Hostname: page-component-6d856f89d9-4thr5 Total loading time: 0 Render date: 2024-07-16T06:21:27.773Z Has data issue: false hasContentIssue false

Les variations des prix et la « théorie quantitative de la monnaie » à Rome, de Cicéron à Pline l'Ancien*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Claude Nicolet*
Affiliation:
Paris-Sorbonne

Extract

L'antiquité gréco-romaine, on le sait et on l'a répété à satiété, ne nous a pas laissé de bien nombreux témoignages d'une réflexion spéculative sur la valeur de la monnaie. Sans doute trouvons-nous chez les auteurs grecs, en particulier chez les philosophes comme Platon et Aristote, des considérations sur son origine supposée et sur son utilité. On trouve même, chez Aristote, une théorie assez développée de sa « valeur », où il tente, à sa manière systématique, une distinction entre la monnaie-marchandise et la monnaie-convention.

Type
Prix, Monnaies, Echanges
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

Footnotes

*

C'est pour moi un très agréable devoir de remercier ici M. Julien Guey, qui a bien voulu lire cet article et me donner d'innombrables et précieux conseils. Je remercie aussi M. Elie Fallu, qui m'a fourni plusieurs références précieuses à Cicéron.

References

page 1203 note 1. On trouvera peu d'indications concernant l'antiquité dans les manuels d'histoire économique (cf. Denis, H., Histoire de la pensée économique, Paris, Coll. Themis, 1967 Google Scholar). Sur notre sujet, on pourra lire : Monroe, A. E. Monetary theory before A. Smith, Harvard Univ. Press, 1923, pp. 313 CrossRefGoogle Scholar; A. R. Burns, Money and monetary policy in early times, Londres, 1927; et Gonnard, surtout R., Histoire des doctrines monétaires, Paris, Sirey, I, 1935, pp. 5257 Google Scholar, qui a du moins le mérite de rassembler les textes anciens (mais non tous), et de citer la bibliographie moderne, essentiellement A. Souchon, Les théories économiques de la Grèce antique, 1898; P. Thomas, Essai sur quelques théories économiques dans le Corpus Juris Civilis, 1899; Saint Germes, J., « Les idées monétaires dans la Grèce Antique », Revue d'Histoire Économique et Sociale, 1928, pp. 230239 Google Scholar (extrêmement médiocre : compilation rapide de A. Souchon, T. Reinach et E. Babelon). Seules ou à peu près, les théories d'Aristote sur la monnaie ont fait l'objet d'études sérieuses et spécialisées (cf. ci-dessous, note 3). Pour des renseignements plus précis, il faut s'adresser aux spécialistes de la numismatique ancienne : L. Incarnati, Moneta e scambio nelVantichità e neW alto medioevo, Roma, 1953; et surtout les vieux manuels, dont les conclusions ou la chronologie sont souvent dépassées, mais qui donnent la plupart des textes de référence : par exemple F. Lenormant, La monnaie dans l'Antiquité, I-III, 1878-1879 (part. III, p. 12); Mommsen, T., Histoire de la monnaie romaine, trad. Blacasde Witte, III, pp. 4 Google Scholar et suiv. On ne trouvera que peu de choses pour notre propos dans Barbieri, G., Fontiper la storia délie dottrine economiche, dell'antichità alla prima scolastica, Milan, 1958, pp. 11104 Google Scholar (Rome). Des textes utilement rassemblés en revanche, mais présentés sous une forme abstraite et confuse, avec une interférence perpétuelle entre l'analyse des discussions des économistes modernes et celle des Anciens, dans Tozzi, G., Economisti greci e romani. Le singolare intuizioni di une scienza moderna nel mondo classico, Milan, Feltrinelli, 1961 : pp. 171 Google Scholar et suiv. sur Aristote et la monnaie (métallisme et nominalisme), p. 308 sur Cicéron, en particulier le De officiis; pp. 366-377 sur Pline (intéressant); de bons extraits des jurisconsultes, mais jugés constamment par référence aux auteurs du xrx* siècle comme J. C. Tydenam, Disquisitio juridico-politica de oeco. pol. notionibus in Corpore Juris Civilis, Halle, 1838, ou H. V. Scheel, « I concetti economici fondamentali del CJC », Jahrbuch fur Nazionalôkonomie und Statistik, 1866, insérée par V. Pareto dans sa Bibl. di Storia Economica, 1907, pp. 729-748.

page 1204 note 1. Pour Platon, les textes essentiels sont Lois, III, 679 b, et surtout V, 741 e et suiv. L'usage de l'or et de l'argent est corrupteur; les Magnètes ne devront pas en posséder (742 a), « mais seulement de la monnaie pour les échanges quotidiens ». Le prêt à intérêt, donc l'usage du crédit, sont condamnés (742 c; cf. Rép., VIII, 556 a); 849 e (interdiction renouvelée du crédit). Sur ces points cf. Barrer, E., The political thought of Plato and Aristotle, 1959, pp. 84 Google Scholar, 89, 197, 198, où il cite Lois, 918 b-c, où est admise par Platon la théorie de la valeur conventionnelle de la monnaie « commune mesure de toute chose »; et L. Gernet, Introd. à Védition des Lois dans la « Coll. des Un. de France », 1951, pp. en et CLXXVI. La valeur conventionnelle de la monnaie (nominalisme monétaire) est d'autre part affirmée dans un dialogue du Pseudo-Platon, l'Eryxias, 400 a-e.

page 1204 note 2. La théorie de la monnaie et de sa double valeur (valeur-marchandise, valeur-conventionnelle) a été plus étudiée chez Aristote que chez Platon. Les principaux textes sont : Eth. Nicom., 1133; 1178, et Politique, I, 1257 a-b : « aussi les hommes convinrent-ils pour leurs échanges de donner et de recevoir une matière qui, utile pour elle-même, fût facile à manier pour les besoins de la vie courante…, dont la valeur fût définie d'abord uniquement par les dimensions et le poids, et enfin par l'apposition d'une empreinte pour éviter l'embarras de mesures continuelles ». Mais dans la suite, 1257 b, 11, Aristote insiste plus sur la valeur conventionnelle, rapportant d'ailleurs les deux opinions contradictoires : « Au contraire, certains regardent la monnaie comme pure bagatelle et pure convention légale, etc. »; cf. Newman, W. L., The politics of Aristotle, 1887-1902, II, pp. 187188 Google Scholar; Aubonnet, J., Politique, Ier II, Coll. des Univ. de France, pp. 124125 Google Scholar; Saint-Germes, J., « Les idées monétaires de la Grèce Antique », Rev. d'Hist. Écon. Soc, 1928, pp. 230239 Google Scholar ; G. Maiorana, « Le teorie délia moneta e del valore in Aristotele », Giornale degli Economiste, 1926 (non vidi); Gonnard, R., Doctrines monétaires, pp. 3138 Google Scholar; Souder, J., Aristotle's theory of exchanges, an inquiry into the origin of économies analysis, Proc. Am. Philos. Soc, 1952, pp. 4575 Google Scholar (excellente étude, qui replace la théorie de l'échange dans son contexte philosophique et politique); Oates, W. J., Aristotle and the problem of value, Princeton Univ. Press, 1963 Google Scholar (essentiellement philosophique); on sait que cette théorie de la valeur d'usage et de la valeur d'échange (qui n'est pas appliquée à la seule monnaie par Aristote) a eu une immense fortune chez les économistes « classiques », J. B. Say et J. Stuart Mill, et a été reprise par Marx en de nombreux passages (cf. Le Capital, éd. Pléiade, I, pp. 589-590 et ailleurs); mais sur la réfutation de la « théorie quantitative de la monnaie » par Marx, reconnaissant ce qu'il doit à l'économie politique post-ricadienne, cf. Critique de r Économie Politique, éd. Pléiade, I, pp. 358-380).

