Hostname: page-component-848d4c4894-x24gv Total loading time: 0 Render date: 2024-04-30T13:37:54.024Z Has data issue: false hasContentIssue false

Etudes D'anthroponymie Ancienne Française

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Leo Spitzer*
Affiliation:
The Johns Hopkins University

Extract

M. Pauphilet, dans son article “Sur la Chanson de Roland” (Rom. LIX, 176) a montré l'origine toute littéraire, nullement historique, du personnage de l'ami “sage” et mesuré du turbulent et vaillant Roland: ce n'est que le poète Turoldus qui a pu être amené à créer ce contre-type de Roland;

L'enthousiasme orgueilleux de Roland, la sagesse d'Olivier, ce contraste est la plus immortelle beauté du poème, ou pour mieux dire, il est l'essence même de l'episode de Roncevaux; la première mention d'Olivier auprès de Roland présuppose le poème, et la tombe d'Olivier à Blaye est un monument à la gloire du poète créateur.

Type
Research Article
Information
PMLA , Volume 58 , Issue 3 , September 1943 , pp. 589 - 596
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1943

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1 Valfunde, Val Feree, Val Penuse montrent le genre latin comme tant de noms de lieu (p.ex. Vautorte, REW s.v. vallis), à côté de Val Tenebrus qui a le genre normal en fr.; Val Metaz contiendra l'adjectif latin metatus, de castra metata, agrum melari ‘délimiter les bornes d'un champ’: c'est donc une vallée contenant un camp militaire—on voit que Turoldus imagine ses noms en empruntant au latin. Val feree sera apparenté à l'a.fr. chemin ferré ‘pavé,‘ voir Meyer-Lübke, Zeitschr. f. Ortsnamenforsch., iii, 222 et FEW s.v.ferrum, note 22.

2 C'est ainsi que je me refuse à voir un Waltharius de Ulmo dans le Gualter del Hum ou de Hums de la Chanson (Foulet dans le glossaire, après Boissonnade), puisqu'il n'y a pas de représentant monosyllabique de ulmus dans le français courant: pourquoi ne pas se contenter du rapprochement plus ancien avec le Waltharius qui a vécu chez les Huns (cf. Hums ‘Huns’ au v. 3254): un Gautier de Huns est un G. [venu] du pays des Huns ou du Hun (singulier collectif comme dans l'ennemi, a.fr. ost etc.; l'absence de l'article devant la forme au pluriel de Huns s'explique par l’équivalence de Huns avec ‘pays des H.’).

3 Le problème qui se pose chez le commun des mortels avec l'entrée de l'adolescent dans la vie publique (mon fils, appelé Puxi, dès sa naissance, ne veut être, hors de sa famille, qu'un Wolfgang; j'ai connu une jeune fille qui, après son mariage, ne voulait plus être Kitty, mais Cathérine), ne joue pas autant dans les families princières, qui aimaient autrefois étaler leur humanité devant les yeux éblouis de leurs sujets (l'épithète honorifique Bâtard en est un exemple).

4 G. Paris a reconnu dans les Pépins de la Pépinière d'un document du XIVe s., mal interprété par Carpentier, Littré et Godefroy, des membres d'une famille Pépin—qui sait si dans ce Pépinière ‘famille des Pépins’ (du type la Michaudière ‘la propriété, la famille des Michaud’) le sentiment de l’époque ne voyait pas l'appellatif la pépinière (des Pépins)? Il est pourtant vrai qu’à cette époque les noms propres, n’étant pas encore des étiquettes, avaient gardé encore la flexibilité des appellatifs (de là les Maroteaux de Marot).

5 On peut comparer la tautologie contenue dans le nom d'un Sarrazin de la Chanson de Roland, Chernubles de Monigre, dans lequel M. U. T. Holmes (Speculum, xiv, 244) a reconnu un slave chŭrnŭ ‘noir’ se doublant de niger (Monigre étant égal à des noms du type Montenegro, Czernagora): la description du caractère dans la Chanson explicite cette ‘noirceur,‘ inhérente au nom.

6 Ce Pippinus nanus de Godefroy de Viterbe (XIIe s.) nous rappelle le récit du moine de St.-Gall: une fois ‘nain,‘ le personnage pouvait devenir bossu (gipperutus, moine de St.-Gall), et de là découle son caractère irascible et hargneux, tel qu'il est dépeint dans la scène que M. Beeson a imprimée dans son “Primer of Vulgar Medieval Latin” sous le titre “A medieval Tarquin.”

7 Je n'ai pas parlé ici du sens de pépin en argot parisien: ‘parapluie,‘ dont la genèse est connue: “de Pépin, personnage du vaudeville Romainville (1807), qui entrait en scène avec un grand parapluie” (Dauzat). Il y a maintenant deux mots homonymes en français, qui permettent des calembourgs: ainsi, la ravissante actrice parisienne Lafayette avait une fois cassé, dans la fougue de son jeu scénique, un parapluie: elle avança vers la rampe et, montrant au public le tronçon qu'elle tenait en main, elle prononça ex tempore ces mots: Pépin le Bref!