choses sur les filtres, qui semblent avoir été d'un usage assez général parmi les bourgeois. en 1808, le Directeur de la poste aux lettres, Dufaud père, « tient le dépôt des fontaines à filtre charbon de MM. Cuchet et Ducommun. Ces fontaines ont la double propriété de clarifier en abondance, les eaux troubles et vaseuses, et de purifier les eaux fétides et corrompues… » (Annuaire de la Nièvre pour 1808.) Mais l'eau limoneuse de la Loire était souvent difficile à filtrer : Jules Hochet, en 1859, affirmait qu'il n'avait jamais « pu obtenir par les meilleurs moyens de filtrage l'eau claire nécessaire au service de sa table » (Notice sur une déviation des eaux de la Loire…, p. 18, citée infra, p. 59, n. 7).

page 52 note 4. Cf. Problèmes médico-sociaux, in Aspects de l'économie nivernaise au XIXe siècle, 1966.

page 52 note 5. Akch. Nat., F8 64, et Arch. Dép. Nièvre, M, Épidémies, 1800-1830.

page 52 note 6. Cf. Thomas, Annuaire statistique administratif et commercial du département…, 1829, p. 36 et sqq., et Enquête de 1848 sur le travail agricole et industriel, Aspects de l'économie nivernaise, pp. 515-523.

page 52 note 7. Cf. Les causeries du Dr Fichot…, Nevers (1882 ?), p. 70 et Dr Mallet, Aperçu de l'état sanitaire d'il y a soixante ans (Journal du Centre, 27 janvier 1964).

page 52 note 8. Simon, Statistique de Frétoy (1889), p. 180.

page 53 note 1. Au témoignage de M. Romain Baron, pour le village de Marcy vers 1910. a noter que Toytot (L'ouvrier d'Imphy, 1886) signale que « l'usage des bains froids dans la Loire est général ». Une école de natation fut créée à Nevers en 1846 (Union libérale, 17 juin 1846).

page 53 note 2. On utilisait encore les cendres — et la saponaire (cf. Le Play, Monographie du fondeur de Vandenesse). Le savon coûtait relativement cher. On faisait la lessive au cuveau ; les lessiveuses ne vinrent que tardivement, vers la fin du Second Empire : « Aux ménages ! Blanchissage de linge, — fait chez soi, en deux heures, avec économie de moitié, en employant la savonneuse à circulation… Usage facile, se posant sur tout fourneau — 4 grandeurs, 12, 20, 36 et 65 F. » (Impartial du Centre, 10 mai 1869).

page 53 note 3. A Clamecy, vers 1858, les femmes fréquentaient des lavoirs ordinaires qui « coûtent presque toujours un prix assez élevé et dans lesquels le séchage s'effectuant à l'air libre, s'opère avec une lenteur qui ne se concilie pas avec le besoin immédiat que les pauvres ont de leurs effets, n'en possédant ordinairement qu'une petite quantité » (Marinière, OUV. cité, pp. 120-121).

page 53 note 4. Ainsi était-il interdit de faire la lessive entre les deux Noëls ou de Noël à la Purification, pendant la semaine sainte, pendant tout le mois de mai (on ne fait aucune lessive et on ne change pas ses draps car si l'on devenait malade, c'est dans ces draps-là qu'on mourrait), e t c . . (cf. Drouiixet, OUV. cité, pp. 67-69, et S. Commeau, Folklore de la région de Fours, Mém. Soc. Acad. Niv., 1928, pp. 65-66). Quand on fait la lessive du linge d'un mort, note Commeau (1928), « tous les habitants du village doivent mettre dedans une pièce d'un linge personnel, afin que l'âme du défunt soit tranquille au ciel ».

page 53 note 5. Rapport fait au Comité Central d'Hygiène et de salubrité publique… sur l'épidémie de choléra asiatique qui a régné dans ce département pendant l'année 1849 par MM. Senelle, Robert Saint Cyr et Leblanc-Béllevaux, 1851, 131 p. (Bibl. Nevers, NM 1046/3).

page 53 note 6. Aucune étude n'existe sur l'hygiène de ces communautés.

page 53 note 7. Conseil général, 1852, p. 97. en 1866, un Inspecteur général dénonçait encore l'insuffisance d'eau (Conseil général, 1866, p. 130). a signaler qu'on trouvait à Nevers, en 1859, un cabinet d’ « électrohydrothérapie » !

