Vision de la mort et de l'au-delà en Provence du XVe au XXe siècle, d'après les autels des âmes du purgatoire : l'étude qui suit n'est ni tout à fait une recherche d'histoire de l'art, ni tout à fait une prospection d'histoire religieuse. Elle se situe plutôt dans le domaine à la fois attirant et dangereux de ce qu'on appelle de nos jours l'histoire des mentalités. Comment les hommes ont-ils vu leur mort, comment ont-ils imaginé l'au-delà : le thème nous a été comme imposé par les études de sensiblité collective que nous menons par ailleurs sur la Provence du XVIIIe siècle d'après les sources notariales des testaments. La pratique, si massive qu'elle en devient le test le plus sensible quantitativement de la ferveur populaire, des demandes de messes après le décès, par centaines, parfois par milliers ou plus simplement par ces trentenaires que le pays niçois appelle encore au XVIIIe siècle « Misse di San Gregorio », si elle se situe, sans doute, à un niveau de sentiment religieux que nos contemporains jugeront inférieur, revêt une importance telle qu'elle pose inévitablement la question des représentations collectives auxquelles obéit l'image du purgatoire.