page 1204 note 3. Aristophane, Batrakoi, 718-733; cf. Babelon, E., Traité des Monnaies, III (1914), col. 8894 Google Scholar. « Nous ne voulons point de la vieille monnaie, quoiqu'elle soit sans alliage et la meilleure de toutes, comme on peut en juger par les pièces qui sont seules parfaitement frappées…; nous préférons la monnaie de bronze nouvellement frappée qui ne vaut rien du tout. » (C'est une allusion à la frappe de l'or en 407, à la frappe du bronze en 406 avant J.-C).

page 1204 note 4. La « loi » de Gresham (« la mauvaise monnaie chasse la bonne ») a été attribuée par erreur à sir Thomas Gresham, auteur de « L'avis… concernant la chute du change en 1558 », par Mac Leod, H. D., Dictionary ofpolitical economy, p. 464 Google Scholar et surtout The law of Gresham and its relation to Bimetallism, 1896, 28 p.; cf. Lebranchu, J. Y., Écrits notables sur la monnaie, 1, 1934, p. LV Google Scholar; Copernic a exprimé cette « loi » avant Gresham.

page 1204 note 5. Aucune théorie de la monnaie dans ce recueil de recettes fiscales ou para-fiscales de la fin du IVe siècle, mais beaucoup de faits intéressants sur la disette monétaire en tel ou tel lieu, sur les manipulations monétaires comme celles de Denys II de Syracuse, qui « dévalua » de moitié la drachme; cf. B. A. van Gronigen, Aristote, le second livre de l'Économique, Leyde, 1933; et (moins utile) B. A. van Gronigen et A. Wartelle, Aristote, Économique, dans la « Coll. des Univ. de France », 1968 (cf. en particulier, II, 20 h, p. 22); cf. Rostovtzbff, M., Soc. Ec Hist. Hell. World, Oxford 1939, pp. 440446 Google Scholar, qui montre que le livre s'adresse essentiellement aux rois et à leurs conseillers (II I, 3, sur la politique monétaire). Sur les sources, cf. récemment Rugoini, Lellia C., « Eforo nello Pseudo-Aristotele Oec. II, 2 », Athen., 1966, pp. 199236 Google Scholar; 1967, pp. 3-88.

page 1205 note 1. Cf. Pseudo-Xénophon, Poroi (« Ways and means », Coll. Loeb, par E. C. Merchant, 1925, p. 192 et suiv.), spec. IV, 6 : « Une augmentation du nombre des bronziers, par exemple, produit une chute des prix du bronze, et les bronziers quittent leur métier; même chose arrive pour les métiers du fer; … mais une augmentation du nombre des veines d'argent découvertes, et du métal produit, est accompagnée d'une augmentation du nombre des entrepreneurs. Car l'argent n'est pas comme une marchandise, que personne n'achète au-delà de ses besoins domestiques… (il se thésaurise); notez aussi que quand un État est prospère la demande d'argent est plus forte. » Mais plus loin l'auteur ajoute : « si quelqu'un prétend que l'or est aussi utile que l'argent, je ne le contredirai pas; mais je sais que quand l'or est abondant, le prix de l'argent monte, et celui de l'or baisse. » Comme l'ont montré K. von der Lebck, Die Xenophontische Schrift von den Einkunften, Diss. Koln 1933; Rostovtzeff, M., Sehhw, pp. 13211328 Google Scholar, et Gonnard, R., Hist. doctr. monét., pp. 39 Google Scholar et suiv., l'auteur, qui n'est pas Xénophon, a des idées à la fois fausses et contradictoires sur la valeur de la monnaie et des métaux monétaires. Sur la question des mines du Laurion au IVe siècle, cf. la mise au point récente de Mossé, C., La fin de la démocratie athénienne, Paris, 1962, pp. 85 Google Scholar et suiv.

page 1205 note 2. P. Thomas, Essai sur quelques théories économiques dans le Corpus Juris Civilis, Thèse, Toulouse, 1899; Gonnard, R., Histoire des Doctrines monétaires, I, pp. 5257 Google Scholar; Jonkers, E., Economische en sociale toenstanden in het roemische Rijk, Blijkende uit het Corps Juris, Wageningen, 1933, sp. p. 41 Google Scholar (peu de choses sur la monnaie). On trouvera la discussion la plus complète sur la conception latine de la monnaie dans P. Thomas, pp. 12, 27, et surtout p. 45 et suiv. Les textes principaux sont Paul, Dig., XVIII, 1, 1, qui cherche à définir logiquement l'origine de Yemptio venditio : Origo emendi vendendique a permutationibus coepit…; sed quia non semper nec facile concurrebat, ut, cum tu haberes quod ego desideram, invicem haberem quod tu accipere velles, electa materia est, cujus publica ac perpétua aestimatio difficultatibus permutationum aequalitate quantitatis subveniret; Gaius, Inst., I, 122 (pour expliquer l'expression aes et libra), fait une brève histoire de la métrologie romaine : eorumque nummorum vis etpotestas non in numéro erat sed in pondère; Gaius, Dig., XIII, 4, 3, semble admettre la valeur-marchandise de la monnaie : « pecuniarum quoque licet videatur una et eadem potestas ubique esse, tamen aliis locis facilius, et levibus usuris inveniuntur, aliis difficilius, etgravibus usuris. » Sur le cours forcé, que les empereurs ont imposé en s'inspirant de la lex Cornelia test, (sans qu'on puisse dire que la clause ait existé dès 81, comme le veut trop vite Lenormant, F., La monnaie dans l'antiquité, III, 1879, p. 19 Google Scholar), cf. Paul, Sent., V, 25, 1 : Lege Cornelia testamentaria (tenentur) (qui) principum signatam monetam praeter adulterinam reprobaverit; Javolenus, Dig., XLVI, 1, 42, qui semble dire que l'argent ne peut pas être considéré comme une marchandise.

page 1205 note 3. Sur les diverses interprétations du texte de Paul, Dig., XVIII, 1, 1, cf. Thomas, P., op. cit., p. 50 Google Scholar; Gonnard, R., op. cit., pp. 5356 Google Scholar; il est bon de noter que la définition de Paul ne fait que résumer, assez mal, les diverses opinions exprimées avec beaucoup plus de détails dans Aristote, dans les textes cités ci-dessus, p. 1204, n. 2; ajouter Rhétor., I, 7, 1364 à 24-26, et les excellents commentaires de J. Souder, art. cité, qui remarque qu'Aristote ne reprend qu'avec beaucoup de réserves la théorie de la valeur conventionnelle de la monnaie, dont l'origine remonterait aux Pythagoriciens, par l'intermédiaire des Cyniques, qui auraient insisté sur le rapprochement étymologique nomosnomisma (cf. Newman, , The politics of Aristotle, II, pp. 187188 Google Scholar; Sinclair, T. A., Histoire de la pensée politique grecque, trad. franc., 1953, pp. 258 Google Scholar et suiv., à propos de l'anecdote suspecte concernant les accusations de faux monnayage lancées contre Diogène ou son père Hikésias, banquier public à Sinope; Diog. Laerce, VI, 20-21, 49, 56; cf. aussi Bogaert, R., Banques et banquiers dans les cités grecques, 1968, pp. 225229 Google Scholar; mais il s'agit peut-être d'une confusion volontaire entre le désir des Cyniques de « changer les conventions », et « faire de la fausse monnaie »; il semble bien, en tout cas, que les Cyniques aient adopté la théorie de la valeur conventionnelle de la monnaie). En Pol., V, 6, 11, 1306, b, Aristote semble prendre à son compte, au contraire, la théorie de la valeur — marchandise de la monnaie, puisqu'il fait la remarque que les qualifications censitaires originairement fixées peuvent perdre de leur valeur — ce qui est, à notre avis, la prise de conscience d'une possible dévaluation de la monnaie et de l'augmentation insensible des prix.