page 53 note 8. Chacun en était conscient : ainsi le médecin des épidémies de Clamecy, Heulhard d'Arcy, écrit à propos d'un hameau près de Corbigny, qui manquait absolument d'eau, et dont les habitants « sont d'une malpropreté qui fait proverbe aux environs » : « Assainir le pays est le but que doit se procurer l'autorité : quand par des routes on l'aura rendu abordable, l'aisance y naîtra et avec elle, les précautions hygiéniques nécessaires à la conservation de la santé. en vain les médecins prescriront la sobriété, la propreté, etc . , à des gens dont aucun ne sait lire, ils parleront à des sourds tant que les habitants de cette contrée ne seront pas sortis de l'état presque barbare dans lequel ils croupissent actuellement » (10 février 1834, Arch. Dép. Nièvre, M). De même le Dr Fichot écrit en 1882 : « Dans nos campagnes, on sera arrêté longtemps par la question d'argent. la misère y est encore grande. en général elle y est silencieuse. Le pauvre mange son pain noir, boit souvent une eau impure sans se plaindre… Quand la misère est moins grande, dans les campagnes, les maladies épidémiques seront moins dangereuses et moins nombreuses » (ouv. cité, p. 125) : il est impossible de séparer les problèmes de salubrité des problèmes de revenus.

page 54 note 1. Rappelons, par exemple, l'absence d'hygiène dentaire (quand on projette d'établir l'eau à Nevers, La Chronique (9 juin 1827) insinue que « nos dames pourront espérer conserver plus lontemps l'émail de leurs dents » ; cf. également Boudard, DU pain du vin et du pain…, 1862, p. 12), ou encore l'habitude par les femmes de ne point laver les cheveux (le métier de laveuses de cheveux n'existe qu'à partir de 1880-1890).

page 54 note 2. Prenons un problème simple : les boulangers utilisaient pour fabriquer le pain de l'eau de puits, souvent contaminée ; or pendant la cuisson, le milieu du pain n'atteint jamais 100°. Il fallut leur interdire, à Paris, l'usage de l'eau de puits : en province on ne peut guère préciser la date du changement (l'Instruction contre la fièvre typhoïde de 1890 interdit encore aux boulangers l'usage des eaux de puits, Rapports du Conseil d'Hygiène, 1890, p. 155).

page 54 note 3. Rapports annuels précités et Arch. Dép. Nièvre, M.

page 54 note 4. Vincellet, Réflexions sur les fièvres intermittentes (1826).

page 55 note 1. En 1893 encore le médecin des épidémies, le Dr Fichot soutient que la contagion de la fièvre typhoïde se fait non seulement par l'eau de boisson, mais par l'air « quoique pour le moment on ne le veuille pas » (cf. Conseils d'Hygiène et de salubrité, Procès-verbal des délibérations, 1893-1894, 1895, p. 56).

page 55 note 2. La Compagnie Flachat demandait 800 francs pour le transport des équipages, 35 francs par jour de 11 heures de travail jusqu'à 300 pieds, 32 francs par nuit de 10 heures, e t c . , plus une prime de 30 % sur la dépense totale si l'on obtenait un débit de 100 mètres cubes (Delamarre, OUV. cité, p. 31). Sur cette société montée par les ingénieurs saint-simoniens Stéphane et Jules Flachat, cf. Entreprise de sondages de MM. Flachat frères et Cie… pour les recherches d'eaux souterraines et de mines (1829) et Bulletin de la Société nationale d'Encouragement, février 1829, pp. 58-72. Rappelons que parmi les grands travaux prônés par le Globe, se trouve « l'établissement d'une distribution d'eau et d'un système d'égouts que réclame l'hygiène publique dans toutes les grandes villes de France » (8 mars 1832).

page 55 note 3. Ainsi à Metz-le-Comte, les habitants « sont obligés d'aller à demi lieue puiser de l'eau pour leur boisson ; un puits serait utile et facile à percer au milieu de la place » ; il voudrait également dessécher la mare dont les exhalaisons en été doivent être malsaines, et sont certainement causes des maladies épidémiques qui régnent dans ce hameau chaque année, etc . . ; il examine la situation village après village.

page 55 note 4. Sur les ports, notamment, et dans certains quartiers : « cette mesure, juge-t-il, est d'autant plus utile que la plupart des maisons situées dans les faubourgs et les rues basses manquent de lieux d'aisance… » : la situation n'a pas tellement changé aujourd'hui.

page 56 note 1. C'était un vieux projet, évoqué déjà par Delamarre en 1832, d'amener les eaux de la fontaine de Creux, par un aqueduc de 5 kilomètres, la dépense était de 75 000 francs : rien ne fut fait avant un demi-siècle (infra, p. 64).

page 56 note 2. Les lavoirs couverts rendaient des services considérables, surtout aux « femmes dont la ressource principale est d'aller en journée pour laver les lessives, qui conséquemment, lavent presque tous les jours, et du matin au soir, et par tous les temps : elles avaient à subir parfois en hiver, des journées atroces » (D. Halévy, Visites aux paysans du Centre, 1921, p. 34).

