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Économie et société en Slovénie au xvie siècle1

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Ferdo Gestrin*
Affiliation:
Université de Ljubljana

Extract

Le xvie siècle a été l'une des époques les plus importantes de l'histoire slovène, marquée par des manifestations, décisives déjà, du premier capitalisme, une augmentation évidente des forces de production, une division sociale de plus en plus étendue du travail, enfin par un accroissement de la circulation des marchandises et de l'argent.

Simultanément, la société, urbaine et rurale, a franchi de nouvelles étapes sur le chemin de l'organisation capitaliste ; de toutes parts se rompent les cadres sociaux anciens, tandis qu'entre les diverses classes s'établissent de nouveaux rapports de forces. D'où des crises graves : les grands soulèvements paysans, la Réforme sont, évidemment, l'expression concrète d'un contexte historique contraignant.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1962

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Footnotes

1

Abréviations :

AfvGuT — Archiv fur vaterländische Geschichte und Topographie ;

Atti — Atti e memorie délia Società istriana di areheologia e storia patria ;

DAS — Driavni arhiv Slovenije (Archives Nationales de Slovénie) ;

GMS — Glasnik Muzejskega društva za Slovenijo (Bulletin de la Société du Musée de Slovénie) ;

MALj — Mestni arhiv v Ljubljani (Archives municipales de Ljubljana) ;

MGGW — Mitteilungen der Geographischen Gesellschaft in Wien ;

MIOG — Mitteilungen des Instituts für österreichische Geschichtsforschung ;

MMK — Mitteilungen des Musealvereines fur Krain ;

PA — Mestni arhiv v Piranu (Archives municipales de Piran) ;

SE — Slovenski etnograf (Ethnographe slovène) ;

SR — Slavisticna revija (Revue de slavistique) ;

WNZ — Wiener Numismatische Zeitschrift ;

ZC — Zgodovinski casopis (Revue historique) ;

ZHVSchN — Zeitschrift des historischen Vereins für Schwaben und Neuburg ;

ZHVSt — Zeitschrift des historischen Vereins für Steiermark ; Comme à l'habitude, nous n'avons pas reproduit les titres slaves des articles et ouvrages cités.

References

1. Sur l'extension des possessions des Habsbourg, voir M. Wutte, « Die Erwerbung der Gôrzer Besitze durch das Haus Habsbourg », MJOG, 88, 1920 ; Cusin, F., II confine orientale d'Italia nella politita europea dal XIV-XV secolo , I-II, 1988 Google Scholar ; H. Wiesflecker, c Die politische Entwicklung der Grafschaft Gôrz und ihr Erbanfall an Oesterreich », MIOG, 56, 1948.

1. C'est pourquoi la fin du xve siècle marque le terme de l'ère féodale de germanisation de la Slovénie, amenée par le défrichement et la colonisation. A la même époque et pour la même raison, la frontière ethnique nord du peuple Slovène se fixe de façon durable, et demeurera telle jusqu'à la moitié du xixe siècle (voir la carte).

2. Les Etats provinciaux de Carniole, de Carinthie et de Styrie ont évalué à 200 000 le nombre de leurs ressortissants déportés par les Turcs, de 1469 à 1508. Ce nombre, quoique exagéré, témoigne de l'ampleur des dévastations. Voir S. Jug, Turskie napadi na Kranjsko in Primorsko do prve tretjine 10. stoletja (Les attaques turques en Carniole et sur le Littoral jusqu'au premier tiers du xvie siècle), 1943. Sur les dévastations en général, consulter : O. Lamprecht, « Die Verôdung des Mittelsteiermark am Ende des Mittelalters », ZHVSt, 80, 1936 ; F. TREMEL, “ Zur Erforschung der Wûstungen ira ausgehenden Mittelalter », ZHVSt, 37, 1946 ; M. Kos, « Les fermes incultes », SR, 3, 1950.