page 1206 note 1. Les textes métrologiques se trouvent principalement dans Ed. Friedrich Hultsch, Metrologicorum Scriptorum reliquiae, II, 1866.

page 1206 note 2. Pline, N. H., XXXIII et XXXTV (Or, argent et bronze). Les textes essentiels ont été aussi recueillis par R. Thomsen, Early Roman coinage, I, 1957, Ch. I, The Written tradition, p. 19; sur Pline, cf. ci-dessous, p. 1227, n.l et Nenci, surtout G., « Considerazione sulla storia délia monetazione romana in Plinio », Nat. Hist., XXXIII, 42-47, Athenaeum, 1968, pp. 336 Google Scholar, qui cite, p. 4, n. 5, la littérature antérieure, en particulier les études de Momigliano, A. sur Timée (« Timeo, Fabio Pittore e il primo censimento di Servio Tullio », Miscealanea… A. Rostagni, 1963, pp. 180187 Google Scholar; Terzo Contributo alla storia delli studi classici, 1966, 1, pp. 649-656).

page 1206 note 3. Cf. Reinach, Théodore, « Une crise monétaire au début du IIIe siècle », But. Corr. Hél, 1896, pp. 523548 Google Scholar; Ditt. OGI, 515; Broughton, T. R. S., dans Frank, Tenney, EC. Surv. Ane. Rome, IV, p. 895 Google Scholar; cf. Pekary, T., « Studien zur Römischen Währungs-und Finanzgeschichte von 161 bis 236 n. C. », Historia, 1959, pp. 464 Google Scholar et suiv. D'autres inscriptions mentionnant des mesures monétaires sont réunies commodément par H. W. Pleket, « Epigraphica », I, Texts on the économie history ofthe Greek world, Leiden, 1964, n° 3; 6; 7; 11; 13.

page 1206 note 4. Outre les ouvrages déjà de A. Segre, Circolazione monetaria e prezzi, nel mondo antico ed in pertocolare in Egypto, Roma, 1922, et Metrologia e circolazione monetaria degli antichi, Bologna, 1928, cf. maintenant du même, « The Ptolemaic copper inflation », Amer. Journ. Phil., 1942, p. 175; Reekmans, T., « The Ptolemaic copper inflation 220-173 B.C. » Stud. Hellenist., VII, 1951, p. 61 Google Scholar; « Monetary history and the dating of Ptol. papyri », Stud. Hellen., V, 1948, p. 15; « Economie and social repercutions of the Ptol. copper inflation », Chron. d'Egypte, 1949, p. 324; Reekmans dégage trois grandes étapes dans la politique monétaire des Ptolémée : introduction de l'étalon de cuivre vers 210 avant J.-C. ; augmentation du prix de l'argent de 60 à 120 dr. de cuivre pour une dr. d'argent en 183-182 avant J.-C; grande inflation de cuivre, véritable monnaie fiduciaire, à partir de 173. Dans Chron. d'Egypte, 1949, p. 326, il résume ses vues en disant qu'aprè 217, début des manipulations et de l'inflation, le crédit devient plus rare et plus cher (ce qui est apparemment contraire à la « loi de Bodin »); mais c'est qu'il n'y a pas alors abondance plus grande des signes monétaires et des métaux précieux, mais dévaluation autoritaire d'une monnaie fiduciaire. Chastagnol, Enfin A., Le Bas-Empire, Paris, 1969, p. 6165 Google Scholar et 213-229.

page 1206 note 5. Cf. l'édition récente de S. Lauffer, Preissedikt, 1969; et pour un état de la question, sur la hausse des prix: Callu, J. P., La politique monétaire des Empereurs romains, Paris, 1969, pp. 394 Google Scholar et suiv., et Chastagnol, A., Le Bas-Empire, Paris, 1969, pp. 61–54Google Scholar et 213-229, qui cite en particulier, p. 226, l'Anonyme de Rébus Bellicis, et sa théorie sur les conséquences de l'établissement du solidus au IVe siècle et la dépréciation de la monnaie de bronze qui s'en suivit. Le texte est assez obscur, et il faut compléter la pensée de l'auteur pour trouver un rapport logique entre l'augmentation de la masse monétaire/or signalée, et l'appauvrissement des pauvres, mis en parallèle. Cf. E. A. Thompson, A Roman Reformer and Inventor, Oxford, 1951. Notons qu'en général les numismates se préoccupent peu du problème des quantités de métaux précieux sur le marché; cf. cependant Mickwitz, G., « Le problème de l'or dans le monde antique », Ann. Hist. Econ. Soc, 1934, pp. 235247 Google Scholar; et les notations de West, L. C. et Johnson, A. C., Currency in Roman and Byzantine Egypt, 1944 (réimpr. 1967); pp. 8082 Google Scholar, qui admettent comme une des causes de la hausse des prix l'augmentation des quantités de métal monétaire; « presumably the impérial officiais were fully cognizant of the fact that unlimited issues from the Alexandrian mint would have been followed immediatly by rising prices within the country », ce qui est accepter d'avance, et sans inventaire, l'idée que la « loi de Bodin » était connue; mais p. 83, les mêmes auteurs écrivent : « The rise in price levels is probably due to a general decrease in the amount of grain available to free sale. » Un document au moins atteste très clairement le statut de l'argent marchandise en Egypte sous les Ptolémées : BGU, 1303, 1. 13-14 : « Écris-moi le prix de l'argent, afin que je ne fasse pas d'erreur. »

page 1207 note 1. Cassiodore, Variae, VII, 32, donne la formula qua moneta committitur (cf. Lenormant, , La monnaie dans l'Antiquité, III, p. 212 Google Scholar).

page 1207 note 2. Sur cette théorie, cf. récemment F. Mauro, Le XVIe siècle économique, Coll. Nouv. Clio, 1966, qui signale la précédence des Espagnols comme Navarro sur Bodin; sur ce dernier, voir essentiellement H. Hauser, La response de Jean Bodin à M. de Malestroit, 1568, 2e éd., Paris, A. Colin, 1932, et Gonnard, R., Hist. des doctr. monét., I, pp. 179 Google Scholar et suiv.; Spooner, F. C., l'économie mondiale et les frappes de monnaie en France, 1493-1680, Paris, 1956, pp. 80 Google Scholar et suiv. (à propos de Malestroict, Bodin, la Tourette).

