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Perspectives nomades. État et structures militaires

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Jürgen Paul*
Affiliation:
Universität Halle

Résumé

La contribution met l’accent sur les « États nomades» en Asie centrale au Moyen Âge et leurs relations avec le monde sédentaire. Elle propose une analyse des dépendances mutuelles de l’État et du militaire. Centrale est la question de savoir si les États nomades et leurs armées sont simplement une extension de la forme primaire de l’organisation sociale dans la plupart des groupes nomades, c’est-à-dire du tribalisme. Comme il semble que l’organisation étatique naisse, en milieu nomade, et ce, dans pratiquement tous les cas, dans une interaction tout à fait étroite avec des structures économiques sédentaires, une autre question clef est la forme sous laquelle les ressources extraites sont redistribuées. L’auteur postule en effet que ces modes de redistribution sont essentiels pour déterminer les formes que prendra l’état nomade. Dans le secteur militaire, on distinguera deux modèles principaux : alors que la horde tribale résulte des capacités militaires de la société, la troupe de guerriers est organisée de façon non tribale. Finalement, l’article soutient la thèse que l’État nomade est plus étroitement lié à l’organisation militaire du type « troupe de guerrier» que du type « horde tribale».

Abstract

Abstract

The paper focuses on medieval Central Asian nomadic (in a wide sense) states and their interaction with the sedentary world, and it offers an analysis of the interdependencies of the state and the military. One central question is whether nomadic states and armies are an extension of the primary forms of social organization in most nomadic contexts, that is, of tribalism. Since it seems that nomadic statehood in all but very exceptional cases emerges in close interaction with settled economic structures, another central question is the redistribution of extracted resources. It is argued that the forms of redistribution are instrumental in shaping nomadic statehood. In the military sector, two essential forms seem to be extant: whereas the tribal host is a result of the diffusion of military skills within society, the warband is typically a non-tribal fighting force. The paper then argues that nomadic statehood is more closely linked to the warband type of military organization than with the tribal host.

Type
Le miroir des expériences Juges, guerriers, marchands
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2004

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References

1 - Cet article se fonde sur une contribution au séminaire « Statehood and the military»,Sonderforschungsbereich«Differenz und Integration», qui s’est tenu à Halle les 29 et30 avril 2002. Je tiens à remercier pour leurs relectures Anke von Kügelgen, MichaelKemper, ainsi que Ulrike Berndt, Kurt Franz, Wolfgang Holzwarth, Doris Mir Ghaffari,Oliver Schmitt, Irene Schneider et, plus particulièrement, Anatoly Khazanov.

2 - Pour un survol des sources européennes et chinoises qui mettent en avant la supério-rité des guerriers d’Asie centrale, voir Sinor, Denis, «The inner Asian warriors», Journalof the American society, 101, 1981, pp. 133144 Google Scholar

3 - Les propositions de Samuel Finer et de Charles Tilly sur le rôle des institutionsmilitaires dans la formation et l’histoire des États ont marqué l’historiographie de l’his-toire européenne, mais elles commencent aussi à avoir un impact sur les historiens duMoyen-Orient. Fahmy, Khalid, All the pasha's men, Cambridge, Cambridge University Press, 1997,Google Scholar et RHOADS MURPHEY, Ottoman warfare, 1500-1700, Londres, UCL Press,1999, en sont de bons exemples. D’autres éléments dans JÜRGEN PAUL, The state andthe military: the Samanid case, Bloomington, Indiana University Press, 1994. S’agissant del’histoire militaire des peuples d’Asie centrale, la contribution la plus importante restecelle de D. SINOR, «The inner Asian warriors», art. cit. Le récent ouvrage dirigé par Cosmo, Nicola Di (Warfare in inner Asian history, Leyde, E. J. Brill, «Handbuch derOrientalistik, Section 8, Central Asia, vol. 6», 2002),Google Scholar offre un bon aperçu historique dela période pré-mongole (voir notamment PETER GOLDEN, «War and warfare in the pre-Cinggisid steppes of Eurasia», pp. 105-172) et un certain nombre d’analyses de détailmais ne propose pas de cadre analytique. D’une manière générale, les historiens spécia-listes des institutions militaires en Asie centrale se sont plus intéressés aux armes etaux tactiques de guerre qu’à l’impact des organisations militaires sur les États.

4 - L’élément déterminant dans ce contexte est l’eau. À la différence des moutons,les chevaux doivent être abreuvés quotidiennement (Togan, Isenbike, Flexibility andlimitation in steppe formations. The Kerait Khanate and Chinggis Khan, Leyde, E. J. Brill,1998).Google Scholar Les chevaux ont besoin d’une eau plus pure que les ovins ou les chameaux (leurtolérance à la salinité est comparable à celle des humains). Mais, étant donné que leschevaux se déplacent plus vite que les moutons, ils peuvent évoluer entre des pointsd’eau plus distants les uns des autres (Istoriya Kazakhstana. Narody i kul’tury, Almaty,Daik Press, 2001, pp. 86-88).

