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Sainteté et sauvagerie. Deux images du paysan au Moyen Age

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Paul Freedman*
Affiliation:
Vanderbilt University, Nashville, Tennessee

Extract

Dans l'Europe médiévale aussi bien que dans l'Europe moderne, les classes aisées et privilégiées trouvaient la société rurale étrange, déroutante et d'un primitivisme choquant. Sans doute, un engouement pour une vie simple et pastorale faisait de temps en temps surface, mais crainte, mépris et pitié étaient les sentiments les plus fréquemment exprimés à l'égard des habitants du monde des paysans. La campagne que La Bruyère connaissait, était remplie de « certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes». Plus proche de l'époque contemporaine, Carlo Levi rappelle l'horreur qu'il eut au début de son exil politique à Lucania dans le sud profond de l'Italie, où les paysans eux-mêmes lui disaient : «Nous ne sommes pas des chrétiens, le Christ s'est arrêté à Eboli, nous ne sommes pas des chrétiens, nous ne sommes pas des êtres humains ; on ne nous considère pas comme des hommes mais simplement comme des bêtes… ».

Summary

Summary

It is often remarked that peasants in medieval literature, art, and historiography are depicted as coarse, fit only for labor, even as bestial. There was also a tradition emphasizing the suffering and simplicity of rustics who vere protrayed as closest to God and salvation by reason of their wretched but virtuous condition on earth. Aspects of this dual image could be reconciled by invoking a supposed harmony between terrestrial obedience and heavenly reward. Particularly in the period after 1350, however, the contradiction between favorable and unfavorable images sharpened. Late-medieval denunciations of servitude and even justifications for peasant revolts are related to the lamentations and praise of rural labor found in earlier discourse.

Type
Les Systèmes Symboliques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1992

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References

Notes

Je voudrais exprimer ici ma gratitude à Phyllis Roberts, Clarence Walker, André Vauchez, Teofilo Ruiz, Patrick Geary et Robert Bartlett pour leurs avis et leurs commentaires.

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10. Point souligné par Micheline De Combarieu, «Image et représentation du vilain dans les chansons de geste (et dans quelques autres textes médiévaux), Sénéfiance 5, 1978 (Exclus et systèmes d'exclusion dans la littérature et la civilisation médiévales), pp. 14-15, citant des exemples du Couronnement de Louis et Aliscans. Le vilain dans le Yvain de Chrétien De Troyes « ressambloit mor»(v. 288).

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15. Virgile, Géorgiques, II, 458ff.

16. Par exemple, Jacques de Vitry (comparer avec la note 8 ci-dessus et la note 78 ci-après ; Hans Rosenplût (actif au milieu du xve siècle), auteur de pièces de carnaval qui se moquent des paysans et les attaquent, mais aussi d'un poème « Der Bauern Lob » faisant l'éloge des paysans et de leur travail indispensable, voir bezold, F. Von, « Die « armen Leute » und die deutsche Literatur des spâteren Mittelalters » Historische Zeitschrift, 41, 1879, pp. 3134 Google Scholar; Wittenwiler, Heinrich, Der Ring, Sowinski, Bernhard éd., Stuttgart, 1988, vv. 42-48, p. 4 Google Scholar (éloge du travail honnête des paysans) et vv. 7866-7872, p. 336 (les paysans ne répondent qu'au traitement violent, non aux demandes courtoises).

17. Ceci doit évidemment modifier certaines idées présentées par Bakhtin, Michail, Rabelais and his World, Cambridge, 1968 Google Scholar; lre édition Moscou, 1964 (trad. frse, L'OEuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance, Paris, Gallimard, 1970). Voir également Gurevich, Aaron, Médiéval Popular Culture. Problems of Belief and Perception, trans. Bak, Jânos M. et Hollingsworth, Paul A., Cambridge, 1988, pp. 176210.Google Scholar

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19. M. Bakhtin, Rabelais and his World, pp. 196-213.

