La linguistique prétend s’intéresser en priorité à l’oral – or, elle a pendant longtemps en majorité étudié de l’écrit. Cela s’explique tout d’abord par des contraintes techniques: avant l’invention du phonographe en 1877, nous n’avons aucun accès direct à l’oral. Même de nos jours, le recueil d’enregistrements oraux reste encore trop rare; la construction et analyse de grands corpus sont coûteuses. Dans une perspective historique, il est bien évidemment très difficile de reconstruire l’oral à partir de l’écrit. Se pose cependant la question du statut de ces données: à quel point s’agit-il d’un oral « imité », « imaginé » ou même « manipulé » ?