page 56 note 3. Sur ces travaux, voir Arch. Dép. Nièvre, O, et les monographies d'A. Massé (ouv. cités) ; ces investissements très dispersés, mais considérables par leur masse, ne laissèrent pas d'avoir une incidence sur l'activité économique, en particulier sous le Second Empire où ils se multiplièrent ; à certains moments, les travaux étaient décidés pour occuper les indigents (ainsi à Magny, en 1831, Massé, Canton de Nevers, p. 371).

page 56 note 4. Par exemple, beaucoup de villages possédaient encore des cimetières dont les infiltrations corrompaient les eaux des fontaines et des puits : ainsi à Saint-Parizele- Châtel, le cimetière, situé sur un terrain meuble et perméable, « domine directement un lavoir et une fontaine » qu'il surplombe de plusieurs mètres (Conseil, 1890, p. 114) ; à Tamnay, « la façon dont on a établi le cimetière en fait un véritable filtre, les liquides provenant de la décomposition des corps… viennent traverser une partie du village et s'écouler lentement, à l'air et au soleil, en été, dans la rivière à l'endroit qui sert d'abreuvoir et de lavoir » (Conseil, 1891, p. 73) : le Conseil d'hygiène n'avait rien pu obtenir du Conseil municipal depuis 1878 !

page 56 note 5. Lettre de Dufaud, 19 juin 1823 (Archives de M. Dezautières).

page 56 note 6. On voit apparaître, à partir de 1840, des plombiers-chaudronniers charges d'établir les installations sanitaires. Ainsi Thoulet installe les « conduites d'eau en plomb et tout ce qui y a rapport, pompe et garde-robes inodores ; le tout avec garantie d'un an » (Almanach de la Nièvre pour 1846, p. 230). en fait, on est très mal renseigné sur les pompes en usage (pompe à compression, à godets), leur coût (ainsi à Poiseux 358 francs en 1878), leur fabrication, ainsi que sur leur diffusion exacte.

page 57 note 1. A Nevers, les conduites furent, d'abord, en plomb, en fonte avec joints de plomb, puis en fonte système Chameroy, après 1914, en acier. (Cf. Procés-verbal de reprise du service des eaux…, 1909, Arch. Dép. Nièvre, O) ; ce furent les usines de Torteron qui fabriquèrent les conduites d'eau de la ville de Paris sous l'Empire.

page 57 note 2. Cette indifférence est telle que — ainsi que le constate plusieurs fois le Conseil d'hygiène — les puits des écoles récemment construites (après 1880) n'ont souvent que des eaux malsaines et les écoliers sont souvent atteints par la fièvre typhoïde. Ainsi à la Brosse près Donzy, la pompe de l'école est située « au lieu de rendez-vous de toutes les eaux pluviales qui descendent du village et y stagnent après avoir gonflé les mares lavoirs et traversé tous les fumiers en entraînant les germes morbides des déjections des malades » (Conseil, 1893, p. 69) ; à Saint-Benin-des-Bois, l'eau du puits communal reçoit les infiltrations des cabinets de la nouvelle école, installés tout près… (Conseil, 1894, p. 166), etc. C'est seulement en 1893 que les Conseils départementaux d'hygiène furent consultés obligatoirement sur la construction des nouvelles écoles. a noter encore qu'à l'école primaire « les enfants boivent beaucoup d'eau pendant les grosses chaleurs de l'été ; l'eau ainsi absorbée est souvent trop froide ; d'autres fois elle a séjourné dans la classe même, dans un seau noir fermé » (Conseil, 1884, p. 85) : l'hygiène scolaire demeura longtemps primitive.

page 57 note 3. L'histoire de l'alimentation des eaux des villes au xixe siècle n'a point encore été faite ; le problème cependant était important. On ne possède guère que des thèses de pharmacie ou des brochures techniques (voir pour Lille, P. Pierrard, La vie ouvrière à Lille sous le Second Empire, 1965, pp. 38, 54).

page 57 note 4. Cf. de Bouille, Observations au Conseil municipal de Nevers sur la possibilité d'établir des fontaines publiques en cette ville, Nevers, 7 février 1828. Bouille estimait les frais d'établissement à 140 000 francs : « au premier abord, ce projet peut paraître gigantesque, j ‘ en conviens, et la dépense qu'il occasionnera peut effrayer », mais les avantages sont considérables « sous le rapport de la salubrité, surtout pendant les grandes chaleurs de l'été, de la commodité, de la propreté des rues, qu'il est impossible d'obtenir sans eau… sur les secours que les fontaines produisent en cas d'incendie ». en fait, Bouille voulait se créer une popularité avant les élections (Cf. Revue des candidats au collège électoral de Nevers, s.d., et Chronique, n° 24, 9 juin 1827).

page 58 note 1. Bouille calcule que cette garnison « offre un débouché certain aux productions agricoles des environs de Nevers, dépense tous les ans dans la ville une somme de 300 000 francs et produit à l'octroi un revenu d'environ 24 000 francs », ce qui justifiait largement la dépense d'établissement de la pompe à feu.

