Cet article voudrait présenter, à propos des campagnes et des villes du haut Moyen Age en Pologne, quelques problèmes liés à l'application de la méthode archéologique. Nous mettons en question les moyens et recherches employés par l'archéologie pour exploiter les traces matérielles laissées par les hommes : les recherches traditionnelles à partir de fouilles constituent l'essentiel de la méthode archéologique. Cependant les recherches de laboratoire à partir de ce matériel prennent aujourd'hui de plus en plus d'importance. Nous le verrons sur l'exemple que nous avons retenu des campagnes et des villes.

La monnaie métallique du Haut Moyen Age découverte en Pologne joue, dans l'ensemble des matériaux archéologiques, un rôle tout particulier : elle rend possible une meilleure connaissance de cette époque, insuffisamment éclairée par les sources écrites, surtout en ce qui concerne la structure et les relations réciproques de la production, de l'échange et de la consommation.

Aussi, à mesure que se développent les recherches et trouvailles de trésors, surtout en ces dernières années, le besoin se fait sentir de mieux préciser la valeur de ces trésors comme source historique, et de définir le processus historique qui est à l'origine de leur formation.

Dans la plus grande partie du bassin tertiaire du Duero, règne un paysage monotone de « campagne » dénudée. Aucune clôture ne limite les parcelles, groupées en quartiers (pagos) et parfois même en grandes soles (hojas) où se pratique encore l'assolement biennal obligatoire. Au printemps, les grandes taches vertes des blés sortant de terre contrastent brutalement avec les plaques de jachères, couvertes de chaumes jaunis et peu à peu retournées par les labours.

Au Dela des frontières qui s'effacent entre les écoles, on parle volontiers aujourd'hui d'une peinture mondiale. Cependant une exception de taille se maintient et s'affirme : la peinture russe et soviétique . Elle est une autre aire, une autre civilisation, avec ses valeurs, son musée, un monde isolé de nous par l'incompréhension fréquente et la rareté des contacts. Dans un article récent, M. M. Alpatov se plaint avec raison de la place trop mesurée faite en France à l'art russe et signale quelques injustices évidentes. Combien de Parisiens sont-ils allés voir au printemps de 1960, les salles presque désertes où l'on exposait, pour la première fois, des toiles, orgueil de la Russie et son message le plus sincère, qui retiennent la foule à la galerie Tret'jakov ? Parallèlement, les magnifiques Matisse de l'Ermitage ne voient passer qu'un public clairsemé, perplexe.

La connaissance scientifique d'un pays doit nécessairement, pour être complète, aboutir à la réalisation de cartes aussi détaillées et aussi expressives que possible. Depuis plusieurs années la Tunisie dispose de bonnes cartes topographiques, géologiques, de cartes des pluies, du tapis végétal, des routes, etc., mais il n'existait pas jusqu'ici de carte satisfaisante pour représenter un phénomène aussi primordial que la répartition de la population. C'est cette lacune que nous avons cherché à combler.

La carte de la distribution de la population de la Tunisie venant après celle de l'Algérie, voilà d'une certaine manière reconstituée, pour l'observateur géographe ou démographe, l'unité du Maghreb central et oriental qui avait fourni la maquette des cartes de l'Atlas d'Aug. Bernard et R. de Flotte de Roquevaire. Une carte à même échelle et avec même légende, couvrant le Maroc, étendra à l'ensemble maghrébin cette très utile représentation de ce phénomène — à vrai dire essentiel, et combien éclairant pour le géographe ! — qu'est le peuplement.

L'histoire des techniques métallurgiques du XIXe siècle est souvent entravée par le manque de documents sur telle ou telle forge ou usine : nous connaissons bien la chronologie des inventions ou les statistiques de production globale, beaucoup moins la réalité technique, le fonctionnement, l'outillage des forges, car les archives administratives sont le plus souvent muettes en la matière. Or l'Ecole des Mines de Paris possède une incomparable collection de Voyages métallurgiques manuscrits qui s'échelonnent de 1825 à 1909. Ces deux ou trois cents recueils in-folio sont demeurés inaccessibles et entièrement inexploités, alors que pendant quatre-vingts ans les élèves de l'Ecole ont parcouru consciencieusement, avec leur petit marteau d'argent, leur agenda et leur carnet de dessin, la moitié de l'Europe, précisément pour réunir cette documentation.

Les Annales E. S. C. publient dans leur tribune libre la traduction de l'article, que B. G. Sirotkin vient de consacrer, dans la revue Istorija S. S. S. R., aux Cahiers du Monde Russe et Soviétique publiés depuis peu par la division des Aires Culturelles de la VIe Section de l'École Pratique des Hautes Etudes. Il nous a paru intéressant de donner, une fois de plus (nous l'avions déjà fait à propos de la préface à la traduction des Caractères originaux de Marc Bloch, cf. Annales E.S.C., 1959, n° 1, janvier-mars, p. 91), la parole à nos collègues soviétiques : il ne s'agit pas de rouvrir le débat inépuisable sur l'objectivisme bourgeois ; mais de préciser les différences, et de préparer les voies à un dialogue, toujours nécessaire. N.D.L.R.

