La concurrence, dit l'économie politique, est l'âme du commerce. Elle confronte, en effet, les offres et les demandes et semble donc le plus sûr moyen d'amener le sain équilibre des prix ; mais c'est, bien entendu, à la condition qu'elle s'exerce librement entre des concurrents dont les forces ne soient pas trop inégales. Or, la réalité est souvent très éloignée de cette situation idéale. Quand une lutte de concurrence s'établit, on voit bien d'abord une diminution des prix de vente au profit du consommateur ; mais on voit aussi bientôt la lutte cesser soit par la mise hors jeu du parti le plus faible, soit, plus souvent, par une entente entre les concurrents ; éviction du plus faible ou entente se traduisent aussitôt par un relèvement des prix qui efface, et au delà, jusqu'au souvenir des abaissements du début.