5 - Lorsqu’une région sédentaire borde le désert et qu’il n’existe presque pas de zonede transition climatique entre ces deux contrées, ni savane ni steppe, l’État qui s’appuiesur ces zones sédentaires a de grandes chances de dominer ses voisins nomades pendantla majeure partie de son histoire (l’exemple paradigmatique est ici celui de l’Égypte).

6 - Voir P. GOLDEN, «War and warfare…», art. cit., pour une définition des airesgéographiques.

7 - Cette frontière est bien connue. Pour une description géographique, se reporter àYURI BREGEL, «Turko-Mongol influences in central Asia», in Canfield, R. (éd.), Turko-Persia in historical perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, pp. 5377.Google ScholarVoir aussi l’article de ANATOLY KHAZANOV, «Nomads and oases in Central Asia», in Hall, J. A. et Jarvie, I. C. (dir.), Transition to modernity. Essays on power, wealth and belief,Cambridge, Cambridge University Press, 1992, pp. 6989.CrossRefGoogle Scholar

8 - Cette « zone mixte» ne correspond pas tout à fait avec ce que Michael Rowtonentend par « nomadisme enclos», la différence principale étant le potentiel qui existepour l’élevage des chevaux dans la zone mixte. Voir Rowton, Michael, «Enclosednomadism», Journal of the economic and social history of the Orient, 17, 1974, pp. 130.CrossRefGoogle Scholar

9 - « Il n’y a aucun exemple d’une apparition spontanée d’un État dans les steppes» :Peter Golden cité par DAVID CHRISTIAN, « State formation in the inner Asian steppe»,inD. CHRISTIAN et C. BENJAMIN (éds), Worlds of the silk road, Turnhout, Brepols, 1998,pp. 51-57 et p. 70, n. 62. Parmi de nombreuses références, se reporter à l’ouvrage de Barfield, Thomas, The perilous frontier : Nomadic empires and China, Cambridge, Blackwell, 1989, p. 7.Google Scholar

10 - Anatoly Khazanov explique très bien ce problème : « Puisque les États nomadesn’apparaissent que lorsqu’ils entretiennent des relations d’un type particulier avec le monde extérieur, ils ne peuvent se pérenniser que par le développement interne dessociétés nomades. Pour maintenir une certaine stabilité, les États nomades doiventincorporer une partie de la population sédentaire ou la soumettre de manière directe ouindirecte» (Khazanov, Anatoly, Nomads and the outside world, Cambridge, Cambridge University Press, 1984, p. 296).Google Scholar Même si A. Khazanov est loin d’affirmer un paradigmede la conquête, il est évident que les exemples qu’il utilise pour décrire la formationdes États nomades sont principalement tirés de scénarios de conquête. Cette asymétrieest commune à la majeure partie des schémas d’interaction. Le point de vue des cher-cheurs soviétiques (et aujourd’hui russes) est résumé dans GENNADI E. MARKOV, «Thesocial structure of the nomads of Asia and Africa», in D. Deweese, (éd.), Studies oncentral Asian history in Honor of Yuri Bregel, Bloomington, Indiana University Press, 2001,pp. 319340.Google Scholar

11 - Voir STEVEN C. CATON, « Anthropological theories of tribe and state formation inthe Middle East: ideology and the semiotics of power», in Khoury, P. S. et Kostiner, J.(éds), Tribes and state formation in the Middle East, Berkeley, Cambridge University Press,1990, pp. 74-108, ici p. 99.Google Scholar

12 - Richard Tapper a très souvent répété « qu’il semblait que les plus grandes tribuset confédérations en Iran étaient des structures créées et entretenues par les gouverne-ments, les législateurs et les chefs eux-mêmes […]» (Tapper, Richard Frontier nomadsof Iran. A political and social history of the Shahsevan, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 16).CrossRefGoogle Scholar

13 - Les nomades n’ignoraient pas la métallurgie, s’ils ne pouvaient avoir d’atelier fixe.On pense que les Kök Türks étaient des maréchaux-ferrants, qui produisaient sansdoute des armes et des armures, mais ils étaient esclaves. Voir P. GOLDEN, «War andwarfare…», art. cit., qui affirme que, dans les steppes de l’ouest avant l’époque de Gengis-khan, la cavalerie armée n’était pas rare et que ces articles étaient produits dansles zones sédentaires.

14 - Biran, Michal, « “Like a mighty wall”. The armies of the Qara Khitay», Jerusalemstudies in Arabic and Islam, 25, 2001, pp. 44-91 et 6566,Google Scholar propose une liste des bazars oùse faisait la vente au Turkestan, pendant la période mongole.

15 - Voir Jagchid, Sechin et Symons, Van Jay, Peace, war, and trade along the Great Wall.Nomadic-Chinese interaction through two millennia, Bloomington, Indiana University Press,1989,Google Scholar mais les auteurs indiquent que cette prohibition n’était pas souvent respectée ;la contrebande, surtout celle des armes et du fer, était très répandue (pp. 182-185).