page 58 note 2. Comme le devis initial prévoyait une machine à vapeur de 8 CV, les dépassements de devis s'élevèrent à 100 000 francs, ce qui provoqua de multiples contestations entre la société de la Pique, Hornsteiner, Wagnien et Cie, adjudicataire de l'ouvrage, et la ville, le nouveau maire après 1830 refusant de payer les dépassements ordonnés par le légitimiste de Bouille ; la société Wagnien et Cie demanda au Conseil d'État l'autorisation de poursuivre de Bouille en garantie de paiement des travaux, requête rejetée le 3 mai 1832 ; la ville dut payer 84 422 francs à Wagnien, mais le comptable s'opposa au paiement et demanda même l'avis du Procureur général près la Cour des Comptes… (dossiers des querelles : Arch. Dép. Nièvre, O, Nevers, 5, et Arch. Nat., F S II Nièvre, 12).

page 58 note 3. E. Martin trouvait absurde de lever la totalité des 600 m3 au réservoir du château, ce qui augmentait la quantité de force et de tuyaux employés sans utilité (lettre du 15 janvier 1829). Dufaud, en juin 1826, avait visité à Londres une machine à feu de 120 chevaux « établie contre le magasin de MM. Crawshay et qui puise l'eau de la Tamise pour la forcer dans les différents quartiers de Londres que la Compagnie approvisionne. Cette machine élève et force 12 000 litres d'eau par minute… Elle a ceci de remarquable que le grand piston est renversé, c'est-à-dire que le principal effet est en dessous au lieu d'être en dessus ».

page 58 note 4. Georges Dufaud proposa à M. de Bouille qui se plaignait a du dommage que la fumée de la pompe à feu causerait aux maisons du quai » de Loire, d'établir à ses frais « un système de chaudière qui ne donnerait point de fumée », à condition qu'on lui donne la fourniture du combustible « sur le même pied que le système actuel » ; le projet n'eut point de suite (Journal, 7 mars 1830).

page 58 note 5. Le réseau comprenait, en 1857, 4 085 mètres de tuyaux (970 mètres en tuyaux de fonte de 13,5 centimètres, 2 330 de 7,5 centimètres, 260 mètres de 4 centimètres et 535 en tuyaux de plomb de 3 centimètres) ; on comptait seulement 24 bornes fontaines (cf. Extrait du rapport de M. Adolphe Boucaumont, ingénieur en chef des chemins du Centre et de M. de Passy, ingénieur du service hydraulique sur le projet d'alimentation de la ville de Nevers par les sources de Veninges et de Jeunot, 1857, pp. 15-20).

page 59 note 1. L'abonnement devait être de 2 hl par jour au moins. Cf. Conditions projetées des abonnements temporaires et des concessions à perpétuité d'eau de Loire provenant du Château d'eau… (1828) ; Établissement de fontaines publiques dans la mile de Nevers, Almanach de la Nièvre, 1829, p. 124 et 1830, pp. 228-232.

page 59 note 2. Le Conseil départemental d'hygiène dénonçait en 1850 l'eau vaseuse, épaisse et renfermant une multitude d'éléments hétérogènes (Rapport général fait par le Comité Central d'Hygiène et de salubrité publique… (1849-1850), 1851, p. 16).

page 59 note 3. La prise d'eau était « contiguë à un banc de sable qui la séparait si complètement du fleuve qu'on était obligé de pratiquer à grands frais au moment des basses eaux, un chenal de près de 150 mètres de long pour diriger le courant sur la caisse d'épuration » (A. Coupechoux, L'eau d'alimentation à Nevers, thèse de pharmacie Montpellier, 1904, p. 17). De plus les orifices de cette caisse « s'obstruaient à chaque crue de la Loire et la caisse ne tardait pas à s'encombrer de limon et de vase qui finissaient par intercepter toute communication avec le puisard ; d'où nécessité de curages fréquents et arrêt dans la distribution ». Aussi l'odeur de l'eau « devenait désagréable et sa saveur repoussante toutes les fois que la caisse était pleine de dépôts vaseux ».

page 59 note 4. 60 à 65 litres par jour à Grenoble, 50 à Montpellier, Clermont et Auxerre. Il est vrai que ces chiffres n'ont point de signification, puisqu'une très faible partie de la population était rattachée au réseau.

page 59 note 5. Lettre du 3 juin 1857, Abch. Dép. Nièvre, O, ibidem. en fait depuis 1851 la ville avait prêté la pompe à feu à la Compagnie du chemin de fer du Centre, laquelle s'engageait à vendre toute l'eau nécessaire (jusqu'à 500 m8) au prix de 9 c. le m8 ; la ville avait payé ainsi 9 540 francs en 1851 et 13 590 francs en 1855.