1. Dès le xve siècle, la valeur exprimée en argent (Gûlt) des revenus que le seigneur retirait de ses serfs, a servi de base au Prince pour imposer les seigneurs à titre militaire ; puis le terme « Gult » s'est proprement identifié à la notion de seigneurie et de propriété libre en général. Vers les années quarante du xvie siècle, ces revenus dont, au début, les seigneurs déclarèrent eux-mêmes le montant, furent inscrits en regard de chaque seigneurie sur des registres spéciaux (Gûltbûcher) où furent consignés par la suite les changements de propriété. Les impôts furent dès lors fixés d'après ces registres, c'est-à-dire d'après les revenus qui y étaient inscrits. Les modes d'impositions, les impôts, furent d'une grande diversité dans les provinces, à partir du milieu du siècle, car pour accroître les ressources fiscales, les impôts exceptionnels nouveaux venaient encore s'y ajouter. Ils étaient payés par les villes (1 /4 du montant total assigné en Styrie, 1 /10e en Carniole) qui les collectaient elles-mêmes, et par la noblesse d'église ; mais partout, les seigneurs en faisaient porter la presque totalité aux serfs, sur qui ils les recouvraient. La recette globale était ensuite remise au Prince par les Etats provinciaux chargés d'approuver les dispositions fiscales prises pour l'ensemble du pays. Consulter Mensi, F., Gesehichie der direkten Steuern in Steiermark I-III, 1910-1986 Google Scholar ; du même, « Oesterreichische Finanzgeschichte », dans E. Mischler et J. Ulbricht, « Oesterreichisches Staatswôrterbuch » ; S. Viuan , Praxma zgodovina SUmencev, 1961, page 810 et suivantes.

1. Comparer ouvrages et articles suivants sur la situation du serf : A. Kaspkt, Ueber die Lage der oberkrainischen Bauernschaft beim Ausgange des XV. und Anfange des XVI. Jahrhunderts, 1889 ; A. Meix, Die Lage des steirischen Vnterthanenstandes seit Beginn der neueren Zeit bis in die Mitte des XVII. Jahrhunderts, 1896; B. Gbafenauer, La lutte pour le droit ancien, 1944 ; W. Fresacher, Der Bauer in Kàmten, II, Freistiftrecht, 1952 et III, Kaufrecht, 1955 ; Posch, F., « Die Verkaufrechtsordnungen auf denlandesfûrrstlichen Pfandherrsehaften Kârnstens im XVI. Jahrhundert », Carinthia , I, 147, 1957 Google Scholar ; et B. Gbafenauer, Histoire des soulèvements paysans en Slovénie, 1962

1. J. Zontar, « Origines et problématiques économique et sociale des règlements de police de la première moitié du xvie s. dans les provinces de la Basse Autriche, au point de vue particulier des contrées Slovènes », ZC, 10-11, 1956-1057, page 53.

2. Aucune agglomération urbaine ne s'est constituée dans la région située entre Loz, Ljubljana, Skofja Loka, d'une part, Gorica et les villes côtières, d'autre part, ce qui s'explique par le fait que le paysan s'y est établi très tôt dans le commerce, l'artisanat et le trafic.

1. Voir Grafenaueb, B., Histoire du peuple Slovène , III , 1956 Google Scholar; IV, 1961 ; Histoire des peuples yougoslaves, II, 1959 ; F. Tremel, Der Frûhkapitalismus in Innerôsterreich, 1954 ; F . Gestrin, « Les classes sociales en Slovénie et la Réforme », Second recueil de Trubar, 1952 ; J. Zontar, Histoire de la ville de Kranj, 1989.

1. En Carinthie au début du siècle déjà, la politique des communautés prit une forme telle qu'elle s'attira les protestations des Etats provinciaux qui qualifièrent nombre de leurs statuts de « contraires à l'intérêt général du pays et profitables aux seuls artisans », M. Fresacheh, « Vom Handwerk », Carirtihia, I, 130, 1940, page 316.

1. Consulter A. Mueiijster, Geschichte des Eisens in Krain, Gôrz und Islren, 1909 ; du même, “c Das Eisen in Krain », Argo, 7, (1899) ; H. Wiesner, Geschichte des Kdrntner Bergbaues, I-III, 1950-1954 ; pour la technique : F. Bas et C. Rekak, Le four Slovène, 1954 ; A. Struna, Entreprises à l'énergie hydraulique en Slovénie, 1955.

