La conservation et l’étude des écritures privées en Italie s’insère dans une tradition historiographique et littéraire qui correspond notamment au rayonnement de la culture et de la langue toscanes, ce qui, du même coup, a longtemps circonscrit cette production dans les limites de genres mal définis et considérés comme mineurs, tout en lui attribuant – en l’absence d’une approche typologique spécifique – une fonction auxiliaire par rapport aux domaines consacrés par des auteurs majeurs. Il faut donc attendre le XXe siècle – et en particulier l’enquête menée depuis les années 1980, par les équipes coordonnées par Angelo Cicchetti et Raul Mordenti – pour que soit entrepris, de façon systématique et à partir de critères homogènes, un traitement des textes repérés dans la longue durée et dans l’ensemble de la péninsule. Les « livres de famille » constituent désormais une catégorie heuristique opératoire et un instrument de travail précieux pour l’anthropologie historique et l’étude de la vie privée dans son articulation avec les réseaux économiques et les institutions publiques, avec les systèmes sociaux, politiques et culturels.