page 59 note 6. Cf. Extrait du rapport de M. Adolphe Boucaumont (ouv. cité).

page 59 note 7. Or, en fait, la même compagnie Girard et Robin-Duvernet qui avait sollicité et obtenu la concession des fontaines de Veninges et Jeunot proposait au gouvernement de dévier pour l'approvisionnement de Paris 100 000 ms d'eau de la Loire dont elle vantait la supériorité, multipliant les attestations et certificats : ce projet élaboré par Grillot de Passy, chargé du service hydraulique de la Nièvre, fut soumis à l'Empereur et au Conseil des Ponts et chaussées. (Cf. Notice sur une déviation des eaux de la Loire pour l'alimentation de la ville de Paris… présentée par MM. E. Girard et Robin Duvernet, concessionnaires des eaux de Nevers, 1859, Bibl. nat. V14916 et Constitutionnel, 10 octobre 1859.)

page 60 note 1. Le débat entre eau de source et eau de fleuve était traditionnel : Balzac, dans Albert Savarus, se moquait de tels projets : « Rétablir l'aqueduc des Romains pour boire l'eau que buvaient les Romains dans une ville arrosée par le Doubs est une de ces niaiseries qui ne prennent que dans une province où règne la gravité la plus exemplaire. Si cette fantaisie se logeait au coeur des Bisontins, elle devait obliger à de grandes dépenses et ces dépenses allaient profiter à l'homme influent. Albert Savarus de Savaron décida que le Doubs n'était bon qu'à couler sous des ponts suspendus et qu'il n'y avait de potable que l'eau d'Arcier… »

page 60 note 2. Cf. Arch. Dép. Nièvre, O, Nevers, 5 et Coupechoux, ouv. cité. Sur les protestations à Nevers contre l'eau de source, cf. De l'eau, du vin et du pain au point de vue de la santé publique, par M. Boudard, pharmacien et médecin, inspecteur des pharmacies… (Nevers, 1862), 24 p.

page 60 note 3. Cf. Ville de Nevers. Fontaines publiques. Traité du 8 janvier 1869 (Nevers, 1887).

page 60 note 4. Cf. Ville de Nevers. Service des Eaux. Rapport de la Commission, Nevers, 1875, 50 p. (Bibl. nat. Lk 18 2116). les sources produisaient en 1872-1873 494 000 m», la Loire fournissait 175 000 m3 ; la ville dépensait en eau (pour les fontaines et les égoûts) 1 175 ma par jour en été, 839 en hiver, soit 357 000 m3 ; la consommation des abonnés était évaluée à 200 m5 soit 73 000 m3 (soit 11 % environ), et les établissements publics, desservis gratuitement, 165 m3 par jour, soit 60 000 m'.

page 61 note 1. D'après le tarif du 31 mai 1857 — en vigueur jusqu'en 1909 — la consommation journalière était évaluée par ménage à 2 hl, plus 0,40 hl par voiture de luxe ou de voyage et 0,60 hl par cheval, plus 0,50 hl pour les jardins de moins de 4 ares ; les bains et brasseries étaient taxés à 25 hl, les faïenceries et hôtels à 10 hl, les auberges, blanchisseries à 6 hl, les boulangeries, cafés à 4 hl : ces consommations paraissent purement théoriques (Arch. Dép. Nièvre, O).

page 61 note 2. Cf. Rapport de la Commission des eaux, 11 juin 1885 (Arch. Dép. Nièvre, O), et J. Ramond. Rapport de la Commission des Eaux lu au Conseil Municipal le 2 août 1886, Nevers, 1886, 12 p. la délibération des 10 et 11 juin 1885 réglementant les tarifs avait été attaquée par l'opposition au Conseil municipal, et l'affaire devint purement politique.

page 61 note 3. Lettre du 18 mars 1886, demandant au Préfet de refuser l'approbation de la délibération : la Compagnie veut imposer les robinets compteurs aux abonnés, et cela à leurs frais, robinets qu'elle fait payer bien au delà de leur valeur » (Arch. Dép. Nièvre, ibidem). Il était d'ailleurs difficile d'installer des compteurs en raison de la très faible pression sur bien des points de la ville.

page 61 note 4. Ville de Nevers, Distribution publique d'eau potable. Règlement et tarif (1909). L'eau est vendue 30 c. le m3 au compteur. Il est vrai que ce règlement du 1er décembre 1909 maintient les concessions à robinet libre existantes. les compteurs doivent être (art. 3) les compteurs admis par la ville de Paris, Nevers faisant choix des a compteurs à disque oscillant ». On sait que le choix des compteurs faisait l'objet de polémiques vigoureuses (par exemple, E. Mathieu, La question municipale des compteurs d'eau à Reims, Reims, 1911).

