Cet article vise à repenser, à la lumière des textes poétiques comme les Épigrammes de Martial, la relation que ceux qu’on a nommé captatores (captateurs d’héritages) entretenaient avec des femmes seules, (souvent) âgées et riches. En rapprochant les dispositions du droit privé en matière successorale et les formes courantes d’acquisition des richesses dans la société romaine des deux premiers siècles de notre ère, d’une part, et les comportements récurrents dans les textes poétiques, d’autre part, on montre que, loin d’être un topos littéraire, le thème de la captation d’héritage éclaire des rôles sociaux réels liés au genre et à l’âge, et les valeurs morales qui y sont rattachées. Les femmes de l’élite sans mari et sans enfants pouvaient apparaître comme riches, et comme puissantes par leur capacité à établir un réseau de relations personnelles grâce à la transmission légale de leurs biens. La perception chez Martial des modes de communications et d’interactions entre les femmes testatrices et les hommes captateurs d’héritages peut être interprétée comme une réflexion sur les expériences masculines de rabaissement.