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Malthus démenti ? Sous-peuplement chronique et calamités démographiques en Sardaigne au Bas Moyen Age

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

John Day*
Affiliation:
CNRS-Paris VII

Extract

Le surpeuplement rural d'une très grande partie de l'Europe occidentale à la suite de l'expansion démographique des XIe-XIIIe siècles n'est plus à mettre en doute depuis les recherches récentes et concordantes de nombreux spécialistes de l'économie et de la société médiévales. Il s'agit d'une constatation fondée soit sur les densités de peuplement enregistrées vers la fin de cette période (souvent égales à celles du XVIIe — voire du XIXe siècle — pour les mêmes circonscriptions), soit sur l'évidence de tout un enchaînement d'effets « malthusiens » : tenures de plus en plus réduites, terres épuisées et abandonnées, endettement paysan, hausse tendentielle des prix des blés, crises répétées de subsistances.

Type
Démographie et Société
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1975

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References

Notes

1. Je tiens à remercier MM. les professeurs Jacques Heers et Giovanni Todde qui ont bien voulu relire le manuscrit de cet article.

2. La bibliographie est, évidemment, énorme ; voir E. Carpentier, « Autour de la Peste noire : famines et épidémies dans l'histoire du xive siècle », Annales E.S.C.,XVII, 1962, pp. 1062- 1092.

3. « Some économie évidence of declining population in the later Middle Ages », EconomieHistory Review, 2’série, t. II, 1950, pp. 221-246.

4. Postan, M. M., The Médiéval Economy and Society, Londres, 1972, p. 34 Google Scholar.

5. L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval,Paris, 1962, t. 1, p. 218. Parmi les autres historiens qui se sont ralliés à la thèse de Postan : Van Bath, B. H. Slicher, The Agrarian History of Western Europe A.D. 500-1850, Londres, 1963, p. 89 Google Scholar et passim, W. Abel, Agrarkrisen und Agrarkonjunktur,2e éd., Hambourg, 1966, pp. 46-48 ; N. J. G. Pounds, « Overpopulation in France and the Low Countries in the later Middle Ages », Journal ofSocial History,t. III, 1970, pp. 224-247 ; I. Kershaw, «The Great Famine and Agrarian Crisis in England 1315-1322 », Past and Présentn° 59, 1973, pp. 3-50 ; A. R. Bridbury, « The Black Death », dans Economie History Review,xxvi, 1973, pp. 577-592. Ce dernier auteur considère que l'Angleterre au milieu du xive siècle aurait eu un tel excédent d'êtres humains que la perte subite d'un bon tiers de la population était « plus purgative que toxique » ; insuffisante, en tout cas, pour modifier les rapports terre-travail et faire décrocher la courbe des salaires de celle des prix du blé.

6. Le XIIIe siècle européen,Paris, 1968, pp. 311-318. Cf. id.,dans Cambridge EconomieHistory,t. I, 2e éd., 1966, pp. 667-77.

7. Médiéval and Renaissance Pistoia,New Haven, 1967, pp. 93-101.

8. Ibid.,pp. 112-120. En réalité, comme le montrent E. Le Roy Ladurie et P. Goubert pour le XVIIe siècle, ces deux points de vue ne sont nullement irréconciliables (E. LE Roy Ladurie, LesPaysans de Languedoc,Paris, Flammarion, 1969, pp. 283-292 ; P. Goubert, Cent mille provinciauxau XVIIe siècle,Paris, Flammarion, 1968, pp. 68-82).

9. «Agriculture médiévale et population», Études sociales,n° 28, 1965, pp. 13-23.

10. «Ce n'est du reste que changer de place au point d'interrogation », ibid.,p. 23.

11. H. Dubled, «Conséquences économiques et sociales des «mortalités” du xive siècle, essentiellement en Alsace», Revue d'histoire économique et sociale,xxXVII, 1959, pp. 273-294.

12. «Y eut-il une crise générale de la féodalité? », Annales E.S.C.,vi, 1951, pp. 23-30.

