Cet article s’intéresse à la question de la disparition forcée employée par les parachutistes français durant la « bataille d’Alger » en proposant un bilan réflexif du projet Mille autres. Celui-ci s’appuie sur la découverte archivistique unique de quelque 850 fiches attestant les recherches de disparus par leurs familles dès 1957. C’est la première fois qu’une telle liste de noms est découverte dans le contexte de la Guerre d’Indépendance algérienne. Elle a permis un appel à témoin non seulement pour identifier les disparus et prendre contact avec leurs familles, mais aussi pour mener une première série d’entretiens avec des proches de disparus et entreprendre ainsi une histoire avec témoin(s). Le présent article analyse la source elle-même, puis présente les premiers résultats de la recherche. Le projet laisse d’ores et déjà entrevoir la possibilité d’une connaissance de l’événement qui, au-delà d’une approche par le système répressif et ses perpétrateurs, intègre également les victimes de la disparition forcée et leurs familles. Une telle démarche, intégrée au tissu de la ville d’Alger et dessinée à la fois par les trajectoires migratoires et socio-professionnelles des familles et par le monde du travail, rend à l’événement sa dimension sociale.