Jean Allemane a été un des porte-drapeau éprouvés de la révolution de 1871: Communard à trente-et-un ans, il est resté jusqu'à la quatrevingt-douzième et dernière année de sa vie fidèle à sa jeunesse. Seules la maladie ou la guerre purent l'empêcher quelquefois de célébrer l'anniversaire du 18 Mars et de la Semaine sanglante. Ce «vieux de la vieille», comme eût dit Lucien Descaves, n'avait pas été au premier rang des gloires de la Commune; c'est surtout après l'amnistie qu'il s'est imposé au sein du mouvement ouvrier, mais sa participation au mouvement communaliste, sa détention au bagne de Nouvelle-Calédonie ont achevé d'incarner en lui un type de militant révolutionnaire enraciné dans une tradition française, que caractérisent les tendances «anti-autoritaires», la résistance au marxisme et de façon plus générate une certaine réticence au débat théorique, mêlée de suspicion «ouvriériste» à l'égard des intellectuels, – réticence que compense un militantisme de «tempérament».