20. H. Hùgli, Der deutsche Bauer im Mittelalter, pp. 4-5. On dit aussi que les paysans sont reliés aux ânes et aux boeufs. Voir le même « Catéchisme des paysans », cité note 7 ci-dessus.

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23. Sur saint Augustin, Isidore et leur influence, voir Otto Gerhard Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der « Gesellschaft » bei Adalbero von Laon. Deutungsschema der sozialen Wirklichkeit im frùheren Mittelalter», FruhmittelalterlicheStudien, 12, 1978, pp. 27-29.

24. Genèse, 9, 22-27. La malédiction n'affectait que les descendants de Cham par l'intermédiaire de Canaan, un de ses quatre fils. La postérité de Canaan devait être soumise à leurs parents. Comprendre pourquoi la malédiction ne concernait pas Cham directement et pourquoi tous n'en furent pas l'objet fut le sujet d'un considérable débat entre les érudits. Voir Philon, Desobrietate, X-XI (44-54) ; Ephraim Isaac, « Genesis, Judaism and the Sons of Ham », Slavery and Abolition, 1, 1980, 3-17. Ambroise, De Helia et ieiunio, 5, 11, soutient que la servitude n'aurait jamais fait son apparition dans le monde s'il n'y avait pas eu le vin (l'ivresse de Noé). Ceci sera répété dans le livre fondamental du droit canonique au xne siècle de Gratten, Decretum Magistri Gratiani, dist. 25, c. 8, parag. 3, Emil Friedberg éd., Corpus iuris canonici, vol. 1, Leipzig, 1879; repris Graz, 1959. La malédiction de Noé comme explication de l'esclavage fut mieux connue par le De civitate Dei de saint Augustin, XIX, 15. Pour son histoire postérieure, voir Herbert Kolb, « Ûber den Ursprung der Unfreiheit : Eine Quaestio im Sachsenspiegel », Zeitschrift fur deutsches Altertum, 103, 1974, 295-301. Dans l'Antiquité tardive et le Moyen Age, on pensait que Cham s'était moqué de son père et n'avait pas simplement refusé de recouvrir sa nudité.

25. Voir par exemple Chrysostome, Jean, Homilia in Mattaeum, n ° 61/63, Migne, PG 58, 591592.Google Scholar

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29. G. Duby, op. cit.

30. Historia comitum Ghisnensium, MGH, Scriptores vol. 24, pp. 570-571.

31. Historia Gaufredi, Ducis Normannorum et Comitis Andevagorum dans Chroniques des comtes d'Anjou et des seigneurs d'Amboise, Louis Halphen et René Poupardin éds, Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire, n° 48, Paris, 1913, p. 184 : «Non ut pauperem dives contempsit sed, ut homo hominem recognoscens, in unius miseria communem hominum calamitem déplorât… ».

32. Etienne Langton, commentaire sur Osée, Paris, BN, lat. 505, ff. 23r-23v; commentaire sur Isaïe, Paris, BN, lat. 492, f. 24v ; Bibl. Mazarine 177, f. 134r ; Bibl. de l'Arsenal 87, f. 165r.

33. Londres, Lambeth Palace Library, MS 71, ff. 123r-127r, f. 138r; Vienne, Ôsterreichische Nationalbibliothek, MS 1395, ff. lr-8v.

34. Chronicle of John of Worcester 1118-1140, J. R. H. Weaver éd., Anecdota Oxoniensia, vol. 13, Oxford, 1908, p. 32. Je remercie le professeur C. Warren Hollister pour cette référence.

35. Op. cit., O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung », p. 30 : Hoc genus afflictum nil possidet absque labore. Quis abaco poterit numerando retexere uerbis servorum studium, cursus, tantosque labores ? Tesaurus, uestis, cunctis sunt pascua serui; Nam valet ingenuus sine seruis uiuere nullus. Cum labor occurrit, sumptus et habere perobtant, Rex et pontifices seruis seuire uidentur. Pascitur a seruo dominus quem pascere sperat Seruorum lacrimae gemitus non terminus ullus.