page 1207 note 3. Vilar, P., « Les primitifs espagnols de la pensée économique, « quantitativisme » et « bullicnisme » », dans Mélanges Marcel Bataillon, Bordeaux, 1962, pp. 261284 Google Scholar; cf. p. 263 « nous devrions savoir, depuis bientôt vingt ans, que Martin de Azpicuelta a formulé avant Jean Bodin la théorie quantitative de la monnaie, ou qu'il a existé, aux origines de la pensée économique, une « école de Salamanque » (la note 7 renvoie à Ullastres, « Martin de Azpilcueta y su comentario resolutorio de cambios », Anales de Economia, 1942 : non vidi); P. Vilar montre ensuite les erreurs factuelles nombreuses contenues dans les livres de R. Gonnard, de J. Marchai et de R. Barre, qui mentionnent même des auteurs inexistants ! Je saisis l'occasion de remercier mon collègue P. Vilar, qui a bien voulu me fournir la traduction des textes qu'il cite en espagnol. Voici en effet quelques affirmations incontestables : 1. Martin de Azpicuelta (Doctor Navarro), Comentario resolutorio…, 1re éd. Salamanque, 1557 : « la septième raison qui fait monter ou descendre la monnaie, c'est la rareté et le besoin, ou l'abondance de cette monnaie »; 2. Tomas de Mercado, Summa de tratos y contra-dos, Liv. IV (1re éd. Salamanque 1569), fol. 18 v°, 19 r°… : « Cette estimation, ou appréciation, a pour premier fondement la grande abondance ou la pénurie où l'on se trouve de ces métaux et comme ils naissent et se récoltent là-bas (i.e. aux Indes), ils y sont tenus pour bien peu de chose… l'exemple le plus clair est qu'à l'intérieur de l'Espagne, où ducats et maravédis sont d'une même valeur, nous voyons que mille ducats sont tenus pour bien davantage en Castille qu'en Andalousie et nous trouvons la même discrimination par différence du temps au sein d'une seule ville… ». La suite de l'article de P. Vilar (en part. pp. 279 et suiv.) est destinée à montrer que la simple théorie quantitativiste de la monnaie ne saurait, factuellement, expliquer l'histoire monétaire et économique de l'Espagne au xvie siècle parce que « tout mécanisme économique engendre son contraire compensateur ». Il y a un quantitativisme « simpliste », celui de Montesquieu par exemple, voire de E. J. Hamilton, qui néglige les données sociales et psychologiques. Remarquons que le reproche ne peut s'appliquer à Bodin, qui distinguait au moins cinq causes de cherté; et nous verrons que les observateurs anciens remarquaient parfois, en effet, les apparents paradoxes des mécanismes économiques (cf. ci-dessous). Sur Davanzatti, dont la Lezzione délie monete fut prononcée en 1588 devant l'Académie de Florence, cf. Lebranchu, J.Y., Écrits notables, I, p. XCIV, et II, p. 216 Google Scholar. Sur la date exacte du premier texte de Bodin (1568), sur les rapports du texte avec la réédition et les erreurs de la critique moderne à ce sujet sur le Livre VI de la République, où sont repris bien des thèmes de la Réponse, cf. Hauser, H., op. cit., pp. LIX Google Scholar à LXXVII.

page 1208 note 1. Guey, J., « De « l'or des Daces » (1924) au livre de Sture Bolin (1958) », Mél. Carcopino, Paris, 1966, pp. 445476 Google Scholar. Bolin, Sture, State and currency in the Roman Empire to 300 A.D., Stockholm, 1958, en part. pp. 14 Google Scholar et suiv. (p. 15 : « On the other hand written sources which might hâve explained the functions of coinage at the outset do not exist, apart from a few short and dubious références in Aristotle. » On sait que l'auteur remet en cause les explications des numismates modernes qui voulaient voir dans le monnayage ancien un simple estampillage de pièces d'un poids et d'une teneur fixée; or, les marges de variations de poids et d'aloi que l'on constate dans les séries monétaires anciennes sont infiniment plus grandes que ce qui serait tolérable dans un tel système; sans que l'on puisse mettre en cause la maladresse des techniques, car certaines séries sont remarquablement homogènes. D'où sa thèse : la frappe de la monnaie dans l'Antiquité ne répond pas aux schémas de la « théorie quantitative », mais a toujours été une affaire d'État qui, par définition, lui permettait de réaliser des bénéfices grâce à ce qu'on peut appeler, avec J. P. Callu, « le coefficient de fiduciarité ». Cf. Callu, J. P., La politique monétaire des empereurs romains, 1969, pp. 445446 Google Scholar. Sur les réserves qu'a suscitées la thèse systématique de St. Bollin, cf. Guey, J., art. cit., pp. 447 Google Scholar et 448; et ses propres réserves, p. 461.

page 1209 note 1. Il doit être bien entendu que mon propos n'est pas d'entrer à mon tour dans la controverse numismatique et de porter un jugement objectif sur la valeur de la théorie quantitative, non plus que sur le caractère fiduciaire ou convertible du monnayage romain, caractère qui a d'ailleurs varié selon les époques. Pour les textes en question, cf. ci-dessous, p. 1213, notes 2 et suiv. ; Plutarque, Aem., 38, 1 ; et les notations moralisantes de Lycur., 24, 5, sur l'interdiction de la monnaie à Sparte.

page 1209 note 2. Sur Bodin, cf. récemment Mesnard, P., L'essor de la Philosophie politique au XVIe siècle, 3e éd., Paris, Vrin, 1969, Suppl. bibliogr., p. 13 Google Scholar; du même, « Vers un portrait de Bodin, J. », Œuvres Philosophiques, Corpus des Phil. Franc., 1952 (seul paru), pp. VIIXXI Google Scholar; P. Nancy, Jean Bodin économiste, Thèse Bordeaux, 1942; C. W. Cole, French mercantilists before Colbert, 1931; J. H. Franklin, Jean Bodin and the XVIth century révolution in the method of Law and History, New York, 1963 ; sur J. Bodin, et l'antiquité, cf. récemment Michel, A., « A propos de la République, de Cicéron et Tacite à Jean Bodin », Rev. Et. Lat., 1968, p. 419 Google Scholar.

page 1209 note 3. Hauser, H., Réponse…, p. 74 Google Scholar, reconnaît lui-même que son annotation « n'a pas la prétention d'être exhaustive, et notamment laisse de côté un très grand nombre des allusions à l'histoire antique», Par exemple p. 22 H, allusion à la « loi Ateria Trapeia » : il s'agit de la loi Ateria Tarpeia de multa de 452 avant J.-C. ( Lebranchu, Rotondi, Leges publicae, p. 200 Google Scholar); p. 20, la citation de César sur l'habillement des Gaulois est en réalité de Tacite, Germ., 6 et 17, comme l'a, en revanche, bien vu Hauser. Sur la date du livre de Bodin, 1568, et non 1578, date de la deuxième édition, Hauser, , Introduction à la Réponse, p. XLV Google Scholar. Cette rectification est importante pour la question de la priorité de la théorie, réclamée ouvertement par Bodin lui-même. Pour la priorité incontestable de Copernic, cf. J. Y., Écrits notables, Introduction, p. XXVII.

page 1209 note 4. Sur cet ouvrage de Budé, cf. Sandys, J. E., A History of classical Scholarship, II (1908), p. 170 Google Scholar. Pour d'autres sources d'information concernant l'Antiquité, cf. le rôle de Claude Fauchet ( Bodin, , Réponse, p. 8 Google Scholar, 1. 3, et notes p. 79).

page 1210 note 1. Cf. p. 49 H = 140 L., sur la fausse équivalence entre le poids de la drachme et du denier.

page 1210 note 2. P. 52 H. = 143 L.

page 1210 note 3. D'abord à cause de la fortune de Pline l'Ancien au Moyen Age et à la Renaissance (cf. Le Bonniec, H., Bibliographie de l'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien, Les Belles Lettres, 1946, p. 12 Google Scholar; 19); ensuite parce que, nous le verrons ci-dessous, c'est dans les livres consacrés aux métaux précieux ou monétaires que l'on trouve le plus grand nombre de faits et de réflexions sur la monnaie ancienne.

