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Terra Nova

Cartes mentales de l’Atlantique du Nord-Ouest au xvie siècle

Published online by Cambridge University Press:  13 November 2023

Jack Bouchard*
Affiliation:
Université Rutgersjack.bouchard@rutgers.edu

Résumé

Au début du xvie siècle, les marins européens établirent une pêcherie commerciale et un site d’occupation permanent dans l’Atlantique du Nord-Ouest. Comment nommer ce lieu ? Cet article défend l’idée que ces marins développèrent leur propre conception de l’espace par le prisme de la création de la pêcherie – une conception qui était le reflet des cartes mentales qu’ils avaient développées à travers la pratique du travail de la pêche. Il soutient qu’au lieu d’utiliser une terminologie contemporaine comme Newfoundland, les spécialistes devraient au contraire s’emparer de cette grille de lecture géographique pour traiter des premières années de la pêcherie et de la colonisation. Des marins de toute l’Europe ont utilisé l’expression Terra Nova et ses variantes afin de désigner un espace fluctuant, vaste et aqueux dans l’Atlantique du Nord-Ouest. Son usage s’est montré cohérent dans le temps et l’espace, et liait la géographie à la pratique de la pêche. Cet article restitue les cartes mentales du xvie siècle, retrace l’origine et la diffusion du syntagme Terra Nova et montre en quoi il diffère des géographies et des désignations des cartographes. Dans sa dernière partie, il réfléchit à la relation entre le travail, la mer et l’espace, et à la manière dont celle-ci a contribué à l’usage de Terra Nova. Ce faisant, il offre le moyen de retrouver les cartes mentales oubliées et de démontrer la malléabilité des géographies maritime au début de l’histoire de l’expansion européenne dans le bassin atlantique.

Abstract

Abstract

In the early sixteenth century, European mariners established a commercial fishery and site of permanent occupation in the northwest Atlantic. What are we to call this place? This article argues that mariners developed their own concept of space through the creation of the fishery, reflecting mental maps that evolved via the practice of fishwork. It contends that rather than modern terminology like “Newfoundland,” scholars should utilize this distinct geographic framework when discussing the early fishery and colonization. Mariners across Europe used variations of the term Terra Nova to label a malleable, vast, and watery world in the northwest Atlantic. Their usage was consistent across time and space, and tied geography to the act of fishing. The article reconstructs the nature of sixteenth-century mental maps, traces the origin and spread of the term Terra Nova, and considers how it differed from the geographies and labels of cartographers. In its final section, it reflects on the relationship between work, water, and space, and the ways this contributed to the use of Terra Nova. In so doing, it offers a way to recover lost mental maps and demonstrates the flexibility of maritime geographies in the early history of European expansion into the Atlantic.

Type
Sociétés maritimes et mondes de la pêche
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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References

1 Paul Carter, The Road to Botany Bay: An Exploration of Landscape and History, New York, Knopf, 1988, p. xiii.

2 Jean-Arnaud Bruneau de Rivedoux, Histoire veritable de certains voiages perilleux & hazardeux sur la mer, ausquels reluit la justice de Dieu sur les uns, & sa misericorde sur les autres : tres-digne d’estre leu, pour les choses rares & admirables qui y sont contenues, Paris, Thomas Portau, 1599, p. 108-109.

3 Parmi les premiers travaux historiographiques sur les pêcheries, on consultera Harold A. Innis, The Cod Fisheries: The History of an International Economy, New Haven/Toronto, Yale University Press/Ryerson Press, 1940 ; Michel Mollat(dir.), Histoire des pêches maritimes en France, Toulouse, Privat, 1987 ; D. W. Prowse, A History of Newfoundland from the English, Colonial, and Foreign Records with Numerous Illustrations and Maps, Londres, Macmillan & Co., 1895 ; Charles de La Morandière, Histoire de la pêche francaise de la morue dans l’Amérique septentrinale, vol. 1, Des origines à 1789, Paris, G.-P. Maisonneuve et Larose, 1962 ; Georges Musset, Les Rochelais à Terre-Neuve, 1500-1789, La Rochelle, L’auteur, 1899 ; Édouard Gosselin et Charles de Beaurepaire, Documents authentiques et inédits pour servir à l’histoire de la marine normande et du commerce rouennais pendant les xvie et xviie siècles, Rouen, H. Boissel, 1876. Pour un échantillon représentatif de travaux plus récents, voir Peter E. Pope, Fish into Wine: The Newfoundland Plantation in the Seventeenth Century, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2004 ; Selma Huxley Barkham, « The Basque Whaling Establishments in Labrador 1536-1632 – A Summary », Arctic, 37-4, 1984, p. 515-519 ; Michael M. Barkham, « La industria pesquera en el País Vasco peninsular al principio de la Edad Moderna: ¿una edad de oro? », Itsas Memoria. Revista de estudios marítimos del País Vasco, 3, 2000, p. 29-75 ; Brad Loewen et Vincent Delmas, « Les occupations basques dans le golfe du Saint-Laurent, 1530-1760. Périodisation, répartition géographique et culture matérielle », Archéologiques, 24, 2011, p. 29-61 ; Laurier Turgeon, « Codfish, Consumption and Colonization: The Creation of the French Atlantic World during the Sixteenth Century », in C. A. Williams (dir.), Bridging the Early Modern Atlantic World: People, Products, and Practices on the Move, Londres, Ashgate, 2009, p. 33-56 ; Jacques Bernard, Navires et gens de mer à Bordeaux (vers 1400-vers 1550), Paris, SEVPEN, 1968 ; Darlene Abreu-Ferreira, « Terra Nova through the Iberian Looking Glass: The Portuguese-Newfoundland Cod Fishery in the Sixteenth Century », Canadian Historical Review, 79-1, 1998, p. 100-117 ; George A. Rose, Cod: The Ecological History of the North Atlantic Fisheries, St. John’s, Breakwater Books, 2007.

4 Henry Percival Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier, 1497-1534: A Collection of Documents Relating to the Early History of the Dominion of Canada, Ottawa, Government Printing Bureau, 1911, doc. 6, « Various Articles of the Privy Purse Expenses of Henry VII », p. 12. Selon la plus ancienne source dont on dispose, c’est un navire anglais qui, en 1502, rapporta les premiers poissons de Terre-Neuve en Europe, mais les documents conservés montrent que des pêcheries multicommunautaires commencèrent à se former entre 1504 et 1508.