En Pologne, comme ailleurs, l'histoire de la consommation alimentaire appartient à un domaine peu exploré encore. En attendant des recherches plus approfondies, il semble qu'un aperçu, même fragmentaire des résultats obtenus dans ce pays pour une époque éloignée, peut présenter quelque intérêt et donner Heu à d'utiles réflexions comparatives. Les différences de régimes alimentaires d'une région à l'autre, d'un pays à l'autre, les rapports de la consommation et de la production aident à mieux comprendre l'économie européenne d'autrefois.

L'Auvergne du XVIIIe siècle apparaît comme une province sans unité en matière de production agricole; par ailleurs les moyens de communication y sont médiocres et les échanges entre les différentes zones de production, sans être nuls, en pâtissent. Aussi n'est-il pas étonnant que les usages alimentaires des populations varient profondément d'une région à l'autre en fonction des ressources naturelles, donc du relief et du climat, et des traditions locales orientées par les voisinages ou les courants commerciaux les plus vigoureux.

L'ambition des protohistoriens est d'enrichir l'Histoire écrite par la reconstitution des grands courants humains qui ont précédé l'usage de l'écriture. On sait que les premiers systèmes de signes graphiques sont apparus en Proche-Orient au cours du IVe millénaire avant l'ère. Mais il a fallu encore plusieurs millénaires pour que des élites de lettrés se constituent dans les sociétés méditerranéennes. Quant à l'Europe continentale, malgré le faible emploi de caractères grecs, étrusques ou latins par les Celtes S on peut dire que seul l'empire romain y implanta une civilisation scripturale. Encore cette implantation fut-elle longuement interrompue par les invasions du ve siècle : à bien des égards le Haut Moyen Age est un reflux de la Protohistoire en pleine période historique.

Au cœur de la Pologne actuelle comme de la Pologne médiévale, la ville de Kalicz fête aujourd'hui ses dix-huit siècles d'existence. C'est une prétention qu'il faut justifier. Historiens et archéologues ont redoublé d'efforts afin de scruter ce long passé, ce qui nous vaut une série d'études en deux beaux volumes reliés pleine toile, et présentées avec tout l'apparat souhaitable de références scientifiques, de figures, plans et photographies, sous le patronage du Professeur A. Gieysztor, de l'Université de Varsovie, et de M. Krzysztof Dabrowski, directeur des fouilles dans le district.

Tout à la fois économiste et théologien, le pasteur André Biéler nous propose un livre dont l'importance n'échappera à personne. Livre magnifique et généreux, livre intelligent qui témoigne d'une grande perspicacité, d'une intimité profonde avec le coeur même de la pensée du Réformateur dont il constitue sur des points essentiels une exégèse que personne n'avait encore poussée aussi loin. Historiens, nous ne pourrons désormais nous passer de lui lorsque nous voudrons appréhender les liens qui, au XVIe siècle mais aussi plus tard, unissent forces spirituelles et vie économique dans leur interaction.

Après vingt-cinq ans d'interruption, les Archives économiques de Rhénanie-Westphalie reprennent leurs publications, avec trois petites thèses issues du séminaire d'Histoire économique et sociale de l'Université de Cologne. L'influence du regretté professeur Beutin y est sensible : mêmes soucis de rigueur dans le vocabulaire économique, de définitions philosophiques au départ; même propension à rechercher, par delà mécanismes et institutions, le rôle des individus, notamment des chefs d'entreprise.

La connaissance sociologique des villes nord-africaines progresse d'une façon ininterrompue depuis plusieurs années. Après les études menées au Maroc sous la direction de R. Montagne, d'Alger, P. Sebag dévoile à travers une série de monographies les différents visages de Tunis, avant de nous donner le grand livre que mérite la capitale de l'ancienne Régence. Peu de gens connaissent mieux et aussi intimement les traits de la Tunisie ; et nul n'a scruté avec autant de scrupule et de passion Tunis : une attention bien voisine de l'affection lui permet de s'approcher des milieux les plus humbles, sans provoquer chez eux cette rétraction et ce silence qui rebutent les enquêteurs les plus obstinés. Elle lui permet aussi de saisir du dedans la vie la plus secrète de la cité, et d'en noter les détails les plus menus mais aussi les plus profonds.

L'analyse économique ne rend pas compte de tous les problèmes du sous-développement. Elle laisse hors de ses prises les forces de freinage des structures sociales et psycho-sociologiques. Ces dernières, difficiles à saisir, car les enquêtes du type récit autobiographique manquent trop souvent. Dans une terre comme la Sicile, à la fois sous-développée et surchargée d'histoire, le témoignage littéraire peut être également d'un grand intérêt. Pirandello ou Verga nous en apprennent plus sur la Sicile que bien des chiffres. Malgré un certain succès de snobisme, et certaines lacunes, le roman Le Guépard est un témoignage valable que l'on ne récusera pas en Sicile.