page 1210 note 4. P. 52 H = 154 L. Il s'agit de Tite-Live, XXXVIII, 11, 8 (clause de la paix avec les Étoliens en 189 avant J.-C.) : De pecuniae summa, quam penderent, pensionibusque ejus nihil ex eo, quod cum consule convenerat, mutatum; pro argento si aurum dore mallent, darent, convenit, dumpro argenteis decem unus aureus valeret; cf. Pol. XXII, 15, 8, qui précise que cet échange ne pourrait avoir lieu que pour 1/3 de l'indemnité de guerre). Le rapport normal entre l'or et l'argent, à cette époque, était, d'après Mommsen, 1 : 11, 91. En obligeant les Étoliens à donner 1 : 10, les Romains recevaient l'or à un cours surévalué. Pline, XXXIII, 51 : equidem miror populum Romanum victis gentibus in tributo semper argentum impetrasse, non aurum; cf. Frank, Tenney, Econ. Survey, I, p. 190 Google Scholar.

page 1210 note 5. P. 52 H = 144 L : « Et tout ainsy que la loy est une chose sainte, et qui ne doibt estre violée : aussi la monnoye est une chose sainte, qui ne doibt estre altérée, depuis qu'on luy a donné son vrai titre et juste valeur »; cf. Arettote, Pol, 1257 a 34; b. (nomos/nomisma).

page 1210 note 6. P. 103 L et 104 L = 22 et 23 H; sur les lois somptuaires, Rotondi, G., Legespublicae, pp. 9899 Google Scholar (liste chron.); et l'article de Voigt, M., « Ueber die lex Cornelia sumptuaria », Ber. Kön, Sachs. Ges. Wis., 1890, p. 244 Google Scholar. Il est remarquable en effet que la série des lois somptuaires commence en 217 avec la Lex Metilia de fullonibus, au moment même où commencent à Rome les mutations monétaires. En ce qui nous concerne, Pline a déjà noté que les lois somptuaires anciennes considéraient comme interdites des dépenses considérées comme normales par la suite.

page 1211 note 1. Nenci, G., Athen., 1968, pp. 336 Google Scholar.

page 1211 note 2. P. 165 L. En 85 avant J.-C. (Cicéron, De Off., III, 80-81; Pline, XXXHI, 132; XXXIV, 27, etc; Broughton, , Magistrates, II, p. 57 Google Scholar).

page 1211 note 3. Le passage entre crochets est une addition de l'édition de 1578.

page 1211 note 4. Après la loi Tarpeia, il cite la loi Fannia (161), Didia (143), Licinia (103), Cornelia (81), Julia (46), les sources anciennes, très diverses, étant essentiellement Macrobe, Aulu-Gelle, Pline, Suétone.

page 1212 note 1. On peut se demander, par exemple, si les « dévaluations » successives de l'as, originairement du poids d'une livre, puis ne pesant plus qu'une demi-livre, qu'un sixième, etc. (quelles qu'en soient les dates exactes), sont des mesures de cours forcé, comme semble l'admettre Pline, XXXIII, 44 : bello punico (primo), cum impensis res p. non sufficeret, constitutumque ut asses sextantario pondère ferirentur. Ita quinque partes lucrifactae, dissolutumque aes alienum. Cf. Clerici, L., Economia e Finanza dei Romani, Bologne, 1943, p. 245 Google Scholar; Nenci, G., art. cit., pp. 3435 Google Scholar; le cours forcé pour la monnaie de bronze a certainement existé en Egypte, comme le montre après d'autres T. Reekmans, op. cit. supra; sous l'Empire également; pour un très ancien exemple, attribué à Denys l'Ancien, Pseudo-Aristote, Oec., II, 20, c, et Ruggini, L., art. cit., pp. 3334 Google Scholar. Et sur ces problèmes à Rome Bolin, Sture, State and currency, p. 104 Google Scholar et suiv., 131 et suiv. (spéc. p. 114). La théorie de Bodin veut expliquer le fait que les particuliers, comme l'État, même si la monnaie avait une valeur conventionnelle couvrant une très large surestimation, avaient intérêt à peser soigneusement les monnaies; d'où l'abondance des tessères nummulaires (fait que Bodin ne mentionne pas) qui attestent la spectatio et la probatio de sacs de monnaies du début du Ire siècle avant J.-C. au Ire siècle après J.-C. Cf. R. Herzog, art. Nummularius, RE XVTI, 2, col. 1415 et suiv. (1937).

page 1213 note 1. « Après le triomphe sur l'Egypte, le transfert à Rome du trésor Royal amena une telle abondance d'espèces monétaires, que le taux de l'intérêt baissa et que le prix des terres augmenta dans une proportion encore plus grande. »

page 1213 note 2. Dion, 51, 21, 5 :

page 1213 note 3. « En Gaule, il pilla les sanctuaires et les temples, remplis d'offrandes, et il détruisit des villes, plus souvent par cupidité que pour les punir d'une faute. Cela lui procura beaucoup d'or, qu'il put faire vendre en Italie et dans les provinces pour trois mille sesterces la livre. »

page 1213 note 4. Guey, J., art. cit., p. 473 Google Scholar, n. 3 : il y avait en effet 40 aurei à la livre, et chacun de ces aurei valait 25 deniers, donc 100 sesterces, ce qui fait 4000 HS la livre pour l'or monnayé; l'or brut devait être de 5 à 10 % moins cher — d'où les chiffres de J. Guey. Ce rapport est attesté par Zonaras, X, 36; Dion, 55, 12; cf. Tacite, Hist., I, 24, et Suétone, Otho, 4, d'où l'équivalence apparaît comme vérifiée. Cf. Marquardt, , Organ. Financ, pp. 2930 Google Scholar; Bolin, Sture, op. cit., p. 183 Google Scholar. (cf. pourtant les doutes de Crawford.)

page 1213 note 5. Strabon, IV, 6, 12 : (Cf. Polybe, ad loc. éd. Paton, Loeb, VI, p. 323). Aquilée n'est pas chez les Taurisques. Il faut certainement corriger, en « Scordiques », d'après Pline III, (28,2). Cf. cependant Frank, Tenney, Econ. Surv., I, pp. 262263 Google Scholar.

page 1213 note 6. Flavius, Bel. Jud., VI, 6, 1 :

