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Séries sémantiques et niveaux stylistiques

Published online by Cambridge University Press:  27 June 2016

Jean-Paul Vinay*
Affiliation:
Université de Montreal

Extract

Le récent colloque de linguistique française, tenu au Centre international d’études pédagogiques de Sèvres du 20 au 22 décembre dernier, soulignait fort à propos l’unité profonde de la langue, dans laquelle l’analyste découpe des tranches et des niveaux avec l’insouciance d’un chirurgien en salle de dissection. Or, en fait, ces unités et ces niveaux avec lesquels nous opérons sont si bien entremêlés que, pour mieux les voir, nous risquons de détruire la matière même que nous prétendons connaître.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Canadian Linguistic Association 1962

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References

1 Les journées d’études auxquelles il est fait allusion ici ont été suscitées par le Bureau d’étude et de liaison pour l’enseignement du français dans le monde, qui en assurera la diffusion par une prochaine publication. On trouvera un rapport détaillé de ces travaux dans un prochain numéro de RCL.

2 On peut naturellement retrouver dans ces mots des séquences péjoratives, qui varieront d’ailleurs selon les individus; de récents sondages auprès d’étudiants montrent la fréquence de l’association scâbleuse/scabreuse, entériner/uriner; mufle est plus complexe; il rappelle mafflu, joufflu, buffle (et de là, idée de bave, etc.).

3 On lui doit notamment un excellent Dictionnaire du français classique; deux articles sur le lexique français dans Le français moderne (avril/juillet 1960 et avril 1961); un article sur la «Notion de degré dans le système morphologique du français moderne» (Journal de Psychologie, janvier-mars 1961), un article sur les «Notions d’unité sémantique complexe et de neutralisation dans le lexique» (Cahiers de lexicologie, Besançon, II, 1961), et un article de vulgarisation, très bien présenté, dans Le français dans le monde, 1.6 (1962).

4 C’est pourquoi il faut considérer comme fautifs les titres de journaux commençant par ce déictique et ne s’accompagnant ni d’une phrase explicative ni d’une photographie: Ce peintre américain fuit les abstractions; Cette conférence provinciale promet déjà beaucoup; Cette émission sur la paix, etc.

5 Donc individu et monsieur appartiennent à deux micro-systèmes différents; par contre, on obtiendra un effet péjoratif en mettant monsieur dans un cadre tel que: Qu’est-ce qu’il veut, le monsieur?; Qu’est-ce quelle veut, la madame? est canadien et je ne puis dire si l’énoncé est neutre ou péjoratif.

6 On appelle en stylistique interne «effet négatif» un effet produit par l’absence inattendue d’un élément de l’énoncé, ou par le mélange des niveaux. Oter une photographie d’un mur où elle a longtemps séjourné provoque un effet négatif chez ceux qui sont habitués à voir cette photo pendue au mur; mais lorsque l’absence de la photo est marquée par la présence d’une tache plus sombre sur le papier peint, cet effet négatif peut alors se doubler d’un effet positif, puisque je suis capable, n’ayant jamais vu la photo, d’inférer sa présence de la marque laissée au mur.

7 Donc, il existe une ordonnance anglo-saxonne de ces mêmes rapports qui, pour être moins complexe dans ses «marques», n’en existe pas moins. Ce que nous disions des étudiants anglophones s’applique tout autant aux étudiants francophones qui veulent s’initier aux mystères de Mr., Mrs., Sir, Madam, Ma’am, Miss et j’en passe.

8 Cette méthode, qui sera seulement esquissée ici, fera l’objet d’une communication ultérieure.

9 Extraits du Livret de Famille, pièce officielle d’identité remise en France au chef de famille lors du mariage civil.

10 Ce qui pose des problèmes pour les mineurs (miners) qui deviennent majeurs…

11 C’est un des mots qui désignent le pot de chambre, cf. l’anglais jerry, john dans des acceptions similaires. Beaucoup de ces termes perdent de leur vulgarité par snobisme inversé; on les connaît surtout par les romans de la «série noire» (nrf) par exemple, dont le lexique argotique a été considérablement enrichi par les soins de M. Duhamel.

12 Pour gagner de la place, j’avais d’abord songé à écrire Dupond en abrégé, soit D; mais il se trouve que l’abréviation d’un nom propre POSSÈDE UNE VALEUR AFFECTIVE (impolitesse; impression de demi-confidence, de papotage insignifiant) qui vient troubler la démonstration. Notons au passage qu’en anglais britannique, il est vulgaire et impoli de parler d’une dame Brown en disant Mrs. B.; cela s’entend pourtant, mais non en français. On jugera ainsi de l’effet obtenu involontairement par les journalistes en mal de sensation, qui parlent de Monsieur H. ou Monsieur K. Cela donne dans le roman feuilleton de bas étage, ce qui, après tout, est peut-être le cas.

13 Il faudrait même faire plusieurs histoires, car la valeur stylistique de fille au Canada français semble très différente de celle esquissée ici.