5 Pour une introduction aux pêcheries du xvie siècle, voir Laurier Turgeon, Une histoire de la Nouvelle-France. Français et Amérindiens au xvie siècle, Paris, Belin, 2019, chap. 1 ; W. Jeffrey Bolster, The Mortal Sea: Fishing the Atlantic in the Age of Sail, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 2012, chap. 1-2 ; P. E. Pope, Fish into Wine, op. cit., p. 11-32 ; H. A. Innis, The Cod Fisheries, op. cit., chap. 1-2.

6 La distinction est plus claire en anglais que dans les langues romanes comme le français, puisque le terme anglais Newfoundland est étymologiquement distinct de Terra Nova (expression sur laquelle je reviendrai plus loin). La forme anglaise New Isle apparaît en 1498 et celle, plus fréquente, de Newfoundland en 1502 ; or elles restent limitées à certaines sources de langue anglaise tout au long du siècle. Cette question de la distinction entre Newfoundland et Terra Nova traverse les frontières linguistiques et temporelles. Le français moderne ignore au contraire cette différence, employant Terre-Neuve pour désigner l’île de Newfoundland. Cela étant, ma thèse est qu’au xvie siècle, Terre-Neuve possédait une autre signification – celle-là même que j’étudie dans cet article. C’est au début du xviie siècle que le sens large de Terre-Neuve s’est perdu en français et que le terme en est venu à désigner la seule île. Il faudrait mener des recherches plus approfondies pour produire une explication complète de cette évolution, mais cette dernière est vraisemblablement le produit de plusieurs facteurs : l’implantation anglaise dans le sud-est de l’île de Newfoundland, la création de la pêcherie de Petit Nord (où travaillaient principalement les Bretons, ce qui assurait aux Français une présence permanente sur l’île) et l’essor des représentations cartographiques de l’Atlantique du Nord-Ouest (les cartographes avaient tendance à donner des noms à des formes terrestres, à des îles par exemple). Vers la même époque et pour des raisons similaires, Newfoundland a lui aussi acquis un sens plus restreint. Quand Terre-Neuve (et ses variantes orthographiques) apparaît dans les sources citées dans cet article, c’est donc au sens qu’il possédait au xvie siècle ; quand je fais référence à son sens moderne, qui ne renvoie qu’à l’île, j’emploie soit l’expression l’île de Terre-Neuve, soit le nom de la province moderne, Terre-Neuve-et-Labrador.

7 On trouvera quelques exemples de traitement historiographique de ce problème dans Ernesto Bassi, An Aqueous Territory: Sailor Geographies and New Granada’s Transimperial Greater Caribbean World, Durham, Duke University Press, 2016 ; Sharika D. Crawford, The Last Turtlemen of the Caribbean: Waterscapes of Labor, Conservation, and Boundary Making, Chapel Hill, The University of North Carolina Press, 2020 ; Eviatar Zerubavel, Terra Cognita: The Mental Discovery of America, New Brunswick, Transaction Publishers, [1992] 2003 ; Edmundo O’Gorman, The Invention of America: An Inquiry into the Historical Nature of the New World and the Meaning of Its History, Bloomington, Indiana University Press, 1961 ; Ricardo Padrón, The Spacious Word: Cartography, Literature, and Empire in Early Modern Spain, Chicago, The University of Chicago Press, 2004 ; Paul Stock, « History and the Uses of Space », in P. Stock (dir.), The Uses of Space in Early Modern History, New York, Palgrave Macmillan, 2015, p. 1-18. Voir aussi l’excellente analyse de Sandra Pannell dans « Of Gods and Monsters: Indigenous Sea Cosmologies, Promiscuous Geographies and the Depths of Local Sovereignty », in P. Boomgaard (dir.), A World of Water: Rain, Rivers and Seas in Southeast Asian Histories, Leyde, Brill, 2007, p. 71-102.

8 Pour des exemples mettant en évidence cette relation à propos de la zone Pacifique, voir Judith Binney, « Tuki’s Universe », New Zealand Journal of History, 38-2, 2004, p. 215-232 ; Margaret Jolly, « Imagining Oceania: Indigenous and Foreign Representations of a Sea of Islands », The Contemporary Pacific, 19-2, 2007, p. 508-545.

9 À la suite de Jennifer Lee Johnson, j’emploie l’expression « travail de la pêche » (fishwork) et « travailleur de la pêche » (fishworker) pour désigner ceux qui récoltent, transforment et vendent le poisson, ainsi que leurs activités. L’expression « travailleur de la pêche », qui souligne la nature commerciale de ce travail, permet donc de le distinguer essentiellement de la pêche de subsistance. Jennifer Lee Johnson, « Eating and Existence on an Island in Southern Uganda », Comparative Studies of South Asia, Africa and the Middle East, 37-1, 2017, p. 2-23. Dans ses travaux sur les aspects genrés de la pêche à Newfoundland, P. E. Pope défend l’emploi du terme fisherman/men. Voir son article « Fisher Men at Work: The Material Culture of the Champ Paya Fishing Room as a Gendered Site », in J. Willis (dir.), Tu sais, mon vieux Jean-Pierre: Essays on the Archaeology and History of New France and Canadian Culture in Honour of Jean-Pierre Chrestien, Ottawa, University of Ottawa Press, 2017, p. 43-62.

10 L’emploi de Terra Nova, généralement orthographié Terranova, s’est diffusé dans certaines parties de la littérature savante, comme substitut de Newfoundland, notamment chez ceux qui travaillent sur la participation des Basques espagnols à la pêche. Bien que l’emploi de ce terme soit une bonne chose, celui-ci n’a pas encore été interrogé ou considéré comme faisant partie, plus largement, d’un système européen de pensée géographique. Pour quelques exemples, voir Selma Barkham, « The Spanish Province of Terranova », Canadian Archivist, 2-5, 1974, p. 73-83 ; Robert Grenier, Marc A. Bernier et Willis Stevens (dir.), The Underwater Archaeology of Red Bay: Basque Shipbuilding and Whaling in the 16th Century, vol. 1, Archaeology Underwater: The Project, Ottawa, Parks Canada, 2007 ; Miren Egaña Goya, « A Permanent Place in Newfoundland: Seventeenth-Century Basque Tombstones in Placentia », Newfoundland and Labrador Studies, 33-1, 2018, p. 172-199 ; ead., « Basque Toponymy in Canada », Onomastica Canadiana, 74-2, 1992, p. 53-74.