16 - Voir MICHAEL BIRAN, «The battle of Herat (1240): a case of inter-mongol warfare»,inN. DI COSMO (éd.), Warfare in inner Asian…, op. cit., pp. 175-219 et 183. Les esclavesétaient largement employés dans la production des armes (PETERGOLDEN, «The termi-nology of slavery and servitude in medieval Turkic», inD. DEWEESE (dir.), Studies oncentral Asian history…, op. cit., pp. 27-56) ainsi que dans d’autres domaines, y comprisl’agriculture.

17 - Ce phénomène est particulièrement clair dans le Kutadgu Bilig, où la redistributiondes richesses en faveur de la suite du dirigeant est l’un de ses devoirs les plus essentiels.Voir Yūsūf He āsg sg Ḥāǧib, Wisdom of royal glory (Kutadgu Bilig). A Turko-Islamic mirror forprinces, traduit et annoté par Robert Dankoff, Chicago, University of Chicago Press,1983. D’autres récits montrent les dirigeants mongols redistribuant les trésors accumulésdans les coffres de l’État. On peut remarquer un retour au « vieux style mongol» (auxanciennes coutumes mongoles) dans l’Iran de la période de l’Ikhanat, quand Arpa Ke’ünredistribua à ses soldats toutes les richesses qui se trouvaient dans ses coffres. VoirJEAN AUBIN, «Le Quriltayde Sultân-Maydân (1336)», Journal asiatique, 279, 1-2, 1991,pp. 175-197 et 179.

18 - I. TOGAN, Flexibility and limitation…, op. cit., pp. 146-148 et index (notices « redistri-bution» et « ülüsh»). Voir aussi RUDI MATTHEE, «Gift giving» dans l’Encyclopediairanica, New York, Bibliotheca Persica Press, 2001, vol. X, qui propose une discussion très intéressante sur les codes de redistribution et leur fonction déterminante dans laconstruction des États pré-modernes.

19 - Timour (Tamerlan) était célèbre pour sa manière de distribuer l’intégralité de sonbutin dans un grand nombre de cas. Voir JEAN AUBIN, «Comment Tamerlan prenait lesvilles», Studia islamica, 19, 1963, pp. 83-122, en particulier l’exemple d’Alep, p. 108. Leconcept turco-mongol d’ölgä(butin) est tout à fait essentiel lorsque l’on cherche àcomprendre la politique des différents peuples d’Asie centrale. Il existe une différencede taille entre les pillages et les demandes de rançons puisque, dans ce dernier cas, lechef acquiert un prestige plus grand. En effet, il devient alors le sujet actif de la redistri-bution. Les lois concernant le droit pour les dirigeants de se servir les premiers sontmentionnées par P. GOLDEN, «War and warfare…», art. cit., p. 142). On trouvera unautre exemple chez BÖRI AKHMEDOV,Gosudarstvo kochevykh uzbekov, Moscou, 1965, p. 50.En effet, lorsque le dirigeant ouzbek Abū l-He air conquit Urgenč en 1430, il laissa tousles chefs militaires (proches du khan ou simples guerriers) pénétrer deux par deux dansla salle du trésor (du gouverneur timouride vaincu) et leur permit de prendre tout cequ’ils étaient capables de porter.

20 - Tarmaširin Khan, l’un des chefs de l’oulousČagh atai, fut renversé en partie parcequ’il n’avait pas organisé de banquet comme l’exigeait la tradition.

21 - Voir Dickson, Martin, «Uzbek dynastic theory in the sixteenth century», Trudy XXV mezhdunarodnogo kongressa Vostokovedov, Moscou, 1965, vol. 3, pp. 208216;Google Scholar Johnwoods, , The Aqqoyunlu. Clan, confederation, empire, Salt Lake City, University of Utah Press, [1976] 1999;Google Scholar Mcchesney, Robert, Waqf in central Asia. Four hundred years in thehistory of a Muslim shrine, 1480-1889, Princeton, Princeton University Press, 1991.Google Scholar Lechef ou le prétendant au pouvoir concédaient des apanages aux membres de leur familleainsi qu’à leurs hommes : BEATRICE FORBESMANZ, The rise and rule of Tamerlane, Cam-bridge, Cambridge University Press, 1989. On ne peut ici qu’évoquer le problème trèsdébattu de l’ṭāʿ(cf. CLAUDE CAHEN, «L’évolution de l’ṭāʿdu IXe au XIIIe siècle.Contribution à une histoire comparée des sociétés médiévales», Annales ESC, 8-1, 1953,pp. 25-52, qui reste un travail de référence). L’attribution de régions (ou des revenusqui en étaient tirés) à des membres de la famille royale ou à des chefs militaires impor-tants n’est qu’une manière parmi d’autres d’organiser les relations entre le dirigeant etsa suite. Voir aussi Mottahedeh, Roy, Loyalty and leadership in an early Islamic society,Princeton, Princeton University Press, 1981,Google Scholar qui reste une étude classique sur le thèmede la loyauté interpersonnelle au Proche et au Moyen-Orient.

22 - C’est le cas des chercheurs russes. Je ne m’attarderai pas ici sur la question duféodalisme dans l’histoire du Moyen-Orient.

