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Une Nouvelle historiographie chinoise. La formation D'un marché national vue par Wu Chengming (Note critique)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Michel Cartier*
Affiliation:
EHESS

Extract

En dépit de l'immensité du territoire chinois — 9 600 000 km2 dans ses frontières actuelles, plus de 3 millions dans les anciennes limites des « dix-huit provinces » — l'espace est rarement pris en compte dans les travaux des historiens de ce pays. Ce n'est pas que la dimension spatiale soit systématiquement ignorée. Il existe, en effet, en Chine, une longue tradition de géographie historique, prolongée dans des ouvrages de géographes modernes, dont l'apport à l'histoire est loin d'être négligeable dans la mesure où elle met à la disposition des spécialistes de l'histoire, sous la forme d'atlas, de dictionnaires de toponymes ou de répertoires divers, des instruments irremplaçables permettant de cartographier les modifications de la géographie administrative, les déplacements des routes commerciales, les variations de la population ou de la pression fiscale. Plus récemment, la coopération avec les géologues et l'utilisation des nouvelles techniques de télédétection ont permis de préciser un grand nombre de points relatifs aux transformations de l'espace physique et l'on a vu paraître de nombreux travaux consacrés aux migrations des cours d'eau, aux déplacements des rivages marins et à la géographie des canaux et des ouvrages hydrauliques.

Type
L'Espace Économique
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1986

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References

Notes

1. On se reportera, en particulier, aux nombreuses séries statistiques réunies par Liang Fangzhong et publiées en un volume sous le titre : « Statistiques de population, de terres cultivées et de charges fiscales en Chine à travers les âges » (en chinois), Shanghai, Éditions du Peuple, 1980, 558 p. Mis à part le déjà ancien Historical and Commercial Atlas of China de A. Hermann (1933), dont il existe une édition mise à jour par Paul Wheatley (Edinburgh Univ. Press, 1966), et le Cultural Atlas of China de Caroline Blunden et Mark Elvin (Oxford, Phaidon, 1983), les historiens lisant le chinois disposent maintenant de la série (cinq volumes parus à ce jour) publiée sous la direction de TAN Qixiang (” Historical Atlas of China », Shanghai, Cartographie Publishing House, 1982) ainsi que de l'« Atlas de la distribution des sécheresses et des inondations en Chine au cours des 500 dernières années » (Pékin, Presses cartographiques, 1981).

2. On doit tout spécialement signaler à ce propos les travaux de l'Association chinoise pour l'histoire des ouvrages hydrauliques et la revue « Géographie historique » (Lishi dilî). Il est intéressant de noter que les principales revues historiques publient également des articles consacrés à ces questions.

3. C'est dans cet esprit que les historiens chinois abordent, par exemple, l'étude des transferts de population ou l'histoire du tribut en grains.

4. On retiendra, à cet égard, l'embarras manifesté par les historiens orthodoxes face à des situations « paradoxales » telles que celle qui est mise en évidence dans la belle monographie récemment consacrée par YE Xian'en, un des meilleurs représentants de la « nouvelle histoire » chinoise, à l'histoire sociale de la préfecture de Huizhou où des relations sociales « archaïques » (servage) se sont maintenues en dépit d'un développement « capitaliste » remontant au xvie siècle (” La société rurale de Huizhou sous les dynasties des Ming et des Qing et le régime des dianpu », Anhui, Éditions du Peuple, 1983).

5. Voir. 1. « Marché intérieur et capital commercial sous la dynastie des Ming », Zhongguo shehui kexueyuan jingji yanjiusuo jikan (« Bulletin de l'Institut d'économie de l'Académie des sciences sociales de Chine »), 5, 1983 ; 2. « Au sujet du marché intérieur chinois au cours de la première moitié de la dynastie des Qing », Lishi yanjiu (Études historiques), 1983, 1, pp. 96-106 ; 3. « Le marché intérieur chinois à l'époque semi-coloniale semi-féodale », Lishi yanjiu, 1984, 2, pp. 110-121 (version modifiée du chapitre 6 d'un ouvrage intitulé « Relations de production capitalistes dans l'ancienne Chine », Pékin, Éditions du Peuple, 1977). Ces trois études ont été rééditées dans le recueil intitulé Zhongguo zibenzhuyi yu guonei shichang (” Capitalisme et marché intérieur en Chine », Pékin, Presses de l'Académie chinoise des sciences sociales, 1985) dont elles occupent les pages 217 à 296. C'est à cette édition que renvoient nos references.

6. Voir, au sujet de la « révolution commerciale » des Song, Elvin, Marc, The Pattern ofthe ChinesePast, Stanford, Stanford Univ. Press, 1972.Google Scholar

7. De nombreux auteurs, tant américains que japonais, ont, à la suite de Skinner, G. WilliamMarketing and Social Structure in Rural China », Journal ofAsian Studies, 24, 13 Google Scholar), fait de la densité des marchés ruraux la mesure du degré d'intégration de la campagne chinoise dans l'économie marchande.

8. On remarquera que ce modèle à trois « secteurs » est couramment utilisé par les économistes de Chine populaire dans leurs études sur la situation présente. N'oublions pas qu'à la veille du mouvement de décollectivisation des années 1980, une fraction importante de la paysannerie vivait encore en « économie de subsistance ».

9. A titre de référence, précisons que les chiffres les plus élevés de production enregistrés avant les années 1950 étaient, pour une population de l'ordre de 500 millions, de 150 millions de tonnes d'équivalents de grains, 850 000 tonnes de coton, 225 000 tonnes de thé et 4 millions de tonnes de sel.

10. Le tael correspond à une « once » (37,5 g) d'argent ; le coupon de cotonnade de référence est une pièce de 3,633 yards carrés. Cette évaluation paraît basse. Rappelons que, selon certaines estimations, le « produit national » chinois se serait élevé dans la première moitié du XXe siècle à 20/30 milliards de yuans 1933 (environ 20 à 30 % du tael du siècle précédent), dont deux tiers pour l'agriculture.

11. Il convient de tenir compte d'une forte croissance démographique. La population chinoise serait passée, dans l'intervalle, de 150-200 millions d'habitants à environ 430 millions.

12. Ces quantités représenteraient respectivement des valeurs de 3 et 12 millions de taels, soit l'équivalent de 240 000 et 600 000 tonnes de riz.