36. Voir également G. Duby, op. cit., pp. 159-160.

37. «De diversis ordinibus hominum», dans Wright, Thomas éd., The Latin Poems Commonly Attributed to Walter Mapes, Londres, 1841 Google Scholar ; repris Hildesheim, 1968, p. 235 ; Honorius Augustodunensis, Elucidarium, PL, 172, col. 1149 (voir plus loin note 82); F. Martini, Das Bauerntum, pp. 110-115, 220-239.

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40. Comme, par exemple, dans Hugues Capet, éd. le marquis de La Grange, Paris, 1864, p. 126: Au vrai considérer, et tôt povre meschin, Sont out estrait d'Adam, et Bilart et Justin. Li Romans de Baudouin de Sebourc, me roy de Jhérusalem, L. Bocca éd., vol. 1, Valenciennes, 1841, p. 80: Car il n'est nulz gentis, s'il n'est à bien pensans : Car trestout venons d'Eve : nos pères fu Adans. Ces passages sont cités dans J. Falk, Étude sociale sur les chansons de geste, pp. 115-116.

41. Op. cit., O. G. Oexle, «Die funktionale Dreiteilung», p. 27.

42. Chronologia Roberti Altissiodorensis, Recueil des historiens des Gaules et de la France, vol. 18, Paris, 1879, p. 729:…sed in eam libertatem sese omnes asserere conabantur, quant ab initio conditae creaturae a primis parentibus se contraxisse dicebant, ignorantes peccati fuisse meritum servitutem.

43. Roman de Rou et des ducs de Normandie de Maistre Wace, vol. 2, Heilbronn, 1879, part 3, vv. 867-870: Nus sûmes humes cum il sunt Tels membres auum cum il unt, E autresi granz cors auum E autretan suffrir poum.

44. Comme l'a remarqué André Vauchez, Les laïcs au Moyen Age, Paris, 1987, pp. 42-47. Voir aussi Richard Landes, « La vie apostolique en Aquitaine en l'an mil. Paix de Dieu, culte des reliques, et communautés hérétiques», Annales Esc, 1991, n° 3, pp. 573-593.

45. Pelage, PL, 68, cl. 624; Smaragde, Via regia, PL, 102, col. 968: «unusquisque liberos débet dimittere servos, considerans quia non illi eos natura subegit sed culpa». Tous deux sont cités dans O. G. Oexle, «Die funktionale Dreiteilung», p. 28.

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51. Ce n'est que plus tard avec la conquête espagnole du Nouveau Monde, que la question des droits appartenant aux non-chrétiens fut explorée de façon extensive, bien qu'il y eut des anticipations au Moyen Age, en particulier dans le droit canon. Voir Pagden, Anthony, The Fall of Natural Man : The American Indian and the Origins of Comparative Ethnology, Cambridge, 1982 Google Scholar ; Muldoon, James, Popes, Lav/yers and Infidels : The Church and the Non-Christian World, 1250-1550, Philadelphie, 1979.Google Scholar

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54. Avec la malédiction de Noé, ce sont quelques-uns des arguments réfutés par Eike VON Repgow dans le Sachsenspiegel, voir plus loin, n. 58.

55. O. G. Oexle, « Die Funktionale Dreiteilung », p. 29 cite le « joca monachorum » des vme et ixe siècles qui demandait : « Quomodo vel quo ordine servi facti sunt ? ». La réponse était : « De Cham».

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58. Sachsenspiegel, III, 42, parag. 3a : « Ok seggen sumleke lude, it queme egenscap van Cam, Noes sone; Noe segende twene sine sone, an deme dridden ne gewuch he nener egenscap; Cam besatte Affricam mit sime geslechte, Sem bief in Asia, Japhet, unse vorder, besatte Europam ; sus ne bief er nen des anderen ». Voir Guido Kisch, Sachsenspiegel and Bible, Notre-Dame, 1942 ; repris dans Notre-Dame, 1990, pp. 137-138.

