Un des pièges de l'histoire des idées et des croyances réside dans la distance qui sépare les systèmes des théoriciens des dégradations et déformations qu'ils subissent dans Vesprit des utilisateurs moins savants. La note de Christine Thouzellier et la mise au point d'Hervé Rousseau peuvent utilement relancer ce problème à l'occasion du « nihilisme » des cathares. Il est certes malaisé de prouver, à côté du catharisme « théorique », l'existence d'un catharisme « populaire et mythique » sensiblement différent et surtout d'en définir le contenu. Herbert Grundmann (« Ketzerverhôre des Spûtmittelalters als quellenkritische Problème », in Deutches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 1965, 519-575) et Yves Dossat (« Les Cathares d'après les documents de l'Inquisition », in « Cathares en Languedoc », troisième des excellents Cahiers de Fanjeaux, dont nous reparlerons, 1968, 71-104) ont récemment appelé à la prudence dans l'utilisation des « confessions » d'hérétiques.