11 Caroline Ménard, La pesca gallega en Terranova, siglos xvi-xviii, Séville, Consejo Superior de Investigaciones Cientificas/Universidad de Sevilla/Diputación de Sevilla, 2008, p. 417.

12 Archives municipales du Havre, EE78, 1359-1669 – Armements navals, « 1543. La Catherine de Rouen affreté et armé pour le voyage de terre-neuve ».

13 P. Carter, The Road to Botany Bay, op. cit. ; Yi-Fu Tuan, « Language and the Making of Place: A Narrative-Descriptive Approach », Annals of the Association of American Geographers, 81-4, 1991, p. 684-696.

14 Tim Ingold, The Perception of the Environment: Essays on Livelihood, Dwelling and Skill, New York, Routledge, [2000] 2002, p. 219.

15 Hieu Phung, « Naming the Red River – Becoming a Vietnamese River », Journal of Southeast Asian Studies, 51-4, 2020, p. 518-537.

16 C’est l’interprétation avancée par l’archéologue P. E. Pope, qui voit dans la pêche une industrie vernaculaire, une activité structurée de manière souple, dans laquelle le savoir était développé et transmis au sein de communautés soudées de travailleurs. Voir son livre Fish into Wine, op. cit., p. 21-32. Plus généralement, sur la connaissance du travail de la pêche, voir James M. Acheson, « Anthropology of Fishing », Annual Review of Anthropology, 10, 1981, p. 275-316 ; Bror Olsen et Trond Thuen, « Secret Places: On the Management of Knowledge and Information about Landscape and Yields in Northern Norway », Human Ecology, 41-2, 2013, p. 273-283 ; Brian M. Fagan, Fishing: How the Sea Fed Civilization, New Haven, Yale University Press, 2017 ; Gísli Pálsson, « Enskilment at Sea », Man, 29-4, 1994, p. 901-927 ; Thorolfur Thorlindsson, « Skipper Science: A Note on the Epistemology of Practice and the Nature of Expertise », The Sociological Quarterly, 35-2, 1994, p. 329-345.

17 Charles O. Frake, « Cognitive Maps of Time and Tide among Medieval Seafarers », Man, 20-2, 1985, p. 254-270.

18 Je m’appuie ici sur des études menées par d’autres chercheurs et moi-même sur la pêche au xvie siècle. La majeure partie des informations fournies dans le présent article provient des archives notariales conservées dans les fonds suivants : Archives départementales (ci-après AD) de la Charente-Maritime (La Rochelle), de la Seine-Maritime (Rouen, Le Havre, Jumièges, Fécamp et Dieppe), du Calvados (Honfleur), de Loire-Atlantique (Le Croisic), de Gironde (Bordeaux) ; Stadsarchief Amsterdam, Westfries Archief (Hoorn et Enkhuizen). J’utilise en outre des documents consultés aux Archives municipales de Saint-Malo, de Rouen, du Havre, de La Rochelle, de Bayonne, de Ciboure, de Saint-Jean-de-Luz et de Biarritz ; à la British Library ; et aux Nationaal Archief des Pays-Bas à La Haye.

19 Sur ce point, je m’appuie notamment sur les travaux suivants : Donna Merwick, Death of a Notary: Conquest and Change in Colonial New York, Ithaca, Cornell University Press, 1999 ; J. Bernard, Navires et gens de mer à Bordeaux…, op. cit. ; Laurier Turgeon, « Pour redécouvrir notre 16e siècle : les pêches à Terre-Neuve d’après les archives notariales de Bordeaux », Revue d’histoire de l’Amérique française, 39-4, 1986, p. 523-549 ; Sylvie Desachy et Archives départementales du Tarn (dir.), De la Ligurie au Languedoc. Le notaire à l’étude, Albi, Un Autre reg’art, 2012.

20 H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., doc. 35, « Pardon to the Mate of a Newfoundland Fishing-Vessel », p. 116-118, ici p. 117. Le document original se trouve aux AD de Loire-Atlantique, B21, Cours et juridictions, fol. 15r-16v, janv. 1513.

21 Selma de L. Barkham, « A Note on the Strait of Belle Isle during the Period of Basque Contact with Indians and Inuit », Études Inuit Studies, 4-1/2, 1980, p. 51-58 ; James A. Tuck et Robert Grenier, Red Bay, Labrador: World Whaling Capital A.D. 1550-1600, St. John’s, Atlantic Archaeology, 1989 ; Brad Loewen et Claude Chapdelaine (dir.), Contact in the 16th Century: Networks Among Fishers, Foragers, and Farmers, Gatineau/Ottawa, Canadian Museum of History/University of Ottawa Press, 2016, p. 1.

22 S. Barkham, « The Basque Whaling Establishments in Labrador… », art. cit. ; Denis Laborde et Laurier Turgeon, « Le parc de l’Aventure basque en Amérique », Ethnologie française, 29-3, 1999, p. 397-408.

23 Par exemple, en mars 1592, le vaisseau La Marie, basé à La Tremblade, en Saintonge, quitta La Rochelle pour Terre-Neuve. Il devait faire « un voyage a la Terre Neufve a la pesche des moulues sur le banc » (AD de la Charente-Maritime, 3 E 203, notaire Bigeard, fol. 89r, 10 mars 1592). Le navire revint au port au mois de septembre.

24 Voir par exemple, AD de la Charente-Maritime, 3 E 221, notaire Cousseau, fol. 66v, 18 avr. 1620. À cette date, La Marie et Le Jacques quittèrent La Rochelle pour un voyage « de terre-neufve sur le banc banquereau ou lisle de sable ».

25 Marq de Villiers et Sheila Hirtle, Sable Island: The Strange Origins and Curious History of a Dune Adrift in the Atlantic, New York, Walker & Co., 2004.

