Nous avons souvent averti nos lecteurs de se tenir en garde contre la tendance de la correspondance ordinaire de Madrid. Une assertion de cette correspondance vient de donner lieu á la lettre suivante, publiée par un journal du matin:

Monsieur,

Arrivé à Paris avant-hier, j'ai su aujourd'hui que la nouvelle de mon voyage m'y avait précédé, et qu'on me supposait, dans quelques journaux, chargé d'une mission auprés du Roi des Franlais, et porteur d'une lettre autographe adressé à S.M. par son auguste niéce, la Reine Régente d'Espagne.

Cette supposition blesse par trop toute vraisemblance; car une mission de nature si délicate, si elle avait été jugée nécessaire, n'aurait pu facilement arriver à la connaissance des correspondans qu'ont à Madrid les journaux franlais, et beaucoup moins encore le contenu de la lettre autographe dont parle ces correspondans. Tout absurde qu'est pourtant la nouvelle, mon silence pourrait lui donner quelque poids. Un devoir d'honneur m'oblige done à la démentir, quelque soit d'ailleurs ma répugnance a occuper de moi le public.

Que mon dévouement bien connu à la cause de la Reine eut fait supposer, dans des vues plus ou moins honorables, que mon départ pour Paris, au moment ou les événements venaient de prendre un biais anormal, avait un objet ou une cause politique; qu'on en eut cherché l'explication dans les doctrines que j'ai constamment soutenues en 1833, comme Redacteur en chef de la Revista, et a une époque plus récente ou quoique devenu étranger à la rédaction de ce journal, je crus devoir rentrer dans la polemique politique pour y defendre de hauts intérěts sociaux que je jugeais menacés, il n'y aurait eu jusque-la qu'une de ces conjectures si familiéres a l'esprit de parti.