Né en 1924 près de Trieste, grandi sous le fascisme, Danilo Dolci, à dix-huit ans fervent lecteur de la Bible, connaissait par surcroît le Coran, Bouddha, Confucius... Objecteur de conscience, il dut s'enfuir dans les montagnes du Sud. Après la guerre, ses études terminées, il chercha un « engagement » en notre monde. Avec le prêtre Don Zeno, il passa deux ans à, Nomadelfia, en cet étrange phalanstère de la « Cité de Dieu » où le Père accueillait les épaves de ces temps troublés. Il partit enfin pour la Sicile, seul, à la recherche une fois de plus de la misère. Il la trouva sur les bords lumineux de la mer Tyrrhénienne, à trente kilomètres de Palerme, chez les pêcheurs de Trappeto ; il y connut leur dénuement, leur habitat triste, la concurrence illégale de la grande pêche, l'indifférence des notables et des officiels. « Dernier épigone du romantisme », selon les accusations du procès de Palerme, il s'installa peu après à Partinico, en pleine zone du banditisme et de la maffia, près du pays de Giuliano où, plus que les années d'école, comptent les années de prison.