26 Ces expéditions, organisées conjointement par des marchands de Bristol et des colonies açoriennes, employaient souvent des pilotes et des matelots des Açores. Pour les premières expéditions, voir John L. Allen, « From Cabot to Cartier: The Early Exploration of Eastern North America, 1497-1543 », Annals of the Association of American Geographers, 82-3, 1992, p. 500-521 ; Bernard G. Hoffman, Cabot to Cartier: Sources for a Historical Ethnography of Northeastern North America, 1497-1550, Toronto, University of Toronto Press, 1961 ; Samuel Eliot Morison, The European Discovery of America, vol 1, The Northern Voyages, A. D. 500-1600, New York, Oxford University Press, 1971 ; Peter E. Pope, The Many Landfalls of John Cabot, Toronto, University of Toronto Press, 1997.

27 Pour le contexte de 1502, voir David B. Quinn, avec la collaboration d’Alison M. Quinn et Susan Hillier (éd.), New American World: A Documentary History of North America to 1612, vol. 1, America from Concept to Discovery: Early Exploration of North America, New York, Arno Press, 1979, p. 110-119.

28 En janvier 1576, les notaires Pierre Gonnyer et Jehan Champaigne établirent dans le port normand de Honfleur un contrat pour le navire Le Jehan, qui devait partir au printemps pour les « terres neufves ». À l’entrée suivante, au bas de la même page, ils écrivirent que le navire L’Esperance se rendait à « terre neuve » (AD du Calvados, 8E/6500, fol. 22r-22v).

29 Peter E. Pope, « Chapter Four. Transformation of the Maritime Cultural Landscape of Atlantic Canada by Migratory European Fishermen, 1500-1800 », in L. Sicking et D. Abreu-Ferreira (dir.), Beyond the Catch: Fisheries of the North Atlantic, the North Sea and the Baltic, 900-1850, Leyde, Brill, 2008, p. 123-154, ici p. 123.

30 Dans un article récent, deux membres du « Cabot Project », Margaret Condon et Evan Jones, ont révélé un nouveau document lié à l’explorateur William Weston qui désigne la région sous le nom de « nova terre ». Ils le datent du début de l’année 1501 et soulignent sa proximité avec l’expression Terra Nova. Toutefois, ils n’examinent pas pleinement la signification de cette dernière, tout en reconnaissant qu’elle constitue une alternative à Newfoundland. Bien que nova terre ressemble à Terra Nova, l’ordre des mots et le fait que la première expression soit en latin dans un document rédigé dans cette langue la distinguent du terme portugais, qui s’est diffusé après 1501. Aussi doit-on la traiter avec prudence, car il ne s’agit peut-être que d’une occurrence isolée. Voir Margaret M. Condon et Evan T. Jones, « William Weston: Early Voyager to the New World », Historical Research, 91-254, 2018, p. 628-646, ici p. 631.

31 Sur le moment normand, voir Michael Wintroub, The Voyage of Thought: Navigating Knowledge across the Sixteenth-Century World, Cambridge, Cambridge University Press, 2017.

32 Voir aussi la carte réalisée en 1511 par Vesconte Maggiolo, citée ci-dessous, n. 67. Sur Corte-Real, voir H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., docs 21-24a, p. 59-70 et doc 27, p. 92-96 ; et S. E. Morison, The European Discovery of America, vol. 1, op. cit.

33 H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., doc. 24, « Royal Confirmation to Michael Corte Real of the Lands Granted to Him by His Brother Gaspar, 1502 », p. 67-70, ici p. 68.

34 Ibid., doc. 28, « A Tax Laid on Newfoundland Cod in Portugal, 1506 », p. 96-97, ici p. 96.

35 Les liens entre marins bretons et portugais semblent avoir été particulièrement importants. Voir à ce propos Henri Touchard, Le commerce maritime breton à la fin du Moyen Âge, Paris, Les Belles Lettres, 1967 ; A. H. de Oliveira Marques, « Bretanha e Portugal no século xv », Arquipélago – Revista da Universidade dos Açores, 1-1, 1995, p. 21-28.

36 Pour le procès de 1508, voir Rouen, AD de la Seine-Maritime, série 001B, Parlement de Normandie, no 324, 21 oct. 1508. Pour la carte, datée de 1507-1508, voir Johannes Ruysch, Universalior Cogniti Orbis Tabula Ex Recentibus Confecta Observationibus, Rome, Bernardinus Venetus de Vitalibus, 1508, Providence, John Carter Brown Library, département des cartes, https://jcb.lunaimaging.com/luna/servlet/s/fnjc1m ; Gregory C. McIntosh, The Johannes Ruysch and Martin Waldseemüller World Maps: The Interplay and Merging of Early Sixteenth Century New World Cartographies, Long Beach, Plus Ultra Publishing, 2012.

37 Pour l’Aragon, voir H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., doc. 32, « Warrant of Queen Joanna to Juan de Agramonte Covering the Agreement with King Ferdinand for a Voyage to Newfoundland », p. 102-107, ici p. 102. Pour Nantes, voir AD de Loire-Atlantique, B21, Cours et juridictions, fol. 15r-16v, janv. 1513. Pour Beauport, voir Saint-Brieuc, AD des Côtes d’Armor, H 69, abbaye Notre-Dame de Beauport (1198-1790).

38 Pour Capbreton, voir Archives municipales de Capbreton, CC 5. Pour la Galice, voir C. Ménard, La pesca gallega en Terranova…, op. cit., p. 417.

39 Un document d’État daté de 1520, qui traite de la préparation de deux navires pour un voyage en Irlande, fait référence à l’achat de « 200 Newlond fishe » (Letters and Papers, Foreign and Domestic, of the Reign of Henry VIII: Preserved in the Public Record Office, the British Museum, and Elsewhere in England, éd. par J. S. Brewer, vol. 3, 1re partie, 1519-1521, Londres, Longman, Green, Longman, & Roberts, 1867, no 800, « Costs of Preparing the Two Galleys for Transporting the Earl of Surrey into Ireland », p. 279).

40 H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., p. 109.

41 Sur les liens entre Bretons et Portugais, voir H. Touchard, Le commerce maritime breton…, op. cit. ; A. H. de Oliveira Marques, « Bretanha e Portugal no século xv », art. cit.

