Published online by Cambridge University Press: 01 June 1970
Le texte freudien entretient avec l'ensemble de l'écriture un rapport d'intertextualité, il communique avec ceux qui parlent autour de lui, avec ceux aussi qui ont, avant lui, pris la parole et qui à son époque se laissaient déjà contenir sous le nom de « tradition ». Cette situation n'est pas le propre du texte freudien, elle est commune à tout texte qui s'énonce; cependant, chez Freud lui-même, ce rapport à la tradition, à l'écriture antérieure, trouve un lieu d'explication: Freud se situe explicitement à un point précis de cette tradition et pense celle-ci par rapport à lui; il lie, dans une lecture englobante, son texte à ceux de Copernic et de Darwin, il a conscience de lui-même comme appartenant à leur continuité; à ses propres yeux, « après Freud » advient quelque chose qui, après Copernic et après Darwin, était aussi de quelque façon advenu, quelque chose que le récit psychanalytique poursuit en le redisant.
1 Cf. Claude, Savary « La Révolution copernicienne: Freud et le géocentrisme médiéval », in Dialogue, vol. VIII, no 3, décembre 1969, p. 417–432Google Scholar. Nous renvoyons a cet article en donnant, directement apres la citation, la page où elle apparaît.
2 Cette confiance nous parait avoir partie liée avec la méthodologie que Roland Barthes dénonce sous l’expression de «la vraisemblable critique » et donc, comme elle, être susceptible des mêmes objections. Cf. Critique et vérité, Seuil, Paris 1966, p. 14 à 42.Google Scholar
3 Dans son article « Interpréter (avec) Freud » in l’Arc,« Freud », no 34, 1968, Laplanche adresse à Ricoeur cette question: « Que devient dans cette conception de l’interprétation, la découverte freudienne de l’intérpretation ? » p. 43.
4 Sigmund, Freud, L’Intérpretation des rêves, P.U.F., Paris 1967, p. 440Google Scholar.
5 Freud cité par Bernard, Pingaud, in « La Peste », L’Arc, « Freud », no 34, 1968, p. 1Google Scholar.