page 1214 note 1. Sur ces questions, voir récemment l'excellent article de Frederiksen, M., « Caesar, Cicero, and the problem of debts », Journal of Rom Stud., 1966, pp. 128141 CrossRefGoogle Scholar ; indépendamment, Nicolet, C., L'ordre équestre à l'époque républicaine, I, 1966, pp. 383386 Google Scholar; pour la chronologie des événements, Broughton, Magistrates, II, pp. 272-273; 287. Pour 48 : César, B.C., III, 20,1-22, 4; Dion, 42, 22, 1-25, 3; Cicéron, Fam., VIII, 17; Tite Live, Per., 111; Velleius, II, 68, 1-3, etc.; pur 47 : Dion, 42,29,2; 32, 2-33; 46,16, 2; 42, 51, 1; Suétone, Div. Jul., 38, 2; Plutarque, Ant., 9, 1-2; César 51,1 ; Tite Live, Per., 113; (CÉSar), Bel. Alex. 65, 1 ; Cicéron, Phil, II, 99; VI, 11 ; X, 22; XI, 14; XIII, 26; Au., XI, 23, 3; XI, 10, 2; 12,4; 16,1 ; XIV, 21,4. Sur le problème des dettes à la fin de la République, on peut voir en général Royer, J. P., « Le problème des dettes à la fin de la République romaine », Rev. Hist. Droit, 1967, pp. 191283 Google Scholar, spéc., sur nos problèmes, pp. 273 et suiv. Pour un récit des événements Carcopino, J., Jules César (Paris, 1968, pp. 504 Google Scholar et suiv.), qui, avant M. Frederiksen, mais plus rapidement, admet une lex Julia de cessions bonorum pour 45; il se fonde pour cela sur Gaius, III, 78; mais le rapprochement avec la Table d'Héraclée, pp. 113-115, n'est pas probant, si ce texte, comme le pensent Schônbauer, E., « Die Inschrift von Heraklàa, ein Râtzel », Rev. Int. Dr. Ant., 1954, p. 373 Google Scholar, et Saumagne, C., Le droit latin et les cités romaines sous l'Empire, Paris 1965, pp. 2237 Google Scholar, date de l'époque syllanienne et non de 44. Sur le problème des dettes à une époque précédente, cf. en dernier lieu Z. Yavetz, « Fluctuations monétaires et condition de la plèbe à la fin de la République », dans les Actes du Colloque Recherches sur les sociétés anciennes, C.N.R.S., Caen, 1969 (à paraître en 1971). Pour le climat économique et social des années 49-46, cf. Salluste, Ep. ad Caes., I, 5, 3, et suiv. -8,4; II, 7,10. Je n'entre pas ici dans l'inépuisable polémique concernant l'authenticité de ces documents.

page 1214 note 2. « Comme le crédit traversait dans toute l'Italie une crise assez grave et que les dettes ne pouvaient être payées, il décida qu'on nommerait des arbitres pour faire l'estimation des biens meubles et immeubles à leur valeur d'avant-guerre, et donner ces biens en paiement aux créanciers. Cette institution lui parut tout à fait propre, d'une part à faire disparaître ou à diminuer la crainte d'une annulation générale des dettes, suite presque constante des guerres et des troubles civils, et d'autre part à protéger l'honorabilité des débiteurs. »

page 1215 note 1. Pro lege Man., 19 : solutione impedita; Tacite, Ann., VI, 17, 5 : sic refecta fides; sur solvere : Qcéron, Att., VIII, 7, 8 (février 49 avant J.-C.) : Ad Philotimum scripsi de viatico sive a Moneta (nemo enim solvit) sive ab Oppiis (cf. D. R. Shackleton Bailley, vol. IV p. 334 : « possibly bullion could be exchanged for money ». Frederiksen, M., art. cité, p. 132 Google Scholar, n. 36; cf. aussi Att., VII, 18, 4 : Q. Frater laborat ut tibi quod débet ab Egnatio solvat.) Sur la vente de métal (à fondre à la monnaie ?), Att., XI, 25, 3 Ga suggestion vient de Frank, T., E. S. A. R., I, p. 349 Google Scholar; elle n'est pas reprise par S. B. : le texte est peu sûr.) Pour angustior (angustias), cf. Att., X, 11, 2 (mai 49) : Vides enim profecto angustias; Fam. XVI, 21, 4 : meis angustiis. Sur ce vocabulaire, cf. en général Aloïs Fruchtl, Die Geldschâfte bei Cicero, Diss. Erlangen, 1912, pp. 56 et suiv. Fides deficere, CicÉRon, Cat., II, 10 : fides super deficere coepit; fidem concidisse, Pro leg. Man. 19.

page 1215 note 2. Sur le sens d'existimatio, Qcéron, Pro Quinct., 98; Pro Tull., 3; Pro Cluent., 124; Pro Rose. Corn.; 39; Dig., 50, 13, 5, 1-3; ( Frederiksen, M., art. cit., p. 129 Google Scholar, n. 9); Polybe, VI, 58; XV, 4, 10; Gell., N.A., XX, I, 39-42. Sur la conséquence de la banqueroute sur le statut social, cf. Asconius, fr. 84 Or. = 84 C. = 66 St. (C. Antonius); pour Milon, Asconius, p. 54 C, pour la professio aeris alieni lors du cens; Sch. Bob., p. 169 St. Pour les chevaliers : Suétone, Aug. 40; Apulée, Apol, 75; Cicéron, Phil, II, 18; 44 ( Nicolet, C., L'ordre équestre, I, pp. 8889 Google Scholar; Wiseman, P., « The census in the lst cent. B.C. », J.R.S., 1969, pp. 5975 Google Scholar).

page 1215 note 3. Dion, 41, 37, 3; 38, 1-3; 42, 51, 2. La chronologie des événements peut être résumée comme suit; en 49, pendant son bref séjour à Rome, César, devant la crise du crédit, décide de nommer des arbitres pour l'estimation des biens meubles et immeubles (B.C., III, 1, 2-3; Suétone, Jul. 42, 2 : decrevit tandem, ut debitores creditoribus satisfacerent per aestimationem possessionum) ; Dion, 41, 37-38 (qui mentionne aussi l'interdition de thésauriser plus de 60000 « drachmes »); 42, 22 (action de M. Caelius) et 42, 51, 1-2 (où sont évoqués à nouveau les mesures précédentes, Yaestimatio au prix d'avant-guerre, et où est citée la mesure sur l'annulation d'une partie des annuités). En 48, c'est l'application des mesures décidées en 49 qui crée des difficultés : M. Caelius Rufus, préteur pérégrin, déclare recevoir les plaintes des débiteurs, s'il s'en trouve que le décret de César ne satisfait pas, et propose des mesures démagogiques (César, B.C., III, 20, 5; legem promulgavit ut sexermi die sine usuris creditae pecuniae solvant ur); Dion, 42, 22, 1, qui ajoute que la proposition prévoyait l'abolition des loyers. Caelius est suspendu par le consul P. Servilius Isauricus, et va rejoindre Milon dans le sud. En 47, enfin, César, Dictateur II, refuse encore une fois l'annulation totale des dettes, proposée par Dolabella (Broughton, II, p. 287) mais remet aux créanciers quatre ans d'intérêts, et fixe un maximum des loyers : 500 « drachmes » à Rome, 125 « deniers » en Italie (Dion, 42, 51, 1-2; Suétone, Jul. 38, 2 ; annuam etiam habitationem Romae usque ad bina millis nummum, in Italia non ultra quinqenes HS remisit). Dion mentionne à nouveau ici l'évaluation des biens, « à leur valeur à l'origine du prêt ». pour lui, donc, la cause de la baisse persistante du prix des terres est l'abondance des propriétés confisquées.

page 1216 note 1. Cette lex Julia est mentionnée tardivement : Gaius, III, 78; édit de Tib. Julius Alexander, 1. 15-16; Cod. Just., VII, 71 ; Cod. Thés., IV, 20; (cf. Chalon, G., l'Edit de T.J.A., 1964, pp. 116118 Google Scholar); elle est en général attribuée à Auguste ( Rotondi, , Leges Publicae, p. 451 Google Scholar).

page 1216 note 2. César dit en III, 1 : constituit; en III, 20, 2, decretum; Suétone, Jul. 42, dit : decrevit.

page 1216 note 3. si « drachme » est ici employé pour deniers, la somme représente donc 60 000 HS, soit 15 000 deniers.

page 1216 note 4. Dion, 42, 51, 1 : etc.

page 1217 note 1. Dion, 42, 51, 1 (cf. supra, n. 41); sur ce genre d'explication, cf. 41, 37, 1

page 1217 note 2. Pour la crise de 33 après J.-C, cf. Frank, Tenney, « The financial crisis of 33 A.D. », Ant. Journ. Phil. 1935, pp. 336341 Google Scholar, qui remarque, p. 336, n. 1, que la mesure mentionnée par Dion 41, 38,1, sur l'interdiction de la thésaurisation, est tout à fait complémentaire de celle mentionnée par Tacite et Suétone, Tib., 48, sur l'obligation de placer les 2/3 de son patrimoine en terres.