42 Le 1er octobre 1516, le Frances de Saint-Brieuc et, le 10 septembre 1517, le Kateryn de Honfleur déchargèrent leur cargaison de poissons. L’un et l’autre venaient, selon les sources, de Terra Nova. Susan Flavin et Evan T. Jones, « Bristol ‘Particular’ Customs Account, 1516/17 », 3 avr. 2009, transcription et traduction du compte rendu rédigé à propos de Bristol pour les années 1516-1517 par le contrôleur « particulier » de l’Échiquier, Kew, The National Archives, E122/21/2, http://hdl.handle.net/1983/1297 (ici, colonnes 13-14 et 3515-3516). Dans leur analyse de ces archives, les éditeurs traduisent cette expression par « Nouveau Monde ». Comme nous le verrons plus loin, cette interprétation prête à confusion. La base de données conserve le terme original, Terra Nova. Voir id., Bristol’s Trade with Ireland and the Continent 1503-1601: The Evidence of the Exchequer Customs Accounts, Dublin, Four Courts Press, 2009.

43 Par exemple, H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., doc. 6, « new Isle » et « New Ilande », p. 12 ; doc. 7, « ixole nove », p. 13 ; et doc. 8, « insule nove », p. 15.

44 Stephanie Pettigrew et Elizabeth Mancke, « European Expansion and the Contested North Atlantic », Terrae Incognitae, 50-1, 2018, p. 15-34. Les autrices indiquent que les Hollandais appelaient Spitsbergen/Svalbard Nieuw Landt, mais il semble que cette expression a été rapidement remplacée par ses noms les plus courants. Novaya Zemlya est le nom russe moderne, traduction littérale de Terre neuve.

45 Jeffrey Bolster l’a fait très explicitement. Dans la partie de The Mortal Sea intitulée « Assessing Abundance » (« Évaluer l’abondance »), il explique la réaction des Européens face à la quantité, la variété et la qualité de la faune marine dans l’Atlantique du Nord-Ouest, qui, selon lui, contrastaient avec la raréfaction supposée des réserves de poissons en Europe : « Les voyages des explorateurs étaient donc des voyages dans l’espace autant que dans le temps – dans le temps écologique : leurs descriptions étaient le reflet non seulement de l’abondance américaine, mais aussi de l’appauvrissement des systèmes côtiers européens […] rien d’autre n’explique la stupéfaction des [premiers explorateurs]. […] Plus rien de ce qu’ils avaient tenu pour acquis n’avait de sens » (J. Bolster, The Mortal Sea, op. cit., p. 34-48, ici p. 45). Cette idée a récemment trouvé écho auprès d’une équipe d’historiens des pêcheries, qui considèrent les premières évocations de Caboto faisant état d’abondantes réserves de poissons comme le début d’une « Révolution de la pêche » et les emploient pour développer une approche quantitative de l’histoire de la pêche au xvie siècle : voir Poul Holm et al., « The North Atlantic Fish Revolution (ca. AD 1500) », Quaternary Research, 108, 2022, p. 92-106.

46 Laurier Turgeon est allé jusqu’à avancer que « New Land [Terra Nova] évoquait les origines mythiques d’un territoire vierge, exempt du péché originel. […] Ce terme exprimait l’espoir d’atteindre l’utopie du paradis terrestre ». Image merveilleusement poétique, où l’on voit l’île et les eaux de Terra Nova sortir de l’Atlantique comme un cadeau du ciel pour offrir des opportunités et des richesses faciles à tous ceux qui traversent la mer. Voir L. Turgeon, « Codfish, Consumption, and Colonization… », art. cit., p. 49.

47 Keith Matthews, « A History of the West of England-Newfoundland Fishery », thèse de doctorat, University of Oxford, 1968 ; Gillian T. Cell, English Enterprise in Newfoundland, 1577-1660, Toronto, University of Toronto Press, 1969 ; David H. Sacks, The Widening Gate: Bristol and the Atlantic Economy, 1450-1700, Berkeley, University of California Press, 1991. Sur Parkhurst, voir David B. Quinn, avec la collaboration d’Alison M. Quinn et Susan Hillier (éd.), New American World: A Documentary History of North America to 1612, vol. 4, Newfoundland from Fishery to Colony: Northwest Passage Searches, New York, Arno Press, 1979, p. 7.

48 Giovanni Battista Ramusio, Delle nauigationi et viaggi […],vol. 3, Venise, Luca Antonio Giunti, 1556, p. 423-434. Pour des extraits, voir William Gilbert, « Beothuk-European Contact in the 16th Century: A Re-evaluation of the Documentary Evidence », Acadiensis, 40-1, 2011, p. 24-44.

49 Jean Alfonse, Les voyages avantureux dv capitaine Jan Alfonce, Sainctongeois, éd. M. de Saint-Gelais, Poitiers, J. de Marnef, 1559, p. 27.

50 Pendant une grande partie du xvie siècle, la plupart des Européens associaient la morue à l’Islande, aux Shetland et à la Norvège plutôt qu’à Terra Nova. Dans les années 1590 – soit près d’un siècle après l’essor de la pêcherie de Terre-Neuve –, un manuel militaire anglais recommandait encore que les soldats mangent « de la morue des shotland [Shetland] » pour conserver leurs forces et leur santé. William Garrard, The Arte of Warre: Beeing the Onely Rare Booke of Myllitarie Profession […] Corrected and Finished by Captaine Hichcock, [Londres], [John Charlewood et William Howe ?] for Roger Warde, 1591, p. 362.

51 G. B. Ramusio, Delle nauigationi et viaggi […], vol. 1, op. cit., 1550, p. 301.

52 Alessandro Magno, « Account of Alessandro Magno’s journeys to Cyprus, Egypt, Spain, England, Flanders, Germany and Brescia, 1557-1565 », Washington, Folger Shakespeare Library, MS V.a.259.

53 La citation originale provient de Visboek d’Adriaen Coenen, écrit dans les années 1570. Sur ce texte, voir Christiaan van Bochove, « Chapter seven. The ‘Golden Mountain’: An Economic Analysis of Holland’s Early Modern Herring Fisheries », in L. Sicking et D. Abreu-Ferreira (dir.), Beyond the Catch, op. cit., p. 209-243 ; Floris P. Bennema et Adriaan D. Rijnsdorp, « Fish Abundance, Fisheries, Fish Trade and Consumption in Sixteenth-Century Netherlands as Described by Adriaen Coenen », Fisheries Research, 161, 2015, p. 384-399.