23 - Au lendemain de la conquête mongole, l’attribution directe de territoires n’avait lieuque pour deux ou trois générations. Voir PETER JACKSON, «From Ulūsto Khanate: themaking of the Mongol states, c. 1220-c. 1290», in Amitai-Preiss, R. et Morgan, D. O. eds, Mongol empire and its legacy, Leyde, E. J. Brill, 1999, pp. 1238.Google Scholar

24 - Il semble que ce fut l’un des objectifs des Grands Seldjouks, et plus particulière-ment Nizg ām al-mulk, pendant la seconde moitié du XIe siècle.

25 - Un des exemples les plus frappants est le siège de Herat par les Ouzbeks à la findu XVIe siècle. Voir ROBERT MCCHESNEY, «The conquest of Herat, 995-6/1587-8:sources for the study of Safavid/Qizilbash-Shibanid/Özbak relations», in Calmard, J.(éd.), Études safavides, Paris-Téhéran, Institut français de Téhéran, « Bibliothèqueiranienne-39», 1993, pp. 69107.Google Scholar

26 - Thomas Barfield a très bien mis en évidence ce phénomène lorsqu’il a montré quela conquête de la Chine par les Mongols n’eut rien à voir avec les politiques tradition-nelles des peuples des steppes envers la Chine. Même si l’on peut nuancer ce propos,il semble plus qu’évident que les conquêtes pures n’étaient parfois pas très « rentables»et que les chefs nomades étaient très conscients de ces désavantages.

27 - M. BIRAN, « “Like a mighty wall”…», art. cit., pp. 54, 55 et 63-64. Il est impossiblede dire pour l’instant si les salaires étaient payés de manière régulière ou non.

28 - ʿABD AL-ḤAIY GARDĪZĪ, éd. par ʿAbd al-Ḥaiy Ḥabībī, Zain al-ahebār, Téhéran, 1347,p. 272 ; HANSGERD GÖCKENJAN et ISTVAN ZIMONYI, Orientalische Berichte über die VölkerOsteuropas und Zentralasiens im Mittelalter. Die Ǧayhānī-Tradition, [Ǧayhānī-Tradition], Wiesbaden, Harrassowitz, 2001, pp. 167 et 54 ; P. GOLDEN, «War and warfare…»,art. cit., p. 143.

29 - Voir Noonan, Thomas, «The Khazar economy», Archivum Eurasiae Medii Aevi, 9,1995-1997, pp. 235-318.Google Scholar

30 - Sur le commerce des chevaux, voir Beckwith, Christopher, «The impact of thehorse and silk trade on the economies of T’ang China and the Uighur empire», Journalof the economic and social history of the Orient, 34, 1991, pp. 183198.Google Scholar Cependant, S. JAGCHID et V. J. SYMONS, Peace, war, and trade…, op. cit., expliquent que l’idéologie eut un rôle déterminant dans la manière dont la Chine a défini sa politique face aux Barbaresdu nord.

31 - S. JAGCHID et V. J. SYMONS, dans Peace, war, and trade…, op. cit., font une chronologiedes confrontations militaires et établissent le fait que ces conflits entre nomades dessteppes septentrionales et l’empire chinois surgissaient à chaque fois que la Chinefermait les marchés. En ce qui concerne d’autres régions, on peut prendre l’exemplede Shibani Khan, qui refusa à ses ennemis kazakhs la possibilité de faire des affaires lelong de la Syr-Darya (A. M. KHAZANOV, Nomads and the outside world, op. cit., p. 207 ;MERUERT C. ABUSEITOVA, Kazakhstan i Tsentral’naya Aziya v XV-XVII vv.: istoriya, politika,diplomatiya, Almaty, Daik Press, 1998, p. 82. Voir FAḌLALLĀH B. RŪZBIHĀN ḪUNǦĪ,Mihmān-nāma-yi Buheārā, Moscou, Éd. Džalilova, 1976). Pour ce qui est des Iraniens etdes Russes, je n’ai encore trouvé aucune source attestant de telles restrictions.

32 - Les organisations militaires telles que les hordes de guerriers semblent avoir étébien moins courantes au Moyen-Orient.

33 - Voir NIẒĀM AL-MULK, Siyāsat-nāma, éd. par Ǧaʿfar Šiʿār, Téhéran, Širkat-i ʿilm wafarhangī, 1377/1998, p. 143 : «Un esclave obéissant vaut mieux que trois cents fils carces derniers espèrent la mort de leur père alors que les esclaves souhaitent la gloire deleur maître.» Tout le problème de l’esclavage militaire dans l’histoire du Proche-Orient musulman est, en fin de compte, rattaché au fait que les liens de loyauté (entre leschefs et leurs hommes) étaient considérés comme plus fiables que les liens du sang.Nombreux sont d’ailleurs les chefs qui se sont profondément leurrés sur ce point. Chezles Iraniens, la notion d’esclavage pouvait aussi inclure les tâches militaires. Dans lemonde turc pré-islamique, pourtant, les membres de la troupe de guerriers ne pouvaientpas être des esclaves.

34 - On connaît plusieurs types de liens de sang artificiels, le plus répandu étant lesandamongols, les « frères jurés».