2. B. Grafenauer, O. C, 3, page 22 ; A. Mulxner, Geschichte des Eisens, page 704.

3. Das, n° 73 I 6 b, f. 26. Le centre le plus important de production des clous était Kropa, où, durant l'année 1581, 600 sommes de clous sont sorties des mains d'une centaine d'ouvriers. Les autres centres de production étaient Kamna Gorica, Zelezniki et Tržič.

1. P. Hitzingek, Dos Quecksilberbergwerk Idria. Blatter ans Krain, 1860 ; M. Arko, Histoire d'Idrija, 1031 ; J. Strieder, Studien Zut Gesehichte kapitalistischer Organisationsformen, 1925.

2. Selon un document de 1596, 8000 quintaux environ de minerai auraient été annuellement traités dans les deux années précédentes. A raison de 40 livres de mercure par quintal de minerai et de 18 quintaux de mercure pour 17 quintaux de cinabre, nous obtenons une production de 60 tonnes environ pour chaque année. Das, F150, 1596, 18/7.

1. F. Dobel, « Zur Geschichte der Fugger im bambergischen Karnten », AfvGuT.

2. 1850 ; du même, « Ueber den Bergbau und Handel des Jacob und Anton Fugger in Karnten und Tlrol », ZHVSchN, 9, 1882 ; L. Scheubmann, Die Fugger als Montanindustrielk in Tirol und Karnten, 1929.

1. Atti I, 1885, page 150 ; La Provincia, 10, 1876, page 1885.

2. Exemple pour Piran : PA, documents, caisse 0 : … et deinde dal ditto serina non possino uender il suo quinto (les sauniers) li toca a musolati (les transporteurs de l'intérieur) tantu per terra nele valle. Et similiter ditta Comunita il suo septimo et non per via da mar sotto pena di Contrabando ». Le sel écoulé vers l'arrière-pays représentait à Piran le tiers de la production, à Koper les 9/10e et à Milje les 7/8e. P. Nocolich, Cenni storico-statistici sulle saline di Pirano, 1882 ; D. Rossetti, « Del saline di Trieste », Archeographo Triestino, 1891.

1. Au sujet des routes, voir A. Schlesinger, « Die Verkehrs-und-Handelswege der ôsterreichischen Alpenlander in XVI Jahrhundert », MGGW, 58, 1916 ; M. Wutte, I Karntens Wege zum Meere in alter und neuer Zeit », Carinthia, 1,188,1943 ; A. Melik, « La situation du trafic de Raščica au temps de Trubar », Second recueil de Trubar, 1952 ; M. Golia, « Développement du réseau routier aux xvie et xviie siècles », ZC, 6-7, 1952-58.

2. Selon une estimation, il est sorti en 1562, de Carinthie vers Venise, par cette voie, 60 000 charges de fer. DAS, F 1,125/6, 28 sept. 1562 ; M. Wutte, O.C, page 108.

3. Voir, sur cet aspect particulier et sur le commerce en général, F. Geituin, Le commerce de V'arrière-pays slovène avec les villes du littoral, du XIIIe siècle à la fin du Xvie , thèse soutenue à l'Université de Ljubljana en 1960 ; J . ZONTAK, « Villach und der Sudosten », 900 Jahre Villach, 1960 ; F. TREMEL, O.C.

1. DAS, F 294, 3 août 1620 ; sel provenant, naturellement, en majeure partie des ports de l'Istrie dominés par Venise.

2. Ce que confirme aussi le revenu des octrois : l'octroi de Zavlje accuse à la fin du siècle un revenu de 600 florins environ contre, è la même époque, 180 florins pour Klanec situé sur la route de Koper, jadis la plus fréquentée ; soit une proportion de 5 contre 1, pour le trafic sur les deux routes. DAS, F I 61.

1. J. Zontar, « Origines et problématiques économique et sociale des règlements de police », Zfi, 10-11, 1956-7, pages 39, 65, 99.

1. DAS, F I 150, pour l'année 1556, et F I 125/0, 23 sept. 1562. Voir à ce sujet .T. Zontar, Histoire de Kranj, 1939 ; F. Gestrïn, O. C.

