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Clivages, régions et science politique: application d'un schéma d'analyse aux cas de la Suisse et de la Belgique

Published online by Cambridge University Press:  10 November 2009

Daniel L. Seiler
Affiliation:
Université du Québec à Montréal

Abstract

The purpose of this article is to create a method for determining regions which is suitable for political science. The criteria proposed to define a “political region” are based on the concepts of political cleavages and party systems. Applying this framework of analysis to Belgium and Switzerland makes it possible to establish two very different kinds of regions. In the case of Switzerland, the proposed political regions do not correspond to linguistic areas but are instead combinations of religious and industrial factors. On the other hand, in the case of Belgium the suggested political regions reflect the tensions among the Flemings, Walloons, residents of Brussels, and German-speaking Belgians.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association (l'Association canadienne de science politique) and/et la Société québécoise de science politique 1977

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References

1 Tant l'économisme que le juridisme centralisateur furent effieacement refutés par Guy Héraud. mais au nom d'une conception « ethnopolitique » qui emprunte sa définition des aires régionales à l'anthropologie. Cf. Héraud, G. (dir.). Contre les états, les régions d'Europe (Paris-Nice: Presses d'Europe, 1973), 1532Google Scholar, et L'Europe des ethnies (Paris: Presses d'Europe, 1963).

2 Lijphart, A.. “Consociational Democracy,” World Politics 21 (1969), 207–25.CrossRefGoogle Scholar

3 Les partis démocrates-chrétiens sont souvent présentés comme conservateurs ou catch-all, à la manière de l'UDR, et cela au mépris de leur base ouvrière et syndicale.

De tous les partis démo-chrétiens d'Europe. seul le parti allemand correspond à l'image conservatrice qu « on » leur prète si souvent.

4 Cot, J. P. et Mounier, J. P., Pour une sociologie politique (Paris: Seuil, 1974)Google Scholar, I et II. Bimbaum, P., La fin du politique (Paris: Seuil, 1975).Google Scholar

5 « Plongées dans l'histoire, les sociétés sont done éminemment conflictuelles, le politique n'étant que le lieu d'expression et éventuellement de négociation des oppositions sociales…. Signe du conflit, le politique ne saurait totalement s'expliciter par les seules causes qu'il exprime: il est aussi lui-même car il constitue une activité spécifique qui se déroute dans un lieu particulier ». Ibid., 7.

6 La littérature qui traite du concept de clivage est des plus abondantes. Pour la polysémie du terme cf. Zuckerman, A., « The Concept «Political Cleavage» An Analysis of Some Relevant Literature ». IPSA, Montréal, 1973.Google Scholar

7 Lipset, S. M. et Rokkan, S., « Cleavages, Structures, Party Systems and Voters' Alignments », dans Lipset, S. M. et Rokkan, S. (eds.), Parly Systems and Voters’ Alianments (New York: The Free Press, 1967)Google Scholar; Rokkan, S., « The Structuring of Mass Politics in the Smaller European Democracies. A Developmental Typology », dans Stammer, O. (ed.). Party Systems, Party Organisation and the Politics of New Masses (Berlin: Institüt für Politische Wissenschaft an der Freien Universität, 1968)Google Scholar, et Rokkan, S., Citizens, Elections, Parties (Oslo: University Press, 1970).Google Scholar

8 On trouvera une présentation plus étoffée de notre cadre conceptuel dans: Seiler, D. L., « Le phénomène Carter et le elivage Centre contre Périphérie aux Etats-Unis, Note de Recherche », Res Publica 18 (1976), 215–36.Google Scholar

9 On dècouvre dans la bibliographic consacrèe è la Suisse. des ouvrages d'un apologètisme touchant. Us sont de la plume, soit d'Helvètes imbus. comme Denis de Rougemont, soit d'étrangers extasiés. comme André Siegfried. Cf. De Rougemont, D.. La Suisse on l'histoire d'un peuple heureux (Paris: Hachette, 1965)Google Scholar; Siegfried, A., La Suisse, dèmocratie-tèmoin (Neuehâtel: La Baconnière, 1956).Google Scholar 3ème édition.

