Le Centre de recherches méditerranéennes sur les ethnotextes et l'histoire orale est engagé dans un projet interdisciplinaire sur les ethnotextes dans le sud-est de la France. Ce projet est né des convergences récentes entre les préoccupations des dialectologues, des ethnologues et des historiens. Les dialectologues ont éprouvé la nécessité de replacer les faits dialectaux dans leur contexte culturel propre. C'est ainsi qu'il leur est apparu indispensable de compléter les atlas linguistiques par des enquêtes au magnétophone qui présenteraient un langage en situation et qui fourniraient une information ethnologique et historique rendant compte des diversités dialectales, des permanences et des mutations. Les ethnologues, spécialisés dans la collecte de la littérature orale, ont pris conscience de l'importance des phénomènes linguistiques, et en particulier de la diglossie (utilisation du français et de l'occitan à l'intérieur d'un même discours), comme de l'intérêt d'une certaine datation ; ils refusent aussi la vision naïve des premiers folkloristes à la recherche d'une littérature populaire traditionnelle exempte de toute influence d'autres milieux culturels. Quant aux historiens, il est inutile ici de rappeler ce qui les conduit à accepter le document oral comme source d'histoire des mentalités et des cultures.