13. « Peut-on considérer le xive et le xve siècle comme époques de décadence de l'économie européenne?», Studi in onore di Armando Sapori,Milan, 1957, t. I, pp. 551-569.

14. « Quelques thèmes de recherche », Sur le féodalisme,Centre d'Études et de Recherches Marxistes, Paris, 1971, p. 51.

15. Même en tenant compte des fortes différences régionales (voir entre autres : J. Heers, L'Occident aux XIVe et XVe siècles. Aspects économiques et sociales,2e éd., Paris, 1966, pp. 38- 42 ; E. LE Roy Ladurie, Histoire rurale(cours polycopié de l'Université de Paris VII), pp. 112- 150 : et notre tableau II ci-dessous.

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19. J. Day, Villaggi abbandonati in Sardegna dal Trecento al Settecento : Inventario(Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, « Colloques, Bibliographies, Travaux préparatoires »), Paris, 1973.

20. Corridore, F., Storia documentata délia popolazione di Sardegna, Turin, 1899 Google Scholar.

21. Solmi, A., Studi storici sulle istituzioni délia Sardegna nel Medioevo, Cagliari, 1917, pp. 228229 Google Scholar, 320-323 ; G. Pardi, La Sardegna e la sua popolazione attraverso i secoli,Cagliari, 1925; F. Loddo Canepa, Dizionario archivistico délia Sardegna,t. II, p. 11 (titre: « censimento »).

22. Dans le Dizionariode Casalis, t. VIII, pp. 102 et suiv. Même en utilisant le coefficient de 8 personnes par feu suggéré par A. Era qui donnerait 258 130 habitants, on reste bien en deçà de ces approximations optimistes (A. ERA, parlamento sardo del 1481-1485,Milan, 1955, pp. xc-xci et note 8). En fait, étant donné le caractère d'incertitude de nos propres calculs, on pourrait opter pour ce dernier résultat sans pour autant faire passer la Sardaigne dans les rangs des pays riches et surpeuplés.

23. G. Donna, « I borghi franchi nella politica e nelT economia agraria délia repubblica vercellese », Annali dell’ Accademia d'Agricoltura di Torino,LXXXVI, 1942-1943, pp. 89-151, cité par L. Genicot, Le XIIIe siècle européen,Paris, 1968, p. 312.

24. Voir Besta, E., La Sardegna Medioevale, Palermo, 1908-1909Google Scholar ; Solmi, A., Studi storici nulle istituzioni délia Sardegna medioevale, Cagliari, 1917 Google Scholar ; et les articles de A. Boscolo, F. Artizzu, G. Zanetti et F. Giunta (avec bibliographie), Saggi storici sull'agricoltura sarda inonore di Antonio Segni,Padoue, 1965.

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26. Archivio de la Corona de Aragon,Real Patrimonio, rég. 1006, fol. 132 v°-133 v° ; 2065, fol. 3-3 v° ; 2084, fol. 1-4 v° ; P. Bofarull Y Mascaro, Repartimientos de los reinos deWallorca, Valencia y Cerdena,Barcelone, 1856, p. 660 (années 1331/1333, 1335/1336, 1358, 1365) ; A. Boscolo, « La politica italiana di Ferdinando I d'Aragona », Studi sardi,t. XII-XIII, 1952-1954, p. 151 ; Archivio di Statode Cagliari, rég. BD - 3, fol. 116, 22 v°, 45, 54 (années 1415, 1433/1434, 1436/1437, 1438/1439, 1441-1451).

27. Bofarull Y Mascaro, Repartimientos, op. cit.,p. 660 ; Boscolo, « La politica italiana », cité, p. 151. D'après les registres douaniers conservés dans les Archives de la Couronne d'Aragon, ce premier chiffre fut largement dépassé en 1331-1333, 1344-1347, 1348-1349, 1361- 1362 et 1364-1365 (Real Patrimonio, rég. 1006, fol. 132 v°-133 v° ; 2075, fol. 3 v° ; 2146 et 970 ; 2147; 2148 et 2149; 2151).