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63. J'ai fait ailleurs l'étude des justifications du servage et leurs implications, «Catalan Lawyers and Servitude», Mediaeval Studies, 48, 1986, pp. 304-308; «Cowardice, Heroism and the Legendary Origins of Catalonia», Past & Présent, 121, 1988, pp. 3-28.

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65. Voir ci-dessus notes 14 et 18.

66. Walter, Hans éd., Proverbia Sententiaeque Latinitatis Medii Aevi, vol. 4, Gôttingen, 1966 Google Scholar, n° 26997, utilisé parmi d'autres par Hemmerli, Félix, De nobilitate et rusticitate dialogus et alla opuscula, Strasbourg Google Scholar, ca. 1494 ; Hain n° 8426, fol. 124r.

67. « Rusticus ac asinus, nux, hec tria connumerata, non faciunt fructum, fuerint nisi combaculata », H. Walter, Proverbia, 4, n° 27016. «Nux» se réfère ici aux arbres qui étaient secoués pour encourager la fécondation. Une affirmation plus pessimiste dans le ti° 26997a où l'on dit que les vilains ne peuvent en aucun cas être domestiqués, « rusticus gens nulla genus arte domabila ».

68. H. Wittenwrler, Der Ring, v. 7872, p. 336 : « Gewalt der ist sein rechten buoss ».

69. F. Hemmerli, De nobilitate et rusticitate, f. 124r : Ex quibus quidem experientia doctissimi congruenter arguunt immo arbitrati fuerunt reipublice fore salutiferum salutare et salutis humane… dum rusticomm habitacula… per singulos annos iubileos deuastantur aut igné consumuntur, denudantur, spoliantur et exeuntur.

70. Herwig Ebner « Der Bauer in der mittelalterlichen Historiographie », dans Bàuerliche Sachkultur des Spàtmittelalters, Ôsterreichisches Akademie der Wissenschaften, Ph. hist. Klasse, Sitzungsber, 439, Vienne, 1984, p. 104, citant un document de Graz comparant les paysans à des bêtes lubriques. Une taxonomie comique de la fin du xine siècle sur les paysans établit une liste de 23 types : vilains « porcins », les vilains aboyant comme les chiens, les féroces et les vilains-ânes « Des vilains ou des xxm manieries de vilains », Edmond Faral, Romania, 48, 1922, pp. 249-155. Voir également ci-dessus notes 3-5.

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73. Franz, Gunther éd., Quellen zur Geschichte desBauernkrieges, Munich, 1963, p. 301 Google Scholar : « So wellen si mit armen Leudten Gwalt haben als ainer uber sein Vieh und noch vil tiranischer ». Les serviteurs de l'Abbaye de Kempten se plaignaient d'être traités plus mal que les chiens, ibid., p. 129.

74. Etienne Langton, ci-dessus, note 32. John Bromyard, dominicain anglais qui mourût vers 1408 affirmait que les membres du clergé qui étaient fiers de leur sang noble faisaient de mauvais bergers. Ils étaient «de nobles chiens» qui mangeaient le pain du pauvre, voir Klaus Schreiner, « Zur biblischen Légitimation des Adels : Auslegungsgeschichtliche Studien zu I Kor. 1, 28-29», Zeitschrift fur Kirchengeschichte, 65, 1974, pp. 337-338.

75. MGH Poetae Latini aevi Carolini, vol. 4, fasc. 2, Karl Strecker éd., Berlin, 1923, p. 536 : Gaudent potentes dum adquirunt munera Mendici dolent prae famis inopia, Post finem vero divites in tartara, Qui consumpserunt orfanorum lacrimas Pauperi autem pergunt ad sublima.

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