page 61 note 5. Le dividende était de 40 francs par action de 500 francs en 1906. Nous n'avons pu retrouver les archives de cette compagnie, dont l'histoire serait à faire.

page 62 note 1. Cf. Arch. Dép. Nièvre, O, Nevers, 5.

page 62 note 2. Rapport du Dr Fichot, Rapport du Comité d'Hygiène (1884), p. 65. Le Comité réclame l'installation d'une deuxième machine à vapeur au delà du canal de la Jonction (Rapport), 1892, p. 22.

page 62 note 3. Cf. J. Ramond, OUV. cité et rapports de l'ingénieur départemental au Préfet, 9 novembre 1886, ARCH. Dép. Nièvre, O, Nevers.

page 62 note 4. Cf. la thèse de Coupechoux, OUV. cité.

page 62 note 5. Mémoire sur l'insalubrité des eaux alimentaires de la ville de Nevers par le D1 Ranque (1884). Ranque trace dans ce mémoire un tableau impressionnant (pp. 11- 16) des souillures de la rivière de Nièvre, dans laquelle se déversaient directement les latrines des bas quartiers (dont le Comité d'hygiène avait demandé à plusieurs reprises la suppression) ; ainsi l'ancien port de Médine « n'est plus qu'un bourbier puant, un marécage infect dont les boues émergent presqu'en toute saison et laissent apercevoir çà et là les débris les plus immondes : déchets culinaires, cadavres d'animaux, putrilages de toutes sortes, sans compter les cabinets d'aisance suspendus… » ; la situation resta, semble-t-il, à peu près identique jusqu'en 1930-1940 dans ces quartiers insalubres.

page 63 note 1. La fièvre typhoïde était endémique à Nevers, les rapports de médecins des épidémies au Conseil d'hygiène sont éloquents à ce sujet (par exemple Rapport…, 1893, p. 42, 54, 56). Il faudrait évoquer le problème des vidanges de la ville (10 000 t en 1886) qui sont déversées dans des fosses non étanches qui « produisent dans le sol des infiltrations susceptibles de se mélanger à la nappe souterraine qui alimente les puits voisins, et peut-être même celui de la compagnie des eaux » (Rapport du Conseil, 1886, pp. 45-46) ou encore celui — traditionnel — des égoûts de Nevers, sur lesquels le rapport d'enquête de Fichot est très significatif (Rapports du Conseil, 1862, pp. 21- 26, 1884, p. 65 et suiv.).

page 63 note 2. Cf. Rapport du Conseil, 1884, p. 99 et A. Coupechoux, OUV. cité. Rappelons que l'origine hydrique de la fièvre typhoïde ne fut proclamée par Brouardel qu'en 1887.

page 63 note 3. On trouvait 4 fontaines, 74 bornes fontaines, 18 bouches d'ouvrage, 40 bouches d'incendie, 2 puits publics et 350 puits particuliers. en fait il n'y avait que 1 300 branchements particuliers (pour 3 620 maisons), la moyenne de consommation globale était de 1 949 m3 par jour en 1906 (cf. Imbeatjx, Annuaire statistique et descriptif de la distribution d'eau de France, 2e édition, 1909, pp. 483-485).

page 63 note 4. Jusqu'en 1911, trois sources urbaines — très infectées — servaient à l'alimentation. les fosses d'aisance étaient le plus souvent non étanches, e t c ..

page 63 note 5. « L'alimentation en eau, jugeait le rapporteur, est insuffisante comme quantité, comme qualité (car les eaux des sources sont mauvaises), comme étendue. Un projet est en préparation. les égoûts sont insuffisants ; le réseau est très incomplet. les eaux usées sont déversées sans épuration à la Nièvre et à la Loire… » (28 novembre 1912, Ahch. Nat. F8 220).

page 64 note 1. Dr Simonot, Rapport sur divers projets de captage d'eau d'alimentation de la ville de Nevers, 17 p. dactyl. (15 mai 1909), (Bibl. Nevers, 2 N 858) et Dienert, Rapport présenté à la municipalité sur la captation des eaux de la Loire… (1911).

page 64 note 2. Cf. Annuaire statistique et descriptif des distributions d'eau, 3e édition, t. I (1931), pp. 650-651 et Arch. Dép. Nièvre, O.

page 64 note 3. Aucune étude récente n'existe sur l'évolution récente du service des eaux de la ville, confié à la S.A.D.E. la production, après avoir stagné vingt ans, s'éleva de 1 800 000 m3 en 1959, à 2 000 000 en 1961, et 2 500 000 en 1964 : cette forte progression correspond à de nouveaux captages en 1960 et au renforcement des moyens de pompage en 1964.

page 64 note 4. Rapport de Jacquot au Comité Consultatif d'hygiène, 7 janvier 1895, Arch. Nat., F8 199. la ville disposait alors de 14 puits publics et 100 puits particuliers, la population puisait même l'eau dans la rivière d'Yonne et le canal du Nivernais où se déversaient les cabinets d'aisance et les ordures de la ville.

