But the city, in its corruption, refused to submit to the dominion of the cartographers, changing shape ai will and without warning…
S. Rushdie, The Satanic verses
Les plans et les vues cavalières ou panoramiques de Rome, à partir de celle de Paolino da Venezia, de peu postérieure à 1320, et jusqu'à la naissance de la cartographie moderne, considérée comme définitivement acquise avec le plan de Nolli de 1748, sont utilisés comme une source primordiale d'informations pour la topographie de la ville. Par rapport au prodigieux corpus de dessins laissés par les antiquaires de la Renaissance, ces documents présentent l'avantage de figurer l'insertion des différents monuments, même mineurs, dans le tissu urbain, mais souvent l'inconvénient, compte tenu l'échelle des cartes, de les représenter de manière moins détaillée, voire même purement symbolique. De plus, ils répondent à un certain nombre d'exigences, idéologiques ou pratiques, qui déterminent leur degré de fidélité par rapport au réel: le souci de mettre en évidence certains monuments (par exemple le long des itinéraires de pèlerinage), l'impact de la politique d'urbanisme d'un pontife, ou le système défensif de la ville, ont souvent porté à privilégier certains monuments, ou entraîné des changements de proportions entre les édifices figurés, parfois la suppression de quartiers d'habitations entiers; par ailleurs, le souci de rendre plus lisible le réseau viaire, et de dessiner les façades, a porté à l'élargissement des rues, et donc à des distorsions dans la représentation des bâtiments. Surtout, l'attitude de l'auteur de la carte par rapport à son objet à joué, à l'évidence, un rôle déterminant: pour un Bufalini, un Falda ou un Nolli, conscients de la nouveauté et de l'importance de leur projet, et qui y ont consacré de longues années de travail, combien de cartographes pressés, indifférents à la ville, simples compilateurs de leurs prédécesseurs?