Après le Congrès de Berlin (1878), l’implication des grandes puissances dans le Sud-Est européen et les vicissitudes de leur politique extérieure conduisent à l’intensification de l’irrédentisme balkanique. Dans ce contexte, une nouvelle insurrection contre la domination ottomane eut lieu en Crète occupée. La décision du gouvernement grec d’y envoyer l’armée declencha la guerre gréco-turque (1897), a l’issue de laquelle la Grèce se place sous le controle économique des Grandes Puissances. Avec l’insurrection cretoise (1895–1897) le philhellénisme trouve sa nouvelle declinaison. Toutefois, pourrait-on parler de philhellenisme ou de crétophilie? Pour répondre à cette question nous tenterons d’esquisser l’image que l’Europe se faisait de la Grèce dans le cadre de la Question d’Orient à l’aide des articles de la presse française.
Mots-clés: Grèce, Crète, philhellénisme, crétophilie, question d’Orient, presse française
Après le Congrès de Berlin (1878), la tension dans les Balkans s’intensifie. L’implication des grandes puissances dans le Sud-Est européen ainsi que les vicissitudes de leur politique extérieure conduisent à l’intensification du nationalisme balkanique. Nous utilisons le terme nationalisme dans le sens déini par Ernest Gellner et adopté par Eric Hobsbawm: ‘Le nationalisme est essentiellement un principe qui exige que l’unité politique et l’unité nationale se recouvrent’. De ce fait, la politique étrangère és pays balkaniques sera désormais dictée par l’irredéntisme.
Dans ce contexte, une nouvelle insurrection contre la domination ottomane eut lieu en 1895 dans la Crète occupée. Le gouvernement grec, sous la pression de l’opinion publique y avait envoyé l’armée pour soutenir les insurgés, une décision qui suscita la forte réaction ottomane et déclencha la guerre gréco-turque (1897). L’affrontement dura trente jours et la défaite grecque fut inéluctable. Il est à noter que cette guerre fut le premier engagement militaire de la Grèce – 67 ans après son indépendance – durant lequel son potentiel militaire fut teste. L’issue de cette guerre qualifiée de ‘malencontreuse’ et ‘funeste’ fut humiliante pour la Grèce qui fut par la suite placée sous le contrôle économique des grandes puissances.
La lutte des Crétois pour la souveraineté nationale éveille les consciences européennes et suscité un courant de solidarité internationale. Avec l’insurrection crétoise le ‘philhellénisme’ – moins romantique, plus radical – trouve sa nouvelle déclinaison. Toutefois, pourrait-on vraiment parler de philhéllenisme?