page 64 note 5. En 1881, la Société gén'rale des eaux avait proposé d'élever les eaux de l'Yonne et du Beuvron, mais le projet avait paru trop coûteux (150 000 francs). les travaux de 1896 coûtèrent plus cher.

page 64 note 6. L'eau prélevée dans la Loire était « de qualité douteuse. les résultats de l'analyse biologique… montrent la pénétration des microbes à travers le sable, malgré l'épaisseur de la couche filtrante » (Arch. Nat., F8 199, 1888). Cependant le Comité consultatif ne s'opposa pas au projet. la consommation était en 1907 de 1 000 m3 en été et 600 en hiver.

page 64 note 7. Cf. E. Sancenot, Notice sur la distribution d'eau de Cosne (Cosne, 1906). la stérilisation par l'ozone était une innovation, le procédé Marnier avait été expérimenté à Lille industriellement en 1898-1899, mais n'avait été encore pratiqué par aucune ville. L'eau de Loire d'après les analyses du Dr Roux de l'Institut Pasteur, puisée dans la cloche filtrante renferme plus de 4 000 bactéries dans un centimètre cube, et contient en abondance du bacterium coli » ; après l'ozonification elle contenait moins d'une bactérie par centimètre cube et aucun germe de bacterium coli. Cette analyse — une des premières faites de façon sérieuse — montre bien la pollution des eaux de Loire, et surtout l'insuffisance des cloches filtrantes qui existaient partout, à Decize, à Nevers, à la Charité.

page 65 note 1. Le système mettait 186 1 par jour à la disposition, des habitants et permettait l'éclairage de la ville (86 lampes à incandescence et 72 abonnés en 1900…) ; le projet suscita de nombreuses résistances, en raison de la préférence pour les eaux de source (cf. Journal de la Nièvre, 8 août 1896 et Arch. Nat. F8 199). Cf. Pochet, « Notice sur l'adduction des eaux de l'Yonne pour l'alimentation de Château-Chinon et l'éclairage électrique de la ville », Annales des Ponts et chaussées, 1900, pp. 213-231.

page 65 note 2. Depuis 1881 l'Inspection d'Académie était préoccupée de la situation sanitaire de la ville en raison de la pollution des eaux de la source Sainte-Eugénie, démontrée par le professeur Bataillon (cf. rapport de Jacquot, 14 juin 1897, F8 199). Le Conseil général ne consentit qu'en 1900 à faire faire les travaux nécessaires (cf. Procès-verbaux du Conseil général, avril 1896, août 1896). en décembre 1909 encore une épidémie de fièvre typhoïde éclata à Varzy ; « la ville depuis le 20 septembre était dépourvue d'eau potable, par suite d'un accident de chaudière ; la population était réduite à recourir à d'anciens puits fermés depuis une épidémie de typhoïde ou à une source communiquant avec un réservoir qui sert de lavoir et d'abreuvoir » (Conseil général, 1910, p. 143) ; l'eau était pourtant « régulièrement filtrée » à l'école normale.

page 65 note 3. Le Comité consultatif d'hygiène auquel étaient soumis tous les projets d'adduction, s'opposa en 1886 au projet de Corbigny : « l'eau de l'Yonne à l'endroit où doit être fait la prise d'eau… renfermant une quantité considérable de matières organiques : l'emploi de cette eau doit être absolument proscrit ». Or deux tiers des puits publics étaient à sec pendant plusieurs mois et l'eau manquait constamment (Arch. Nat. F8 199). Il faudrait suivre dans le détail tous les dossiers soumis au Comité ; notons au passage la difficulté pour celui-ci d'obtenir des analyses correctes d'échantillons d'eau.

page 65 note 4. Cf. Hostieb, Fourchambault 1854-1954, 1955, pp. 57-59. On songeait en 1907 à faire venir des eaux de source de Beaumont-la-Ferrière, Pougues les faisant venir de Saint-Aubin-les-Forges.

page 65 note 5. Sur les conditions d'exploitation, cf. Imbeaux, Annuaire statistique…, ouv. cité, pp. 481-486. Il faudrait pouvoir retracer l'accroissement de la consommation d'eau de ces petites villes : ainsi à Cosne elle s'accroît de moitié de 1907 (400 m3 par jour) à 1912. Il semble que la consommation individuelle soit restée assez limitée (ainsi à Fourchambault, vers 1930, les services publics consommaient 32 000 m3 sur 45 000 produits).

page 66 note 1. Les problèmes d'accroissement des stations de pompage, d'extension des réseaux, d'assainissement également, sont encore très actuels en Nivernais, même dans les petites villes ; bien des villages n'ont pas encore l'adduction d'eau (cf. par exemple, Rapports du Conseil général, Procès-verbaux des délibérations, janvier 1965, pp. 19-26).

