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Centralisation Étatique et Pouvoir Local en Sicile au XIXe siècle

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Enrico Iachello*
Affiliation:
Université de Bari

Extract

La centralisation administrative qui, sur la base du modèle français diffusé par les armées napoléoniennes, s'impose dans une grande partie de l'Europe continentale, n'est pas un processus homogène et, comme on a d'ailleurs pu le montrer pour l'expérience française elle-même, il ne peut supprimer tout pouvoir local. « Elle en génère — écrit P. Grémion — des formes spécifiques, obscures sans doute, parallèles souvent, suffisamment affirmées cependant pour contrebalancer le pouvoir du sommet ». Pour appliquer les décisions du centre, poursuit le sociologue français, « les organisations locales élaborent des modèles de relations spécifiques avec la population et les élites.

Summary

Summary

This article analyses the administrative centralization in Sicily in 1818, emphasizing the question of encounter/confrontation between the State apparatus and the local power structure. The point of departure for the study is the administrative reform of 1817. It demonstrates its “bureaucratic utopian” character and examines its application in Catania during the early years of its introduction there. The example demonstrates that the only way the model of centralization can take root in the reality of the periphery is by negotiating a contract with the local elite. The peripheral State apparatus becomes a stake in the battle for power which opposes different groups. Thus the protagonists adopt new practices and political language and accept the mediation of the Superintendent. The latter becomes an active element in the process: he enters the local political arena and cuts off a bit of power for himself. We are faced with a situation of precarious equilibrium in which there is a constant tension centered around a ressource whose availability depends increasingly upon the results of the battle for local power.

Type
La Centralisation Étatique
Copyright
Copyright © École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1994

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References

1 P. Gremion, Le pouvoir périphérique. Bureaucrates et notables dans le système politique français, Paris, 1976, p. 12.

2 Ibid., p. 13.

3 Décret royal du 11 octobre 1817.

4 G. Giarrizzo, La Sicilia dal Cinquecento all'Unità d'Italia, dans V. D'Alessandro, G. Giarrizzo, La Sicilia dal vespro all'Unità d'Italia, Turin, 1961, p. 661.

5 Sur ces problèmes, voir S. Lombardini, O. Raggio, A. Torre, « Conflitti locali e idiomi politici », Quaderni storici, 1986, 3.

6 Pour une évaluation globale de la réforme et la bibliographie relative, on se reportera à G. Giarrizzo, loc. cit., pp. 668-675.

7 Pour une réflexion attentive au rôle de ces institutions, même si elle se réfère à la partie continentale du royaume, cf. A. Massafra, Campagne e territorio nel Mezzogiorno fra Settecento e Ottocento, Bari, 1984. Les intendances siciliennes étaient partagées entre Agrigente, Caltanissetta, Catane, Messine, Palerme, Syracuse et Trapani.

8 « Regolamenti relativi alla formazione degli stati discussi », G. I. Catania, XLVII, 1818.

9 Pour évaluer plus précisément la distance qui sépare la nouvelle conception de l'administration locale de l'ancienne, on peut parcourir les instructions émises pour Catane en 1754, réitérées en partie par les nouvelles dispositions de 1811, et o précisément la préoccupation d'éviter tout désordre conduisait non seulement à définir des mesures « perpétuelles » pour les produits de plus grande consommation (et pas seulement pour les produits alimentaires) mais aussi à organiser autour de leur gestion presque toute l'activité des organes municipaux, du Patriciat aux mendiants (organes auxquels incombait d'arpenter la ville tous les jours pour surveiller le respect des mesures), en passant par le Sénat, dont la « principale tâche » consistait à faire en sorte « que la ville soit bien pourvue et abonde en victuailles et toute sorte de nourriture et boisson ; que celles-ci soient vendues et distribuées au public équitablement selon des mesures et des prix qui leur sont et seront attribués » (cf. Istruzioni per la città di Catania, 25 février 1754, p. 54).

10 Le ton utilisé par l'intendant de Catane en 1818 dans sa communication d'une circulaire ministérielle de licenciement des nouveaux avocats, procureurs et agents que la commune employait, est à cet égard significatif: «Je reste persuadé écrivait-il qu'il est maintenant temps de se débarrasser des anciens désordres de l'économie des communes pour que puisse s'effectuer la régénération des communes… Les communes devant reconnatre en moi une autorité constituée pour veiller directement sur leurs intérêts et pour protéger leurs droits, il est manifeste qu'elles doivent mettre fin au système dispendieux des avocats et des procureurs… » (cf. L'Intendente, duca di Sanmartino, a Sindaci e Magistrati Municipali del Valle, G. I. Catania, 2, 1818.

11 « Avviso che invita i cittadini a communicare in secreto al Sig. Intendente, etc.», G. I. Catania, XV, 1818. Sur les aspects de « gouvernement policier » pris par le pouvoir à l'époque de la Restauration, cf. G. Galasso, « Le forme del potere, classi e gerarchie sociali », dans Storia d'italia. I caratteri originali, Turin, 1972, vol. I, pp. 525-527.