54 Rouen, AD de la Seine-Maritime, série 001B, Parlement de Normandie, no 324, 21 oct. 1508.

55 AD de la Charente-Maritime, 3 E 203, notaire Bigeard, 1592 ; AD du Calvados, 8E/6510, notaires Pierre Debaonne et Jehan Robinet, 1598.

56 Henry Percival Biggar, A Collection of Documents Relating to Jacques Cartier and the Sieur de Roberval, Ottawa, Public Archives of Canada, 1930, doc. 212, « Examination of Newfoundland Sailors Regarding Cartier », p. 447-467.

57 Une copie du rapport relatif à cette agression se trouve dans la collection Vargas Ponce du Musée de la marine de Madrid (coll. Vargas Ponce, livre I, no 18). L’original est conservé à l’Archivo histórico provincial de Guipúzcoa, JD IM/2/12/11. Pour cet article, je me suis servi de la transcription réalisée par l’historien français Édouard Ducéré dans son ouvrage Histoire maritime de Bayonne. Les corsaires sous l’Ancien Régime, Bayonne, E. Hourquet, 1895, appendice 1, p. 333-344.

58 Voir, par exemple, Stadsarchief Amsterdam, 75/99-101, 10 oct. 1596, navire de Zeeridder, parti à « Terra Neuf » pour acheter du poisson.

59 An., « Regyme pour congnoistre la latitude de la region et aussi la haulteur de la ligne equinotialle sur nostre horizon », Paris, Bibliothèque nationale de France, mss français 24269. Ce texte fut probablement rédigé au milieu des années 1540, peut-être en 1544 si l’on en juge par les dates contenues dans l’almanach. On ne connaît pas avec certitude l’identité de son auteur, plusieurs possibilités ayant été évoquées, par exemple le marchand Jean Cordier. Sur le contexte normand, voir Michel Mollat du Jourdin, Le commerce maritime normand à la fin du Moyen Âge. Étude d’histoire économique et sociale, Paris, Plon, 1952 ; Charles Bréard et Paul Bréard (éd.), Documents relatifs à la marine normande et à ses armements aux xvie et xviie siècles pour le Canada, l’Afrique, les Antilles, le Brésil et les Indes, Rouen, A. Lestringant, 1889.

60 AD des Côtes d’Armor, 1 E, 1573-1606, 2783, fol. 35.

61 Roger Schlesinger et Arthur Stabler (éd.), André Thevet’s North America: A Sixteenth-Century View, Kingston, McGill-Queen’s University Press, [1986] 2014, p. 54.

62 D. B. Quinn, A. M. Quinn et S. Hillier (dir.), Newfoundland from Fishery to Colony, op. cit., p. 7.

63 Ce lieu étrange et mythique ne cessa de figurer sur les cartes pendant une grande partie du xvie siècle. Voir Kirsten A. Seaver, « Norumbega and Harmonia Mundi in Sixteenth‐Century Cartography », Imago Mundi, 50-1, 1998, p. 34-58.

64 Chet Van Duzer et Lauren Beck, Canada before Confederation: Maps at the Exhibition, Wilmington, Vernon Press, 2017 ; Derek Hayes, America Discovered: A Historical Atlas of North American Exploration, Vancouver, Douglas & McIntyre, 2004.

65 Alban Berson, « L’île aux démons : cartographie d’un mirage », Borealia: Early Canadian History, oct. 2018, https://earlycanadianhistory.ca/2018/10/24/lile-aux-demons-cartographie-dun-mirage/ ; C. Van Duzer et L. Beck, Canada before Confederation, op. cit. ; R. Schlesinger et A. Stabler (éd.), André Thevet’s North America, op. cit.

66 Frank Lestringant, Le livre des îles. Atlas et récits insulaires de la Genèse à Jules Verne, Genève, Droz, 2002, p. 151-177.

67 Providence, John Carter Brown Library, département des cartes, 3-Size Codex Z 2, Vesconte de Maggiolo, [Carte du monde], Naples, 1511.

68 Gregory C. McIntosh, The Vesconte Maggiolo World Map of 1504 in Fano, Italy, Long Beach, Plus Ultra, 2013 ; Massimo Quaini, « Cartographic Activities in the Republic of Genoa, Corsica, and Sardinia in the Renaissance », in D. Woodward (dir.), The History of Cartography, vol. 3, Cartography in the European Renaissance, 1re partie, Chicago, The University of Chicago Press, 2007, p. 854-873 ; G. C. McIntosh, The Johannes Ruysch and Martin Waldseemüller World Maps, op. cit.

69 Pour une utile vue d’ensemble de la cartographie concernant Newfoundland et le Canada, agrémentée de plusieurs exemples détaillés, voir le récent recueil dirigé par C. Van Duzer et L. Beck, Canada before Confederation, op. cit. ; William Francis Ganong, Crucial Maps in the Early Cartography and Place-Nomenclature of the Atlantic Coast of Canada, éd. par T. E. Layng, Toronto, University of Toronto Press, 1964.

70 G. C. McIntosh, The Johannes Ruysch and Martin Waldseemüller World Maps, op. cit. Pour l’emploi du terme dans une lettre du roi d’Espagne à Cabot, voir H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., doc. 34, « Sebastian Cabot Consulted about Newfoundland », p. 115-116.

71 Pour des exemples, voir C. Van Duzer et L. Beck, Canada before Confederation, op. cit., p. 36 et 68-69. Voir aussi l’exemple de Champlain qui, au début du xviie siècle, emploie bacalao pour désigner une petite île : Miren Egaña Goya, « Presencia de los pescadores vascos en Canadá s. xvii : Testimonio de las obras de Samuel de Champlain (1603-1633) », Zainak. Cuadernos de Antropología-Etnografía, 33, 2010, p. 375-392, ici p. 384.

72 Alonso de Santa Cruz, Islario general de todas las islas del mundo, Madrid, Biblioteca nacional de España, Ms Res. 38 (1539-1560), fol. 298r.

