RÉSUMÉ. Idéalement située sur la rive orientale de l'Adriatique, Dubrovnik a subi, au Moyen Âge, une contrainte pesante, la domination vénitienne de 1205 à 1358, la Sérénissime interdisant aux Ragusains de dépasser Ancône vers le nord et le golfe de Corinthe vers le sud. D'où un retard de l'essor maritime de la ville qui ne prend son ampleur que dans la seconde moitié du XIVe siècle : Dubrovnik devient alors le débouché sur la mer des produits de l'arrière-pays balkanique et peut envoyer ses marchands jusqu'à Constantinople.
ABSTRACT. Ideally situated on the eastern Adriatic shore, Dubrovnik was under heavy constraint in the Middle Ages, namely the Venetian domination from 1205 to 1358. The Serenissima forbade the Ragusans to go beyond Ancona to the north and the Gulf of Corinth to the south. Maritime progress was thus delayed and the city accelerated its development only in the second half of the 14th century. Dubrovnik became a commercial port for products from the Balkan hinterlands and sent its merchants as far away as Constantinople.
L'image d'une commune à la vocation maritime particulièrement précoce, que les historiens évoquent parfois à propos de Dubrovnik, doit être nuancée. Certes, son site exceptionnel sur la côte orientale de l'Adriatique, au bout d'un chapelet d'îles longeant le littoral, depuis la presqu'île d'Istrie au nord-ouest de cette mer intérieure, jusqu'aux abords de la ville, prédisposait ses habitants à se tourner résolument vers la mer, même si cela n'arriva qu'au XIVe siècle, assez tard par rapport à sa grande rivale Venise. L'histoire de l'ouverture de Dubrovnik à la mer s'articule en effet, en trois temps longs. Depuis le début du XIe jusqu'au début du XIIIe siècle, époque à laquelle la vocation maritime de Dubrovnik était encore limitée. Depuis le début du XIIIe jusqu'au milieu du XIVe siècle, lorsque celle-ci se développait lentement, encadrée et étroitement surveillée par Venise, tempérée en même temps par l'attrait des marchés de l'arrière-pays balkanique.