page 66 note 2. Circulaire du 20 août 1906 sur la pollution des nappes souterraines pour les eaux d'égout, circulaire de juin 1906 du Ministre de l'Agriculture interdisant de jeter ou laisser s'écouler des eaux résiduaires dans les cours d'eau. De plus l'article 9 de la loi du 15 février 1902 disposait que si pendant trois années consécutives, le nombre de décès dans une commune a dépassé le chiffre de la mortalité moyenne de la France « le Préfet devait faire une enquête et ordonner les travaux d'assainissement nécessaires ».

page 66 note 3. Les rapports du Conseil supérieur d'hygiène sont éloquents (Arch. Nat. F8 220) ; les matières de vidange sont déversées dans les jardins, dans toutes les communes de la Nièvre — même dans les cités thermales, à Pougues et à Saint-Honoré (qui ne possédait pas d'adduction d'eau).

page 66 note 4. Les fosses septiques étaient considérées comme un danger pour l'hygiène publique : « ces installations sanitaires… n'ont procuré, disait Calmette, que des déboires et coûté beaucoup d'argent aux propriétaires d'immeubles séduits par les fallacieuses promesses qui s'étalaient dans les prospectus des inventeurs » (cf. Dr O. Simonot, (directeur du bureau d'hygiène de Nevers), Fosses septiques et hygiène publique, extr. Mém. Soc. Acad. Niv., 1911).

page 66 note 5. Voir par exemple les rapports du Vétérinaire départemental au Conseil général, qui déplore chaque année l'insalubrité des abattoirs : en 1911, celui de Nevers « manque d'eau, l'égout collecteur est un foyer d'infection », à Cosne « un fossé conduit à la Loire les eaux de lavage souillées de débris organiques ; le fossé est obstrué et les liquides forment une mare infecte… » (Conseil général, 1911, pp. 298-299).

page 67 note 1. Conseil général, 1905, p. 195.

page 67 note 2. L'inspectrice des écoles maternelles constate en 1908 que « la propreté des enfants n'est souvent qu'apparente, propreté de la figure, propreté des mains et des vêtements extérieurs » (Conseil général, 1908, pp. 142-143). les « visites de propreté » dans les écoles devaient bien tenir compte des conditions de vie, souvent médiocres jusqu'en 1940.

page 67 note 3. A Nevers le nombre de logements avec cabinet de toilette ou salle de bains était infime en 1940, et beaucoup étaient privés de points d'eau ; des quartiers entiers étaient considérés comme insalubres. D'après le recensement de 1946, 13 975 immeubles sur 68 882 possédaient l'eau (à Nevers 4 088 sur 5 371, à Clamecy 755 sur 1 258, à Cosne 1 195 sur 2 192). Dans les villes de plus de 10 000 habitants 75 % des logements possèdent l'eau à l'intérieur ou dans la maison, 12,3 % sont alimentés par des puits ; dans les communes urbaines de moins de 10 000 habitants, 53 % des logements ont l'eau, mais 15 % sont alimentés par des puits, 30 % par des fontaines publiques ; dans les communes rurales, l'eau n'existe que dans 11 % des cas, les puits dans 49 %. Le nombre de salles de bains est infime : 609 pour 11 527 logements dans les villes de plus de 10 000 habitants, 965 dans les autres communes (sur 71 000 logements) ; 2 800 logements (sur 82 000) dans le département possèdent le tout à l'égout, e t c . . (cf. Résultats statistiques du recensement général de la population, t. IV (1951), Nièvre, tableaux VI, 2, 3, 4).

page 67 note 4. On trouve aujourd'hui tout naturel le confort des maisons (« eau à tous les étages », « cabinet de toilette », « salle de bains ») ou les pratiques d'hygiène, et on oublie avec empressement les anciennes conditions de vie, pourtant si proches de nous. Péguy dénonçait déjà cette illusion dans L'Argent (1913, p. 10) : «Le monde a moins changé depuis Jésus-Christ qu'il n'a changé depuis trente ans… Une ferme en Beauce, encore après la guerre, était infiniment plus près d'une ferme gallo-romaine, ou plutôt de la même ferme gallo-romaine, pour les moeurs, pour le statut, pour le sérieux, pour la gravité, pour la structure même et l'institution, pour la dignité… qu'aujourd'hui elle ne se ressemble à elle-même ».

page 68 note 1. On ne saurait trop attacher d'importance au matériel employé (compteursconduites, pompes) et aux méthodes d'analyse chimique et de purification dont l'histoire n'est pas encore faite : encore aujourd'hui les eaux distribuées, dans les petites villes, ne sont pas surveillées très attentivement du point de vue bactériologique (dans tel bourg, le contrôle est fait tous les deux mois).