page 1217 note 3. « Cependant une légion d'accusateurs se déchaîna contre ceux qui s'enrichissaient par l'usure, au mépris d'une loi de César dictateur sur la proportion des créances et des possessions en Italie; loi depuis longtemps oubliée… »

page 1217 note 4. « (ajoutez un décret du Sénat), qui enjoignait aux prêteurs de placer en terres italiennes les deux tiers de leurs créances (?). Mais les prêteurs réclamaient le remboursement en espèces, et les débiteurs, requis de payer, ne pouvaient sans honte manquer à leurs engagements. »

page 1218 note 1. « Le peuple réclamant du secours à cause de la grande rareté de l'argent, il fut contraint (à prêter sans intérêt cent millions de sesterces) après avoir ordonné par Sénatus-consulte que les prêteurs placent en terres les deux tiers de leur patrimoine, et que les débiteurs paient en espèces la même proportion de leur dette : mais cela était resté lettre morte. »

page 1218 note 2. Tacite, Ann., VI, 17, 1; Hinc inopia rei nummariae, commoto simul omnium aere aliena, et quia, tot damnatis lonisques eorum divenditis, signatum argentum flsco vel aerario attinebatur. Cf. la réflexion de Bodin, Réponse, p. 15 : « Combien que j'estime encore plus la prudence et bonté de deux grands Empereurs, Antonin le Piteux et Alexandre Sévère, qui bailloyent l'argent de Pespargne aux particuliers à quatre pour cent » (Cf. Scr. Hist. Aug., Vit. Alex., 20; Vit. Ant., 2).

page 1219 note 1. Fruchtl, Aloïs, Die Geldgeschäfte bei Cicero, Inaug. Diss., Erlangen, 1912, spéc. p. 56 Google Scholar (« Zahlungstermin »); pp. 63-64 : Att., VII, 18, 4; IX, 9, 4; X, 11, 2; sur Vaestimatio de César. Cf. Fam., LX, 16, 7; Fam, V, 20, 9; XIII, 8, 2; sur la retentio, Att., XIII, 2, 3, 3; 25, 1 ; on a une allusion aux pertes relatives éprouvées par les prêteurs dans la lettre de C. Matius, Fam., XI, 28, 2 : res familiaris mea lege Caesaris deminuta est.

page 1219 note 2. Att., VII, 3,5; omnes damnatos, omnes ignominia affectas…; omnes, qui aère alieno premantur…

page 1219 note 3. Caritas est plus fréquemment joint à res, res frumentariae, annona, qu'à nummorum (cf. Q. Fr., II, 5, 1; inopia pecuniae faciebat et armonae caritas); le contraire est vilitas (pris absolument : Att., 1,14); avec pecunia, on trouve très souvent la junctura inopia (cf. Q. Fr., II, 5, 1), sans qu'on puisse dire s'il s'agit d'un manque de « ressources », public ou privé, ou d'un manque de numéraire. Tacite est donc précis en disant (Ann., VI, 17, 1) : inopia rei nummariae.

page 1219 note 4. « Je ne pense pas qu'elle vaille autant qu'on l'estimait sous le consulat de Marcellinus… J'en offris 500 000 HS par l'intermédiaire de Precius, proposant qu'il me la laisse à ce prix quand il serait prêt à vendre. Il a refusé. Pourtant j'estime que maintenant tous les prix ont baissé à cause de la cherté de la monnaie. »

page 1219 note 5. Att., VII, 18, 4, cf. Fruchtl, p. 63; sur l'expression technique ab aliquo solvere, ibid., p. 19. Sur L. Egnatius Rufus, C. Nicolet, L'ordre équestre, II, Corpus des chevaliers, s. v.

page 1220 note 1. « Considérant que les temps sont tels que Q. Titinius, que nous voyons souvent, déclare qu'il n'a pas d'argent pour ses dépenses de voyage et a informé ses débiteurs que leurs emprunts seraient prolongés au même taux (un pas que L. Ligus a aussi franchi, dit-on), considérant aussi que pour l'instant Quintus n'a pas cet argent comptant et ne peut ni l'exiger d'Egnatius ni l'emprunter nulle part, il s'étonne que tu n'aies pas tenu compte de ces difficultés tout à fait générales. »

page 1220 note 2. Une immense littérature a été consacrée, dès le XIXe siècle, aux aspects économiques et sociaux de la conjuration (cf. Criniti, N., « Studi recenti su Catilina e la sua congiura », Aevum, XLI, 1967, pp. 370395 Google Scholar; id., « La tradiz. catilinaria », Aevum, 1968, p. 114); je citerai seulement Scalais, R., « Aspects financiers de la conjuration de Catilina », Les Et. Cl., 1939, pp. 487492 Google Scholar (très médiocre); Yavetz, Z., « The failure of Catiline's conspiracy », Historia, 1963, 4, p. 485 Google Scholar; Hadas, L., « Un programme social et économique au déclin de la Rép. Rom. », Acta Classic. Univ. Se. Debrecen, 1966, pp. 2941 Google Scholar (sur la lex Servilia); Nicolet, C., L'ordre équestre, I, pp. 383386 Google Scholar.

page 1220 note 3. Sall., Cat., 33 : et novissime memoria nostra propter magnitudinem aeris alienis, volentibus omnibus bonis, argentum aere solutum est; Vell., II, 23, 2; Cicéron, Pro Font., frgt. 1; De Opp., III 80; Pro Quinctio, 17. Sur le contexte, Ch. Bulst, , Cinnanum tempus, Historia, 1964, p. 307 Google Scholar; Z. Yavetz, Fluctuations monétaires et condition de la plèbe à Rome, à par. dans les Actes du Colloque de Caen (avril 1969).

page 1221 note 1. Ensuite la leçon du malheur, l'expérience que nous avons acquise à nos dépens au commencement de la guerre, dans cette même Asie, et de la part de ce même Mithridate, ne doivent pas s'effacer de notre mémoire. Rappelons-nous qu'au moment des désastres essuyés par plusieurs de nos concitoyens en Asie, à Rome, le crédit s'est effondré par suite de la cessation des paiements… Le crédit, la circulation de l'argent qui s'effectuent sur le forum, ici, dépendent essentiellement des opérations financières d'Asie. »

page 1221 note 2. L'idée d'une crise non seulement financière (tarissement des prélèvements fiscaux en Asie), mais à proprement parler monétaire (arrêt des importations de métal) entre 67 et 58 a été présentée il y a déjà longtemps par Broughton, T.R.S., « A significant break in the cistophoric coinage of Asia », Am. Journ. Arch., 1937, pp. 248249 CrossRefGoogle Scholar (qui se fonde malheureusement sur une chronologie aujourd'hui incertaine du monnayage d'Ephèse); mais les études récentes de M. Crawford sur les trésors de monnaies républicaines et la chronologie du monnayage semblent pourtant le confirmer (M. Crawford, Rom. Rep. Coin Hoards, R. Num Soc., London, 1969. Table XIII). Je n'aborde pas le curieux problème de la suppression de la frappe du bronze de Sylla à César et même à Auguste (cf. Mathnoly, H., Roman Coinage, pp. 26 Google Scholar et suiv.).