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29. Martorell, F. Udina, « Un aspecto de la evoluciôn economica sarda en el siglo XIV : la acunaciôn de moneda », VI Congreso de Historia de la Corona de Aragon, 1957, Madrid Google Scholar, 1959, pp. 647-661 ; J. Day, « The Décline of a Money Economy : Sardinia in the Late Middle Ages », Studi in Memoria di Federigo Melis,à paraître.

30. Voir texte publié par SisÔ, J. Botet Y, Les Monedes Catalanes, Barcelone, 1908-1911Google Scholar, i. II, doc. LVIII, pp. 425 et suiv.; J. Day, «Décline of a Money Economy», art. cit. 31. Il s'agit, en l'occurrence, de Torres (aujourd'hui Porto Torres), Sulcis, Sorres, Bosa Vecchia, Oppia, Cabudabbas.

32. J. Day, Villaggi abbandonati in Sardegna, op. cit.

33. Ces derniers, dans leur grande majorité, ont été répertoriés par Vittorio Angius dans le Dizionariode Casalis. Il semble que son enquête fût moins poussée dans certaines curatorieet notamment en Sulcis, Sarrabus et Quirra pour lesquelles tout renseignement sur les « inconnus » vient à manquer.

34. A. Mori, « Vicende dell'insediamento umano in Sardegna », Bollettino délia SocietaGeografica Italiana,série 8, t. II, 1949, pp. 253-286 ; Mancosu, F., « Recenti insediamenti rurali in Sardegna », Contribua alla geografia délia Sardegna (Istituto di Geografia, Université di Cagliari), Sassari, 1968, pp. 928 Google Scholar.

35. Seule exception : Cagliari, selon une évaluation pisane, comptait 2 000 familles en 1314, Castello exclu, vraisemblablement son chiffre record pour le Moyen Age (A. Solmi, Studi storici,op. cit.,p. 320).

36. Sur la peste noire en Sardaigne, de Meneses, A. LôPez, « La peste negra en Cerdena », Homenaje a Jaime Vicens Vives, Barcelone, 1965, t. I, pp. 533541 Google Scholar.

37. Densité suffisamment basse selon certains agronomes, pour remettre en question l'agriculture sédentaire elle-même (C. Clairk et Haswell, M. R., 77ie économies of subsistence agriculture, Londres, 1967, pp. 3452 Google Scholar). Ce problème mériterait d'être étudié dans le contexte des pratiques agraires de la Sardaigne espagnole qui étaient loin d'être constantes. Il suffit d'observer les juristes glossateurs du xvie et XVIIe siècles aux prises avec le code agraire d'Eléanor d'Arborée (seconde moitié du xive siècle) pour s'en convaincre, voir notamment, A. Era, éd., / testi legislativiper la storia del diritto agrario in Sardegna,Sassari, 1938.

38. En effet, toute l'évidence dont nous disposons — la chronologie des épidémies ; les péripéties du conflit entre les Aragonais et les juges d'Arborée ; les désertions que l'on peut dater à quelques dizaines d'années près — nous conduit à penser que la dépression démographique a touché le fond dans les premières décennies du xve siècle — comme c'était souvent le cas ailleurs — et que la reprise enregistrée en 1485 était toute récente.

39. Ces rectifications faites, la catégorie II aurait perdu 82,0 96 de ses centres entre 1300/1324 et 1485 au lieu de 72,2 96.

40. On comprend mieux ainsi la longue résistance des juges rebelles d'Arborée face à la domination aragonaise. Voir Tangheroni, M., « Per lo studio dei villaggi abbandonati a Pisa e in Sardegna nel Trecento », Bollettino Storico Pisano, XL-XLI, 1971-1972, pp.5474 Google Scholar.

41. Villages désertés et histoire économique, op. cit.,notamment les contributions de Duby, Roncayolo, Pesez et Le Roy Ladurie, Beresford, Abel.