1. L'hostilité grandissante contre les Juifs, due à l'importance des dettes contractées par les nobles, les bourgeois et les paysans même, amena les Etats des provinces intérieures d'Autriche à réclamer du Prince leur expulsion. Maximilien y consentit contre paiement, sous forme d'impôt, de sommes considérables. En 1496, les Juifs durent quitter la Styrie et la Carinthie, en 1515, la Camiole, ne demeurant plus que dans les villes du littoral et à Gorica. Ayant ainsi perdu les annuités de l'impôt juif, le Prince se vit obligé, dans une large mesure, à régler sa politique en fonction des prêts que lui consentait le capital étranger ; en 1580, il était débiteur des Fugger pour plus d'un million de florins.

1. Voir G. Probszt, « Der Mûnzbetrieb in Innerôsterreich von 1564-1620 », WNZ, 55, 1922 ; du même, « Mûnzpolitik von 1564-1619 », WNZ, 57, 1924 ; du même, « Studien zum Kartner Mûnz und Geldwesen der neueren Zeit », Carinthia, 142, 1952 et 145, 1955 ; W. Miixer, A. Lohr, E. Holzuair, OesterreieMsche Mùnzprâgungen 1519 bis 1938, 1948 ; R. Geyer, a Zur ôsterreichischen Mûnzpolitik 1524-1790 », WNZ, 66, 1933.

1. Voir à ce sujet S. Vilfan, Histoire juridique des Slovènes, 1961, pages 807 et suivantes.

2. S. Hoszowski, « L'Europe centrale devant la révolution des prix », Annales, 16, n° 8, 1961, pages 441 et suivantes.

3. S. Hoszowski, O.C, pages 446-7.

4. La Provineia, 19, 1885, page 51 ; P. Nicolich, op. cit., page 54.

5. B. Gbafknauer, Histoire du peuple Slovène, 4, 1961, page 16.

1. Voir P. Blaznik, La colonisation de la vallée de Selce, 1928 ; du même, « La colonisation de la vallée de Poljane », GMS, 19, 1938 ; du même, « La colonisation et le servage dans la plaine de la Sora », 1953 ; I. Voje, « Les Huttiers dans la seigneurie de Logatec », ZC, 6-7. 1952-3.

2. Dans la région située entre Kranj et Skofja Loka, importante par ses communications, et centre du système des marchands-entrepreneurs, on comptait, en 1588, 136 huttes pour 301 fermes, alors que dans les environs de Logatec, où les gains provenaient surtout du trafic, il y avait, dès 1527, 76 huttes pour 180 fermes.

1. Voir S. Vilfan, « Du cellier à la chaumière », SE, 1052.

2. J. Polec, « Les affranchis en Carniole », GMS, 17, 1936.

3. B. Ziherl, « Fondements politiques et sociaux de la Réformation en Slovénie », Second recueil de Trubar, 1952, page 8. Voir S. Vilfan, Histoire juridique des Slovènes, 1901, page 288.

1. Consulter sur son développement, ses conditions de travail, sa situation juridique, les ouvrages traitant des mines et des forges. Sur l'ouvrier d'Idrija en particulier, voir M. Verbič, « L'ouvrier d'Idrija au xvie siècle », zČ, 6-7, 1952-3.

1. A. Mueixner, Argo, 1897, pages 4 et 6 ; DAS, F 394 pour l'année 1527 et MALj, s.s.z. 1570, f. 100.

2. En 1612 par exemple, Maribor comptait 18 marchands pour ‘87 artisans, Celje 12 marchands pour 71 artisans. Même proportion partout, mais plus accentuée encore au détriment des marchands, dans les petites villes.

3. Par exemple, en 1584 à Villach. Voir W. Fresacher, « Vom Handwerk in Villach », Carinthia, I, 180, 1940, pages 811 et suivantes.

4. Les bourgeois de Kamnik se plaignent, en 1570, de leur situation ; ils soulignent qu'ils « merrer thails mit dem Veldpaw betragen und ernôren miiessen ». DAS, F 1138, 17 avril 1570.

1. En 1543, à Slovenska Bistrica et à Slovenjgradée, la moitié des demeures étaient vides, à Radgona on en comptait 16, à Maribor 54, et 60 à Celje.

1. A. Muellener, Gesehichte des Eisens, p. 727 ; du même, Argo, 8, 1960, p. 84.