page 1222 note 1. « … pour l'amour desquelles ils ne peuvent se libérer de leurs dettes. Ces hommes ont une façade extrêmement honorable (ce sont de riches propriétaires) : mais leur volonté et leur comportement sont extrêmement impudents. »

page 1222 note 2. Cette phrase semble bien indiquer une baisse du prix des terres, ainsi que de leurs revenus (rente foncière) déjà étalée sur plusieurs années. A noter dans le De lege agr., II, 68, l'allusion aux prix paradoxalement élevés que Rullus prévoyait pour ses expropriations : nisi erunt deducti optima condicione et pecunia maxima…; quant multos enim, Quintes, existimatis esse qui latitudinem possessionum tueri, qui invidiam sullanorum agrorum ferre nonpossint, qui vendere cupiant, emptorem non reperiant…, cf. Hadas, L., art. cit., p. 36 Google Scholar, qui a entrevu le problème; mais est-ce que la mise sur le marché des terres, en comptant même le rachat par l'état, aurait pu faire remonter les prix?

page 1222 note 3. « Aucun d'entre nous n'a pu, comme on le faisait jadis, utiliser les ressources de la loi, ni, au prix de la perte du patrimoine, conserver au moins sa liberté corporelle :tant fut grande la cruauté des créanciers et du préteur. »

page 1223 note 1. Ad Q. Fr., I, 1, 6 : nostri consulatus beneficio se incolumes fortunas habere arbitrantur; An., II, 1, 11; me, vindicem aeris alieni; Fam, V, 6, 2 : plaisanterie célèbre, ou Cicéron dit à Sestius qu'il est tellement endetté qu'il voudrait conspirer, mais que personne ne pourrait croire que lui nummos deesse posse, qui ex obsidione foeneratores exemerit (Voir le contresens de Reece, D. M., « Techno logical weakness of the Ancient world », Gr. and Rome, 1969, XVI, 1, p. 37 Google Scholar).

page 1223 note 2. At vero hic nunc Victor, tum quidem victus quae cogitarat cum ipsius interest, tum eaperfecit; cum eius iem nihil interesset. Ce jugement trop dur, et injuste, contre César, vient en contrepoint d'une apologie rétrospective, mais malheureusement trop allusive, de la propre action de Cicéron en 63. Noter pourtant la phrase significative : fraudandi enim spe sublata, solvendi nécessitas consecuta est.

page 1223 note 3. « Chaque année pour le compte des Juifs, de l'or est exporté de l'Italie et de toutes les provinces vers Jérusalem; Flaccus décida, par un édit, d'interdire d'exporter l'or d'Asie. Qui ne l'en féliciterait? Souvent auparavant le Sénat, et tout spécialement encore sous mon consulat, a décidé d'interdire l'exportation de l'or… »

page 1223 note 4. Pendant cette magistrature (la questure), comme tu avais obtenu par tirage au sort, sous les huées, la « province maritime », ne t'ai-je pas, moi consul, envoyé à Pouzzoles, afin que tu m'empêches de cette place l'exportation de l'or et de l'argent? Et comme, dans cette mission, tu te regardais non comme un protecteur du commerce, mais comme un gabelou prêt à rançonner les marchandises, comme tu fouillais avec fureur les maisons, les boutiques, les navires, que tu irritais les hommes d'affaires par des procès iniques, que tu terrorisais les marchands à leur arrivée, que tu les retardais à leur départ, te rappelles-tu que, à l'assemblée de Pouzzoles, on porta la main sur toi, et que je reçus, en qualité de consul, les plaintes des habitants de Pouzzoles?

page 1224 note 1. Pro Flacco, 68 : ante pedes praetorts inforo expensum est auri pondo centum paulo minus (il s'agit sans doute de livres).

page 1224 note 2. Cf. ci-dessus 1221, n. 2.

page 1224 note 3. « Comme la république était en proie aux fureurs de Catilina, de sorte que même les riches ne pouvaient payer leurs dettes, le prix des propriétés ayant baissé à cause de la guerre civile, Q. Considius, qui était créancier de 15 millions de sesterces, n'a pas toléré que ses débiteurs soient appelés en justice, et, autant qu'il put, il adoucit l'amertume de la confusion générale par sa douceur privée, affirmant au bon moment, d'une façon admirable, qu'il faisait commerce de son argent, non du sang de ses concitoyens. »

page 1224 note 4. Cf. R.E., IV, 912 (Münzer); C. Nicolet, L'ordre iq., II, s.v.

page 1225 note 1. On peut comparer à celle de Considius, l'attitude — étrange à première vue chez un foenerator — de Q. Titinius en 49 (Att., VII, 18, 4; cf. supra p. 1219, n. 5); que les prix aient remonté avec les perspectives du triomphe de Pompée, c'est ce que prouverait peut-être l'affaire bien connue des publicains d'Asie en 61, qui avaient cru pouvoir soumissionner très haut pour la ferme des revenus d'Asie (Att., 1, 17, 9; 18, 7; II, 1, 8; cf. dernièrement J. P. Baldson, Rom. Hist. 65-60 : Five problems, J.R.S., 1962, pp. 135-137).

page 1225 note 2. Cicéron Att., IV, 15, 7 : foenus ex triente Idibus Quinctilis factum erat bessibus.

page 1225 note 3. Aulu-Gelle, II, 28, 6 (d'après Caton qui critiquait ces sortes de détails) : quotiens Annona cara.

page 1226 note 1. Dans ce sens, Rowland, R. J., « Caius Gracchus and the Equites », Trans. Am. Philol. Ass., 1965, pp. 361373 Google Scholar.

page 1226 note 2. Cf. mes remarques, L'ordre équestre, I, pp. 286 et suiv., p. 360 (exemple de M. Fulcinius, Pro Caec, 11, banquier à Rome, qui se retire à Tarquinies et achète des terres à cause des perspectives de troubles), à propos de Cicéron, De Off., 1, 150; ex alto inportum ex ipso portu se in agros possessionesque contulit.

page 1226 note 3. Cf. C. Nicolet, Polybius VI, 17, 4, and the composition of the societates publicanorum, à paraître dans The Irish Jurist, 1971; sur l'obligation pour les sénateurs — bien avant Trajan (Pline, Ep., VI, 19; S.H.A., Vit. Marc, 11; Mommsen, D.P., VII, p. 76) d'avoir une quote-part de leur fortune en terres italiques, on a quelques indices : cf. Wiseman, P., The census in the Ist century B.C., J.R.S., 1969, pp. 5975 Google Scholar; Frederiksen, M., art. cit., pp. 137138 Google Scholar.

page 1227 note 1. Aucune étude, à ma connaissance, n'a été spécialement consacrée aux connaissances, aux idées, à la mentalité de Pline en matière économique; c'est pourtant lui qui signale (VI, 101) la « fuite » de l'or vers les Indes et l'Extrême-Orient, réflexion qui a suscité l'intérêt des modernes ( Mickwttz, G., « Le problème de l'or dans le monde antique », Ann. H. Ec. Soc, 1934, p. 235, sp. p. 247Google Scholar); cf. quelques bons commentaires dans Tozzi, G., op. cit., pp. 366 Google Scholar et suiv. Pline a lu Aristote, et connaît à coup sûr ses théories de la monnaie. Il semble avoir le sentiment précis d'une augmentation séculaire de la quantité de métal monnayé; XXXIII, 47,13 : non erat apud antiquos numerus ultra centum milia, etc. A notre sens, une réflexion du même type se trouve dans Aristote, Pol., 1308 à 35 sur la « dévaluation » des chiffres censitaires dans les oligarchies par suite de . L'étude vaudrait la peine d'être tentée.