Cet article interroge l’héritage, la mission et l’avenir des Annales en se concentrant sur les dix dernières années de la revue. Pour ce faire, il reprend quelques-uns des choix éditoriaux, des thèmes et des articles récents afin d’explorer la façon dont ceux-ci servent à se libérer des modèles et des méthodes associés au passé des Annales, tout en analysant la manière dont certains des aspects de ce passé sont conservés. Les Annales se sont longtemps caractérisées par leur(s) approche(s) méthodologique(s) plutôt que par un sujet ou un thème spécifique. La force de ce paradigme réside dans ses aspirations interdisciplinaires, qui ont rassemblé des historiens issus d’horizons divers dans le but partagé de remettre en question le statu quo. Cet accent mis sur la méthode a toutefois un revers : conduire à la promotion, sinon d’un style, du moins d’une approche propre aux Annales, quitte à ossifier le paradigme et lui faire perdre sa nature protéiforme. L’article tente ainsi d’expliquer non seulement les promesses et les pièges, mais aussi les nouvelles directions que la revue pourrait prendre à l’avenir.