35 - Le qazaqliqa été étudié par WOLFGANG HOLZWARTH, «Nomaden und Sesshaftein turkī-Quellen(narrative Quellen aus dem frühen 16. Jahrhundert)», Halle-Saale,Orientwissenschaftlicher Zentrum für die Martin Luther Universität Halle-Wittenberg,2002, pp. 147-165.

36 - MARIO GRIGNASCHI, «La monarchie karakhanide de Kachgar et les relations dedépendance personnelle dans le “Kutadgu bilig” (La science qui donne le bonheur)de Yūsuf He āsg sg Ḥāǧib», in La monocratie, I, Bruxelles, Éditions de la Librairie encyclopé-dique, «Recueils de la Société Jean Bodin-20», 1970, pp. 515-626, ici p. 587 (l’ouvragecontient des citations originales). Le Kutadgu Biligne mentionne pas de soldats esclaves.

37 - Voir M. BIRAN, « “Like a mighty wall”…», art. cit., pp. 58-59 ; Paul, Jürgen,Herrscher, Gemeinwesen, Vermittler. Ostiran und Transoxanien in vormongolischer Zeit, Beyrouth-Stuttgart, Steiner, 1996, pp. 127128.Google Scholar

38 - On appelle cette suite tolenguten kazakh. Voir AIBOLAT K. KUSHKUMBAEV, Voennoedelo kazakhov v XVII-XVIII vekakh, Almaty, Daik Press, 2001, et Istoriya Kazakhstana.Onpeut distinguer les guerriers dans presque tous les autres cas. R. Tapper affirme qu’ilsprovenaient souvent de milieux nomades pauvres. Les autres membres de la suitepersonnelle du chef pouvaient être d’origine plus respectable et être de naissance noble,mais leur position oscillait toujours entre le statut de membre de l’armée intérieure duchef et celui d’otage.

39 - Voir Biran, Michael, Qaidu and the rise of the independent Mongol state in central Asia,Richmond, Curzon, 1997, p. 81.Google Scholar M. Biran pense qu’il y a dans cette expression quelquechose de péjoratif.

40 - On trouve une présentation détaillée de la structure et de l’histoire de la garde deGengis-khan dans les ouvrages de EVGENI KYČANOV, Kočevye gosudarstva ot gunnov doman’čurov, Moscou, Izd. Vostočnaia literatura RAN, 1997, pp. 185-196. L’auteur expliqueque la garde kešigne fut payée qu’après 1281 dans la Chine des Yuan (ibid., p. 196),et l’on sait bien que le service militaire obligatoire dans les régions où le nomadismepastoral était impossible ou marginal conduisit à une paupérisation massive des guerriersmongols de Chine.

41 - Cette force militaire s’appelle börien turcique, ce qui signifie « loup» – l’animaltotem des Turcs. Dans les sources arabes, on trouve aussi le mot turcique tarheānainsi queles ḫašāyā(membres de la suite) : P. GOLDEN, «War and warfare…», art. cit., pp. 142-144.

42 - Ibid., pp. 142-144. On appelle ce corps de gardes al-ursīya.Les combattants sontd’origine khwarezmienne et P. Golden l’appelle « l’armée de métier (ǧund)du roi». Jene suis pas sûr que le terme ǧundsoit véritablement l’équivalent d’armée de métier.H. GÖCKENJAN et I. ZIMONYI, Ǧayhānī-Tradition, op. cit., p. 54, indiquent Lārsīyaet onttraduit de manière neutre : « [Le chef khazar] part en campagne à la tête de dix millecavaliers, à qui il a payé une solde fixe et qu’il a convoqués parmi les riches.»

43 - JÜRGEN PAUL, «L’invasion mongole comme “révélateur” de la société iranienne»,in Aigle, D. (éd.), L’Iran face à la domination mongole, Paris-Téhéran, Institut françaisde recherches en Iran, « Bibliothèque iranienne-39», 1997, pp. 3753, notes 6 et 9.Google Scholar

44 - Buniyatov, Ziya M., Gosudarstvo Khorezmshakhov-Anushteginidov, 1097-1231, Moscou,1986, p. 92.Google Scholar Son analyse de l’armée khwarezmienne s’efforce clairement de montrer àquel point cette armée était « civilisée». Les caractéristiques tribales sont constammentmises au second plan. Les esclaves n’étaient apparemment pas employés comme telsdans les régions turcophones (voir P. GOLDEN, «The terminology…», art. cit.).

45 - Voir Manz, B. F., The rise and rule…, op. cit., pp. 7475.Google Scholar

46 - Voir Melville, Charles, «The itineraries of sultan Öljeitü», Iran, 28, 1990,pp. 5570 .Google Scholar

47 - Je tiens à remercier Ulrike Berndt pour ses informations détaillées sur ce point.

48 -iban Han Divani, 127.