10 Dans le domaine de la science politique nous ne retenons que: Codding, G. A., The Federal Government of Switzerland (Boston: Houghton Mifflin, 1961)Google Scholar; Rohr, J., La Suisse contemporaine (Paris: Armand Colin, 1972)Google Scholar; Kerr, H. J., Switzerland: Social Cleavages and Partisan Conflict (Beverly Hills: Sage Publications, 1975).Google Scholar ce dernier opuscule, fondé sur une enquête d'opinion. se rèvèle à maints ègards bien dècevant.

11 Rose, R. et Urwin, D. W., « Social Cohesion, Political Parties and Strains in Regimes », Comparative Political Studies 2 (1969), 767.CrossRefGoogle Scholar

12 Le radicalisme helvètique doit beaucoup à l'influence des èmigrès politiques italiens et allemands qui trouvèrent asile en Suisse après l'échec de leurs tentatives révolutionnaires des annèes 1830. Pour les Italiens et pour les Allemands, le nationalisme prend le pas sur le libéralisme, l'adversaire de classe asservissant la patrie fragmentée en principautés féodales. Les seconds auront plus d'influence que les premiers du fait de communauté de langue avec la majorité alémanique. Le fumet que dégage le radicalisme suisse alliera done un zeste de mazzinisme, à un solide parfum de national-libéralisme, renforcé d'une bonne dose de « Kulturkampf ». Il ne sera alors pas étonnant que les radicaux fussent sectaires et intolérants. Suivant le concept proposé par Otto Kircheimer pour qualifier des partis faisant appel à toutes les classes de la population, Jean Chariot a suggérè l'expression « parti d'électeurs » qui nous semble trop « UDR-centrique »; catch-all party ou « parti attrape-tout » nous parait plus appropriée. Voir J. Rohr, La Suisse, 111; Girod, R., « Le système des partis en Suisse », Revue française de science politique 14 (1964), 1114–33.CrossRefGoogle Scholar

13 Le parti catholique use, et usa de nombreuses étiquettes en fonction des Cantons. Le premier nom utilisé au niveau fédéral fut, de 1912 è 1957, parti populaire conservateur, transformé en 1957 en parti conservateur chrétien-social, pour enfin adopter, en 1972, le vocable de parti démocrate-chrétien. Cf. Rohr, La Suisse, 111–12, et Girod, « Le système des partis en Suisse », 1114–33.

14 Le parti démocrate-chrétien suisse, comme les autres formations européennes du même nom, ne correspond pas réellement au concept de « parti attrape-tout ». En effet, si ces partis recrutent leurs électeurs dans toutes les classes de la société, ils n'en visent pas moins une clientèle exclusivement catholique. Nous définirions la démocratie-chrétienne par le concept de « parti horizontal » en ce sens que, constituant un parlement è elle seule. elle offre toutes tes idéologies catholiques. de la droite bourgeoise et réactionnaire. jusqu'è la gauche progressiste et intellectuelle, en passant par la gauche réformiste, ouvrière et syndicate. Seule la CDU/CSU allemande se distingue de ce profil et constitue un parti de la droite classique qui ressortit au conservatisme libéral.

15 Rohr, « Le système des partis en Suisse ». 114.

16 Ibid., 112–16; Girod, La Suisse, 1114–33; Masnata, F., Le parti socialiste et la tradition démocratique en Suisse (Paris: Armand Colin, 1963).Google Scholar

17 Comme nous l'avons vu pour le courant libéral, le socialisme fut également influencé par la présence en Suisse, terre d'asile, de nombreux réfugiés politiques russes, polonais ou venant des Balkans. La Première Guerre mondiale allait amener une vague de réfugiés politiques issus des pays belligérents, socialistes de gauche et pacifistes, dont l'influence et le rayonnement sera fort important.

