Tout le Haut Moyen Age est marqué par un conflit opposant l'Église au paganisme survivant dans les textes, les pratiques et les superstitions populaires, ainsi que par la lutte contre les hérésies — arianisme, manichéisme, pélagianisme, priscillianisme. Il existe cependant un terrain où la lutte se fit peu à peu moins ardente, celui du merveilleux qui, au xiie siècle, connaît une extraordinaire renaissance. C'est la genèse de cette renaissance que je voudrais examiner ici.
Le merveilleux du xiie siècle se caractérise par un curieux mélange de données antiques et de thèmes, de motifs locaux empruntés aux religions païennes plus d'une fois évhémérisées par les clercs chrétiens qui transcrivent des légendes souvent colportées oralement depuis des siècles et les christianisent.