49 - Il faut se souvenir, en ce qui concerne la conquête mongole, qu’elle fut entreprise– avec succès – par un peuple à l’effectif somme toute réduit. Mais si l’on met à partle cas des Mongols, il faut se demander comment les steppes du Nord (la Mongolieactuelle), dont la population n’a probablement jamais excédé le million d’habitantspouvait tenir têtemilitairement à la Chine. Si les armées chinoises disposaient d’effectifsincomparablement supérieurs à ceux des armées nomades, l’avantage de celles-ci étaitde pouvoir décider quand et où elles voulaient frapper. Elles ne pouvaient surclasserles armées chinoises que parce qu’elles possédaient une faculté demobilité et un taux demobilisation autrement plus important. Il s’agissait, en effet, d’une « société en armes». .

50 - C’est ce qui ressort de l’étude de T. BARFIELD, The perilous frontier…, op. cit.

51 - Tilly, Charles, Coercion, capital, and European states, AD 990-1990, Cambridge,Cambridge University Press, 1991.Google Scholar Évidemment, n’importe quel chef cherchait à seconstituer l’armée la plus efficace – cette notion dépendant de l’objectif visé – et laplus loyale possible (voir aussi SAMUEL E. FINER, The history of government from the earliesttimes, Oxford, Oxford University Press, 1997, 3 vols).

52 - A. M. KHAZANOV, Nomads and the outside world, op. cit., p. 235, avec une référence àl’Histoire secrète; voir aussi B. F. MANZ, The rise and rule…, op. cit., pour Tamerlan.

53 - On peut aussi prendre l’exemple de Mao-tun, le fondateur de l’empire Hsiung-Nu :Mao-tun réussit à convaincre sa suite de l’aider à tuer son propre père (T. BARFIELD,The perilous frontier…, op. cit., p. 33). Voir aussi Iltirish, le fondateur du second khaganatturc (fin du VIIe siècle) (ibid., p. 147).

54 - Voir Paul, Jürgen, «Wehrhafte Städter. Belagerungen vonHerat, 1448-1468», Asia-tische Studien – Études asiatiques, 58, 1, 2004, pp. 163193.Google Scholar

55 - H. GÖCKENJAN et I. ZIMONYI, Ǧayhānī-Tradition, op. cit., pp. 120-121, n. 127, avecun commentaire d’un passage du Gardīzī (sur les Kirghiz), qui résume le processus.Dans les légendes fondatrices que l’on trouve dans les sources citées par H. Göckenjan(entre autres, les inscriptions d’Orkhon, l’Histoire secrètedes Mongols et les légendesrapportées par les géographes arabes), il est étonnant de constater que, dans la plupartdes cas, le groupe tribal en question n’est pas rattaché à un ancêtre, même légendaire,mais à son fondateur. En revanche, le groupe lui-même est défini comme issu d’originesdiverses. L’une des inscriptions lapidaires d’Orkhon (Köl Tegin, face est, ligne 12-14)donne une description explicite de la manière dont de telles suites étaient rassemblées(Scharlipp, Wolfgang,Die frühen Türken in Zentralasien. Eine Einführung in ihre Geschichteund Kultur, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1992, p. 31).Google Scholar Il n’est suggérénulle part que les hommes du futur qaghan(chef suprême turco-mongol) aient pu parta-ger des liens de sang ou de quelque autre type. Au contraire, les politiques impérialesétaient pensées de manière à évacuer toute dimension tribale.

56 - On peut prendre pour exemple les dynasties turkmènes du XVe siècle en Iran. Larapidité avec laquelle les anciennes tribus Qara Qoyunlu passèrent dans le camp desAq Qoyunlu est tout à fait remarquable. Et l’on retrouve certains de ces groupes, une ou deux générations plus tard, dans une autre armée de conquête encore, celle desSafavides.

57 - Voir les travaux de JEAN AUBIN : «L’ethnogénèse des Qaraunas», Turcica, 1, 1969,pp. 65-94 ; ID., « Le khanat de Čagh atai et le Khorassan (1334-1380)», Turcica, 8, 1976,pp. 16-60 ; ID., Émirs mongols, vizirs persans dans les remous de l’acculturation, Paris, Asso-ciation pour l’avancement des études iraniennes, « Studia Iranica-15», 1995.

58 - Les guerriers pouvaient par exemple accepter de recevoir la bastonnade, qu’ilsdevaient considérer comme une forme de purification (voir ALEXANDERMORTON, «TheChub-i tarīqand qizilbashritual in Safavid Persia», in Calmard, J. (éd.), Études safavides,op. cit., pp. 225246).Google Scholar

59 - On trouve de nombreux exemples de ce phénomène. La faveur divine, qutenlangue turcique et uguren mongol, est la qualité principale d’un chef, celle qui luipermet de vaincre ses ennemis. Le concept iranien de farrou ḥwārnay est rattaché.Cependant, la faveur divine doit être considérée de manière très différente quand onétudie le Moyen-Orient (je remercie Kurt Franz pour ce commentaire) .