18 Suivant les catégories du droit public, la Suisse n'a ni un régime parlementaire, ni un régime présidentiel, mais bien un régime d'assemblée. En effet le pouvoir suprême appartient à l'Assemblée fédérale, divisée en deux chambres—le Conseil national représentant la nation (cf. la chambre des représentants aux USA) et le conseil des états représentant les cantons. L'assemblée fédérale élit un comité ou un collège, le Conseil fédéral, qui assume la fonction gouvernementale pendant une législature et où tous les grands partis et groupes linguistiques sont en principe représentés. Chaque conseiller fédéral est maître de son département, il n'y a ni programme de gouvernement, ni vote de confiance ou de censure. En fait le pouvoir de décision se trouve entre les mains du Conseil fédéral, suivant en cela l'évolution des régimes parlementaires.

19 Nous tenons à remercier André Donneur pour les données originales qu'il a bien voulu nous communiquer.

20 La complexité nouvelle introduite par la constitution beige rénovée (trois communautés culturelles, trois régions différentes des communautés, gouvernement paritaire pour les deux grandes communautés: parlement divisé en sept assemblées: chambre des représentants, sénat, deux conseils culturels composés des députés et sénateurs, un conseil culturel—l'allemand—élu directement, deux conseils régionaux composés de sénateurs, le troisième—le bruxellois—composé de sénateurs et de membres du conseil d'agglomération; ajoutons le fait que le conseil régional bruxellois couvre de sa juridiction le territoire du conseil d'agglomération; sans parler des conseils économiques régionaux, etc., etc.) devrait aisément convaincre tant les juristes que les politistes qu'une telle superstructure ne peut recouvrir qu'une réalité politique des plus confuses. Cf. Boeynaems, M., « La Belgique démographique et politique en chiffres », Res Publica 15 (1973), 385–97.Google Scholar

21 Keith Hill, auteur de la dernière en date des études de sociologie politique consacrée à la Belgique, considère qu'au XIXe siècle le clivage Centre/Périphérie s'identifie avec la prise de conscience culturelle du peuple flamand. Cf. Hill, K., « Belgium: Political Change in a Segmented Society », dans Rose, R. (ed.), Electoral Behavior, A Comparative Handbook (New York: The Free Press, 1974), 29107.Google Scholar

22 Pour une analyse plus détaillée de l'évolution historique du conflit et du clivage entre centre et périphérie, voir D. L. Seiler, « Systèmes de partis, clivages politiques et états multiculturels: une comparaison de la Belgique, du Canada et de la Suisse », Congrès de la Société canadienne de Science politique, Québec, 1976.

23 En 1954, les nationalistes flamands font élire à Anvers, bastion historique du mouvement flamand, un député sous l'étiquette de l'Union chrétienne populaire flamande, CVU. En 1961 le parti, qui avait entretemps laissé tomber la référence chrétienne pour devenir la Volksunie, porte sa représentation parlementaire à 5 sièges. Elle passe à 12 sièges en 1965. 20 en 1968, 21 en 1971, 22 en 1974 et 21 en 1977.

24 Le FDF (francophones Bruxellois) connaîtra une progression des plus marquantes: 3 sieges en 1965, 5 en 1968, 10 en 1971, 9 en 1974 et 11 en 1977. La fortune des régionalistes wallons sera différente: 2 sièges en 1965, 6 en 1968, 13 en 1971, 12 en 1974 et 4 en 1977.

25 Deux de ces partis, le PLDP et le LIB, se regroupèrent dans le Parti Libèral. PL, Le troisième, unitariste et pro-flamand, ne subsiste plus qu'è l'échellon municipal sous le couvert de l'étiquette « intérêts communaux ».

