Depuis la mise en service de l'usine de retraitement des combustibles irradiés de
la Hague en 1966, l'efficacité des moyens employés pour épurer les effluents
radioactifs liquides a été multipliée par un facteur 600. Le comportement chimique
du 106Ru déterminé dans les rejets déversés en mer et en deux stations
d'observation proches de l'émissaire, a évolué parallèlement à l'évolution des
procédés d'épuration. La méthodologie de type “voie humide” basée sur
l'entraînement de l06Ru par le sulfure de cobalt a permis de répondre aux
objectifs de protection de l'environnement et aux impératifs de production. Le
comportement du radionucléide a alors été celui des complexes du nitrosylruthénium
chimiquement peu réactifs, générés au cours de la mise en solution des
combustibles en milieu nitrique. A partir de 1989, la vitrification des effluents
les plus marqués par ce type de complexation et l'optimisation du procédé par
voie humide ont permis de limiter les rejets liquides de 106Ru. Parallèlement,
l'inertie chimique du radionucléide s'est atténuée. Les mesures de radioactivité
de l'algue Fucus serratus déterminées in situ montrent que la disponibilité de
106Ru à partir de l'eau de mer dépend étroitement de l'hydrolyse des complexes
du nitrosylruthénium. Les produits d'hydrolyse du radionucléide paraissent être
les formes privilégiées des échanges avec l'algue pour laquelle le facteur de
concentration est évalué à 500 ± 350.