Dans son livre Pour une histoire naturelle du don, François Athané remet en cause les discours sur le rôle social fondamental que la pensée anthropologique, sociologique et philosophique a attribué au don. À partir de la notion de transfert d’un bien ou d’un service, composante élémentaire aussi bien du don que de l’échange, il procède à la déconstruction de certains de ces discours, à commencer par le premier d’entre eux: l’Essai sur le don de Marcel Mauss (1923). Cette méthode, en ne permettant pas d’envisager en bloc la triade « don – réception – contre-don », ne fait plus cas d’une obligation de rendre que M. Mauss avait mise en valeur, privant le don de sa raison constitutive d’un lien social. Ce terrain argumentaire ainsi dégagé permet à F. Athané de proposer une nouvelle interprétation de la place qu’occupe malgré tout le don dans nos schémas mentaux et nos comportements sociaux. Elle renvoie à la nature universalisant le don comme manifestation de l’altruisme parental. Mais, si un pont est ainsi jeté entre nature et culture – le don serait la forme culturelle de cet altruisme parental naturel –, il n’est pas fait appel aux travaux de la sociobiologie, autrefois critiquée par les auteurs aux analyses ici récusées. Ce nouveau renvoi à la nature où la société et ses règles trouveraient leurs sources devrait susciter de nouveaux débats.