En Cyrénaïque, comme dans le reste des contrées de la Méditerranée orientale passées sous le contrôle romain, le grec reste la langue écrite prédominante. Des inscriptions latines y apparaissent aussi, en nombre limité; elles sont l'objet de la communication de G. Paci. On a enfin retrouvé quelques bilingues, mais c'est surtout en grec que, pour longtemps, on grave ce qui doit être porté À la connaissance du public.
Or, dira-t-on, en quelle forme de grec sont rédigées ces inscriptions? On sait que dans les siècles précédents existe un concurrence entre le dialecte local, seul présent aux VIe et Ve siècles et une forme de langue plus internationalement répandue À partir du IVe siècle, que l'on appelle du nom grec de ‘“langue” commune’, la koinè. Dans certaines régions, la koinè s'est répandue brutalement, éliminant très largement, voire complètement, le dialecte local qui a pu continuer À être parlé sans laisser de traces écrites dans l'épigraphie hellénistique ou romaine. Cette koinè, si elle est sur beaucoup de points conforme À l'usage attique, le doit probablement au prestige intellectuel d'Athènes aux Ve et IVe siècles. On a pu montrer récemment que la koinè s'était développée très tôt en Macédoine et cette découverte confirme et éclaire le lien entre l'expansion linguistique de la koinè et l'expansion politique d'Alexandre et des épigones. De langue dominante culturellement, elle est devenue langue dominante administrativement et politiquement. En Cyrénaïque, il est clair que la koinè est arrivée par l'Egypte et non directement d'Athènes, en dépit de liens anciens et assez étroits entre les deux régions.