73 Pour une bonne analyse de bacalao en tant que toponyme, voir M. E. Goya, « Basque Toponymy in Canada », art. cit., p. 55-57. L’article contient un certain nombre d’exemples d’emploi de bacalao sur les cartes conservées et dans les textes géographiques. Sur l’étymologie de bacalaos, voir Joan Coromines, Diccionario crítico etimológico de la lengua castellana, vol. 1, A-C, Berne, Editorial Francke, 1954, p. 358-359.

74 An., « Regyme pour congnoistre la latitude… », doc. cit. Faulqnetz correspond sans doute à fauconnet. On ne sait pas quel genre d’oiseau désigne le mot marmyons. L’identité de l’auteur de ces passages sur Terre-Neuve n’a pu être établie (un nom est écrit sur la dernière page du carnet, au milieu de plusieurs croquis).

75 Stephanus Parmenius, The New Found Land of Stephen Parmenius: The Life and Writings of a Hungarian Poet, Drowned on a Voyage from Newfoundland, 1583, éd. et trad. par D. B. Quinn et N. M. Cheshire, Toronto, University of Toronto Press, [1972] 1981.

76 Ibid., p. 70.

77 D. B. Quinn, avec la collab. d’A. M. Quinn et S. Hillier (éd.), America from Concept to Discovery, op. cit., doc. 148-152, p. 206-214.

78 H. P. Biggar, A Collection of Documents…, op. cit., doc. 212, « Examination of Newfoundland Sailors Regarding Cartier », p. 446-467. Pour le témoignage d’Odelica, voir ibid., p. 459-464.

79 Ibid. Pour le témoignage de Lefant, voir ibid., p. 448-454.

80 Je m’appuie ici sur T. Ingold, The Perception of the Environment, op. cit. ; P. Carter, The Road to Botany Bay, op. cit. ; Ricardo Padrón, « Mapping Plus Ultra: Cartography, Space, and Hispanic Modernity », Representations, 79-1, 2002, p. 28-60 ; Y.-F. Tuan, « Language and the Making of Place », art. cit. ; S. Pannell, « Of Gods and Monsters », art. cit.

81 T. Ingold, The Perception of the Environment, op. cit., p. 229-230 (souligné dans l’original).

82 Alfred Gell, « How to Read a Map: Remarks on the Practical Logic of Navigation », Man, 20-2, 1985, p. 271-286.

83 R. Padrón, « Mapping Plus Ultra », art. cit.

84 A. Gell, « How to Read a Map », art. cit., p. 282.

85 María Nieves Zedeño, « On What People Make of Places: A Behavioral Cartography », in M. B. Schiffer (dir.), Social Theory in Archaeology, Salt Lake City, University of Utah Press, 2000, p. 97-112, ici p. 107.

86 Christer Westerdahl, « The Maritime Cultural Landscape », The International Journal of Nautical Archaeology, 21-1, 1992, p. 5-14, ici p. 5 (souligné dans l’original).

87 Pour une description des pratiques du métier, voir Charles de La Morandière, La pêche française de la morue à Terre-Neuve du xvie siècle à nos jours. Son importance économique, sociale et politique, Paris, EPHE, 1967 ; P. E. Pope, « Transformation of the Maritime Cultural Landscape », art. cit. ; Olaf U. Janzen, « The Logic of English Saltcod: An Historiographical Revision », The Northern Mariner/Le marin du nord, 23-2, 2013, p. 123-134.

88 Cette formule était omniprésente dans les contrats d’obligation, d’avittaillement et de congé qui forment l’essentiel des documents des archives notariales et municipales. Sur le langage des notaires, voir L. Turgeon, « Pour redécouvrir notre 16e siècle », art. cit. ; J. Bernard, Navires et gens de mer à Bordeaux…, op. cit.

89 H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., doc. 28, « A Tax Laid on Newfoundland Cod in Portugal, 1506 », p. 96-97.

90 P. E. Pope, « Transformation of the Maritime Cultural Landscape », art. cit., p. 124.

91 Marcus Rediker, Les forçats de la mer. Marins, marchands et pirates dans le monde anglo-américain, 1700-1750, trad. par F. Alpi, Paris, Libertalia, [1987] 2010 ; id., Les hors-la-loi de l’Atlantique. Pirates, mutins et flibustiers, trad. par A. Blanchard, Paris, Éd. du Seuil, [2014] 2017 ; Paul C. van Royen, Jaap Bruijn et Jan Lucassen (dir.), Those Emblems of Hell? European Sailors and the Maritime Labour Market, 1570-1870, Liverpool, Liverpool University Press, 1997. On trouvera un meilleur point de comparaison dans l’ouvrage de Daniel Vickers et Vince Walsh, Young Men and the Sea: Yankee Seafarers in the Age of Sail, New Haven, Yale University Press, 2005.

92 Voir la liste d’équipage conservée aux AD des Côtes d’Armor, 1 E, 1573-1606, 2783. Voir aussi Romain Grancher, « Fishermen’s Taverns: Public Houses and Maritime Labour in an Early Modern French Fishing Community », International Journal of Maritime History, 28-4, 2016, p. 671-685.

93 « Le 26 du mois arrivasmes à Tadoussac, où il y avoit des vaisseaux qui y estoient arrivez dés le 18, ce qui ne s’estoit veu il y a plus de 60 ans, à ce que disoient les vieux mariniers qui voguent ordinairement audit pays » (Samuel de Champlain, The Works of Samuel de Champlain, vol. 2, 1608-1613, éd. par H. P. Biggar, trad. par J. Squair et W. F. Ganong, Toronto, Champlain Society, 1925, p. 117).

94 Fikret Berkes, Sacred Ecology: Traditional Ecological Knowledge and Resource Management, Philadelphie, Taylor and Francis, 1999.

95 M. E. Goya, « A Permanent Place in Newfoundland », art. cit. Pour des éléments attestant les rites d’enterrement chrétiens, voir Lori M. White, « The Saddle Island Cemetery: A Study of Whalers at a Sixteenth-Century Basque Whaling Station in Red Bay, Labrador », mémoire de master, Memorial University of Newfoundland, 2015.

96 H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., doc. 61, « A Projected Voyage to Newfoundland », p. 136.

97 An., « Regyme pour congnoistre la latitude… », doc. cit. Il s’agit vraisemblablement du port de Renews, dans la péninsule d’Avalon, qui a reçu son nom d’un marchand-aventurier normand qui visita la région vers 1508.

