Pour illustrer le problème que pose aux historiens l'attitude de la Résistance française vis-à-vis des Juifs, de 1940 à 1942, j'ai choisi de retracer l'itinéraire de deux résistants : l'un appartenant à la gauche antiraciste ; l'autre de l'extrême-droite antisémite. Le choix du premier était facile : mieux que quiconque, Jean Moulin avait incarné cette tendance et défendu ces convictions. Pour le second, les noms de plusieurs camarades me revinrent en mémoire. Mais de quel droit aurais-je cloué l'un d'eux au pilori de ce passé honteux ? S'agissant d'un résistant, mon choix ne devait en aucun cas apparaître comme un jugement. Pour cette raison (et bien qu'il m'en coûtât), j'ai décidé de décrire mon propre itinéraire, en surmontant la gêne que j'éprouve à me comparer au plus glorieux des résistants.