26 Sur le système des partis en Belgique on verra: Haegendoren, M. Claeys-Van, « Party and Opposition Formation in Belgium », Res Publica 9 (1967), 413–36Google Scholar; Delruelle, N., Evalenko, R. et Fraeys, W., Le comportement politique des électeurs belges (Bruxelles: Institut de Sociologie, 1970)Google Scholar; Hill, K., « Belgium », dans Henig, S. et Pinder, J. (eds.), European Political Parties (London: Allen & Unwin, 1969)Google Scholar et dans Rose (ed.), Electoral Behavior; Heisler, M. O., « Institutionalizing Societal Cleavages in a Cooptive Polity: The Growing Importance of the Out-put Side in Belgium », dans Heisler, M. O. (ed.), Polities in Europe (New York: David Mackay Co., (1974)Google Scholar; Lorwin, V. R., « Belgium: Religion, Class and Language in National Politics », dans Dahl, R. A. (ed.), Political Oppositions in Western Democracies (New Haven: Yale University Press, 1966)Google Scholar, et « Segmented Pluralism: Ideological Cleavages and Political Cohesion in the Smaller European Democracies », Comparative Politics 3 (1971), 141–75; Meynaud, J., Ladrière, J. et Périn, F. (dir.), La décision politique en Belgique (Paris: A. Colin, 1965)Google Scholar; Seiler, D. L. et Raes, J., Idéologies et citoyens (Bruxelles: Vie Ouvrière, 1970)Google Scholar, et Urwin, D. W., « Social Cleavages and Political Parties in Belgium: Problems of Institutionalization », Political Studies 18 (1970), 320–40.CrossRefGoogle Scholar

27 Cf. K. Hill, dans Rose (ed.). Electoral Behavior, et N. Delruelle, R. Evalenko et W. Fraeys, Le comportement politique.

28 Le premier congrès du mouvement wallon, réuni à Liàge, vota même le principe du rattachement de la Wallonie à la France9 ! Le premier vote, qualifié de « sentimental » fut suivi d'un second, qualifié de « vote de raison », en faveur d'une Wallonie autonome dans une Belgique fédérale.

29 Cf. Frognier, A. P., « Distances entre partis, clivages sociopolitiques et transferts de voix », dans Frognier, A. P., McHale, V. E. et Paranzino, D., Vole, vlivages socio-politiques, et développement régional en Belgique (Louvain: Vander, 1974), 980.Google Scholar

30 Crisp, , « Les élections législatives du 10 mars 1974 », Courrier Hebdomadaire, C.H. 638, le 22 mars 1974.Google Scholar

31 Le critère des families politiques peut servir à opèrer des recoupements politiques transnationaux et découper des aires politiques « macro-régionales ». Cf. D. L. Seiler, « Culture, Party-Systems and European Integration ». ECPR Workshop on Regional Differentiation, Strasbourg, 1974.

32 Frognier, « Distances », 32.

33 Le résultat des élections municipales du 10 octobre 1976 viennent confirmer notre analyse: chaque région votant de manière différente, FDF à Bruxelles, CVP en Flandre et socialiste en Wallonie. Le même phénomène peut être constaté pour les élections législatives de 1977.

34 Les projets de règionalisation èconomique, proposès pour la Belgique, concordent quant au nombre de cinq régions. Le plus notoire fut le « plan Spinoy » du nom du ministre des affaires économiques de 1961 à 1965. Seul les socialistes flamands se rallièrent, un temps, à l'idée de cinq régions.

35 Les développements de la crise économique mondiale ont permis de souligner la difference profonde entre le mouvement ouvrier flamand, réformiste et acceptant la libre-entreprise, et le mouvement ouvrier wallon, anticapitaliste. C'est le congrès des syndicats Chrétiens qui révéla ces différences de « modèles de sociétés ». Cf. « Une ligne de partage qui n'est pas seulement celle des langues », Le Soir, 25–26 avril 1976. 2, et Van Solinge, J., « Comment le PSB peut-il rassembler les progressistes? ». Le Soir, 11 mai 1976, 2.Google Scholar Les développements survenus, en Wallonie, après avril 1977 semblent annoncer de nouveaux réalignements affectant cette région, alors que la situation flamande demeure stable. En effet le PSB. le PC, le RW et l'aile gauche du PSC ont entamé des pourparlers visant à ètabiir un « programme commun de la gauche »—lors des élections de 1977. PSB et RW avaient déjà présenté des listes communes dans la province du Luxembourg. S'il devait se réaliser. cet accord politique permanent accentuerait encore les différences qui existent entre les diverses régions du pays.

36 Une analyse très fine du cas du Royaume-Uni fut réalisée par l'un des plus éminents politistes actuels: Richard Rose, cf. Rose, R., « The United Kingdom as a Multinational State », Occasional Paper, 6, Glasgow: University of Strathclyde Survey Research Centre, 1970.Google Scholar