Il apparaît évident aujourd’hui de la nécessité, dans une perspective de santé publique, d’aider à réduire les dommages liés à l’alcool. Les leviers d’action sont nombreux et doivent tenir compte de l’environnement. Nous souhaitons l’illustrer par quelques exemples. Le premier concerne l’âge. L’enjeu du trouble de l’usage d’alcool chez la personne âgée n’est pas tant la dépendance mais les dommages associés en lien avec la fréquence à cet âge des comorbidités, des modifications physiologiques, la polymédication , et enfin les représentations des soignants plus enclins à penser derniers plaisirs à conserver plutôt que gain en qualité de vie. Le deuxième exemple pour illustrer l’importance de l’environnement concerne la place de la culture dans les comportements d’usage d’alcool notamment chez les femmes en Afrique du Sud, où la province du CAP a une des plus fortes prévalences du syndrome d’alcoolisme fœtal (SAF) dans le monde. Parmi les facteurs associés les plus significatifs, se situe le contexte culturel marqué par le Dop System inventé au 17e siècle, qui consistait à un mode de paiement des ouvriers agricoles par du pain, du vin et du tabac favorisant l’alcoolisme . L’influence de l’environnement passe aussi par les gènes ; ainsi le troisième exemple concerne l’alcooldéshydrogénase (ADH), enzyme dont l’allèle ADH1B*1 serait associé à un risque trois fois supérieur d’alcoolodépendance comparé à l’allèle ADH1B*2 inexistant ou rare chez les caucasiens et les africains mais majoritaires chez les asiatiques . Enfin, un dernier exemple est constitué par le brain-derived neurotrophic factor (BDNF), neurotrophine qui a un rôle essentiel dans la synaptogenèse, qui semble important dans les mécanismes de dépendance, et dont le polymorphisme Val66Met retrouvé dans 20 à 30 % de la population en Europe, Amérique, ou Asie semble associé à la vulnérabilité à la dépendance alcoolique .