98 H. P. Biggar (éd.), A Collection of Documents, op. cit., doc. 212, « Examination of Newfoundland Sailors Regarding Cartier », p. 448-454.

99 De récentes recherches archéologiques ont montré l’étroitesse des liens culturels et commerciaux entretenus entre les communautés des Premières Nations et les travailleurs de la pêche. Néanmoins, au xvie siècle, ces échanges entre les deux groupes étaient limités sur le plan des schémas de comportement, de la diffusion des savoirs et des relations sociales. Voir Jack Bouchard, « ‘Gens sauvages et estranges’: Amerindians and the Early Fishery in the Sixteenth-Century Gulf of St. Lawrence », in C. Campbell, E. MacDonald et B. Payne (dir.), The Greater Gulf: Essays on the Environmental History of the Gulf of St. Lawrence, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2020, p. 35-68 ; Marcel Moussette, « A Universe under Strain: Amerindian Nations in North-Eastern North America in the 16th Century », no spécial « The Recent Archaeology of the Early Modern Period in Québec City », Post-Medieval Archaeology, 43-1, 2009, p. 30-47.

100 Pour une bonne vue d’ensemble du problème documentaire, voir W. Gilbert, « Beothuk-European Contact in the 16th Century », art. cit. On trouvera des textes qui comptent parmi les meilleurs travaux archéologiques récents dans l’ouvrage B. Loewen et C. Chapdelaine (dir.), Contact in the 16th Century, op. cit.

101 Sur la fraternisation, voir le récit donné par Lefant et de Odeliça dans H. P. Biggar (éd.), A Collection of Documents, op. cit., doc. 212, « Examination of Newfoundland Sailors Regarding Cartier », p. 448-464. Voir aussi Charles A. Martijn, « Early Mikmaq Presence in Southern Newfoundland: An Ethnohistorical Perspective, c. 1500-1763 » et Charles A. Martijn, Selma Barkham et Michael M. Barkham, « Basques? Beothuk? Inuit? Innu? or St. Lawrence Iroquoians? The Whalers on the 1546 Desceliers Map, Seen through the Eyes of Different Beholders », no spécial « The New Early Modern Newfoundland: Part 2 », Newfoundland and Labrador Studies, 19-1, 2003, p. 44-102 et 187-206 ; Peter Bakker, « ‘The Language of the Coast Tribes is Half Basque’: A Basque-American Indian Pidgin in Use between Europeans and Native Americans in North America, ca. 1540-ca. 1640 », Anthropological Linguistics, 31-3/4, 1989, p. 117-147.

102 Donald H. Holly Jr., Christopher Wolff et John Erwin, « The Ties That Bind and Divide: Encounters with the Beothuk in Southeastern Newfoundland », Journal of the North Atlantic, 3, 2010, p. 31-44 ; Donald H. Holly Jr., « Social Aspects and Implications of ‘Running to the Hills’: The Case of the Beothuk Indians of Newfoundland », Journal of Island & Coastal Archaeology, 3-2, 2008, p. 170-190 ; Denys Delâge, Bitter Feast: Amerindians and Europeans in Northeastern North America, 1600-64, Vancouver, University of British Columbia Press, 1993.

103 Anja Kanngieser et Zoe Todd, « From Environmental Case Study to Environmental Kin Study », History & Theory: Studies in the Philosophy of History, 59-3, 2020, p. 385-393, ici p. 386. Voir aussi Zoe Todd, « Fish Pluralities: Human-Animal Relations and Sites of Engagement in Paulatuuq, Arctic Canada », in F. Laugrand (dir.), no spécial « Cultures inuit, gouvernance et cosmopolitiques/Inuit Cultures, Governance and Cosmopolitics », Études Inuit Studies, 38-1/2, 2014, p. 217-238.

104 Susan M. Manning, « Contrasting Colonisations: (Re)Storying Newfoundland/Ktaqmkuk as Place », Settler Colonial Studies, 8-3, 2018, p. 314-331.

105 Ce problème est examiné, à propos des débuts de la cartographie, dans l’ouvrage de B. G. Hoffman, Cabot to Cartier, op. cit.

106 Sur les mutations postérieures à 1580, voir G. T. Cell, English Enterprise in Newfoundland…, op. cit. ; ead., Newfoundland Discovered: English Attempts at Colonisation, 1610-1630, Londres, Hakluyt Society, 1982 ; P. E. Pope, Fish into Wine, op. cit. ; B. Loewen et V. Delmas, « Les occupations basques dans le golfe du Saint-Laurent », art. cit. ; Maarten Heerlien, « Van Holland naar Cupidos Koe : Hollandse Newfoundlandhandel in de context van de internationale kabeljauwvisserij bij Newfoundland in de zestiende en de zeventiende eeuw », mémoire de master, université de Groningue, 2005 ; Poul Holm et al., « Accelerated Extractions of North Atlantic Cod and Herring, 1520-1790 », Fish and Fisheries, 23-1, 2022, p. 54-72 ; Raymonde Litalien et Denis Vaugeois (dir.), Champlain. La naissance de l’Amérique française, Sillery/Paris/La Rochelle, Septentrion/Nouveau monde/Conseil général de la Charente-Maritime, 2004.

107 Voir, pour le premier cas, E. Bassi, An Aqueous Territory, op. cit. ; et, pour le second, S. D. Crawford, The Last Turtlemen of the Caribbean, op. cit.

108 T. Thorlindsson, « Skipper Science », art. cit., p. 343.

109 AD des Côtes d’Armor, H 69, abbaye Notre-Dame de Beauport, 1514. On trouvera une transcription dans H. P. Biggar (éd.), The Precursors of Jacques Cartier…, op. cit., doc. 36, « Agreement between the Monks of Beauport and the Inhabitants of the Island of Bréhat », p. 118-123, ici p. 119. En 1524, les habitants de Saint-Waast, en Normandie, furent traduits devant le tribunal de Rouen, où ils arguèrent que la morue de Terre-Neuve, qu’ils pêchaient depuis des années, n’était pas soumise aux taxes locales, qu’ils ne payaient pas depuis longtemps (Rouen, AD de la Seine-Maritime, série 001B, Parlement de Normandie, no 388, 23 déc. 1524).