42. On aurait tort cependant de trop insister sur ce dernier facteur. T. H. Lloyd, par exemple, vient de démontrer qu'en Angleterre la baisse du prix de la laine, à partir de 1375 et jusqu'à la fin du xve siècle, était encore plus accentuée que celle du froment. Le progrès de l'élevage à cette époque s'expliquerait plutôt par le manque de main-d'oeuvre agricole et l'abondance de pâturage, « The movement of wool priées in médiéval England », Economie History ReviewSupplément,n° 5, Cambridge, 1973. Pour la meilleure mise au point, voir R. H. Bautier, « Les mutations agricoles des xive et xve siècles et les progrès de l'élevage », Bulletin philologique ethistorique… jusqu'à 1610,1967, t. I, pp. 1-27.

43. On compte 81 localités éventuellement détruites pour 21 vivantes sur la liste de 1300- 1324; et 117 détruites pour 36 vivantes sur celle de 1349-1358.

44. Ce dernier à en juger par le montant de ses redevances en 1358 (Bofarul Y MascarÔ, Repartimientos, op. cit.,pp. 682-688, 729-731).

45. Au XVIIe siècle, au contraire, on assiste surtout au décès des plus petits, en général après une longue agonie, comme le montre l'échantillon suivant : (Corridore, Storia délia popolazione,cité ; Day, Villaggi abbandonati,cité ; Archivio di Statode Cagliari, Atti dei Parlamenti, vol. xx, fol. 1111-1135 [Donativo de 1655]).

46. Il s'agit, en l'occurrence d'églises isolées — aucun site de village médiéval, à ma connaissance, n'ayant encore été profané par des fouilleurs sérieux.

47. 23 sont mentionnées pour la première fois entre 1060 et 1100, 32 entre 1101 et 1150, 65 dans les condaghimonastiques et la « Donation de Torchitorio » (à cheval sur les xne et XIIe siècles), 20 entre 1201 et 1250.

48. Il faudrait sans doute nuancer cette affirmation en ce qui concerne les villages en grappe dont les fractions, ou vicinati,de fondation relativement récente furent réabsorbées par le villagemère par suite du processus d’ auto-enchâssement démographique qui caractérise le Bas Moyen Age. Le phénomène est difficile à cerner d'après les textes. Il est suggéré par la présence de ruines d'habitat et d'églises isolées à la proximité de villages existants. Il est attesté aussi (dans les componimentipisans) par la taxation collective de tels « cluster villages ». En réalité, le villagemère et les fractions subirent souvent une destruction commune. (Voir à ce propos : Angela Terrosu Asole, Gli abitati medioevali délia curatoria di Gippi Sardegna sud-occidentale,à paraître ; J. Day, « L'insediamento precario in Sardegna nei secoli XII-XVIII », Actes du ColloqueInternational d'Archéologie Médiévale,Palerme, sept. 1974, à paraître.)

49. F. Artizzu, « Rendite pisane nel giudicato di Cagliari… », Archivio Storico Sardo,Xxv, 1957-1958. Cf. J. Day, Villaggi abbandonati, op. cit.,pp. 7 et suiv. pour la datation de ce document.

50. Voir aussi E. Pillosu, « Un inedito rapporto cinquecentesco sulla difesa costiera délia Sardegna, di Marco Antonio Camos » (vers 1572), Nuovo Bollettino Bibliografico Sardo,n° 21-25, 1959-1960 : « ay muchos territorios de los mas fertiles que se saben en esta Isla y son tantos que es opinion que si se cultivassen bastarian a dar trigo para la provision de Caller… » (p. 8 de l'extrait).

51. Comme d'habitude, il s'agit ici de villages-types et non de villages particuliers. C'est que les deux sondages du xive siècle ne concernent pas les mêmes localités, et que très peu d'entre elles exsitent encore à l'époque des premiers recensements complets (par fief) publiés par Corridore.

52. En Trexenta, la curatoriasans doute la plus exclusivement agricole de la Sardaigne, le nombre global de feux fiscaux diminueentre 1359 et 1485 de 45 %environ (F. Artizzu, « L'Aragona e i territori pisani di Trexenta e Gippi », Annali délia Facoltà di Lettere, Università diCagliari,t. XXX, 1966-1967, pp. 308-415 ; Corridore, Storia délia popolazione, op. cit.,p. 85).

