L'evangéliste d'Alphonse Daudet est à beaucoup d'égards un bien étrange roman. Publié en 1883, au sommet de la carrière du romancier, entre Numa Roumestan et Sapho, il est loin de figurer au même rang que ces chefs-d'œuvre. Pourtant après un succès de scandale, l'Evangéliste n'a jamais cessé d'être lu, réédité et traduit. De plus, la publication du roman a constitué à l'époque un véritable événement littéraire : Parmi les critiques français qui ont publié sur l'Evangéliste des articles dans les quotidiens et les revues, nous relevons les noms d'Edouard Drumont, Paul Bourde, Henri Houssaye, Gustave Geoffroy, Anatole France, Francisque Sarcey, Jules Lemaître et surtout Ferdinand Brunetière. A l'étranger Henry James écrivit après avoir lu l'Evangéliste une étude très perspicace sur l'ensemble de l'œuvre de Daudet. Il ne s'en tint pas là: en 1886, il devait donner sous le titre de The Bostonians un roman qui reproduit la situation, sinon le sujet, de Y Evangêliste.