Le récit de la révolte de Jéhu (2 Rois, IX et X) a fait l'objet de récentes et minutieuses études, dont certaines portent sur les problèmes quasi insolubles soulevés par la psychologie du héros de ce récit, Jéhu. La désinvolture manifestée par ce candidat au pouvoir à l'égard de ceux-là mêmes qui le poussaient à l'action, je veux dire les prophètes groupés autour d'Elisée ; la manière dont cette désinvolture tranche sur l'insistance que met Jéhu à s'assurer les sympathies et le concours des Rékabites, dont on ne voit ni l'utilité, ni la fonction ni dans le mouvement d'ensemble de la révolte, ni dans ses répercussions ultérieures ; l'indépendance d'esprit, donc, de ce jeune roi sanguinaire et passionné, mais, simultanément, ses apparentes faiblesses, son besoin répété de s'appuyer sur d'autres hommes et de justifier chacun de ses actes ; enfin l'ambiguïté générale du récit dont on ne sait pas finalement s'il constitue un éloge ou une condamnation implicite de la nouvelle dynastie, s'il doit être pris au sérieux ou s'il ne trouve sa véritable signification que dans l'ironie sous-jacente à certaines de ses phases, tout cela soulève un ensemble de questions, pour lesquelles on a proposé des solutions diverses, mais qui ne sont pas trop éloignées les unes des autres.