60 - La Horde d’Or dans le cas de la Russie (Ostrowski, Donald, Muscovy and theMongols. Cross-cultural influences on the steppe frontier, 1304-1589, Cambridge, Cambridge University Press, 1998)Google Scholar, les Kara-Khitaï dans le cas de la Transoxiane (M. BIRAN, « “Like a mighty wall”…», art. cit.), les guerriers des steppes pré-mongoles en ce qui concernela Chine (T. BARFIELD, The perilous frontier…, op. cit.) et divers groupes turcophonespour la région de Byzance (P. GOLDEN, «War and warfare…», art. cit.). Cette idée futformulée pour la première fois de manière systématique par N. N. KRADIN, «Koche-vye…», art. cit., mais elle est énoncée déjà dans A. M. KHAZANOV, Nomads and the outsideworld, op. cit.

61 - Il s’agit des Karakhanides, des Seldjoukides, des Mongols en Iran sous Hülegü(1253-1265), des Čagataïdes en Transoxiane après 1330, etc. Les chercheurs disputentpour savoir si les armées nomades cessent de l’être dès lors que leurs membres abandon-nent le pastoralisme, c’est-à-dire lorsqu’ils ne nomadisent plus avec leurs troupeaux demanière saisonnière. Il paraît inutile d’établir des catégories aussi tranchées, et l’on peutprésumer une certaine continuité dans leurs habitudes et valeurs. Les armées d’Asiecentrale tendirent à perdre leur caractéristique tribale mais pas leur nature nomade. Lecas des Arabes, au début de la période musulmane, révèle une tendance inverse.

62 - On peut prendre l’exemple des Mongols dans l’oulousČagh atai, qui, pendant unquriltaytenu en 1269, décidèrent qu’ils allaient dorénavant demeurer dans les steppeset les montagnes (M. BIRAN, «The battle…», art. cit., p. 183 ; Stroeva, L. V., « Bor’bakochevoy i osedloy znati v chagatayskom gosudarstve v pervoy polovine XIV v.», Pamiatiakademika I. Iu. Krachkovskogo, Léningrad, 1958, pp. 206-220, ici p. 208).Google Scholar

63 - Ce processus a été étudié de manière approfondie dans les États musulmans lesplus anciens et dans leurs armées : voir Kennedy, Hugh, The armies of the caliphs. Militaryand society in the early Islamics state, Londres, Routledge, 2001.Google Scholar

64 - J. AUBIN, Émirs mongols…, op. cit.; DAVID O. MORGAN, «Mongol or Persian: thegovernment of Ilkhanid Iran», Harvard middle Eastern and Islamic review, 3, 1-2, 1996,pp. 62-76 ; et CHARLES MELVILLE, The fall of Amir Chupan and the decline of the Ilkhanate,1327-1337: a decade of discord in Mongol Iran, Bloomington, Indiana University Press,1999. On accepte aujourd’hui l’idée que les Ilkhans demeurèrent nomades au sens réeldu terme, c’est-à-dire que leurs pérégrinations sur des pistes choisies n’étaient pasdictées par des considérations militaires mais par les transhumances saisonnières nor-males. D. Morgan s’accorde avec C. Melville sur ce point («The itineraries…», art. cit.),et il se demande si le même constat ne peut pas être fait pour les Seldjoukides.

65 - J. AUBIN, «Le khanat…», art. cit. ; ID., «Le Quriltai…», art. cit. ; et Manz, Beatrice F., «Military manpower in late Mongol and Timurid Iran», Cahiers d’Asie centrale,3-4, 1997,Google Scholar «L’héritage timouride. Iran-Asie centrale-Inde, XVe-XVIIIe siècles», pp. 43-55.Dans des études russes parmi les plus anciennes, le processus d’acculturation apparaîtcomme à sens unique : les Mongols deviennent « Perses» quand ils entrent dans la zonemixte, mais auparavant ils agissent en prédateurs face à l’économie sédentaire (voirL. V. STROEVA, « Bor’ba…», art. cit., qui se réfère à des auteurs plus anciens).

66 - On manque encore d’études précises sur l’étendue de ce phénomène d’enrôlementdes populations sédentaires dans les armées nomades. Les recherches de B. F. MANZ,«Military manpower…», art. cit., ne sont qu’un point de départ.

67 - Voir ID., The rise and rule…, op. cit., Appendice A sur les Qa’uchin (pp. 161-162).

68 - Cas de l’armée de Tamerlan, comme le montre J. AUBIN, «Comment Tamerlan pre-nait les villes», art. cit., et ID., « Réseau pastoral et réseau caravanier. Les grand’routesdu Khorassan à l’époque mongole», Le monde iranien et l’Islam, 1, 1971, pp. 105-130.Cette étude doit encore être poursuivie pour ce qui est des États timourides qui ontsuivi. Pour les périodes les plus tardives, voir R. MCCHESNEY, «The conquest…», art. cit.,et RUDI MATTHEE, «Unwalled cities and restless nomads: firearms and artillery in Safavid Iran», in Melville, C. (éd.), Safavid Persia. The history and politics of an Islamicsociety, Londres, Tauris, « Pembroke Papers-4», 1996, pp. 389416.Google Scholar

69 - Voir R. MCCHESNEY,Waqf in central Asia…, op. cit., «The conquest…», art. cit., pourles Ouzbeks, Istoriya Kazakhstana, op. cit., et A. K. KUSHKUMBAEV, Voennoe delo…, op. cit.,pour les Kazakhs. Les informations concernant les Kazakhs tendent à concerner lespériodes plus tardives, pour la plupart les XVIIIe et XIXe siècles, au moment où les rapportsofficiels et autres textes clés de ces auteurs russes deviennent les sources principales.

