L’année 1952 a été marquée, dans l’industrie textile mondiale, pac une forte récession conjoncturelle. L’accumulation spéculative des stocks à tous les stades de la production et de la distribution en 1950–1951, devait fatalement amener tôt ou tard un fléchissement d’activité, d’autant plus vif que la pointe de l’expansion avait été plus élevée.

L’industrie belge s’est distinguée dans cette évolution par sa sensibilité particulière. Ce phénomène s’explique largement par des circonstances structurelles: notre industrie textile exporte, en effet, bon an mal an près de la moitié de sa production, si l’on tient compte notamment du fait qu’une bonne partie de la production des filatures est exportée sous forme de tissus. Or, notre commerce international de produits textiles occupe une situation très largement marginale. Trois-quarts de nos exportations vont notamment vers des pays voisins, qui disposent tous d’une industrie textile très développée, et même exportatrice. En temps de prospérité, lorsque l’activité des usines textiles est complètement alimentée, et que les délais de livraison s’allongent, le commerce d’importation de ces pays devient très actif. La Belgique a effectivement connu depuis la guerre des circonstances favorables, qui lui ont permis de répondre souvent à des demandes aiguillées chez nous par des délais de livraison plus courts. Par contre, au moment de la récession, les pays étrangers préfèrent s’en tenir aux fournisseurs nationaux et leurs importations décroissent. La situation de notre industrie textile fut notamment aggravée en 1952 par les restrictions particulièrement sévères apportées aux échanges par le Royaume-Uni et la France. Pour quelques secteurs, heureusement peu nombreux, la concurrence néerlandaise fut également redoutable sur le marché intérieur.