53. Certes, on peut relever dans les textes sardes de toutes les époques des exemples de l'octroi de terres et franchises aux nouveaux « popolatori » venus s'installer dans des sites déserts, ainsi que des actes d'inféodation de villages abandonnés en vue de leur repeuplement. (Voir, par exemple, Day, Villaggi abbandonati, op. cit.,n°s 1-99 (Giana, a. 1225), 1-28 (Sedanu, vers 1250), 1-269 (Villanova de Castiades, a. 1316), III-101 (Burgos, a. 1353), 1-172 (Furtei, a. 1415), 111-76 (Saccargia, a. 1436), 1-176 (Nuraminis, a. 1540), 1-98 (Donori, a. 1619), 1-55 (Fluminimaggiore, a. 1704).

54. F. Artizzu, « L'Aragona e i territori pisani di Trexenta e Gippi », p. 363 : « … et hoc facimus ut homines deinceps tractentur bénigne melius et ut homines extranei loci materiam habeant veniendi ad habitandum dictas villas pisani Comunis » (cf. pp. 338, 415).

55. Canepa, F. Loddo, « Lo spopolamento délia Sardegna durante la dominazione aragonese e spagnola », Atti del Congresso internazionale per gli studi sulla popolazione, Roma, 1933, t. I, p. 667 Google Scholar ; Archivio di Statode Cagliari, B-6, fol. 284 v°.

56. Texte publié par Tucci, R. Di, La proprietà fondiaria in Sardegna dall'alto medioevo ai nostri giorni, Cagliari, 1928, pp. 134136 Google Scholar. A cet égard, la Sardaigne ne fait que suivre l'exemple du reste de l'Europe où la mobilité paysanne est partout remise en question par « statuts des travailleurs » royaux et « malos usos » seigneuriaux (voir J. Heers, L'Occident aux XIVe etXVe siècles,cité, pp. 99 et suiv. et les documents publiés dans J. Glénisson et Day, J., Textes etdocuments d'histoire du Moyen Age, H, Paris Google Scholar, Sedes, à paraître (Angleterre, 1388, Norvège, 1383, Pologne 1353-1362 etc.).

57. En 1452, le roi Alfonso V se plaint que de nombreux seigneurs de villages habités de l'île se soient emparés des terroirs de villages royaux désertés à cette époque à cause de la guerre et des mortalités, alors que leurs confins ne devaient pas se confondre avec ceux de leurs voisins. (Archivio di Statode Cagliari, vol. F, fol. 103 v° ; Canepa, F. Loddo, « Fonti archivistiche, Cagliari », Fonti archivistiche per lo studio dei problemi délia popolazione…, Rome, 1933, t. IV, p. 405 Google Scholar.

58. J. Day, Villaggi abbandonati, op. cit.

59. Ibid.L'annexion pouvait précéder le dépeuplement complet (voir Artizzu, Trexenta eGippi,cité, pp. 353, 362, 401 : Murta, ou Murrechi, rattaché à Serramanna ; Masoni rattaché à Palmas ; Donisellu rattaché à Villasor ; Turri rattaché à Ortacesus [année 1359]).

60. Di Tucci, La proprietà fondiaria…,cité, p. 14.

61. Cabanas, A. M. Aragô, «La repoblaciôn de Sasser bajo Alfonso el Benigno (1330- 1336)», VI Congreso de Historia de la Corona de Aragon (1957), Madrid, 1959, pp. 539549 Google Scholar ; A. ERA, « Prowedimenti per il ripopolamento di Sassari e di Alghero nel 1350-61 », ibid., pp. 551-559.

62. Day, Villaggi abbandonati,cité ; Solmi, Studi storici, op. cit.,p. 320.

63. Putzulu, E., Carte reali aragonesi e spagnole dell'Archivio Comunale di Cagliari, Padoue, 1959 Google Scholar, n° 18, cf. n° 19 : « mox possunt ducere vitam suam ».