12 Circulaire du marquis Ferreri, ministre d'état, auprès du Lieutenant général, Palerme, le 23 mars 1818, G. I. Catania, n, 1818.

13 Sur ce dernier point, il est bon de rapporter les paroles de Ferreri qui révèlent, entre autres, la volonté « européenne » de la monarchie : « Un préjugé funeste s'oppose encore aux progrès de la vaccination. C'est aux intendants de le dissiper et de faire comprendre quels sont les avantages d'une heureuse intervention dont profite désormais toute l'Europe civilisée » (ibid.).

14 Une enquête sur le personnel et sur les décisions (et avis) du Conseil se révélerait d'une grande utilité pour comprendre le type de rapport qui se crée entre le pouvoir local et l'intendance. Dans quelle mesure et comment le Conseil exprime-t-il sa médiation ? C'est une question importante pour clarifier les aspects concrets du nouveau rapport centre/périphérie.

15 G. Giarrizzo, loc. cit., p. 669.

16 Istruzioni de Segretari generali délie Intendenze, délie loro Segreterie, etc., article 8.

17 Il s'agit d'une organisation provisoire, en attendant que « soit établie par un règlement du ministère des Affaires intérieures (dont dépend l'intendance) » l'organisation définitive (article 10).

18 . E. Iachello, A. Signorelli, « Borghesie urbane dell'Ottocento », dans M. Aymard, G. Giarrizzo (sous la direction de), Storia d'Italia. Le regioni dall'Unità a oggi. La Sicilia, Turin, 1987, p. 143.

19 La prévision des salaires annuels était la suivante (en onces) : Intendant 1100 (1500 à Palerme) Secrétaire général 350 (400 à Palerme) Conseiller 200 (250 à Palerme) Secrétariat 1350 (3200 à Palerme) décret royal du 11 octobre 1817, art. 168.

20 Proposta per le cariche di nuova Organizzazione Civile, AS Napoli, Arch. Borb., b. 719, n22.

21 Pour Catane la formule est : « Peuvent aussi être considérés comme Conseillers tous ceux qui ont été proposés comme Intendants dans la classe : Nobles de Catane ». Ibid.

22 P. Cardona, « Catania e Siracusa dal 1812 al 1818 », Archivio storico per la Sicilia Orientale, 1925, 5, p. 143.

23 G. I. Catania, I, 1818.

24 G. I. Catania, XXVII, 1819.

25 Ibid.

26 Sur ces thèmes, R. Bendix, Stato nazionale e integrazione di classe, Bari, 1969 ; C. Gm- Salberti, Contributi alla storia délie amministrazioni preunitarie, Milan, 1963 ; G. Galasso, « Le forme… », loc. cit., p. 520.

27 L'intendant, duc de Sammartino, au Secrétaire d'état ministre M. le marquis Ferreri, Catane, le 25 février 1819, AS, Catania, Intendenza Borbonica, b. 192.

28 G. de Lorenzo à l'intendant, duc de Sammartino, Catane, le 31 mai 1819, Ivi.

29 G. I. Catania, IX, 1818.

30 L'intendant de Catane au marquis Ferreri, Catane, le 27 août 1818, AS, Palerme, Ministère) Luogotenenziale, Interno, b. 3.

31 G. I. Catania, XXIV, 1819.

32 G. I. Catania, XXXI, 1819.

33 G. I. Catania, XLVI, 1819.

34 G. I. Catania, XXIV, 1819.

35 G. I. Catania, IX, 1818.

36 G. I. Catania, XIII, 1818.

37 G. I. Catania, V, 1818.

38 On trouve un compte rendu de l'affaire dans le Mémorial de l'architecte communal D. Salvatore Zahra Buda à l'intendant, s. d. [en fait septembre 1819], AS, Catania, Intendenza Borbonica, b. 1266.

39 G. I. Catania, VI, 1818.

40 Voir aussi M. C. Madaffari, « La resurrezione economica di Catania sotto l'Intendenza del Duca di Sammartino all'aprirsi del XIX secolo », ASSO, I-III, 1924, pp. 192-241.

41 G. I. Catania, XII, 1818.

42 Nous nous permettons de renvoyer à E. Iachello, « Aspirazioni alla modernité », dans R. Romano (sous la direction de), Storia d'Italia Bonpiani, vol. VII, Milan, 1989, pp. 142-144.

43 L'intendant de Catane, duc de Sammartino, au marquis Ferreri, Catane, le 12 novembre 1818, AS, Palerme, Ministero Luogotenenziale, Interno, b. 3.

44 On trouve d'intéressantes observations sur cette problématique dans S. Cerutti, La ville et les métiers. Naissance d'un langage corporatif (Turin 17e-18e siècle), Paris, éditions de l'Ehess, « Recherches d'histoire et de sciences sociales », 45, 1990, 260 p.