70 - La taille des armées nomades a fait l’objet de quelques débats. Voir par exemple,dans le contexte de la bataille d’Ain Jalut : REUVEN AMITAI-PREISS, «Whither theIlkhanid army? Ghazan's first campaign into Syria (1299-1300)», inN. DI COSMO (éd.),Warfare in inner Asian…, op. cit., pp. 221-264. Voir aussi les articles de JOHN MASSONSMITH, JR., «Mongol nomadism and Middle Eastern geography: Qishlaqs andTümens», inR. AMITAI PREISS et D. I. MORGAN (éds), The Mongol empire…, op. cit.,pp. 39-56, et ID., «Nomads on ponies vsSlaves on horses», Journal of the Americanoriental society, 118, 1998, pp. 54-62, sur les Mongols en Syrie.

71 - A. KHAZANOV, Nomads and the outside world, op. cit., p. 209, sur le commerce commemédiateur.

72 - Voir P. GOLDEN, «War and warfare…», art. cit., sur les relations des Byzantins avecles nomades des steppes pontiques. Les nomades voulaient tous passer des traitésavec Byzance et proposaient leur appui militaire en faisant bien comprendre que cetappui pouvait très facilement se retourner contre leur « futur» partenaire. Cependant,les nomades ne projetaient absolument pas de conquérir Byzance. La description queP. Golden fait des Huns et de leur attitude vis-à-vis de Byzance semble être paradig-matique. Alternant pillages et services militaires dans les empires romain et perse,ils exploitaient au mieux les rivalités entre Romains et Sassanides. Attila lui-mêmene cherchait pas à conquérir de territoires (ce qui aurait été de toute façon impossibleen raison de l’étroitesse de sa base écologique dans les plaines pannoniennes), maisbien à extorquer ou prélever des « subsides» (ibid., p. 109). Voir aussi RUDI LINDNER,«What was a nomadic tribe?», Comparative studies in society and history, 24, 1982, pp. 689-711.

73 - Les Tatars s’intéressaient principalement aux esclaves et aux troupeaux. Voir ALANFISHER, «Les rapports entre l’Empire ottoman et la Crimée : l’aspect financier», Cahiersdu monde russe et soviétique, 13, 3, 1972, pp. 368-381, et «The Ottoman Crimea in thesixteenth century»,Harvard Ukrainian studies, 5, 1, 1981, pp. 135-170. L’afflux de richessesen Crimée était essentiel dans le maintien des Khans au pouvoir : les principaux groupestribaux auraient sinon passé leur chemin. 74 - Voir P. GOLDEN, «War and warfare…», art. cit., p. 111 : «En général, il était moinscher et certainement moins dangereux d’acheter les nomades […]. Idéalement on pou-vait soutenir un groupe et l’encourager à maîtriser les autres.».

75 - R. MURPHEY, Ottoman warfare…, op. cit.

76 - Istoriya Kazakhstana, op. cit.; IRINA EROFEEVA, Khan Abulkhayr: Polkovodets, pravitel’,politik, Almaty, Sanat, 1999 ; A. K. KUSHKUMBAEV, Voennoe delo…, op. cit.

77 - Quelques exemples : les Karakhanides furent appelés vers la fin du Xe siècle dansle Mavarannahr par les chefs qui étaient débordés par les luttes entre factions. LesGhaznavides essayèrent d’abord d’utiliser les Seldjoukides comme forces auxiliaires,quand ceux-ci firent leur entrée en Iran vers 1027.

78 - Les Samanides et les Ghaznavides, les premiers renversés par les Karakhanides,vers l’an mil, les seconds défaits par les Seldjoukides en 1040, sont des exemplestypiques. Ainsi, les chefs Ashtarkhanides, dans le khanat de Boukhara, essayèrentd’utiliser les hommes des tribus kazakhs comme auxiliaires (disponibles, puisqu’ilsfuyaient devant les Kalmouks) dans leurs luttes internes pendant les années 1720-1730. Cette idée s’avéra désastreuse : elle contribua sans doute à la chute de ladynastie.

79 - Les «États» vassaux des Byzantins (les Banū Gh assān) et des Sassanides (les BanūLahen) sur les marges du désert sont les exemples les plus connus.

80 - L. J. D. COLLINS, «Military organization…», art. cit ; A. FISHER, «Rapports…»,art. cit. ; ID., «The Ottoman Crimea…», art. cit.

81 - MICHAEL KHODARKOVSKI, «The virtues of ambiguity: succession among theKalmyks in the seventeenth and eighteenth centuries», in Schorkowitz, D. (dir.), Eth-nohistorische Wege und Lehrjahre eines Philosophen. Festschrift für Lawrence Krader zum 75.Geburtstag, Francfort, Lang, 1995, pp. 209221.Google Scholar