64. Ibid.,n° 138, cf. A.C.A.,Cartas reaies, Alfonso IV, n° 1026 : « … aquest castell qui es cap daquesta ylla qui esta en pas que si per vos senyor noy es provehit que es apperellat dins pochtemps que sia tôt despoblate aço per les grans imposicions e carrechs que hic son… » (a. 1418).

65. En 1349/1351 Iglesias avait 650 familles environ. On peut postuler, à partir d'une série de comptes fiscaux concernant le vin et l'huile introduits dans la ville, une population de 4 à 6 fois plus importante dans la période précédant la Peste : pour les 11 années relevées entre 1329 et 1344, la moyenne annuelle était de 811 botesde vin et 59 botesd'huile ; tandis que pour 12 années entre 1350 et 1363 les chiffres tombent à 131 botesde vin et 18 botesd'huile seulement U.C.A.,Real Patrimonio, rég. 2111/4, 2115/4, 2115/6, 2121, 2122, 2125).

66. A.C.A.,Alfonso IV, Cartas reales, n° 808.

67. Oristano, l'ancienne capitale de l'État rebelle d'Arborée, se révèle, par contre, relativement bien lotie par rapport à Cagliari, la capitale aragonaise : on y trouve encore 175 « citadins et marchands » (non deficiebant nisi pastores bestiaminum) pour signer un traité de paix de 1388, et bien 557 « marchands et habitants » pour jurer fidélité au roi d'Aragon en 1410 (Codex DiplomaticusSardiniae),éd. P. Tola, t. I, pp. 817 et syuv. ; t. II, pp. 43 et suiv.).

68. Ennene, Innoviu, Murusas (Day, Villaggi abbandonati, op. cit.).

69. Le mouvement, en réalité, devait être souvent assez hésitant, et le dénouement n'était pas forcément ni imprévu ni dramatique. Geridu, finalement abandonné vers 1427 (et ainsi l'un des derniers survivants du contadodévaste de Sassari), comptait assez d'émigrés à Sassari déjà en 1344 pour demander collectivement l'exemption des droits imposés sur leur village d'origine (A.C.A.Cancilleria, rég. 2627 fol. 151 v°-152 ; rég. 1041, fol. 75).

70. Day, Villaggi abbandonati, op. cit.Ces émigrants espéraient ainsi échapper au travail forcé dans les salines.

71. Pirri (qui semble avoir perdu ses terres sans perdre tous ses habitants), Sanvetrano, Sant'Elia et Santa Maria de Claro (ibid.).

72. Contrairement à ce qui s'est produit, par exemple, dans le contadode Pistoia où l'on remarque une progression presque constante du pourcentage de la population habitant les plaines et les collines entre 1244 (34 96) et 1427 (48 96) (Herlihy, Médiéval and Renaissance Pistoia, op.cit.,p. 70. Voir aussi W. Abel, « Désertions rurales : bilan de la recherche allemande », Villagesdésertés et histoire économique,cité, pp. 523 et suiv.

73. Ce qui explique, évidemment, le caractère « rustique » des statuts communaux de Sassari, Castelsardo et Villa di Chiesa (Iglesias) Voir C. G. Mor, « Aspetti dell'agricoltura sarda nella legislazione del secolo XIV», Saggi storici in onore di A. Segni,cité, pp. 125-160.

74. En Sardaigne, la baisse démographique du XVIIe siècle date plutôt de la terrible famine de ’ 1680.

75. En 1554 les conseillers d'Oristano se plaignent que depuis quelques années le plat pays (les Campidani)et la ville elle-même ont perdu plus de 300 vassaux au bénéfice des barons qui offraient des avantages fiscaux aux nouveaux colons originaires des autres circonscriptions de l'île (G. Sorgia, // Parlamento del viceré Fernandez de Heredia (1553-1554),Milan, 1963, p. 133). En 1620, toujours à Oristano, sur les instances des conseillers il est défendu de construire maisons et enclos hors de l'enceinte sur les communaux (Di Tucci, La propriété fondiara, op. cit.,pp. 27 et suiv.).